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Marche rose pour la fillette retirée à sa famille d'accueil
NDLR : Vont-ils faire fléchir l'ASE ? Ce n'est pas certain. Mais avec ce ramdam médiatique, plus de 34 000 signatures et 15000 commentaires sur leur pétition, les pressions que les Boyers exercent sont assez fortes. A cette mobilisation, s'ajoutent ou s'associent « La Voix de l'enfant », l'association de Carole Bouquet, et « Enfance majuscule »... « Au sein de l'ASE, les accusations d'inhumanité véhiculées sur internet sont particulièrement mal vécues » ?
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Terraube et sa région
Publié le 08/02/2011 15:56 | Propos recueillis par Béa. D., la Dépêche
Terraube. Marche rose pour la fillette retirée à sa famille d'accueil
repères
1000 ballons vont être lâchés dans le ciel toulousain demain pour attirer l'attention sur le sort d'une petite fille de 5 ans retirée à sa famille d'accueil la semaine dernière, à Terraube. Les motivations des Boyer face à l'ASE 32
C'est une chambre d'enfants comme il en existe tant, avec des jouets empilés sur le côté et les vêtements impeccablement rangés dans le placard. Seulement, la chambre ne résonne plus des rires de Puçou, la fillette confiée à Séverine et François Boyer alors qu'elle n'avait que deux mois et demi.
Mercredi dernier, l'aide sociale à l'enfance a confié la petite âgée de 5 ans à une autre famille d'accueil. « Puçou… Elle adore qu'on l'appelle comme ça », soupire Séverine, le regard dans le vague.
Cette Terrauboise de 39 ans le sait, elle s'est condamnée au chômage le jour où elle a alerté les médias pour obtenir le retour de la fillette. Mais Séverine et son mari ne sont pas seuls dans leur combat face à l'ASE du Gers pour défendre les enfants ballottés de famille d'accueil en famille d'accueil. Leur pétition sur la page Facebook ouverte la semaine dernière a déjà recueilli 26 600 signatures. Et ce n'est pas fini. La manifestation prévue demain à Toulouse devrait encore renforcer le buzz sur cette affaire.
Est-ce que vous n'avez pas peur de jouer contre les intérêts de cette fillette de 5 ans en médiatisant son histoire ?
Séverine : Son intérêt, c'est de rester la petite fille pétillante et heureuse de vivre qu'on connaît. François : Le contrat signé avec l'ASE stipule que « la famille d'accueil veillera à préserver l'équilibre de l'enfant en lui garantissant le contexte affectif, éducatif et matériel qui lui est nécessaire. » C'est ce qu'on a fait.
Que vous reproche-t-on exactement ?
Séverine : Des liens trop affectifs avec elle. Mais on ne peut pas se construire sans amour. La petite a de l'amour de ses parents biologiques. Mais elle apprécie aussi le nôtre et elle nous le rend bien. J'ajoute qu'elle fait bien la différence entre nous, qu'elle appelle Bibou et Manou, et ses parents contre lesquels on n'a rien. Si encore on nous l'avait enlevée pour la leur remettre. Mais non. C'est pour la mettre dans une autre famille d'accueil !
François : Famille qu'elle était censée voir une heure, mercredi, pour une première prise de contact, avant de revenir chez nous. Je ne suis pas persuadé qu'elle sera capable de s'attacher comme ça de nouveau. Trahie une fois, trahie deux fois.
Jusqu'où êtes-vous prêts à aller ?
Séverine : On va attaquer l'ASE du Gers devant le tribunal administratif. L'histoire dépasse le cas de Puçou. Comment des enfants peuvent bien se construire en étant ballottés de famille d'accueil en famille d'accueil !
Me Gilbert Collard a proposé de vous représenter. Pourquoi avoir refusé ?
Séverine : C'est pas nous qui devons être défendus, c'est la petite. Donc, on a préféré passer par « La Voix de l'enfant », l'association de Carole Bouquet, et « Enfance majuscule » qui vont attaquer la décision de l'ASE devant le tribunal administratif. Me Collard a très bien compris.
Depuis la semaine dernière, la médiatisation orchestrée par la famille d'accueil d'une enfant placée par l'aide sociale à l'enfance ne cesse d'embarrasser le conseil général du Gers. Secret professionnel oblige, impossible, en effet, de répondre pied à pied aux accusations et démarches d'une famille d'accueil qui, manifestement, a décidé de rompre avec ses propres obligations de discrétion vis-à-vis de l'enfant qui lui a été confiée. Hier, le directeur général adjoint des services du conseil général en charge des solidarités a néanmoins accepté de donner des explications sur le fonctionnement de l'ASE, un service du conseil général qui emploie 130 « assistants familiaux » et protège près de 200 enfants placés sur décision de justice. Ces « assistants familiaux » reçoivent un agrément et une formation pour accueillir dans leurs familles un, deux ou trois enfants moyennant salaire. « Ces enfants sont confiés au conseil général par un juge qui les a soustraits à leurs familles naturelles, explique Claude Landreau. Le conseil général place ces enfants dans des familles d'accueil dans un seul objectif : préparer leur retour dans leurs familles naturelles. » Pourquoi, alors, éprouver le besoin de changer un enfant de famille d'accueil ? « Le changement n'est pas la règle. Chaque cas est unique, il n'y a pas de dogme. Changer un enfant de famille d'accueil n'est pas chose facile, ni pour la famille d'accueil, ni pour l'enfant, ni pour nous. Ce sont à chaque fois des décisions longuement mûries et prises collégialement. Normalement, le changement de famille se fait progressivement et en coopération avec les assistants familiaux concernés. Ce sont des processus longs », explique-t-on au conseil général. Sur le cas précis de Séverine Boyer (l'assistante agréée) et de son mari qui la soutient dans sa démarche, nous n'en saurons pas plus si ce n'est que le processus habituel a été mis en œuvre. Au sein de l'ASE, les accusations d'inhumanité véhiculées sur internet sont particulièrement mal vécues. « Le fait que le prénom de l'enfant ait été jeté en pâture aux médias est très préjudiciable à sa rescolarisation », explique-t-on au conseil général où l'on note aussi que les deux grands absents de cette polémique sont les véritables parents de l'enfant concernée. « La famille d'accueil n'exerce aucune autorité parentale. Les enfants placés n'ont pas deux familles mais une seule, leur famille naturelle », rappelle-t-on. Vu sous cet angle, si dérapage il y a, il se situe plus du côté de la gestion d'une famille d'accueil sans doute fragilisée que dans celle du placement d'une enfant dont on assure qu'il est géré à l'aune d'un seul critère : son bien-être et son retour futur parmi les siens. La suite, sur la Dépêche.fr
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