« Une représentation de théâtre perturbée | Cornel West arrested as OWS spreads to Harlem » |
Fadettes : une affaire similaire à Marseille ?
Fadettes : une affaire similaire à Marseille ?
le 22 octobre 2011 à 09h37 , mis à jour le 22 octobre 2011 à 11h52
TF1/LCI, Dossier : Affaire Bettencourt
Le Parisien affirme samedi que le procureur de Marseille a demandé que lui soient fournies les factures détaillées du journaliste du Monde Jacques Follorou, auteur de deux articles sur des dossiers corses.
Problème d'interprétation du droit ou outrepassement de ses fonctions ? L'enquête en cours à Paris sur l'affaire dite des "fadettes" a mis au jour une affaire similaire à Marseille, où le procureur se serait fait communiquer les factures téléphoniques détaillées d'un journaliste du Monde travaillant sur des dossiers corses, affirme samedi Le Parisien. Le procureur, Jacques Dallest, n'avait pu être joint samedi. Cité par Le Monde.fr, qui dit l'avoir interrogé vendredi, celui-ci affirme avoir "agi en conformité avec la loi, qui autorise la saisie de facturations téléphonique dans certains cas bien précis, par exemple lors d'affaires de criminalité organisée".
Selon Le Parisien, ce "nouveau lièvre" a été soulevé par la juge d'instruction parisienne Sylvia Zimmermann, dans le cadre de son enquête ouverte après une plainte du Monde pour violation du secret des sources de deux de ses journalistes dans l'affaire Bettencourt. Le Parisien affirme que le procureur Dallest a demandé que lui soient fournies les factures détaillées du journaliste du Monde Jacques Follorou, auteur de deux articles, cosignés avec Yves Bordenave, sur une tentative d'assassinat ayant visé l'ancien chef nationaliste corse Alain Orsoni et sur l'assassinat d'une des figures du gang de la "Brise de mer".
Consultation de "fadettes" en matière de crime organisé ?
Ces articles se fondaient sur des procès-verbaux de garde à vue et citaient les noms de commanditaires présumés, ajoute le journal. "Les enquêteurs - magistrats comme policiers - et des avocats, s'étaient vivement émus auprès du parquet de la mise sur la place publique de certains éléments d'enquêtes en cours, révélations susceptibles non seulement de nuire aux investigations, mais surtout de mettre en danger la vie de certains protagonistes de ces dossiers", a déclaré le procureur Dallest au Monde.fr.
"Le procureur Dallest a agi à notre demande", ont déclaré à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, des magistrats de la Juridiction interrégionale spécialisées (Jirs) de Marseille. Ils ont expliqué lui avoir demandé, suite à la parution des procès-verbaux dans Le Monde, d'ouvrir une information préliminaire pour violation du secret de l'enquête, tout en soulignant que cette affaire n'avait rien à voir avec le profil de l'affaire Bettencourt. "On a ainsi fait courir des risques à nos instructions mais aussi pratiquement en temps réel à des gens que nous interrogions. Si le journaliste s'était contenté d'interpréter, nous n'aurions pas bougé, mais là cela dépasse l'entendement", ont-ils estimé.
Selon la même source, Jacques Follorou a été entendu par des policiers auxquels il a objecté le secret des sources. Pour les magistrats marseillais, le problème est de savoir si la consultation de "fadettes" est autorisée ou pas en matière de crime organisé. Après la divulgation par Le Monde de ses aveux en mai 2009, Melicucci, dont la libération provisoire est attendue dans les prochaines semaines, avait dû être placé à l'isolement, selon ses proches interrogés par l'AFP. Sa mère et son frère avaient également dû quitter la Corse.
le 22 octobre 2011 à 09:37
Pages: 1 · 2
1 commentaire
AFP Publié le 22/10/2011 à 18:56
Le procureur de la République à Marseille a estimé aujourd'hui que la réquisition en 2010 des "fadettes" de deux journalistes du Monde dans le cadre d'une enquête pour violation du secret de l'instruction depuis classée sans suite était "justifiée", dans un communiqué à l'AFP.
"L'atteinte au principe du secret des sources (...) a été justifiée" et "proportionnée" comme l'exige la loi, a déclaré Jacques Dallest qui réfute le terme "d'espionnage", soulignant que les réquisitions "n'ont porté que sur de brèves périodes" et "n'ont été dictées que par les nécessités de l'enquête".
Le magistrat a réclamé les factures des journalistes Jacques Follorou et Yves Bordenave après la parution dans Le Monde de deux articles, en mai 2009 et janvier 2010, révélant le contenu d'auditions de deux suspects dans des affaires d'homicide en Corse, où ils donnaient les noms des commanditaires. "Il ne peut être contesté que les révélations en cause ont affecté le bon déroulement des informations judiciaires et ont exposé les auteurs des propos ainsi rendus publics à des actes de représailles gravissimes", affirme-t-il, soulignant la "gravité incontestable" des faits concernés par les articles.
Après le premier, relatif à une tentative d'assassinat de l'ex-leader nationaliste Alain Orsoni en 2008, "l'avocat de l'une des personnes citées s'indignait auprès du magistrat instructeur de cette divulgation de nature à exposer son client à des mesures de rétorsion et à un risque vital immédiat. Ce dernier était immédiatement déplacé dans un autre bâtiment de la maison d'arrêt pour des raisons de sécurité", indique Jacques Dallest.
Le juge saisissait le procureur, qui confiait en juin 2009 une enquête préliminaire pour violation du secret de l'instruction à la police judiciaire de Marseille. Elle a été classée sans suite en janvier 2010. Le second article, relatif à l'assassinat d'une des figures du gang bastiais de la "Brise de mer", Richard Casanova, incitait M. Dallest à ouvrir une nouvelle enquête préliminaire, étendue au premier article et confiée cette fois à la direction centrale de la police judiciaire.
L'avocat du mis en cause dans cet article portait plainte et en février 2010 le procureur autorisait les réquisitions téléphoniques découvertes par la juge parisienne Sylvia Zimmermann et révélées aujourd'hui par Le Parisien. Selon Jacques Dallest, l'exploitation des factures a permis "de cerner une piste possible" sur l'origine des fuites sans apporter d'élément probant, les personnes en charge de l'enquête et de l'instruction étant "hors de cause". Cette seconde enquête a été classée sans suite en décembre 2010.
De source http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/10/22/97001-20111022FILWWW00501-fadettes-le-procureur-se-justifie.php