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Corse : les deux suspects nient toute participation à l'agression
AJACCIO (Reuters) - Trois jeunes d'origine maghrébine ont été blessés à coups de fusil de chasse vendredi soir par trois hommes circulant en voiture dans un quartier populaire d'Ajaccio (Corse-du-Sud), apprend-on de source policière.
Six personnes ont été interpellées samedi matin, mais quatre ont été mises hors de cause, dont l'épouse d'un des tireurs présumés. Au domicile de ces derniers, les policiers ont saisi quatre fusils de chasse et les munitions correspondantes.
Les deux suspects nient toute participation à l'agression. Le troisième a été identifié et faisait l'objet d'actives recherches, a-t-on précisé de même source.
Les trois jeunes, âgés de 16 à 18 ans, fêtaient la fin du ramadan lorsqu'ils ont été pris pour cibles à 22h45. Quatre coups de feu ont été tirés.
Mourad a été grièvement blessé à la tête. Un plomb de chasse a été extrait de l'un de ses yeux durant la nuit.
Les deux autres victimes ont été légèrement atteintes, respectivement à l'épaule et au thorax.
"Soudain j'ai entendu un 'boum', et j'ai reçu quelque chose dans la tête, je suis tombé par terre. (...) Je n'ai jamais rien fait à personne, je ne vois pas pourquoi on m'a tiré dessus", a témoigné Mourad sur Europe 1.
Son camarade Adel a dit avoir reçu 17 plombs.
"J'ai entendu un premier coup, je me suis baissé, j'ai reçu des plombs dans le visage. Je me suis mis à courir", a-t-il raconté.
La troisième victime évoque une vengeance d'"un homme" qui se serait battu avec des jeunes du quartier "une semaine, deux semaines avant".
Les deux suspects, âgés d'une quarantaine d'années, ont été reconnus par des jeunes du quartier qui ont déclaré aux policiers avoir eu un différend avec l'un d'eux quelques jours auparavant, au sujet d'une voiture couverte d'inscriptions.
DATI POUR DE VIGOUREUSES SANCTIONS
"Les jeunes d'origine maghrébine ont spontanément apporté leur témoignage aux enquêteurs qui ont été orientés vers un habitant du quartier, âgé de 44 ans, faisant actuellement l'objet d'une garde à vue", a déclaré à la presse le procureur de la République, José Thorel.
"Au moment de son interpellation, il était sous l'emprise de l'alcool. Les armes saisies à son domicile seront analysées. Selon les témoins, le commando comprenait un autre homme plus jeune, également entendu par les enquêteurs", a-t-il ajouté.
"Selon les jeunes, un différend aurait éclaté quelques jours auparavant, entre eux et les deux personnes interpellées pour une histoire de véhicule tagué. Au cours de la querelle, un individu aurait brandi une arme en proférant des menaces à caractère un peu raciste. Nous allons maintenant vérifier si cette thèse est bien l'explication de cette fusillade", a précisé José Thorel.
La ministre de la Justice, Rachida Dati, a donné pour instruction que "les auteurs de ces faits soient sanctionnés avec la plus grande vigueur".
"Si le caractère raciste de l'agression est confirmé par l'enquête judiciaire, les dispositions du code pénal qui aggravent les condamnations en cas de racisme devront être rigoureusement appliquées", déclare la chancellerie dans un communiqué.
Le Parti socialiste a dénoncé samedi "un acte inacceptable et odieux" et déplore dans un communiqué "la multiplication des agressions racistes".
"C'est révoltant", déclare pour sa part Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste. "J'appelle à mobilisation de tous. Plus que jamais, soyons vigilants contre l'inadmissible", dit-elle dans un communiqué.
Le président UMP de l'Assemblée de Corse, Camille de Rocca Serra, a condamné une violence "insupportable".
"Aujourd'hui, je suis profondément attristé que notre île soit le théâtre de telles exactions. (...) Je souhaite que la justice sanctionne les auteurs de manière exemplaire", déclare-t-il dans un communiqué.
Agression raciste à Ajaccio: une deuxième arrestation
leparisien.fr | 04.10.2008, 07h51 | Mise à jour : 14h40, extrait
Après l'agression, près de 80 jeunes se sont regroupés et ont dénoncé des «insultes racistes incessantes ces dernières semaines».
Dans la nuit, un groupe s'est introduit dans l'appartement d'un des tireurs présumés, y a commis des dégradations et a jeté un papier enflammé dans la cuisine, déclenchant un début d'incendie rapidement stoppé par les pompiers.
Sur ces derniers faits, une enquête pour «dégradations et destruction de biens par incendie» a été ouverte.