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L'honneur enfin sauf des « traîtres » au nazisme
NDLR : Histoire de la folie, un livre « tout contre » Michel Foucault, ainsi qu'une page « enfin tournée ».
Claude Quétel : « On a toujours peur du grand méchant fou ! »
Sur Sciences Humaines, extraits
Et comme les fous enfermés coûtent plus cher, puisque leur lit est occupé indéfiniment, le souci du pouvoir dès l'Ancien Régime n'est absolument pas de les attraper, mais de les relâcher ! Tâche très difficile, parce que personne n'en veut. Bien sûr, l'âge classique aime la Raison. Mais le pouvoir se moque complètement de la déraison ! Les demandes d'internement proviennent des familles dans 98 % des cas, et non des autorités en place. Le multiplicateur de l'internement, ce n'est en aucun cas le régime, bien au contraire... Dans l'après Révolution, le problème reste complet. La psychiatrie va naître justement à cause de ce fond résiduel des fous enfermés qui pose un problème d'assistance : il faut attendre que l'horizon politique se calme un peu, ce qui nous mène à 1838 et la loi sur les aliénés. [...] Et qu'y a-t-il de pire qu'un accident ? L'inévitable cellule psychologique qui l'accompagne ! Georges Lantéri-Laura s'inquiétait de ce qu'il appelait « l'extension indéfinie de l'objet de la psychiatrie ». Pourtant, si le schéma commode de Foucault ne fonctionne pas, la psychiatrie n'a pas fonctionné davantage : ce fut un échec complet dans sa tentative d'enfermement thérapeutique. Quand on compte, comme moi, les coûts et les coups de la psychiatrie, le bilan est d'ailleurs extrêmement négatif. Toutes les sciences avancent, sauf celle-ci. Mon livre en est une condamnation sans appel. Cela dit, malgré cette banalisation des psys et du mot « folie », celle-ci ne sera jamais tout à fait une maladie comme les autres. On a toujours peur du « grand méchant fou », avec sa psychose théâtrale et hallucinée, et cela continuera à cause de l'éternelle querelle entre organogenèse (c'est du corps) et psychogenèse (c'est de l'esprit).
Libé du 10
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