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Mort en dégrisement : l'ivresse en cause ?
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Pays de la Loire
Ouest France, jeudi 09 avril 2009
Mort en dégrisement : l'ivresse en cause
L'homme décédé au commissariat de La Baule a succombé à une ivresse. Ces premiers résultats d'autopsie doivent être confirmés par des analyses sanguines.
Les faits. Vers 22 h 15, lundi soir, l'employé d'un hôtel de La Baule, constatant les difficultés à se déplacer d'un homme en état d'ébriété, alerte la police. Une patrouille arrive. Elle décide de placer l'homme de 43 ans, employé dans une boulangerie, dans une cellule individuelle de dégrisement. Un peu plus d'une demi-heure plus tard, un policier constate que l'homme est inanimé. Malgré les efforts d'une étudiante en médecine, qui déposait au commissariat, et du Samu, arrivé quelques minutes plus tard, la victime décède.
Les causes. La consommation d'alcool joue un rôle central dans le décès. C'est ce qui ressort des premiers éléments de l'autopsie. Hier, le vice-procureur chargé de l'enquête a juste indiqué qu'il attendait « les résultats des analyses sanguines. »
Le médecin. À La Baule, la police ne transporte pas les personnes interpellées pour ivresse à l'hôpital. Sur réquisition du procureur, les policiers alertent un médecin de garde, le plus souvent la société SOS médecins. Les médecins établissent leurs priorités. Et assurent le plus souvent une intervention dans un délai d'une heure, sans obligation légale ou réglementaire.
Les ivresses ? Un combat syndical. Le problème croissant de la gestion des ivresses publiques et manifestes avait été soulevé, il y a un mois, par le syndicat de police Alliance. Il demandait que les policiers ne soient plus « seuls » face à un « problème de santé publique ». « Ce n'est pas normal de mourir dans un commissariat », glissait hier un policier baulois, marqué.
Parmi ses propositions, Alliance demandait « un bilan médical réalisé dans la rue » et un transport « sanitaire » à l'hôpital ou au commissariat. À l'époque, le syndicat citait l'exemple d'un homme qui avait dû être conduit au CHU de Nantes par les policiers, en plein coma éthylique...
Ministre. Michèle Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur, a fait savoir en mars qu'elle était « consciente de l'importance du sujet » et que ses services travaillent à la définition de règles « adaptées ».
Pratiques variées. Un rapport interministériel réalisé en 2008 observe des « diversités » dans les pratiques face aux ivresses publiques et manifestes (IPM). Ici, les gens ivres sont placés directement en cellule de dégrisement. Là, on passe par des Urgences engorgées. Ailleurs, on a signé une convention pour que des médecins effectuent des visites dans les commissariats ou brigades de gendarmerie. C'est la pratique à La Baule où il n'y a pas d'hôpital. Le rapport préconise d'étendre l'examen dans les locaux de rétention. En outre, il demande à « sécuriser » la procédure.
En chiffres. En 2008, 1 722 procédures d'IPM ont été engagées à Nantes, 419 à Saint-Nazaire, 402 à Angers, 463 au Mans. La tendance est à la hausse. Une procédure peut mobiliser deux policiers pendant deux ou trois heures.
Frédéric SALLE (avec M. G et T. H.)