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Alerte enlèvement en Suisse : « Il nous manque un outil »
Affaire Lucie
Alerte enlèvement: «Il nous manque un outil»
Jean-Marie Bornet, le chef de l'information de la police valaisanne, s'est toujours battu pour l'instaurer.
Le Matin - le 10 mars 2009, 21h13
Pourquoi une alerte enlèvement est-elle nécessaire en Suisse?
Mais parce que c'est un outil qui manque à la police. En résumé, la communication entre professionnels - de police à police - fonctionne bien. Mais il manque un outil pour provoquer l'acte citoyen et retrouver des témoignages qui permettent d'élucider une affaire.
Est-ce vraiment au citoyen de se mobiliser?
Oui, quand la vie d'un enfant est en jeu. Il ne faut pas se limiter dans les moyens. Il faut profiter de toutes les forces de la société. Il faut que tout le monde s'investisse.
L'alerte enlèvement, est-ce vraiment un moyen efficace?
Oui! Regardez en France ou au Canada. Des dizaines de personnes ont été sauvées grâce à ce moyen. Il faut par contre clairement déterminer les conditions pour lesquelles l'alerte enlèvement peut être déclenchée. Il faut s'assurer qu'elle est mise en place pour les cas graves et avérés. Ou en tout cas supposés comme tels.
S'il y avait eu une alerte enlèvement, est-ce que cela aurait permis de sauver Lucie?
Je n'en sais rien. Je ne connais pas suffisamment les détails de l'enquête. Mais s'il y a un seul enfant enlevé et assassiné avant qu'on mette cette alerte enlèvement en place, il n'y aura pas assez d'eau dans le Rhône pour s'en laver les mains, comme on dit en Valais. Car c'est à partir de demain que nous pourrions mettre ce système en place, il suffit juste d'en avoir la volonté.
Vous voulez dire que toutes les polices suisses sont déjà technologiquement prêtes pour appliquer ce système?
Mais oui. Nous avons déjà un système qui s'appelle ICaro et qui relie les différentes polices et les chaînes du service public, comme la RSR et la TSR. Il est prévu pour alarmer la population en cas de catastrophe. Rien n'empêche de l'élargir à l'alerte enlèvement.
Comment faire alors pour que les choses bougent, surtout au niveau politique?
Les gens doivent comprendre qu'aujourd'hui la police peut interrompre une émission de radio pour annoncer l'existence d'une planche de bois sur l'autoroute et c'est important, mais qu'elle ne peut rien faire lors de la disparition d'un enfant.
Comprenez-vous les réticences d'Eveline Widmer-Schlumpf qui n'a demandé un rapport sur l'alerte enlèvement que pour 2010?
Ce n'est pas à moi de critiquer l'autorité fédérale. Mais il me semble clair que c'est au plan national que cette affaire doit être réglée. Car un enfant enlevé aura vite fait de se retrouver en France ou en Italie. La question n'est donc pas de coordonner les cantons mais de parler aussi avec la France et l'Italie.