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Un adulte sur dix a perdu un père ou une mère avant 20 ans
Au fil des générations, le statut d'orphelin devient de plus en plus rare, et aujourd'hui un adulte sur dix déclare avoir perdu un parent avant 20 ans, un traumatisme vécu plus souvent dans les milieux modestes, selon une étude rendue publique vendredi.
31/10/2008 PARIS (AFP)
La proportion d'orphelins baisse de génération en génération, elle a été divisée par deux en un demi-siècle. Mais leur nombre demeure non négligeable, puisqu'en 1999, ils étaient 500.000 orphelins, soit 3% des jeunes de moins de 20 ans.
Particulièrement frappée, la génération née à la veille de Première Guerre mondiale a compté jusqu'à 30% d'orphelins de père.
Mais, dans celle née entre 1920 et 1924, relativement épargnée par la Seconde Guerre mondiale, puisque les pères étaient trop âgés pour être mobilisés, la proportion était tout de même de plus de 17%.
Aujourd'hui, toutes générations confondues, un adulte sur dix a perdu un père ou une mère pendant l'enfance, et sept fois sur dix, il s'agit du père.
Selon Nathalie Blanpain, qui a réalisé cette étude pour la Drees (ministères du Travail et de la Santé), le risque d'être orphelin est plus grand quand on appartient à un milieu modeste.
Parmi les enfants d'ouvriers, 7% ont perdu leur père avant 20 ans, alors que ce pourcentage n'est que de 3% parmi les enfants de cadres, dont l'espérance de vie est supérieure à celle d'un ouvrier.
L'auteure a cherché à savoir dans quelle mesure la perte d'un parent influence ou non la destinée d'une personne, sachant que de nombreux facteurs interviennent, que l'on peut difficilement mesurer, comme les conséquences psychologiques du traumatisme vécu.
Si l'on s'en tient aux données, être orphelin avant 20 ans est plus souvent associé à une moindre réussite scolaire. Près de 30% des adultes ayant perdu un parent dans l'enfance ne sont titulaires d'aucun diplôme, contre 17% de l'ensemble de la population.
Ils cumulent en effet l'origine sociale plus souvent modeste et le fait, très fréquent aussi, d'appartenir à une fratrie nombreuse.
On connaît le poids de l'origine sociale dans la réussite scolaire, puisque 41% des enfants d'ouvrier non qualifié obtient le bac contre 84% d'enfants de cadres supérieurs.
Mais l'auteure montre également que, avec les mêmes caractéristiques sociales, le décès des parents pénalise la poursuite des études.
Plusieurs raisons sont avancées. Dans la majorité des cas, l'enfant vit dans une famille mono-parentale, plus pauvre. Les personnes ayant perdu un parent dans l'enfance déclarent deux fois plus que l'ensemble de la population avoir souffert de graves privations matérielles, ce qui "diminue de 7 points la probabilité d'obtenir le bac", rappelle l'auteure.
Mais, même sans privations matérielles, les difficultés demeurent. "Le choc émotionnel peut avoir des répercussions sur les possibilités de réussite", souligne Nathalie Blanpain, ainsi que le moindre suivi parental.
Elle avance une autre hypothèse, commune aux enfants de parents séparés : "certaines familles pourraient être plus +fragiles+ que d'autres, tant du point de vue de la santé que des études".
Le destin scolaire d'un enfant de parents séparés est semblable à celui d'un enfant orphelin de mêmes caractéristiques sociales, constate en effet l'auteure.
En revanche, les orphelins ont une santé mentale proche de l'ensemble de la population, contrairement aux enfants de parents séparés, dont l'état est "un peu moins bon".