Catégorie: L'affaire d'Outreau
Le procureur Lesigne fermement défendu par ses collègues magistrats
"Au moment où l'information (judiciaire) se développait, il y avait une communauté de vues (...) aucune raison d'avoir des divergences" avec les poursuites engagées au tribunal de Boulogne, a déclaré Didier Beauvais, président de la chambre de l'instruction de la cour d'appel.
"Ayant à nouveau le dossier entre les mains, j'aurais requis de la même manière", a affirmé de son côté Philippe Muller, magistrat du parquet général de la cour à qui avait été soumis le dossier en 2003, avant le renvoi aux assises de 17 personnes accusées d'avoir participé à des abus sexuels sur mineurs.
Parmi ces 17 accusés, treize seront finalement innocentés, sept lors du premier procès en 2004 et six autres en appel l'année suivante.
PARIS (AFP) - Le procureur Gérald Lesigne, jugé par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour sa responsabilité présumée dans le fiasco d'Outreau, a été fermement défendu mercredi par des collègues magistrats qui ont raconté leur "communauté de vues" avec lui à l'époque de l'enquête.
« Je me suis planté », a admis M. Lesigne
PARIS (AFP), extrait - Au total, sept des 17 accusés au premier procès d'assises en 2004 seront acquittés, rejoints par six autres lors du procès en appel en 2005.
Mais au début de l'instruction en 2001, s'est justifié M. Lesigne, "on est vraiment sur un faisceau d'éléments qui m'a convaincu".
Et au parquet général, "il n'y pas de réaction (...) si j'avais eu des remarques, j'aurais pu rebondir" et expliciter davantage la motivation des poursuites.
Une affaire de pédophilie "avec pluralité d'auteurs" relevait d'"une certaine banalité" dans la région, ajoute le procureur, laissant entendre qu'en 2001-2002, sa hiérarchie était davantage sensibilisée aux affaires d'immigration clandestine vers la Grande-Bretagne via le port de Calais.
Lors de l'audience, ouverte lundi dans les locaux de la Cour de cassation à Paris, Gérald Lesigne a reconnu son manque de clairvoyance lorsque début 2002 les enfants Delay se livrent à "une floraison de dénonciations", entraînant une cascade de mises en examen assorties de placements en détention.
"Je me suis planté", a-t-il admis. "Je pensais être près de certitudes raisonnables, celles-ci se sont effondrées (...) la catastrophe est arrivée".
Lesigne, droit dans ses bottes
Mardi 20 Mai 2008, leJDD.fr, extrait
Face au Conseil supérieur de la magistrature, le procureur de la République de Boulogne, mis en cause dans son traitement de l'affaire d'Outreau, ne s'est pas démonté. Gérald Lesigne a débuté ses explications soulignant la "surcharge de travail" et s'est défendu d'un quelconque "manque de rigueur" qui lui est reproché par l'organe disciplinaire de la magistrature.
Le grand public se souvient, à l'évocation de l'affaire d'Outreau, du jeune juge Fabrice Burgaud. Sa légèreté dans l'instruction de cette affaire de pédophilie avait abouti à ce qui est aujourd'hui unanimement présenté comme un fiasco judiciaire qui avait entraîné, sur la foi de dénonciations calomnieuses, la condamnation de treize personnes finalement acquittées.
Gérald Lesigne affirme avoir correctement informé sa hiérarchie
Sur les dossiers dits "sensibles", dont ne faisait pas partie l'enquête sur Outreau, les rapports étaient "beaucoup plus fouillés", a expliqué Gérald Lesigne. Dans ce cas, "la conversation téléphonique était vraiment le coeur de nos communications".
Interrogé par le CSM sur la nature des dossiers "sensibles", le procureur a répondu qu'il s'agissait d'affaires marquant "véritablement l'opinion", pouvant apporter "un trouble considérable à l'ordre public" ou d'accidents "spectaculaires".
PARIS (AP) - Le procureur de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) Gérald Lesigne, auquel il est reproché des relations "irrégulières" et "peu fiables" avec le parquet général de Douai pendant l'enquête sur l'affaire d'Outreau, a affirmé mardi que sa hiérarchie était correctement informée de l'instruction.
Le procureur Lesigne se défend d'avoir manqué de rigueur
Les débats devant le CSM, dans les locaux de la Cour de cassation, ont mis en évidence que déjà en 1998 la famille Delay avait été à l'origine d'une dénonciation imaginaire d'abus sexuel, et il a été reproché à M. Lesigne "une absence de recherche de précédent" dans les archives du parquet.
PARIS (AFP) - Le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Gérald Lesigne, s'est défendu lundi devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) des accusations de "manque de rigueur" dans le traitement de l'affaire de pédophilie d'Outreau, qui s'était soldé par un fiasco judiciaire.
Au premier jour d'une comparution prévue jusqu'à mercredi, voire jeudi, ce magistrat de 60 ans a dû notamment s'expliquer sur les deux mois écoulés entre les premiers signalements d'abus sexuels par les services sociaux en décembre 2000, et le placement en garde à vue en février 2001 des parents soupçonnés, Thierry et Myriam Delay.
Un délai susceptible, aux yeux de l'accusation, d'avoir permis aux suspects de coordonner leur défense et d'éliminer certaines preuves matérielles.
"Dire qu'il y a eu du retard, qu'on aurait pu faire plus vite, oui dans l'absolu, mais dans le concret, avec les moyens qui étaient les nôtres, je ne sais pas", a plaidé M. Lesigne, évoquant aussi la "grande souffrance" d'enquêteurs de police "surchargés" de travail.
Le procureur a expliqué que les cas de maltraitance d'enfants étaient très nombreux dans le ressort de sa juridiction, et le traitement en "urgence absolue" réservé aux mineurs "non protégés" de leurs parents.
Le procureur de Boulogne-sur-Mer a mis en cause la surcharge de son parquet
PARIS (AP), extrait - Dans la matinée, le procureur de Boulogne-sur-Mer a mis en cause la surcharge de son parquet, décrivant le tribunal comme une "sorte de hub", "très malmené au niveau de la frontière", avec des affaires de contrebande et d'immigration clandestine.
Par ailleurs, le parquet est confronté à des "difficultés sociales d'un niveau particulièrement élevé". "La violence est très prégnante. Là-bas, on parle peu, et les poings, sinon les armes blanches, remplacent les mots", a déclaré M. Lesigne.
L'occasion manquée d'une grande réforme pénale
LE MONDE | 19.05.08 | Extrait
Alors que s'est ouverte, lundi 19 mai, l'audience disciplinaire du procureur de Boulogne Gérald Lesigne, qui avait conduit l'affaire de pédophilie d'Outreau, le grand débat public sur le rôle de la justice en France est retombé. Après le traumatisme provoqué par le double acquittement, en 2004 et 2005 de treize personnes ayant passé plusieurs mois en prison ; après des mois de travail d'une commission parlementaire bipartisane exemplaire, qui a mis en évidence les dysfonctionnements de l'appareil judiciaire ; après un rapport consensuel, qui pouvait déboucher sur une réforme d'ampleur en vue de renforcer les droits de la défense, il ne reste presque rien d'Outreau.
L'exemple d'Outreau sert aux avocats pour demander plus
LE MONDE | 05.06.07 | Extrait
Les avocats qui viennent devant la Commission nationale de réparation de la détention (CNRD) n'ont que ce mot à la bouche : "Outreau". "J'ai eu mon mini-Outreau", "Quand je pense que Karine Duchochois a obtenu 100 000 euros sans avoir fait de la prison, et qu'on offre si peu à mon client !" Le président Bernard Gueudet quitte alors son ton attentif et paternaliste pour s'énerver : "Une centaine de personnes passent devant la commission et disent toutes la même chose : "Vous n'indemnisez pas comme Outreau." Nous réparons la détention provisoire. Dans le cas d'Outreau, le gouvernement a voulu réparer les dysfonctionnements de la justice."
Le procureur Lesigne devant le CSM
PARIS (AFP) - La responsabilité présumée du procureur de la République de Boulogne-sur-Mer Gérald Lesigne dans le fiasco judiciaire d'Outreau a commencé à être examinée lundi à 10H00 lors d'une audience disciplinaire devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
L'audience publique qui se tient dans les locaux de la Cour de cassation à Paris doit durer jusqu'à mercredi inclus, voire jeudi.
Le CSM examine la semaine prochaine les poursuites disciplinaires contre le procureur Lesigne
L'avocat de Gérald Lesigne, Me Léon-Lef Forster, souligne dans un entretien avec l'Associated Press que son client n'avait "rien à se reprocher". Et de juger "surprenant que l'on ait cherché à trouver des boucs émissaires" sans "analyser de manière plus approfondie les dysfonctionnements du système".
Lors de son audition devant la commission d'enquête parlementaire sur Outreau en février 2006, Gérald Lesigne avait reconnu que "le mythe puissant de la pédophilie", alimenté par certains des accusés, avait failli conduire l'affaire "à une erreur judiciaire majeure".
Le procureur de Boulogne-sur-Mer avait ajouté que le dossier s'était auto-alimenté par un "peu de réalité, des faits de maltraitance sexuelle" parmi les enfants du couple principal, Myriam B., et de Thierry D., auxquels se sont ajoutés des petits éléments "à caractère anodin qui ont pu être interprétés à charge".
PARIS - Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) examine à partir de lundi les poursuites disciplinaires engagées par le ministère de la Justice contre le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Gérard Lesigne, dans l'affaire d'Outreau.