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Une collégienne de 15 ans frappe sa directrice, « un geste terrible »
NDLR : Avec ce nez cassé, je pense qu'on parlera encore de « carences éducatives » et de la défaillance « des parents ». A la suite, un point de vue d'Eva Joly sur les espaces d'infra-droit sous contrôle de l'administration ou du secteur privé.
Une collégienne de 15 ans frappe sa directrice
LEMONDE.FR | 04.10.08
Après l'agression d'une enseignante par un élève de 11 ans, le 26 septembre, une nouvelle affaire de violence en milieu scolaire, révélée samedi 4 octobre par Le Parisien, risque de faire du bruit.
Le 24 septembre, écrit le quotidien, la directrice de la section d'enseignement général et professionnel adapté (Segpa) du collège Elsa-Triolet, dans 13e arrondissement de Paris, a été violemment frappée par une élève à qui elle avait demandé d'aller en permanence à la suite d'un retard. "Apparemment calmée, la jeune fille de 15 ans attendait l'enseignante devant son bureau. Elle l'a frappée d'un coup de poing au visage, lui cassant le nez", raconte le journal, qui précise que les pompiers ont dû intrevenir pour calmer l'élève.
Une incapacité de travail de quinze jours a été prescrite à la directrice, qui a décidé de porter plainte. Vendredi, alors qu'elle était en train de se faire opérer pour ses blessures, ses collègues ont arrêté le travail entre 10 heures et midi pour alerter sur la situation des Segpa, des établissements spécialisés dans l'accueil de jeunes en grande difficulté scolaire. L'hypothèse d'une grève est aussi envisagée, indique Le Parisien.
L'agresseuse, qui avait déjà été exclue de deux établissements pour violences, sera exclue du collège jeudi, en attendant d'éventuelles poursuites.
Violences
Une directrice de collège agressée par une élève
leparisien.fr | 04.10.2008
HIER, alors que leur collègue directrice était en train de se faire opérer pour ses blessures, les soixante enseignants du collège Elsa-Triolet, dans le XIIIe arrondissement, ont tenu à lui manifester leur soutien en arrêtant le travail de 10 heures à midi. Le 24 septembre, Jacqueline Blondeau, directrice de la section d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa) du collège Elsa-Triolet (XIIIe), a été brutalement agressée par une élève à qui elle avait demandé d’aller en permanence à la suite d’un retard.
Apparemment calmée, la jeune fille de 15 ans attendait l’enseignante devant son bureau. Elle l’a frappée d’un coup de poing au visage, lui cassant le nez. Une incapacité de travail de quinze jours a été prescrite à Mme Blondeau, qui a porté plainte. En attendant d’éventuelles poursuites, la jeune fille sera exclue du collège jeudi prochain, à l’issue d’un conseil de discipline.
« Une minorité d’élèves ingérables »
« C’est un geste terrible, condamne Michel Soussan, directeur de l’académie de Paris. Nous allons accompagner la directrice, y compris au niveau judiciaire. Et si elle ne se sent pas capable de revenir à Elsa-Triolet, nous lui trouverons un autre poste. »
Les enseignants, eux, ne comptent pas en rester là. Ils veulent rappeler qu’une Segpa « a pour but d’aider des élèves en grande difficulté scolaire. Pas des jeunes souffrant de graves troubles du comportement ». Pour Jérôme Anselmo, professeur d’histoire, « il y a une minorité d’élèves ingérables. L’agresseuse de Mme Blondeau avait déjà été exclue de deux établissements pour violences. Après son pétage de plombs, il a fallu l’intervention des pompiers pour qu’elle se calme… »
A l’issue d’une assemblée générale, la communauté enseignante a écrit au recteur pour demander de nouveaux effectifs et tirer la sonnette d’alarme sur la situation des Segpa à Paris. En cas de fin de non-recevoir, les professeurs d’Elsa-Triolet n’excluent pas de faire jouer leur droit de retrait ou de se mettre en grève. « Je recevrai les directeurs de Segpa la semaine prochaine », rassure le directeur d’académie. « Je suis le dossier de près et je vais demander à ce qu’on vérifie le parcours de tous les élèves inscrits en Segpa. »
Point de vue
Omerta sur les clandestins, par Eva Joly
LE MONDE | 03.10.08 | Extrait
Depuis 2003 avec l'instauration d'une politique chiffrée des expulsions, la Cimade a dû réagir. Le plus souvent dans l'indifférence générale, elle a tenté d'alerter l'opinion publique sur ce dont elle seule pouvait témoigner : la dégradation considérable de la situation des étrangers "retenus".
Mais aujourd'hui le rôle de cet organisme indépendant est menacé. En effet, cette mission répond à un marché public, qu'à l'occasion de son renouvellement, le gouvernement s'apprête à transformer en profondeur. Désormais, il n'y aura plus sur le territoire français un seul observateur à même de publier des rapports couvrant l'ensemble des sites de rétention, mais une multiplicité d'intervenants locaux.
Plus personne ne sera en mesure de relever les disparités de pratique administrative et judiciaire de la rétention sur le territoire ; et ce d'autant plus que les titulaires de ces marchés seront tenus par une clause de neutralité et de confidentialité. N'importe quelle "personne morale" pourra répondre, de l'organisme parapublic - à l'indépendance très relative à l'égard du gouvernement - à l'entreprise privée.
La rédaction de l'appel d'offres suscite le doute sur la nature de la nouvelle mission : alors que la Cimade aide activement les "retenus", les assiste pour rédiger des recours administratifs, le nouveau marché semble ne prévoir que la distribution d'un fascicule d'information "en vue de l'exercice de leurs droits". Soit un double feuillet en guise d'introduction au code des étrangers, voilà une touchante attention qui ne risque pas de rendre les retenus trop procéduriers.
Je ne veux pas prendre la défense de cette association à laquelle je ne suis liée en aucune manière, mais je veux témoigner de ce que la mission qu'elle occupait jusqu'à présent est d'une importance fondamentale. A ceux qui m'objectent qu'aucun pays européen n'est doté d'une telle structure, je réponds que la Chine et les Etats-Unis non plus ; et qu'il n'est en cette matière aucune norme supérieure à celle que nous dictent nos principes, dont le fondement doit demeurer la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Cette réforme mineure en apparence est emblématique de la perte de repères de notre pays et de sa dérive vers des pratiques toujours plus éloignées des idéaux qui l'ont fondé. Les étrangers sans papiers sont vulnérables et c'est l'honneur de notre pays que de leur garantir de pouvoir exercer réellement ce peu de droits que notre législation leur concède.