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L'affaire Pérol, une vieille pratique
L'affaire Pérol, une veille pratique arrangée à la sauce Sarkozy
Créé le 26.02.09 à 20h33 | Mis à jour le 26.02.09 à 20h37, 20 minutes, extrait
«Aux Etats-Unis, tout le monde fait ses cartons dès la prestation de serment», note Michel Lascombe, spécialiste en droit constitutionnel contacté par 20minutes.fr.
Une tendance qui date de Giscard
«Cette vision à l'américaine, c'est celle de Sarkozy», renchérit son confrère constitutionnaliste Pierre Avril. Mais le fait de placer des proches au pouvoir ne date pas de mai 2007, ajoute-t-il. Selon lui, «la mise en place de ces "spoil systems" à la française date de Giscard». Les deux spécialistes s'accordent à dire que la tendance s'est confirmée «sous Mitterrand puis sous Chirac».
C'est donc la relation de Nicolas Sarkozy avec les médias qui rendrait la pratique plus visible. Et «dans l'affaire Pérol, sur la base du droit, on ne peut rien lui reprocher», estime Michel Lascombe. «Combien de temps encore va-t-on prétendre que nous sommes dans un Etat de droit?», s'emporte Serge Portelli.
Le vice-président du tribunal de grande instance de Paris, joint par 20minutes.fr, dénonce la constitution d'un «réseau oligarchirque» et d'un «Etat-pyramide». Au sommet de l'édifice, «Sarkozy et son réseau de copains» et en dessous, «une bande de fonctionnaires qui tremblent de peur». Car pour le magistrat, au-delà des nominations, «les révocations posent questions».
La valse des préfets
«En deux ans, la valse des préfets est impressionnante», rappelle Serge Portelli, déplorant le climat instauré. Michel Lascombe confirme que c'est de ce côté qu'il faut chercher la nouveauté, et annonce le prochain test avec la nomination du président de France Télévisions. «Pour l'instant, on n'a aucune idée de la façon dont auront lieu les auditions, remarque-t-il, mais il sera intéressant de voir si elles sont publiques ou non.»
Si pour Pierre Avril, «il n'y a pas rupture» en matière de nominations, Serge Portelli annonce que le mouvement va se poursuivre, «notamment en matière de révocation chez les hauts fonctionnaires». Et Pierre Avril de conclure: «Il y a chez Nicolas Sarkozy une contradiction entre son désir de faire ce qu'il veut, en pratique, et sa volonté de transparence, en théorie. Au final, ce qui est transparent, c'est qu'il fait ce qu'il veut.»