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Les difficiles liens parents-enfants après des années d’absence
Faits Divers
Affaire - Xavier Fortin devant la justice
Sandrine Briclot, le lundi 16 mars 2009 à 04:00, France Soir, extrait
Comment se sont passées les retrouvailles avec votre mère, il y a un mois et demi, après l'arrestation de votre père?
Aujourd'hui, on a repris contact avec elle. Tout est en bonne voie. On parle de tout. Elle a intégré le fait que ce n'est pas dans son intérêt, ni dans le nôtre que le papa fasse de la prison. Elle ne viendra d'ailleurs pas au procès. Le plus important pour elle, c'est de nous avoir retrouvés. Nous, on attend que notre père sorte de prison afin qu'on puisse renouer des rapports normaux avec toute la famille. Basta!
16/03/2009 20:12
Procès Fortin : Les difficiles liens parents-enfants après des années d’absence
La Croix, extrait
Mardi 17 mars à Draguignan (Var), s’ouvre le procès de Xavier Fortin, poursuivi pour sa cavale de onze ans avec ses deux fils. Pour ces enfants et leur mère, les retrouvailles seront peut-être difficiles. Des parents témoignent
Catherine Martin, ex-épouse de Xavier Fortin, ne se rendra pas mardi 17 mars au procès de l’homme qui pendant onze ans lui a caché ses deux fils pour leur « offrir, dit-il, un mode de vie alternatif ». C’est afin de ne pas apparaître comme son accusatrice aux yeux de leurs enfants que Catherine Martin ne se présentera pas à l’audience. Un seul souhait l’anime désormais : renouer les liens totalement coupés pendant plus d’une décennie avec ses deux fils, Shahi Yena et Okwari, 18 et 17 ans aujourd’hui. Et ce n’est jamais simple.
Nathalie, maman de quatre enfants âgés de 6, 7, 12 et 15 ans au moment de la séparation, imaginait ses enfants lui sauter au cou, fondre en larmes en retrouvant leur mère après trois longues années durant lesquelles ils ont vécu cachés par leur père au fin fond de l’Écosse. Rien de tout cela, cependant. « À leurs yeux, j’incarnais le mal absolu, se souvient Nathalie. Pour eux, ce fut un véritable drame de devoir quitter leur père devenu central dans leur vie. »
Le plus dur, pourtant, était à venir. Pendant des mois, il lui a fallu accepter la révolte permanente de la fratrie, ponctuée de phrases assassines telles que « j’aurais préféré que tu sois morte » ; accepter aussi les heures passées par ses enfants avec leur père au téléphone à critiquer chacun de ses faits et gestes. « Après avoir retrouvé ses enfants, on ne s’attend pas du tout à vivre cela », témoigne Nathalie.
Signes « d’aliénation parentale »
C’est la principale vocation de l’Association contre l’aliénation parentale (Acalpa) que de soutenir les pères ou les mères victimes d’enlèvement parental et dont le nombre tourne chaque année autour de 25 000. « Nous les aidons notamment lors des retrouvailles, qui se révèlent souvent beaucoup plus douloureuses que prévu, indique Olga Odinetz, responsable de l’Acalpa. Car le lien affectif avec ses enfants peut mettre des mois, voire des années, à se retisser. Au rapt physique s’ajoute, souvent, un rapt psychologique. »
[...] Si chaque parent a sa façon bien à lui de renouer ces liens distendus, Paul Bensussan leur conseille à tous de devenir pour l’enfant « le parent le plus à même de maintenir le contact avec l’autre parent ». Ce qui, parfois, implique de douloureux efforts. Notamment celui d’emmener les plus jeunes voir l’ancien conjoint condamné pour enlèvement.
« C’est douloureux, reconnaît Nathalie, mais couper les enfants de leur père serait pire. Ils l’idéaliseraient sans raison. » Même volonté d’apaisement pour Catherine qui, suite aux suppliques de ses filles, ne poursuivra pas son ex-époux. « Elles sont traversées par un vrai conflit de loyauté entre leurs deux parents. Je ne veux pas ajouter à leurs souffrances. »