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Pourquoi les ados pètent les plombs
Massacre
Pourquoi les ados pètent les plombs
De plus en plus de jeunes disjonctent, jusqu'à provoquer de véritables carnages. Mais pourquoi n'ont-ils plus de limites?
Le Matin - le 13 mars 2009, 22h12
Enquête
Genève, la descente aux enfers d'un père parfait
Après la découverte des quatre corps, l'enquête se penche sur la piste financière.
Le Matin - le 13 mars 2009, 23h02
Comment ce drame a-t-il pu avoir lieu? Pourquoi un tel déchaînement de violence? Que s'est-il véritablement passé le jour où Téodor H., 52 ans, a ôté la vie à sa femme et à ses deux fils dans un accès de folie meurtrière, avant de se suicider? Ces questions torturaient encore tous les esprits hier, dans le quartier des Acacias, à Genève. Là où la police a récupéré quatre cadavres il y a maintenant une semaine.
Apparemment, c'est un cocktail explosif de dépression et d'angoisses liées à des problèmes financiers qui auraient poussé cet homme dévoué à sa famille à commettre l'irréparable. L'enquête que nous avons menée ne permet pas de répondre à toutes les questions, mais elle lève un coin du voile sur les minutes qui ont précédé le drame.
Téodor s'est présenté à son travail le matin du mardi 3 mars. «Puis nous ne l'avons plus revu», raconte son employeur. Il serait ensuite allé prendre son arme de poing dans son atelier. Maria, son épouse, avait déjà reçu des menaces de mort de sa part. Sans y croire vraiment, mais vérifiant tout de même qu'aucune arme ne se trouvait dans l'appartement, selon nos informations.
Déferlement de violence
Tout porte à croire qu'il serait passé à l'acte après le repas de ce même mardi, à midi ou le soir. Sur place, la police aurait récupéré des assiettes sales sur la table à manger, ainsi qu'une casserole. Et les quatre corps auraient été retrouvés vêtus en habits de ville.
Téodor aurait d'abord abattu son fils aîné, Cristophe (19 ans), qui était assis devant son ordinateur, dans sa chambre. Il se serait approché dans son dos et aurait visé la tempe. Ensuite, il aurait tiré sur Maria (47 ans) dans le corridor de l'appartement, puis sur le fils cadet, Mikaël (16 ans), qui se serait réfugié sous l'édredon de son lit pour échapper à ce déferlement de violence. C'est dans cette dernière pièce que Téodor aurait mis fin à ses jours. Reste le «pourquoi». Pourquoi ce père de famille a-t-il abattu les siens? Depuis deux mois, l'homme n'allait pas bien. Il ne mangeait et ne dormait presque plus. «Sûrement une dépression, mais pas une maladie physique. Son analyse de sang, faite la veille de leur disparition, ne montrait rien de particulier», relève une amie.
Soucis financiers
Mais Téodor, «cette force de la nature», maigrit à vue d'oeil, et s'affaiblit. Difficile pour lui de travailler comme avant. «En tant qu'indépendant, il bossait moins et donc gagnait moins d'argent, explique la personne qui l'employait. Mais je ne pense pas que c'est à cause de cela qu'il soit passé à l'acte. Tout le monde met de l'argent de côté.»
Il n'empêche que, début 2009, Téodor s'était inscrit à Métal Genève, la corporation de son métier qui offre notamment des soutiens juridiques. Une première pour ce travailleur en exercice depuis plus de vingt ans. Par ailleurs, sa femme cherchait de nouveau du travail après des années passées à s'occuper du foyer. Autre indice: cette dernière avait apporté 5000 francs en liquide à la maison, la veille de leur disparition. Pour les lui montrer et tenter de calmer ses angoisses. En vain. Téodor aurait déclaré auparavant: «Ils vont tout me prendre, même la PlayStation de mon fils.»
Des problèmes d'argent expliqueraient-ils donc son geste? Le père n'aurait jamais reconnu en public avoir des dettes. Téodor, comme d'ailleurs tous les membres de sa famille, était discret sur sa vie privée. Il aimait bien régler seul ses problèmes. Il n'en avait apparemment pas beaucoup, semble-t-il. Tout le quartier souligne, par exemple, que ses enfants ne manquaient de rien.
Comptes passés au crible
Pourtant, selon nos informations, la police genevoise passe bel et bien au crible les comptes de sa petite société de serrurerie, en quête d'éventuels problèmes financiers.
Cette thèse est encore renforcée par un dernier élément: à l'insu de la gérance, il sous-louait un ancien appartement dans lequel lui et sa famille avaient vécu. «Certainement pour se faire un peu de sous», tente d'expliquer un responsable de la régie Bordier.
Téodor était-il vraiment ce personnage jovial que décrit son entourage? Alors que l'enterrement de la famille meurtrie est prévu ce week-end à Borsa, dans le nord de la Roumanie, un certain nombre de ses secrets demeureront peut-être. Pour l'éternité.