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Le bon sens pour la croix d’Auschwitz ?
Laïcité: Brard jugé pour une croix
Source : AFP, 20/11/2008 | Mise à jour : 21:48
Pour avoir refusé la parole à une élue portant une croix "ostensible" au nom de la défense de la laïcité, l'ex-maire de Montreuil Jean-Pierre Brard (app-PCF) a comparu devant le tribunal correctionnel de Bobigny où un stage de citoyenneté a été requis contre lui.
Le député le plus consulté sur les questions de laïcité était accusé de "refus du bénéfice d'un droit par chargé de mission de service public à raison de la religion" (discrimination réprimée par l'article 432-7 du code pénal) par Patricia Vayssière, élue du Mouvement national républicain (MNR, extrême droite) à Montreuil de 2001 à 2008.
Lors de la séance du conseil municipal du 8 novembre 2006 consacrée au budget de la ville, celle-ci n'avait pas pu s'exprimer. "Je prierai Mme Vayssière de faire disparaître toute forme d'exhitionnisme religieux provocateur, qui est une violation de la laïcité", lui avait dit M. Brard en privant ensuite l'élue de micro malgré ses protestations véhémentes.
Pour le procureur Rémi Chaise, l'ex-maire "s'est laissé aller à donner à ses convictions personnelles une portée qu'elles ne pouvaient avoir au regard de la loi" et a privé sa concitoyenne de l'exercice de sa liberté religieuse. Il a demandé au tribunal de le condamner à un stage de citoyenneté. Le jugement sera rendu le 18 décembre.
Pologne - polémique
Le bon sens pour la croix d’Auschwitz?
Mis en ligne le 20/11/2008, lalibre.be
La diplomatie tranquille et très belge de "Sauvegarde d’Auschwitz" pourrait payer. Un compromis pour éloigner la croix du camp est en germe. Une confirmation que seul le dialogue peut aboutir à des solutions, pas la crispation
éclairage
A la mi-septembre, le nouveau directeur du Musée d’Auschwitz, Piotr Cywinski était de passage à Bruxelles pour solliciter l’aide de l’Union européenne afin de pérenniser le site du camp d’extermination nazi afin que nul ne puisse jamais plus ignorer les exactions qui y furent commises. Les responsables du comité belge "Sauvegarde d’Auschwitz" qui ont piloté la remarquable restauration du pavillon belge en avaient profité pour remettre sur la table la délicate présence d’une grande croix à proximité de l’ancien Theatergebaude.
Lazard Perez, ancien président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique et spécialiste de la construction - c’est son métier - connaît mieux que quiconque la problématique puisque dans le cadre de la restauration précitée, il s’est rendu plus de 30 fois sur place. L’occasion aussi de jauger l’état d’esprit local et de jeter les bases d’une solution de compromis avec d’autres "hommes de bonne volonté".
Un coup des communistes
Piotr Cywinski en est un; cet intellectuel chrétien est aussi un zélateur des relations judéo-chrétiennes. L’alchimie de la rencontre d’il y a deux mois fut telle que Lazard Perez y a vu une possibilité de renouer des contacts positifs avec des représentants de l’Eglise catholique polonaise.
Brève remise en perspective: aux abois, le pouvoir communiste avait permis l’incroyable dans la seconde moitié des années 80: l’installation d’un couvent sur le site d’Auschwitz avec un bail emphytéotique qui permettait de "plomber" l’avenir du site en ayant à l’esprit les pas toujours faciles relations entre Juifs et catholiques en Pologne Avec en ligne de mire des perspectives de division encore plus grandes: l’objectif au fond était de "christianiser" la Shoah dans le plus grand cimetière juif du monde. Sous l’impulsion du judaïsme belge (et notamment de Georges Schnek, ancien président du Consistoire central et de l’avocat Markus Pardes) alors que Théo Klein, figure emblématique du judaïsme français montait aussi au créneau, les bases d’un vrai dialogue avaient été jetées et avaient débouché sur un autre accord de Genève: côté chrétien, les cardinaux Decourtray, Lustiger, Danneels et Macharski avaient admis que les carmélites quittent le camp. Et une clause prévoyait que plus aucun emblème religieux ne pourrait être installé dans le camp
C’était compter sans un groupe intégriste catholique qui avait repris les bâtiments abandonnés par le Carmel et qui y installa en toute illégalité la croix une nuit de juillet1988. Vingt ans après, rien n’a changé mais l’arrivée d’une nouvelle équipe au Musée change la donne. Notamment parce qu’elle entend développer aussi ses activités éducatives dans l’ancien théâtre
Un nouvel espoir pour Lazard Perez qui veut une solution pacifique et interreligieuse. Certes, même Jean-Paul II n’avait obtenu le transfert de la croix. Mais la clé d’un compromis honorable réside sans doute chez l’évêque de Bielsko-Biala, Mgr Tadeusz Racoczy dont le diocèse englobe Auschwitz. L’homme est attentif de longue date à la question - il avait désacralisé le site du couvent - et il est prêt à s’investir pour que Auschwitz-Birkenau retrouve le silence absolu face à la mort. Un souci partagé par le cardinal Dziwicz de Cracovie qui fut le secrétaire du pape précédent. Concrètement, la croix pourrait être transférée solennellement lors d’une procession hors du camp en accord tant avec la hiérarchie ecclésiale locale qu’avec la base. Ce serait une victoire pour le dialogue interreligieux et le plus bel hommage aux victimes d’Auschwitz. Mais le sujet reste très sensible: naguère, la croix avait été enlevée afin d’être repeinte; il ne fallut pas une heure pour mobiliser un noyau dur d’intégristes hostiles à son déplacement