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Les procureurs sortent de leur réserve
NDLR : Ce 9 décembre, j'avais bien vu passer un court tweet...
Justice. Les procureurs sortent de leur réserve
Publié le samedi 10 décembre 2011 à 11H00, l'Union
Ils n'ont pas l'habitude de s'épancher. Raison de plus pour les écouter. Les procureurs de la République n'ont pas le moral et, pour le faire savoir, ont rédigé un texte commun. Précisément, 126 des 163 chefs des parquets de France alertent, dans ce document rendu public et envoyé au Garde des Sceaux, sur les difficultés d'exercer leur tâche. Dans les Ardennes, le procureur Daniel Bouriaud, qui a participé à cet appel, confirmait, jeudi matin, la souffrance ressentie dans sa profession : « On milite pour l'évolution du statut, on voudrait un changement de mode de nomination. »
M. Bouriaud et ses confrères souhaitent que le Garde des Sceaux soit contraint de suivre l'avis du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), organe suprême de l'institution judiciaire, afin, dit-il, « d'affirmer une autonomie vis-à-vis du pouvoir politique », reproche récurrent et « évidemment fondé, du fait même que le CSM n'ait qu'un avis consultatif et que le gouvernement ait le dernier mot ». Dernier exemple de cette « interpénétration » manifeste entre l'exécutif et le judiciaire, la nomination du controversé Philippe Courroye au poste de procureur de Nanterre… contre l'avis du CSM.
Second axe des doléances, « l'insuffisance flagrante » des moyens donnés aux tribunaux de fonctionner et, souligne M. Bouriaud, « dans les Ardennes plus qu'ailleurs ». La perspective de la présidentielle, où différents candidats promettent déjà des moyens en hausse, n'est évidemment pas anodine. Pour M. Bouriaud, cette tendance à la paupérisation de la justice n'est « pas nouvelle, ce phénomène dure depuis des années et on continue de nous demander d'entrer dans toujours plus de champs nouveaux : celui de la prévention, celui de la répression, celui de la formation… », souffle le magistrat qui conclut : « Au fond, qu'est-ce qu'on veut ? Des mesures qui puissent restaurer l'image de la justice, aujourd'hui considérablement dégradée aux yeux de beaucoup trop de citoyens. »
M.L.
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