« Ces loups qui n'ont plus peur de l'homme | Racisme : 8 000 signalements sur Internet » |
Virés pour avoir pioché dans le buffet
Virés pour avoir pioché dans le buffet
AFP, 26/07/2011 | Mise à jour : 18:36
Deux employés de Gide-Loyrette-Nouel se préparent à saisir les prud'hommes, affirmant avoir été licenciés pour avoir récupéré des restes de buffets organisés par ce grand cabinet français d'avocats, a déclaré leur avocat à l'AFP. Sollicitée par l'AFP, Gide-Loyrette-Nouel s'est "inscrit en faux contre cette information erronée et caricaturale", une porte-parole assurant que le licenciement s'appuyait sur "des motifs réels et sérieux" qu'elle s'est toutefois "interdit de détailler pour des raisons d'éthique professionnelle".
Les faits remontent à juin, selon les lettres de licenciement que l'AFP a pu consulter. Les salariés de 56 et 34 ans, respectivement embauchés en novembre 2007 et en avril 2008 à des postes réservés à des handicapés, étaient depuis 2009 gestionnaires du parc informatique du cabinet.
Les deux courriers, identiques, leur imputent "la disparition régulière de nourriture et de bouteilles (dans une salle du cabinet parisien) à l'issue de repas servis dans le cadre de réunions clients ou de réunions internes". Les deux salariés reconnaissent s'être servis, mais uniquement d'aliments entamés en passe d'être jetés, dit leur avocat, Me Antoine Gillot, en racontant notamment le cas où les deux hommes ont vu que des serveurs débarrassaient des tables dans une salle de réunion voisine de leur bureau.
"Ils leur ont demandé ce qu'ils comptaient faire des restes de nourriture et le maître d'hôtel leur a répondu qu'ils pouvaient se servir car tout partait à la poubelle", a-t-il dit. Ils ont reçu le 27 juin leur convocation pour un entretien préalable le 7 juillet et ont été mis à pied à titre conservatoire. "Leur crime, à ces manants, est d'avoir osé manger les restes de nourriture de l'aristocratie des avocats", ironise leur conseil.
"Après l'entretien, je redoutais qu'ils reçoivent un avertissement. Ce qu'ils ont reçu le 19 juillet, c'était une lettre de licenciement", a-t-il dit. "Ils vont évidemment saisir les prud'hommes." Il juge l'affaire "choquante", notamment parce que la lettre de licenciement les fait, selon lui, passer pour "des voleurs". "J'ai du mal à concevoir que l'on puisse brutalement limoger pour un motif aussi futile deux salariés handicapés qui étaient jusque là bien notés", poursuit-il. Gide-Loyrette-Nouel est un cabinet international d’avocats. Fondé à Paris en 1920, il emploie 650 avocats dans 19 bureaux en Europe, en Asie, en Afrique du Nord et aux Etats-Unis.