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Epinay-sur-Seine : le curieux appel à témoins de la police des polices
Le Parisien | STÉPHANE SELLAMI | Publié le 06.01.2012, 08h40
Une méthode d’enquête utilisée par l’inspection générale des services (IGS), la police des polices, suscite un vif émoi depuis plusieurs semaines dans les rangs de la brigade anticriminalité (BAC) d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Les policiers de ce service ont découvert qu’un appel à témoins, rédigé par un fonctionnaire de l’IGS, avait été distribué au début du mois de décembre dans une centaine de boîtes aux lettres d’habitants du quartier d’Orgemont, une cité sensible de la ville.
Une technique d’investigation employée dans le cadre d’une commission rogatoire émise par un juge d’instruction de Bobigny (Seine-Saint-Denis) après des « allégations de violences policières » lors d’une intervention des forces de l’ordre le 1er août 2011.
Une épée de Damoclès
Les fonctionnaires de la BAC ont été d’autant plus surpris de découvrir cet appel à témoins qu’à l’origine plusieurs personnes, auteurs de violences à leur encontre le 1er août, avaient été renvoyées devant le tribunal correctionnel de Bobigny. « Au départ, dans ce dossier, plusieurs suspects devaient être jugés pour des faits de rébellion et de violences sur des policiers, précise une source judiciaire. Le tribunal a décidé de renvoyer l’affaire pour obtenir un complément d’enquête. Une information judiciaire a alors été ouverte par le parquet de Bobigny. Un juge d’instruction a été désigné avant sans doute d’estimer devoir éclaircir les conditions d’interpellation des suspects. Il a alors saisi l’IGS. Mais, à notre connaissance, aucune plainte n’a été déposée, à ce jour, contre les policiers. »
De leur côté, les fonctionnaires de la BAC estiment désormais travailler avec « une épée de Damoclès » au-dessus de la tête lorsqu’ils interviennent dans la cité d’Orgemont. « Après la distribution de cet appel à témoins, plusieurs jeunes du quartier nous ont provoqués en nous disant que, quelle que soit la nature de notre intervention à l’avenir, ils appelleraient systématiquement la police des polices, confient plusieurs policiers, sous couvert d’anonymat. Cela va devenir très compliqué pour nous d’opérer dans ce quartier, dans lequel il est déjà très difficile d’intervenir en temps normal. »
Ce type d’appel à témoins « n’est pas une procédure exceptionnelle, même s’il elle est plus généralement utilisée dans le cadre de dossier criminel », indique un proche de l’affaire. « Cela fait partie des moyens d’investigations mis à la disposition des services d’enquête, poursuit la même source. Mais, dans ce dossier, la manière de faire est quelque peu maladroite. »
Sollicitée, hier, l’Inspection générale des services nous a fait savoir que ses fonctionnaires avaient simplement agi selon « les instructions d’un magistrat » du tribunal de Bobigny.
Le Parisien