Archives pour: Novembre 2019
Pour les experts et la Direction juridique de Dalloz, tout était si simple
Pour Dalloz, ce qui n’a pas dû beaucoup changer depuis, il suffirait d’une simple lettre et probablement même d’un fax, d'un email ou d’un coup de téléphone au greffe pour que le juge des enfants se remue un peu : « Dalloz, Droit de la famille, édition 2008-2009 […] (2)35.192, Forme de la saisine, P. 865, extrait • Aucune forme n'est requise pour saisir le juge des enfants […] (2)35.262, Durée, modification et renouvellement des mesures, p. 873, extrait • La vie d'un enfant étant ce qu'elle est, et les interrogations des services éducatifs étant constantes, il est rarissime que le juge ne voie le mineur et sa famille qu'à l'occasion d'un renouvellement. » En tous cas, à l'époque, Laurence BALLET, Directrice juridique des Editions DALLOZ pouvait y croire très fort.
Dans un ultime post du 26 courant sur Facebook, Me Michel Amas nous décrit encore ses projets et ses priorités pour sa réforme de la protection de l’enfance. Une première proposition de loi qui vise à pouvoir contraindre le juge de juger même s’il n’en a pas envie du tout a été déposée ce 19 novembre. Pas moins de 25 députés se sont associés pour présenter ce premier petit texte, la proposition N° 2419 : Guy TEISSIER, Valérie Boyer, Véronique LOUWAGIE, Émilie BONNIVARD, j’en passe... pour davantage de noms et détails, voir le contenu de leur proposition.
« Ce premier texte est le plus important, il rétabli l’équilibre et le contradictoire, Il est l’espoir de nombreux parent », nous explique Me Amas : « les parents peuvent saisir le juge… » puis « le juge statue sur cette demande dans un délai d’un mois. » Sans surprises, ça avait été annoncé en octobre, Me Amas et ces députés ont réinventé la sommation de juger ; une première, puis le magistrat est en difficulté ou en tous cas, doit réagir… et plus tard, les affaires et surtout les relations entre l'enfant et sa famille naturelle reprennent doucement enfin.
Des exposées des motifs de cette proposition de loi, quelques extraits : « […] l’impératif de protéger les enfants a été mis en œuvre. […] a toutefois un effet pervers qui réside dans le principe de considérer de manière quasi-systématique les parents comme l’élément pathogène qu’il faut éloigner par tout moyen. […] il existe de nombreux cas pour lesquels le placement de l’enfant n’est pas ou peu justifié et d’autres, pour lesquels la lenteur de la procédure sera excessive. Les parents doivent pouvoir agir. […] La durée même du placement initial coupe tout lien avec la famille naturelle, qui mettra d’autant plus de temps à le reconstruire et aura pour conséquence de générer la situation contre laquelle la loi est censée lutter : la souffrance de l’enfant. […] se traduit par l’absence totale de moyens donnés aux parents de pouvoir se défendre, mais surtout, par la suite, d’intervenir et d’être des acteurs de la procédure. Cela ne concerne que certains dossiers tels que ceux dans lesquels les parents contestent le motif du placement, pour lesquels la lenteur de la procédure est hors normes, ou encore ceux dans lesquels les enfants sont placés géographiquement trop loin de leurs parents, mais ce sont ceux-là même qui sont sensibles et sur lesquels il convient de légiférer. Si, dans la plupart des cas cela ne pose pas de difficulté et que les magistrats, lorsqu’ils le peuvent, répondent aux demandes des parents par le biais des ordonnances qu’ils rendent, dans de trop nombreux cas, le silence fait office d’explications.
J'ai le sentiment qu'il manque des mots dans leur article unique. J'aurai plutôt écrit : « les père et mère peuvent saisir le juge pour demander l’audition de toute personne ou la communication de tout document, fait ou élément qui leur parait utile. » Si ce projet est retenu, ce sera peut-être ajouté ou arrangé au cours des débats qui vont suivre.
Et en tous cas, Me Amas et le barreau de Marseille réclameraient bien de pouvoir faire la même chose que j'ai pu faire il y a plus de 10 ans déjà, entre 2008 et l'été 2009... forcer un juge pour enfant de juger, puis contre l'avis de celui-là et de plusieurs autres juges, contre l'avis du parquet et des travailleurs sociaux aussi, contre l'avis également des « tiers dignes de confiance », passer enfin à nouveau des vacances d'été en famille et sans personne pour faire chier. Car il ne suffit pas simplement d'obtenir enfin une date d'audience, même avec quelques éléments ; il faut ensuite tenir tête, s’y opposer aux inimitiés, ensuite encore lutter, influer sur le cours des choses, provoquer des changements...
Sinon, par ailleurs, si leurs modifications de textes finissent bientôt acceptées, si les parents auront un jour effectivement ces nouveaux droits de forcer un juge de juger, je me demande combien de temps ça va pouvoir fonctionner avant que les tribunaux ne cognent fort en retour en cas d'abus de ces mêmes nouveaux droits. Mais les avocats et ces élus ont peut être prévu d'introduire une exception ou de faire abroger tout simplement des articles du code de procédure civile, le 32-1 (agissement en justice de manière dilatoire ou abusive) et le 559 (le cas d'appel principal dilatoire ou abusif)... aujourd'hui, à chaque fois « amende civile d'un maximum de 10 000 euros, sans préjudice des dommages-intérêts qui seraient réclamés », ce qui pourrait rapidement faire jusqu'à très mal à ces nouveautés. Par le passé, il y a 10 ans, c'était moins élevé, l'amende encourue n'était que de 3 000 euros.
Des sommations de juger sur fond de couacs en série, avril 2008
Novembre 2019, proposition N° 2419, article unique
« Le juge statue sur cette demande dans un délai d’un mois. »
Une ordonnance du 20 avril 2009
Frontenaud : un tweet de plus... par Cécile Untermaier, députée du 71
Fouillant, c'est facile, j'ai repéré le tweet qui suit. Une « mesure grave et irréversible pour le dirigeant de la structure », évidemment, pour les mineurs arrachés de là et même pour les majeurs qui ont dû être très choqués également.
C'est tout le problème bien connu de l'ASE et même du juge des enfants éclairé par ces services. Une fois que ces « autorités » ont cogné fort, on peut toujours saisir un tribunal, puis selon les affaires et circonstances, même envisager de faire appel. Mais la justice ne réparera plus grand chose, tout le mal et ses conséquences ayant déjà été infligé.
L'élue est membre de la Commission des Lois, intervenait jeudi à l'Assemblée nationale, en introduction du colloque « Justice des enfants : protection et éducation ! » #PJJ co-organisé avec le Conseil National du Barreau.
La responsabilité des magistrats
PUF, Droit et justice, septembre 2006
Gwenola Kerbaol
Les notes de la mission de recherche droit et justice
Extrait de la page 18,
c) Les voies de recours
L'existence des voies de recours implique-t-elle l'exclusion de l'action en responsabilité du fait d'un acte juridictionnel ? La réponse ne peut être que négative puisque les deux actions ont un domaine et une finalité distincts. Les voies de recours ne sauraient empêcher l'existence d'un préjudice, ni y remédier. Elles ne sont d'aucun secours dans les cas d'exécution provisoire, en cas de décisions rendues en premier et dernier ressort, en appel ou en cassation.
Dans une décision de référé, le tribunal administratif a suspendu la mesure grave et irréversible pour le dirigeant de la structure, prise par le Conseil départemental en l’absence d’éléments suffisants. La justice sert à cela aussi. https://t.co/A0ctWQfQsP
— Cécile Untermaier (@ceciluntermaier) November 22, 2019
Bourgogne : le foyer de Frontenaud devrait pouvoir rouvrir ses portes aux jeunes https://t.co/HEzggY4x4f
— Vibrationradio (@Vibrationradio) November 22, 2019
"Tout le monde s'en fout" https://t.co/UewsvuWv2J pic.twitter.com/0fi4cmgchR
— Bruno Kant (@bkant) November 23, 2019
Frontenaud : ça se corse enfin ?
D'ici peu, on pourrait entendre qu'il suffit de traverser un champ pour retrouver un travail... Ou alors, nous lirons que le préfet de Saône-et-Loire aura franchi on ne sait quoi pour joindre André Accary et remuer à Chalons ou à Dijon ?
Mais il est là nettement plus probable qu'une assistante sociale, pour ce préfet, pour Mme Macron, frappe sous peu à la porte du LVA et que pour tout le reste, M. Rossi et ses soutiens aient à se débrouiller autrement
La page des soutiens de ce lieu de vie est sur Facebook, ici...
De source Facebook
Frontenaud : après les rumeurs, un nouveau bruit court !
Il y avait manifestement urgence à statuer, ça n'aura même pas duré de 4 à 8 jours. Après les exposés de l'ASE 71 et de Jean-Claude Rossi, le tribunal a en tous cas conclu qu'il y avait urgence... à suspendre l'exécution de l'arrêt du département, pour espérer sauver le LVA des Bruyères. « La justice désavoue le département », lisait-on ensuite en une du journal de la Saône-et-Loire. Et la maltraitance, alors, dont ce département nous parlait depuis la fin octobre ?
Les journalistes du JSL et de France 3 continuent à faire leur travail, un bon, je trouve, équilibré et parfois assez taquin maintenant envers l'ASE. « Les investigations sont en cours », on en reparle bientôt, « nous attendons à présent impatiemment un avis du parquet ! » J'en rigolerais plus si ce n'avait pas été dramatique pour les gamins déjà en difficultés et aujourd'hui aussi raflés de là bas, puis si la situation du lieu de vie de M. Rossi n'était pas depuis précaire ou économiquement très compliquée, comme c'est également expliqué dans les dernières feuilles du JSL.
L'ASE et ses divers porte voix du 71 pour les journaux ne m'avaient pas convaincu ; je ne connais maintenant que beaucoup trop bien ce genre de créatures qui allèguent, qui martellent et qu'il faut croire. Leurs conseils auraient d'ailleurs même beaucoup peiné devant le juge de Dijon, à tel point que leur argumentation n'y a pas convaincu non plus. Cuisinés dans le tribunal, « ils finissaient par bredouiller », m'a raconté Bernard Bigenwald hilare et d'autant plus assuré face à l'ASE. « Si j'étais l'autorité qui délivre les autorisations... », nous rapportait le JSL, « Je n'échafaude pas des théories et des mobiles », réagissait le juge. Dans le huis-clos du juge des enfants, juste dire et expliquer, simplement affirmer peut suffire ; au tribunal administratif et devant le public, la mayonnaise de l'ASE 71 est tombée.
Il y avait « urgence impérieuse » de boucler ce LVA, « dans l'intérêt des enfants ». Mais « 7. La matérialité des griefs de maltraitances, objets d'un classement sans suite.... ou dénoncés par voie anonyme et par une ex-épouse de M. Rossi, ne sont pas établis par les pièces produites par le département. » Même la plus récente fugue n'a pas alarmé le tribunal au vu des autres éléments brandis par l'ASE et ses conseils. Je suis déçu. Depuis la fin octobre, je faisais comme Apathie face à Mediapart, je réclamais des preuves, des faits, du concret, un minimum de précisions crédibles... il n'en existait pas, ce n'était effectivement que de l'esbroufe, des rumeurs et de la dramatisation à outrance, du vide et de la fumée épandue par l'ASE de Saône-et-Loire !
On nous prie cependant maintenant d'attendre encore la suite. Soit le jugement au fond au tribunal administratif, d'ici 7 mois voire dans deux ans et demie seulement, c'est lointain. Ainsi que les conclusions du procureur de Chalons, qui investigue avec la gendarmerie, et qui pourrait ne les rendre puis ne communiquer timidement que d'ici 4 à 5 ans.
L'ordonnance est sur Google Drive
Frontenaud : délibéré dans 4 à 8 jours
Le journal de Saône-et-Loire a publié une brève. Jean-Claude Rossi avait évidemment saisi le tribunal administratif et vient de contester la fermeture pour 6 mois de son lieu de vie. Sans surprise, le département a défendu son point de vue qui concluait à la nécessité de la mesure. Délibéré au plus tard début de semaine prochaine.
En lisant le JSL, j'ai encore appris qu'un début d'incendie avait pu être maitrisé par une éducatrice, à Mâcon, au foyer La Maisonnée. 53 jeunes ont dû y être évacués le temps d'une intervention des pompiers. « Il s'agit d'un acte volontaire d'une jeune en souffrance » a expliqué le directeur du foyer pour un petit article également.
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Le Défenseur des droits et les 30 ans de la CIDE
Depuis ce mois d'octobre, deux sujets m'embarrassaient. Virginie Hamonnais ayant sombré dans l'alcool, son fils de 9 ans avait été placé pour le « sauver ». Il a aujourd'hui 14 ans, il est désocialisé et déscolarisé depuis deux ans, j'en passe, encadré et suivi ainsi par l'ASE et un JDE du 92 (Hauts-de-Seine). Puis est tombé la brève qui nous annonçait la fermeture à l'arrache de Frontenaud par l'ASE 71 (Saône-et-Loire).
J'approfondirais ce qui suit à l'occasion. Le rapport 2019 Violences au sein des institutions publiques : les droits de l’enfant et son intérêt trop souvent négligés peut être consulté sur le site internet du Défenseur des Droits...
« Selon le Défenseur des droits, les institutions françaises sont violentes à l’égard des enfants, publie le Monde ce 18 novembre, Ce rapport s’est penché sur les institutions publiques au sens large : `'Le système éducatif, judiciaire, social, médical et médico-social organisant l’accueil, l’accompagnement et la prise en charge des enfants." Les violences sont, elles, définies sous l’angle de `'toute action ou absence d’action qui contrevient à la sécurité de l’enfant ou à son bon développement, donne prééminence aux intérêts de l’institution publique sur les intérêts de l’enfant, lui cause une souffrance physique ou psychologique inutile et/ou entrave son évolution ultérieure." »
« Les institutions publiques (les structures sociales, médico-sociales, l’école, les centres éducatifs fermés, les hôpitaux, etc.) ne placent pas assez l’enfant au cœur des décisions qui le concernent, ne le consultent pas suffisamment, ne lui expliquent pas les décisions prises. » a tweeté @Defenseurdroit y lâchant aussi « ... Commises par des adultes, elles restent trop souvent banalisées, minimisées ou considérées comme répondant à un objectif éducatif légitime. [Quant aux violences entre enfants, elles ne sont pas toujours détectées ou traitées comme il le faudrait.] »
Pour l'Express, en fin d'un de ses articles, « Le Défenseur des droits propose également de consigner dans un registre tout usage de la force à l'égard d'un enfant, ou d'améliorer les évaluations et contrôles des établissements et services prenant en charge des enfants. »
Le rapport intégral « Enfance et violence : la part des institutions publiques » https://t.co/Zn6j29Zpcu
— Défenseur des droits (@Defenseurdroits) 18 novembre 2019
Alcool après la grossesse : la campagne de Vin & Société a choqué
Le mois passé, la campagne du lobby du vin et les déclarations de Krystel Lepresle, Déléguée générale de Vin & Société, ont choqué les professionnels de la santé, peut être aussi ceux de l'ASE ? « Nous ne remplacerons jamais les professionnels de santé, ce n’est pas notre rôle. En revanche, nous sommes les mieux placés pour donner le bon mode d’emploi de notre produit. Nous avons toute une vie pour nous faire plaisir, mais pendant la grossesse, et en l’absence d’études concordantes, il est recommandé de ne pas consommer d’alcool. »
« Un bon vin peut bien attendre neuf mois, par précaution, zéro alcool pendant la grossesse », leur « campagne zéro alcool pendant la grossesse ». Après quoi, sans aucun risque, elles peuvent se précipiter à la cave ?
Le SAF (Syndrome d'Alcoolisation Foetal), quand la femme enceinte est ou fini sous la vague, imbibée, c'est moche. Mais rien que quelques verres de trop une fois l'enfant au monde, ou même un peu au cours de la grossesse, puis le signalement à la DDASS peut tomber, les conséquences seront alors également moche ; il faudrait peut-être l'expliquer à Krystel Lepresle et à Vin & Société, qu'ils l'intègrent dans leurs prochaines communications salvatrices au public.
Je découvrais cette ultime polémique sur l'alcool et ses bienfaits, ces plaisirs, en même temps que les histoires et dernières difficultés de Virginie Hammonais, elle s'est noyée puis a perdu la garde de son fils. Des histoires pas très éloignées de celle que décrit Michel Amas dans son coup de gueule n°7 d'il y a 10 jours : « je reçois ce soir un papa, qui me remet un dossier, et parallèlement, j'ai reçu la lettre de son fils de 7 ans : je me permets de vous écrire pour vous expliquer que, quand je vais chez ma maman, elle boit de l'alcool, s'il vous plait, à la place d'aller au foyer, je voudrais aller vivre chez mon père, avec ma soeur... » Santé, il en faut dans ces situations !
Aujourd’hui, alors qu'elle a remonté la pente, l'alcool est maintenant loin derrière elle, Virginie Hamonnais espère retrouver sa place de mère auprès de son fils, toujours chez ses grands-parents. Mais renouer avec lui qui a maintenant 14 ans ne s'annonce pas très simple, il y aurait blocage et même « double blocage »... un problème d'inceste, des difficultés du fait des procédures judiciaires, des problèmes de boisson, de scolarité, pas assez et pas d'aide, un placement en famille d'accueil, puis chez les grands parents, puis encore des problèmes et c'est pas fini. Alors qu'elle apparaissait dans l'espace médiatique et ayant repéré un « dossier » du TGI de Nanterre, encore un, j'ai évidemment contacté Virginie Hamonnais pour discuter avec elle de l'ASE ainsi que de justice... A suivre.
Extraits de Actualités Sociales Hebdomadaires - N° 3133 - 8 novembre 2019
Frontenaud : « on a retrouvé un rapport de 2015 qui accable ! »
Donc, ce 19 novembre 2019, Jean-Claude Rossi sera au tribunal administratif, il y contestera l’arrêt et les attendus qui ont suspendu « très temporairement » son activité professionnelle. Il a déjà dû licencier et indemniser deux de ses employés, le professeur et la comptable du LVA, mais il espère tout de même pouvoir sauver les chevaux au moins, peut-être même toute la ferme équestre, pour sa propre fille qui y perçoit et y construit son avenir.
Pour reprendre son activité auprès et avec des enfants en difficultés, ce sera nettement plus compliqué, la Saône-et-Loire ayant envoyé des informations diffamatoires à tous les services de l’ASE et de la PJJ du pays… « Ma réputation en France est morte », déclarait-il récemment pour le Journal de Saône-et-Loire, un article en double page qui n’aura pas porté plus loin que très localement. Monsieur Rossi et son entourage vont devoir se remuer encore un peu, par exemple, pour sensibiliser l'AFP et pour que le LVA puisse être réhabilité partout via cet autre canal de communication national... sans quoi ce LVA même rouvert restera pendant longtemps encore très vide. Car calomniez, calomniez, dit-on, même avec d'éventuelles prochaines décisions favorables à M. Rossi, il en restera toujours quelque chose.
L'AFP ou similaire aurait beaucoup de sens, et pas simplement pour M. Rossi. Ca va se faire semaine prochaine ? Car n'importe quel LVA, famille d'accueil ou famille du territoire pourrait être touchée et noyée exactement de la même façon : un « signalement », un bidonnage, puis plus d'enfants, et toujours la possibilité de saisir un tribunal...
Plus d'enfants tant que quelques départements ne referaient plus confiance à M. Rossi, mais alors pourquoi pas tout simplement le retour des ados dépotés ? Un retour était peut-être envisageable dans les huit jours si la mesure Administrative n'avait été qu'une sorte de départ pour un court séjour en colo, le temps pour quelques discussions et réflexions ? Impensable maintenant, car ils finiraient par parler à leur tour de la rafle, d'effets et de suites, de ce qu'ils ont vécu depuis... Compliqué également, car depuis leur déracinage, un travail de rempotage a été entrepris.
Puis dans cinq jours, les 30 ans de la CIDE... « J’ai des droits, entends-moi ! » a tweeté @Defenseurdroits et dans le lot de premières propositions et témoignages par des enfants retenus par lui, « Nous aimerions qu’il y ait plus de contre-enquêtes pour l’ASE afin que la décision prise par la justice ne soit pas basée que sur un seul droit de regard. »
« Avec les bruits qui courent, on a beau savoir... »
Le corbeau, Henri-Georges Clouzot, 1943
Pour sa part et à plusieurs reprises maintenant, ajoutant de la diffamation publique à ses courriels privés qui lui échappent, le conseil départemental de Saône-et-Loire a insisté auprès des journalistes sur « l’urgence impérieuse » de « protéger » ou de rafler les enfants du LVA les Bruyères à Frontenaud, comme cela a été fait. Avec plein de gendarmes et de travailleurs sociaux, en 30 minutes pour tout ramasser et plier, sans avoir prévenu personne et surtout sans avoir préparé quoi que ce soit avec les ados concernés et leurs référents.
A moins de les soumettre à la question en les plongeant dans une eau glacée, sinon en les lacérant de traits de plumes trempées dans du vitriol comme dans ce billet de blog, ou encore, comme le fait Bernard Bigenwald, dans son blog chez Mediapart, au risque d'y être une fois de plus « dépublié » pour les y avoir trop pris à rebrousse poils, nos autorités ne changeront plus de posture, elles ne se désavoueront jamais, en tous cas pas hors des prétoires, où suite à malentendus autour d'approximations, de coquilles, d'erreurs matérielles, voire même après étouffages divers et autres pirouettes et couacs et impasses de procédures, elles pourraient espérer s’en sortir très aisément victorieuses et confortées dans toute leur hauteur et splendeur.
Je ne vois que quelques trois situations ou conditions dans lesquelles des enfants seraient « déplacés » si brutalement, et en tous les cas, c’est affligeant pour le conseil départemental, l'ASE, les gendarmes et le parquet :
• Ce conseil départemental et le personnel installé là-bas, perchés très à l’écart des réalités contemporaines et de terrain, n’en ont que faire du qu’en dira-t-on. Ce sont eux les professionnels, les sachants et savants dont toutes allégations, répliques et arguments même des plus courts et creux feront autorité, les décideurs qui peuvent se contenter de marteler pour la presse, la télé, le public que « tout a été pesé et soupesé » sans avoir jamais à s’en expliquer mieux. « Il n'y a que l'intérêt des jeunes qui nous anime. »
Et n’imaginant pas un seul instant qu’ils allaient être surpris sur le fait puis ensuite être vertement critiqués, sans états d’âmes ni la moindre humanité (toutes réflexions faites, ce ne n’étaient là rien de plus que des enfants de la masse d’abimés que d’autres départements que la Saône-et-Loire administrent…), suite à agglomérats de rumeurs parvenues à leurs oreilles et amoncellement de montages sur leurs bureaux, vérités et certitudes qu’ils n’ont jamais cherché à faire invalider ni d’ailleurs à faire étayer mieux - « pour les vérifications qui s’imposent, nous ferons entière confiance à notre justice, à la gendarmerie nationale et au procureur de Chalons » - ces fonctionnaires territoriaux ont fait dépoter/rempoter les enfants ; voilà.
« Il n’y a que l’intérêt des jeunes qui nous anime », « une décision qui est liée aussi à la nature des faits qui nous ont été rapportés », leurs suffit-il d’ajouter encore pour finir de convaincre quiconque et le public malgré les quelques doigts levés souhaitant formuler remarques et questions. « A ce sujet, ce très brillant sauvetage de cinq mineurs organisé et parachevé par nos soins, la discussion est close. Là, on est dans un cas qui est assez exceptionnel, voyez avec le parquet qui va s’affairer bientôt puis qui communiquera à l’occasion. » Une aphonie temporaire, une laryngite aiguë...
• Ce conseil départemental disposait déjà d’un « rapport accablant » datant de 2015 et décrivant des « maltraitances physiques », mais auquel le parquet saisit à l’époque n’avait jamais vraiment donné suite, sauf en laissant trainer puis se perdre dans un quelconque tiroir. Rapidement par ce passé, malgré ce rapport, la Saône-et-Loire modifiait elle-même l’agrément des Bruyères en augmentant la capacité d’accueil de 5 à 7 jeunes…
« A l’époque, je leurs avais demandé avec beaucoup d’ironie qui serait les deux nouveaux que j’aurais donc le droit de maltraiter », s’en amusait et s’en amuse toujours Jean-Claude Rossi...
« Je ne comprends pas ce que dit la gendarmerie... », une vidéo #ambiance
Un billet peut être éphémère ou qui finira plus tard enfui dans ma rubrique Affaires...
« On ne fait pas les choses à la légère. Tout est pesé et soupesé. L’intervention vise non pas à maltraiter les enfants mais bien à les protéger. Il n’y a que l’intérêt des jeunes qui nous anime », déclaraient les services sociaux de Saône-et-Loire pour le journal de là bas, son édition du 25 octobre 2019. Puis ce 13 novembre, encore dans le Journal de Saône-et-Loire, ces services de l'ASE ou le conseil départemental du 71 nous rappelaient à nouveau « l'urgence impérieuse de protéger les adolescents placés dans la structure »...
Les jeunes qui ont bien connu ce LVA des Bruyères à Frontenaud ne semblent pas du tout être convaincus, ni par la gendarmerie nationale et pas d’avantage par Alice Bonnet et ses troupes. Ils réagissent à nouveau sur Facebook après la parution du 13 novembre (puis voir aussi à la suite, la vidéo de France 3 datée du 8 novembre) :
Le JSL édition de Bresse, 13 novembre 2019 |