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La « sale rumeur » au tribunal
Bretagne, www.letelegramme.com, le 13 septembre 2008
Secte à l’UBO. La « sale rumeur » au tribunal
Des professeurs de l’UBO qui se jettent des accusations au visage, une secte guérisseuse, des pratiques charlatanesques... Le tribunal correctionnel de Quimper jugeait, hier, une ubuesque affaire de dénonciation calomnieuse.
C’est une lettre adressée au procureur de la République de Quimper et aux directeurs de la Ddass et de la Santé publique qui a mis le feu aux poudres, en mai 2004. Un professeur du département de psychologie de l’UBO y dénonce l’implantation de la « secte guérisseuse » Invitation à la vie intense (IVI) au sein de l’université brestoise et dans différents établissements médicaux ou hospitaliers du Finistère. Dans cette lettre, pêle-mêle, sont aussi signalées une « pratique douteuse et dangereuse », la Communication facilitée, et un projet thérapeutique décrié, « Lieu d’agir » ou « Arrêt d’agir ».
Gendarmes RG et DST !
L’auteur du courrier va plus loin et désigne, sans les nommer, trois médecins et/ou universitaires facilement identifiables... qui finissent par apprendre l’existence du courrier. Deux d’entre eux portent plainte. Quatre ans plus tard, l’affaire arrive devant le tribunal correctionnel de Quimper. Les deux universitaires et praticiens dénoncés font-ilscpartie d’une quelconque secte ? Pas moins de quatre services différents ont mené chacun leur enquête : gendarmerie, inspection générale de l’Éducation nationale, RG et même la DST ! Toutes ont conclu par la négative. « Il s’agirait d’une histoire de "haine recuite", de rivalités entre universitaires », avancent deux enquêtes.
« J’ai les noms ! »
Hier, à la barre, le professeur a renouvelé ses accusations. « J’ai les noms d’une centaine de médecins, psychiatres, universitaires, dont certains travaillent encore dans des structures médicales ou hospitalières de la région brestoise, et qui appartiennent à IVI. Mais je n’ai jamais accusé ceux qui m’accusent aujourd’hui de dénonciation calomnieuse d’en faire partie ! Ce sont eux qui m’accusent à tort ! » Tout juste le prévenu reconnaît-il des « maladresses » dans l’écriture de la lettre de dénonciation. « C’était mon devoir de citoyen et de médecin. Je l’ai fait dans le seul but de préserver la santé d’enfants déjà fragiles », assure-t-il sur le ton de la sincérité. Un autre médecin a signalé les mêmes dérives, dans les Côtes-d’Armor. « Mais lui n’a pas été poursuivi », fait observer M e Coroller-Bequet, l’avocat du prévenu. Le médecin en question, lui, n’a dénoncé personne en particulier.
Spiritisme et quartier de haute sécurité...
« Les faits de dénonciation calomnieuse sont incontestables. Le délit est très clairement constitué », martèlent M e s Fillion et Omez, les avocats des deux universitaires-praticiens. Le ministère public acquiesce. Et requiert 10.000 € d’amende, dont la moitié ou les deux-tiers avec sursis. L’avocat du prévenu fait une tout autre lecture de la lettre attaquée. « Mon client n’a jamais accusé ses deux collègues d’appartenir à IVI, mais d’avoir apporté leur soutien aux deux autres pratiques décriées. L’une n’est, ni plus ni moins, qu’une sorte de spiritisme qui tend à faire parler des enfants lourdement handicapés, privés de l’usage de la parole, des fœtus ou même des morts ! L’autre a été dénoncée par l’ONU comme étant comparable au traitement enduré par un détenu en quartier de haute sécurité ! Mon client n’a fait que son devoir ! » Délibéré le 30 octobre.