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Les membres de L'Arche de Zoé n'en ont pas fini avec la justice
Dépêches - France
Un an après, les membres de L'Arche de Zoé n'en ont pas fini avec la justice
leparisien.fr avec AFP | 25.10.2008, 10h38
Un an après le début de l'affaire, les membres de l'Arche de Zoé, pour la plupart mis en examen par la justice française, continuent de mettre en avant face aux juges le caractère désintéressé de l'opération qui visait à exfiltrer 103 enfants du Tchad vers la France.
Arrêtés le 25 octobre 2007 à Abéché (est du Tchad), le président de l'association Eric Breteau, sa compagne et assistante Emilie Lelouch, le médecin Philippe van Winkelberg, les logisticiens Alain Péligat et Dominique Aubry et l'infirmère Nadia Merimi ont été condamnés deux mois plus tard à N'Djamena à huit ans de travaux forcés.
Transférés en France puis graciés le 31 mars par le président tchadien Idriss Deby, ils sont encore censés régler 6,3 millions d'euros aux familles tchadiennes, des indemnités juridiquement "impossible à mettre en oeuvre" selon la défense.
Ils n'en ont pas fini avec la justice pour autant. Une instruction est toujours en cours à Paris pour escroquerie, exercice illégal de l'activité d'intermédiaire en vue d'adoption et aide au séjour irrégulier de mineurs étrangers.
Mis en examen, Eric Breteau, Emilie Lelouch, Philippe van Winkelberg et Alain Péligat encourent dix ans de prison et 750.000 euros d'amende.
Nadia Merimi et Dominique Aubry ont quant à eux été placés sous le statut de témoin assisté, un statut intermédiaire entre celui de mis en examen et de simple témoin.
Pour Me Jean-Claude Guidicelli, avocat de Philippe van Winkelberg et d'Alain Péligat, cette instruction n'est qu'un "dossier alibi, un dossier politique".
Les mis en examen, qui espèrent un non-lieu, ont fait l'objet d'expertises psychologiques. Elles soutiennent que les membres de l'Arche avaient "agi de manière désintéressée, altruiste. Ce sont des personnes qui ont laissé parler leurs sentiments", selon Me Guidicelli.
Le changement de nom de L'Arche de Zoé au Tchad pour celui de Children Rescue, les faux pansements dont les enfants ont été affublés avant leur exfiltration? Des actes expliqués par l'urgence, soutient l'avocat.
"Ils étaient dans l'action, pas toujours dans la réflexion, il fallait parer au plus pressé", soutient-il.
Depuis leur libération, tous reprennent possession de leur vie mais gardent à l'esprit le "lynchage" dont ils estiment avoir été l'objet de la part des autorités et des médias, soutiennent leurs avocats.
Eric Breteau "va plutôt bien mais il reste convaincu que ces enfants devaient être sauvés et qu'il a échoué, c'est perturbant", affirme son conseil Me Céline Lorenzon. Il a repris une activité professionnelle que l'avocate ne veut pas préciser "pour ne pas qu'il perde" son emploi.
Nadia Merimi a repris son métier d'infirmière, Alain Péligat s'est accordé une année sabbatique.
Le médecin Philippe van Winkelberg exerce à nouveau mais "éprouve des difficultés à se reconstruire, il a été couvert d'opprobre", note Me Guidicelli.
Dominique Aubry "a repris sa vie, pompier dans le sud de la France. Parfois les gens le reconnaissent, ça le replonge dans cette histoire douloureuse", confie son avocat Me Olivier Desandre-Navarre.
Un an après, les membres de l'expédition restent "unis comme les doigts d'une main", selon Me Guidicelli. Mais pour son avocat, Dominique Aubry est "amer" vis-à-vis d'Eric Breteau: "il s'est rendu compte qu'il n'avait pas toutes les informations qu'il aurait dû avoir" sur les conditions et la finalité de l'opération.
Des éléments auxquels la justice française doit encore répondre.