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Affaire Fortin : un expert dénonce « l'emprise » du père
Shahi Yena Fortin : «La justice doit écouter les enfants»
Propos recueillis par C. L.
Le Figaro, 16/03/2009 | Mise à jour : 07:28, extrait
INTERVIEW - Aujourd'hui âgé de 18 ans, l'aîné des deux frères Fortin, Shahi Yena («l'hommede la nature»), demande au tribunal de se montrer clément envers son père.
LE FIGARO. - Qu'attendez-vous des magistrats qui doivent juger votre père ?
Shahi Yena FORTIN. - Nous espérons que la justice va passer et que notre papa va enfin être libéré. Jusqu'à présent, nous n'avons pas eu la possibilité de lui rendre visite en prison, mais on sait qu'il vit très mal cette incarcération. Or, pour nous, il s'est toujours comporté comme un papa honorable et respectable. D'ailleurs, beaucoup de gens avec qui nous en avons parlé ont envie de lui décerner une médaille plutôt que de l'enfermer. Pour moi, la justice française doit apprendre à mieux écouter la parole des enfants. Si on nous avait demandé notre avis lorsque nos parents se sont séparés, nous aurions peut-être choisi de partager notre temps entre le domicile du père et celui de la mère…
N'est-ce pas votre père qui, alors que vous étiez âgés de 7 et 8 ans, a pris la responsabilité de vous entraîner dans la clandestinité ?
Absolument pas. Tout d'abord, je voudrais dire que dans cette affaire, c'est notre mère qui a violé la loi la première. En 1998, elle a d'ailleurs été condamnée à six mois de prison avec sursis pour «non-représentation d'enfants» après avoir refusé d'appliquer le droit de garde accordé à notre père.
Affaire Fortin : un expert dénonce «l'emprise» du père
Cyrille Louis
Le Figaro, 16/03/2009 | Mise à jour : 16:21
La psychiatre, qui a examiné les deux garçons retrouvés fin janvier en Ariège, estime qu'ils présentent des troubles de la personnalité.
C'est une pièce qui pourrait peser lourd au procès de Xavier Fortin qui comparaît demain pour «non-représentation d'enfants» devant le tribunal correctionnel de Draguignan (Var). Le rapport rédigé par la psychiatre qui a rencontré Okwari, 17 ans, et Shahi Yena Fortin, 18 ans, sonne comme une réfutation en règle du système de défense mis en place autour de leur père. Dans ce document long d'une dizaine de pages que Le Figaro a consulté, le docteur Marie-Françoise Grau-Espel dénonce l'«emprise» exercée par le quinquagénaire sur les deux garçons qu'il a soustraits à leur mère, début 1998. Selon elle, ces jeunes gens présenteraient d'ailleurs des troubles de la construction et de la personnalité.
Rédigée à la demande du ministère public, l'expertise bât en brèche la version livrée par les deux adolescents. Depuis l'interpellation de leur père à Massat (Ariège), fin janvier, ceux-ci soutiennent en effet avoir librement décidé de fuir le domicile maternel pour partir vivre avec lui, alors qu'ils n'étaient pourtant âgés que de 7 et 8 ans.
[...] En conclusion de son rapport, le docteur Grau-Espel souligne qu'une psychothérapie pourrait aider les deux adolescents à surmonter leurs difficultés. Évoquant Shahi Yena, elle estime que la fin de la clandestinité le «soulage» et prédit que «l'emprise paternelle devrait s'estomper». D'Okwari, elle dit qu'«il est le plus touché par l'influence de son père», et précise : «Le lien qu'il va tisser avec sa mère va être favorable à sa construction psychique, car il semble avoir une personnalité plus souple».
[...] Partie civile au procès, la mère des deux enfants ne devrait pour sa part pas se présenter à l'audience, par souci de ne pas apparaître comme l'accusatrice de Fortin aux yeux de ses enfants. À plusieurs reprises, ceux-ci ont en effet laissé entendre que leurs «retrouvailles» sont désormais étroitement subordonnées à l'avenir judiciaire de leur père.
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