A Vitry, des jeunes « dégoûtés »
A Vitry, des jeunes "dégoûtés" par la condamnation du meurtrier de Sohane
20Minutes.fr avec AFP, éditions du 08/04/2006, extrait
La cité Balzac de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), où Sohane est morte brûlée vive en 2002, était partagée samedi entre le sentiment des parents d'une condamnation "dure mais juste" et celui des plus jeunes "dégoûtés" par un verdict si "lourd".
Savoir enfin qui sont les Rroms
Cahiers du Genre, n° 35/2003
La violence, les mots, le corps
Introduction, extrait
L’analyse de la violence est inséparable de l’étude de ses représentations, ce qui en fait d’emblée une catégorie hautement subjective. Au demeurant, elle ne s’appréhende réellement que par les réprobations sociales qu’elle suscite. Ce qui n’était pas perçu comme violence par une société à un moment de son histoire le devient à d’autres moments ou dans d’autres sociétés.
Les théories de la violence sont multiples, mais un large consensus s’est aujourd’hui dégagé pour montrer ce qu’il y a de destructeur dans la violence :
Appelons violence toute contrainte de nature physique ou psychique susceptible d’entraîner la terreur, le déplacement, le malheur, la souffrance ou la mort d’un être animé (Héritier 1996, p. 17).
18-09-2008 18:29, Metro, extrait
La tribune du Blogueur de la semaine
Cette semaine, la parole à Jean-Pierre Dacheux : “Savoir enfin qui sont les Rroms*”
Le sommet de Bruxelles sur les Rroms aura eu cet avantage : faire parler d’un peuple méconnu. Quant à ses résultats positifs, il faudra attendre… La création d’une “plateforme sur l’inclusion des Rroms”, annoncée par José Manuel Barroso, n’apporte rien de neuf : quand on veut enterrer une question embarrassante, on crée une commission. Plusieurs textes sur les Rroms, très positifs, ont pourtant été votés par le Parlement européen, depuis 2005. Ils restent sans effet sur les politiques des Etats ! Il s’ensuit que la plus nombreuse de toutes les minorités culturelles (bien plus de dix millions de personnes) ne voit pas reconnue sa dimension européenne. Les idées reçues continuent de se propager, et d’abord celle-ci : les Roms seraient des nomades ! Pourtant, en Europe, ils sont sédentarisés à plus de 90% ! ...
En encart, sur Metro...
* “Rrom” est un mot de la langue rromani ; il veut dire “homme”. “Rom” est le terme politiquement correct en usage dans les instances européennes. “Tsigane” est un terme d’usage courant chez les ethnologues (il est péjoratif à l’est de l’Europe). “Gens du voyage” est une expression administrative qui n’existe qu’en France.
Jean-Pierre Dacheux, est membre de l’association Romeurope et auteur d’une thèse de doctorat en philosophie sur “Les interpellations tsiganes de la philosophie des Lumières”.
Procès d'assises, la défense décodée ou le mot qui peut tuer
In Deutschland beschwert man sich stark über meine « Excentricitäten. » Aber da man nicht weiß, wo mein Centrum ist, wird man schwerlich darüber die Wahrheit treffen, wo und wann ich bisher « excentrisch » gewesen bin. • Nizza (France), 14. Dezember 1887 : Brief an Carl Fuchs • Nietzsches Briefe, 1887
NDLR : En 2006, à la Cour d'appel, les juges ont lu une phrase extraite des minutes du greffe de l'audience du 18 novembre 2003, la date du placement de Justine. Les juges ont sauté des mots, ce que j'ai souligné. De simples mots dans une phrase, des minutes, un procès verbal ou une déclaration peuvent faire toute la différence...
27 mars 2007, une affaire « troublante » à Narbonne
Procès d'assises La défense décodée
LE MONDE 2 | 19.09.08 | Extraits des pages 1 et 2 sur 5
Ça a commencé par un long regard de l'avocat sur son client, de haut en bas, de bas en haut. Sévère, le regard.
" Je vais vous faire un compliment qui est une critique en même temps. Je vous trouve bien, là. Vous êtes beau, bronzé. Vous êtes trop beau, trop bronzé pour une comparution devant la cour d'assises.
– Vous savez bien que je travaille au grand air, moi !
– Oui, mais vous comparaissez pour un crime. Il y a, en face de vous, une famille qui a perdu un fils. Votre mine, là, ça peut donner un sentiment désagréable. Il faudrait retomber dans une attitude… "
Ados à adopter, qui veut mes ados ?
Colombani : « Changer les préjugés défavorables à l'adoption »
22/10/2007 | Le Figaro, extrait
LE FIGARO. Qu'est-ce que le président de la République attend précisément de vous ?
Jean-Marie COLOMBANI. - Malgré les efforts de la loi de 2005, la situation s'est aggravée. Il m'a donc demandé d'agir, en faisant tout d'abord un diagnostic. Centraliser les données et identifier les blocages permettra d'avoir enfin l'appareil statistique qui manque cruellement en la matière et, par conséquent, d'apporter des réponses adaptées.
C'est-à-dire une nouvelle loi ?
Non, mais des propositions « concrètes » que je dois rendre début 2008. Avec l'espoir d'inverser les préjugés défavorables aujourd'hui à l'adoption internationale, entre les soupçons de trafic et l'adoption hypermédiatisée de Johnny....
Page 14 de Direct matin plus n° 207
ÉTATS-UNIS • Qui veut mes ados ?
accueil >> actualités : amériques >> 6 févr. 2008
Courrier International, extrait
Pour favoriser l'adoption d'adolescents, plus difficiles à "caser" que des bébés, des Etats américains ont adopté des méthodes de marketing éprouvées. Quitte, explique USA Today, à donner l'impression qu'il s'agit de biens de consommation.
L'homme n'est pas une marchandise "comme les autres"
LEMONDE.FR | 06.11.06 | 17h50 • Mis à jour le 13.11.06 | 12h02
Quelques discours, le bon docteur et la naissance du récit noir
Deux dessins animés de Tex Avery sont des adaptations du conte. Notamment le fameux Red Hot Riding Hood. [...] En 2006, le groupe Evanescence sort un clip vidéo : Call me when you're sober (Appelle-moi quand tu seras dessaoûlé) dans lequel Amy Lee évoque une rupture. Le clip raconte l'histoire d'une jeune femme (le Petit Chaperon rouge) qui essaye d'échapper aux griffes du grand méchant loup. De source Wikipedia
Professeur Totem et Docteur Tabou, Nicole Claveloux, éditions Etre, 2006, page 15
Le diable assurément...
Naissance du récit noir
En 1558, Pierre Boaistuau publie Le Théatre du monde, premier manifeste français d'un humaniste angoissé qui rompt avec la vision optimiste des générations précédentes : « Mais, bon Dieu ! le diable s'est si bien emparé des corps et des esprits des hommes pour le jourd'hui et les a rendu si industrieux et ingénieux à mal faire... » [...] De fréquentes rééditions, des traductions en anglais ou en flamand, des adaptations et divers plagiats témoignent d'un succès immédiat. [...] Le monde représenté est un univers de cauchemar, envahi par la violence et le monstrueux, inversé par rapport aux codes alors en usage. L'individu est tout autant soumis aux « prodiges de satan » qu'à la terrible vengeance de Dieu. Faible, emporté par la fureur de ses passions, il se trouve dévoyé de sa nature divine.
Une histoire de la violence, Robert Muchembled, Seuil, 2008, p. 379
Le placement familial ; ses secrets et ses paradoxes,
Pierre Sans, L'Harmattan, 2006, p. 230
Garde d'enfants : bataille(s) autour d'une promesse
La jeune mère de David mise en examen et écrouée.
Selon la procureure, l'enfant était «une charge trop lourde pour elle».
Libération, 6 novembre 2006
Aline Lelièvre, cette jeune mère de 19 ans soupçonnée d'avoir tué son fils de 14 mois, David, a été mise en examen samedi matin pour «homicide volontaire sur mineur de 15 ans» et placée en détention provisoire à la prison des femmes de Rennes. (...) «Elle ne supportait plus sa situation de mère célibataire, a simplement expliqué Catherine Denis. L'enfant était devenu une charge trop lourde pour elle.» Abandonnée par le père de David, un Portugais installé en Suisse, alors qu'elle en était au sixième mois de sa grossesse, Aline avait quitté le domicile familial pour emménager avec son enfant dans un petit immeuble d'un quartier populaire de Redon depuis un mois. Elle travaillait dans un restaurant à la sortie de la ville.
En avril 1970, une explosion secoue le vaisseau Apollo 13 après 55 heures de vol... De cet incident, la célèbre phrase « Houston, on a un problème. » À partir de là tout est à inventer ; il n'y a aucune procédure pour recharger les piles d'Odyssey à partir du module lunaire, pour filtrer l'oxyde de carbone expiré par les astronautes (les filtres des deux modules étaient incompatibles). Pire, aucune procédure pour retourner sur Terre en pareille situation. À Houston, on réveille les meilleurs cerveaux pour les mettre au travail. Le temps est compté.
PARIS (AP), 6 novembre 2006, 22h29 - Le gouvernement va présenter mardi un nouveau plan "Petite enfance" prévoyant la création de 40.000 places de crèche supplémentaires d'ici cinq ans.
Il était urgent de "passer à la vitesse supérieure" en proposant "une augmentation significative de l'offre d'accueil des tout-petits", explique le ministre délégué à la Famille Philippe Bas dans un entretien que publie mardi le Figaro.
"Sur les 2,4 millions d'enfants de moins de 3 ans, il y en a 240.000 pour lesquels les parents n'ont pas de solution", note-il, ajoutant que le plan prévoit une "diversification de l'offre" et "l'amélioration de sa qualité".
Ces 40.000 nouvelles places, a-t-il rappelé, s'ajoutent aux 72.000 dont la création est prévue entre 2004 et 2008. Philippe Bas compte favoriser le développement de trois types d'accueil : micro-crèches, crèches d'entreprises, et crèches rurales.
Le taux de fécondité en France est de 1.92 enfant par femme, un des plus hauts taux européens, avec 807.000 naissances en 2005, précise encore le ministre.
Le 8 décembre 2007, France 3 a diffusé le témoignage d'une jeune « maman solo » « sans qualification », « au chomage depuis maintenant un an ». La priorité de cette jeune femme : « retrouver un emploi pour continuer de voir grandir son fils ». « Dans cette famille monoparentale, Noël n'aura pas vraiment de sens » :
Extrait du 19-20 de France 3 Ile-de-France, 8/12/2007
Société
Le boom des monoparents
Le Centre d’études de l’emploi alerte sur la hausse des foyers à parent unique et l’exposition à la précarité.
Libé, jeudi 19 juillet 2007, extraits
Une jeune mère hébergée en foyer, un veuf avec des enfants à charge, des divorcées qui ont la garde des petits : les familles monoparentales sont multiples. Et en hausse. Depuis les années 60 leur nombre a doublé et on en comptait 1,5 million en 1999 (derniers chiffres du recensement). Dit autrement, en 1982 un ménage sur dix était composé d’un ou plusieurs enfants de moins de 25 ans et d’un parent seul. Aujourd’hui, c’est le cas de un sur cinq. En tout, 2,4 millions d’enfants vivent avec un seul parent. «Un défi majeur pour les politiques publiques», selon une étude du Centre d’études de l’emploi, publiée le mois dernier. [...] La pérennité des liens familiaux au-delà des séparations, rappellent les auteurs, est «l’un des objectifs des politiques publiques et l’un des rôles assignés à l’action sociale [...] : veiller au maintien de ces liens, économiques [...], sociaux [...] et affectifs».
Aux éditions Lito, pour bercer les plus petits d'illusions
Garde d'enfants : bataille autour d'une promesse
LE MONDE | 19.09.08 | Extraits
En lançant une controverse sur la préscolarisation des enfants de deux à trois ans, Xavier Darcos se place au coeur du débat sur l'une des promesses de Nicolas Sarkozy, le droit opposable à la garde d'enfants. Alors que le gouvernement tente de développer les lieux d'accueil pour les tout-petits, le ministre de l'éducation nationale semble mettre en garde tous ceux qui rêvent d'utiliser la préscolarisation pour résoudre le casse-tête des modes de garde : non, assure-t-il, l'école maternelle à deux ans ne doit pas remplacer les crèches.
... Après avoir crû pendant les années 1960 et 1970, la préscolarisation s'est stabilisée avant de décliner dans les années 2000 : à la rentrée 2007, 20 % des enfants âgés de deux à trois ans étaient inscrits en maternelle. Si la préscolarisation a prospéré malgré les critiques, c'est en partie parce qu'elle ne coûte pas cher : le coût annuel de fonctionnement d'une place de préscolarisation est évalué à 4 000 euros, contre 10 000 euros pour une place chez une assistance maternelle et 15 000 euros pour une place en crèche.
Détenus battus, rapport disparu, procès suspendu
Les carences éducatives
Les troubles de la relation à l'autre pendant l'enfance et l'adolescence
Mireille Lescure
Privat, Enfance/Clinique, nouvelle édition, 1991
De la quatrième. Il est plus courant de parler de carences alimentaires que de carences éducatives. Cependant, comme le démontre l'expérience des psychologues et des éducateurs, le développement psychique d'un enfant peut souffrir des troubles de sa relation à autrui d'une façon aussi grave et aussi dangereuse que s'il était privé de protéine ou de calcium. ...
De la vaste bibliographie, Fromm (E), Société aliénée et société saine, le Courrier du Livre, Paris, 1950
Le Point est allé mesurer sur le terrain combien la réalité est éloignée des discours
05/04/2007, le Point, extrait
La conclusion de l'article : Pour comprendre, nous avons pris rendez-vous avec le directeur de l’ASE du département, qui, dès la deuxième question, portant sur la masse salariale de l’association, a mis fin à l’entretien. Depuis, dans un courrier adressé au Point, l’ASE a fait savoir qu’En Temps n’était plus autorisée à recevoir des mineurs de moins de 15 ans et qu’elle ferait l’objet d’un contrôle extérieur. Quant aux vigiles, ils devraient enfin bénéficier d’une formation de « moniteurs éducateurs »...
Détenus battus, rapport disparu, procès suspendu
Libération, mardi 13 décembre 2005
Le tribunal correctionnel de Chambéry (Savoie) devait juger hier un directeur de prison et un surveillant accusés d'avoir frappé deux détenus de 17 ans, en juillet 2003, avant de les enfermer, nus et attachés, dans une cellule disciplinaire. Le parquet avait d'abord classé ce dossier, mais l'Observatoire international des prisons l'a exhumé après avoir reçu le témoignage de personnels. L'inspection des services pénitentiaires a donc rédigé un rapport, directeur et surveillant ont été renvoyés devant le tribunal, mais le procureur a refusé de produire la pièce principale : le rapport administratif. Les avocats des jeunes détenus s'en sont plaints : le tribunal a renvoyé l'affaire au 13 mars, ordonnant au procureur «la communication de toutes les pièces».
L'Humanité, le 10 mai 2006. Sarkozy brandit le péril jeune.
Sur aidh.org... L'émergence des droits de l'homme en Europe. 1763 • Diderot : Le droit d'écrire et de publier. « Citez-moi, je vous prie, un de ces ouvrages dangereux, proscrits, qui, imprimé clandestinement chez l'étranger ou dans le royaume, n'ait été en moins de quatre mois aussi commun qu'un livre privilégié [bénéficiant d'une autorisation de publier liée à une approbation]? Quel livre plus contraire aux bonnes murs, à la religion, aux idées reçues de philosophie et d'administration, en un mot à tous les préjugés vulgaires, et par conséquent plus dangereux que les Lettres persanes? que nous reste-t-il à faire de pis? Cependant, il y a cent éditions des Lettres persanes et il n'y a pas un écolier du collège des Quatre-Nations [riche collège parisien] qui n'en trouve un exemplaire pour ses douze sous... »
L'Express, vendredi 20 octobre 2006. "La fin du mythe communiste" (...) Le fax et les moyens techniques nouveaux ont permis de contrer la propagande soviétique, très puissante en particulier dans la presse, l'opinion et les milieux intellectuels français.
Solitude et isolement des personnes âgées (et des plus fragilisées)
Diabète: la maladie pas une raison exclusive de privation des droits familiaux
12/06/2008-[19:15] - AFP
NIORT, 12 juin 2008 (AFP) - La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a estimé jeudi que la maladie ne saurait être une raison exclusive de privation des droits familiaux, tout en se refusant à commenter une décision de justice déniant à un père diabétique un droit de garde élargi de son enfant.
"Un tiers des sans abris ont connu l'aide sociale à l'enfance", selon Nadine Morano (AFP, 27/7/08)
Une pension alimentaire... mais en nature
Faute de pouvoir lui donner de l’argent, une mère doit reprendre sous son toit son fils, qui l’avait assignée en justice. Une décision qui s’appuie sur un vieil article du code civil.
Libé, le 11 juillet 2007, extrait
«Retourne chez ta mère !» Cyril a 20 ans. Il a assigné sa mère en justice pour lui demander d’honorer une pension alimentaire. Le juge a ordonné que sa mère s’exécute, mais en nature (décision du tribunal de grande instance de Lille du 10 avril 2007). Ce qui revient à renvoyer le fils au domicile maternel.
Le magistrat s’est appuyé sur un article du code civil qui date de 1804, très rarement exhumé. «Cette décision nous interpelle à l’heure où tout le monde déplore la crise du logement [.], la difficulté pour tout jeune majeur de trouver un emploi et l’allongement des études», écrit le professeur de droit Xavier Labbée dans un commentaire paru le 4 juillet dans la Semaine juridique. «Le magistrat ordonne aux protagonistes de se serrer les coudes et de vivre ensemble sous le même toit.»
Solitude et isolement des personnes âgées
Philippe Pitaud
Essai. Chez Eres, 2004
Mot de l'éditeur. L’isolement et la solitude des personnes âgées peuvent avoir de graves conséquences en termes de santé publique, comme nous l’avons vu au cours de l’été 2003 en France. Mais le problème se situe bien au-delà et la question se pose de la place que nos sociétés libérales mais vieillissantes accordent à leurs aînés. Que doit faire ou ne pas faire l’Etat ? Quel est le rôle de ses services et celui des associations, avec leurs salariés mal payés, souvent en situation précaire, qui les suppléent ? Qu’en est-il de la cellule de base de la société, la famille, dont les évolutions récentes en termes démographiques et structurels doivent amener à repenser, voire à inventer, l’aide aux aidants ? Quelle est la part des solidarités de voisinage qui, soumises aux changements sociaux (habitat urbain, éclatement des familles, disparition des petits commerces…), se sont elles aussi modifiées ?
Ce livre, consacré à l'isolement, à la solitude des personnes âgées ainsi qu'à leur environnement solidaire ou non, résulte des travaux menés par différentes équipes de recherche dans le cadre d'un programme de recherche-action, en France et dans trois pays de l'Europe du sud. Les questions concrètes qui y sont abordées devraient permettre de dégager les opportunités d’agir dans la Cité pour le mieux-être des plus âgés et des plus fragilisés de ses membres.
Philippe Pitaud, directeur de l'Institut de gérontologie sociale (Marseille), professeur à l'université de Provence, directeur du DESS AGIS.
Un "plan" pour les personnes atteintes d'une maladie chronique
LE MONDE | 24.04.07 | Extrait
A deux semaines du second tour de l'élection présidentielle, le ministre de la santé, Philippe Bas, a présenté, mardi 24 avril, un "plan" destiné à "améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques" dont la mise en oeuvre avait été inscrite dans la loi de santé publique du... 9 août 2004. En France, quelque 15 millions de personnes sont atteintes d'une maladie chronique.
On compte ainsi 3,5 millions d'asthmatiques - principalement des enfants et des jeunes adultes - 2,5 millions de diabétiques, autant d'insuffisants rénaux, 3 millions de patients atteints d'une maladie rare (drépanocytose, sclérose latérale amyotrophique, mucoviscidose,...), 500 000 personnes atteintes d'épilepsie, 300 000 de polyarthrite rhumatoïde. S'y ajoutent des affections telles que broncho-pneumopathie obstructive, le cancer, le sida ou les maladies neuro-dégénératives qui concernent 850 000 personnes âgées.
De longue durée, évolutives et souvent associées à des risques de complications, les maladies chroniques ont des répercussions importantes sur la vie quotidienne, sur la scolarité, la formation, l'emploi ou encore l'accès aux assurances et à l'emprunt. Le "plan" annoncé par le gouvernement comporte de multiples promesses pour "faciliter la vie quotidienne des malades", "valoriser la prévention", "développer des programmes de prise en charge personnalisée"....
L'objectif est "d'être centré sur le malade et plus seulement sur la maladie", lui apprendre à mieux connaître sa pathologie et à acquérir les "bons réflexes" pour éviter les complications. Bref, à tenter, autant que possible, de "mieux vivre" avec la maladie. Ainsi, le diabétique doit savoir équilibrer sa glycémie, respecter certaines règles diététiques, faire pratiquer chaque année un fond d'oeil (seul un patient sur deux en bénéficie actuellement alors que la rétinopathie diabétique est la première cause de cécité) et un examen podologique.
Criminalité : la punition ne serait pas la solution ?
NDLR : Une information insolite ? Pas beaucoup plus insolite que la présentation faite ce 15 septembre 2008, à Paris, à la Villette, par le juge Edward Ormston... alors qu'en France, il est depuis longtemps question également d'alternatives au choix contraint AEMO/placement des enfants (durable, en province, institué en 1958-1959). Des professionnels parlent souvent des expérimentations menées depuis 30 ans, dans le Gard...
Criminalité : la punition n'est pas la solution
Radio-canada.ca, le 18 septembre 2008
Dans le cadre d'un colloque sur la violence et l'apprentissage à l'hôpital Sainte-Justine, le professeur Richard Tremblay, de l'Université de Montréal, a présenté son étude sur la criminalité chez les jeunes.
Sa conclusion est sans appel: des punitions plus sévères à l'endroit des jeunes contrevenants ne réduisent pas la criminalité chez les jeunes; au contraire, elles augmentent le risque de crimes violents à l'âge adulte.
Selon le chercheur, personne n'a encore trouvé de système de justice juvénile qui peut à la fois protéger la société, protéger les droits de l'adolescent et aider ce dernier. Il ajoute qu'il est peu probable que la solution vienne des politiciens.
Le professeur Tremblay reprend, en fait, à son compte un constat du Dr Wolfred Nelson, inspecteur des prisons au Québec qui, après huit ans d'étude, concluait en 1852 que les maisons d'incarcération des jeunes non seulement ne les aidaient pas, mais les transformaient en criminels endurcis.
Le professeur de l'Université de Montréal déplore que, 150 ans plus tard, les politiciens n'aient pas encore compris la leçon.
Le chercheur note que toutes les études démontrent qu'il faut privilégier la prévention en intervenant auprès des familles à risque, principalement les plus démunies, de la grossesse à l'entrée à l'école. Après ce moment, selon lui, il est déjà difficile de modifier de façon significative les comportements déviants.
Le professeur Tremblay précise que toutes les recherches sur ce sujet démontrent qu'un enfant ayant acquis les bonnes bases dès le départ ne court pratiquement aucun risque de devenir délinquant à long terme.
Les études menées au Canada, aux États-Unis, en Europe et en Australie démontrent unanimement que chaque dollar investi en petite enfance fait épargner en moyenne 7 $ à la société lorsque le jeune est adolescent et 13 $ lorsqu'il arrive à l'âge adulte, principalement en services juridiques et correctionnels, selon le professeur Tremblay.
Pour sortir l'enfant de la jungle
A lire sur le Devoir.com, un article de novembre 2007
Le Dr Richard E. Tremblay, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le développement de l'enfant, est reconnu sur la scène internationale pour ses travaux d'avant-garde sur la socialisation des enfants et la prévention de la violence. Son incroyable ouverture d'esprit et son acuité auront permis que bien des préjugés soient balayés. Aujourd'hui, le prix Léon-Gérin vient souligner son immense travail de recherche, prix qu'il tient à partager aussitôt avec ceux, très nombreux, qui ont participé à ses recherches.
Le travail qui pourrait être effectué avec les familles ; les discours posent cependant encore des problèmes car, par moments, ils tendent aussi à stigmatiser quelque peu les parents, voire les enfants eux-mêmes ; un professionnel nous parle « du cliché de la Dass qui va retirer les enfants » des familles :
Un extrait du JT de France 2 du 11 mai 2006
Il m’est extrêmement difficile de comprendre comment les médias peuvent véhiculer, avec autant de facilité, les propos d’individus rejetant d’un revers de main des recherches qui ont montré les effets bénéfiques, à très long terme, d’un soutien éducatif réel et efficace aux parents et aux enfants • Enfants Violents : « Dépister n'est pas réprimer », Rencontre avec Richard E.Tremblay, Sciences humaines n° 195, juillet 2008... Le corps sous contrôle
La demande de justice en protection de l’enfance, Jean Lavoué, l’Harmattan, 3/2005 • Tous les acteurs sociaux et politiques semblent être loin d'avoir pris la mesure du fait qu'en matière d'assistance éducative nous sommes sortis massivement et structurellement du contexte social où les travailleurs sociaux, agents de l'état et du contrôle social comme ils se définissaient eux même au cours des années 70, cibleraient, signaleraient, stigmatiseraient, et finalement prescriraient avant tout le contrôle voire l'enfermement des populations à risques.
Un ministre roumain envisage l'achat d'un « morceau de désert » pour y envoyer les Roms • Evoquant en direct à la télévision, le 2 novembre, le cas de la minorité rom, il avait indiqué s'être interrogé, alors qu'il se trouvait au Caire, sur la possibilité d'acheter « un morceau du désert égyptien pour y mettre tous ceux qui nuisent à notre image ». • Article paru dans l'édition du Monde du 08.11.07
Septembre 2005 : un mois de prison avec sursis pour « Linlin »
Un mois de prison avec sursis pour « Linlin »
Libération, 16 septembre 2005, extrait
Il était poursuivi pour des nuisances sonores. L'interdiction de paraître dans la commune, requise par la procureure, n'a pas été prononcée. Alain Billault ignore toutefois encore s'il pourra remettre les pieds dans son village. En attendant, il est toujours à l'hôpital.
Société
L'agresseur d'un simplet de village sans remords au tribunal
En juillet 2005, Antoine De Souza avait frappé Alain Billaut, dit «Linlin», le laissant entre la vie et la mort. Seize mois avec sursis ont été requis.
QUOTIDIEN : Mardi 3 octobre 2006, extrait
C'est comme si tout le village avait cogné le simplet. Dans la nuit du 27 au 28 juillet 2005, une seule main a serré le manche de pioche qui se brise sur le crâne ensanglanté d'Alain Billaut, dit «Linlin», 39 ans. Mais à Maillé (Vendée), la majorité des 750 âmes approuve ce tabassage de sang-froid. Le maire a même organisé le soutien à l'agresseur, Antoine De Souza, et fait signer une pétition en mairie (Libération du 12 septembre 2005).
Biquette. Soudeur à carrure de rugbyman, Antoine De Souza, 42 ans, a échappé aux assises. Jeudi dernier, il s'est défendu sans exprimer de remords devant le tribunal correctionnel. D'un ton agacé plutôt, se disant victime de harcèlement, d'insupportables feux de paille humide et de chiffons trop près de la haie mitoyenne, excédé par la chaîne de la biquette qui claque ou les bruits de moteur la nuit. Ce soir-là, c'est la fumée et sa haie bousculée par une charrue qui l'ont mis hors de lui. La préméditation saute pourtant aux yeux des magistrats : De Souza a disséminé dans son jardin «trois ou quatre manches de pioche, pour se défendre». Contre son voisin, qui ne l'a jamais touché. «J'ai tapé dans la masse, a-t-il dit froidement au tribunal. Et, chaque fois qu'il voulait se relever, je l'ai frappé pour qu'il parte pas avant que les gendarmes le prennent. Oui, j'avais le pied dessus. Pas pour m'essuyer les pieds, juste pour pas qu'il s'en aille.»
La victime s'est vidée de son sang. Les pompiers l'ont récupérée de justesse. Les coups «extrêmement violents» ont provoqué un traumatisme crânien, deux incisives, une vertèbre et une côte cassées, la rate éclatée, des hématomes et contusions au ventre, aux jambes, dans le dos. Un médecin a repéré l'usage de plusieurs objets contondants. Une barre de fer, peut-être, mais on ne l'a pas retrouvée. Aux premiers cris, un autre voisin est sorti. Avec une fourche, pas pour appeler des secours.
Les jours suivants, quand Linlin était entre la vie et la mort, la famille De Souza est partie en vacances sans s'inquiéter. Aujourd'hui encore, le handicapé entend mal, souffre de vertiges, de problèmes d'équilibre et de vision, et porte de méchantes cicatrices en étoile sur le cuir chevelu. Après quatre mois avec un déambulateur, il a toujours besoin de soins. Une quinzaine de paroissiens trouvent encore de quoi se déchaîner, signant des attestations en justice qui minimisent les séquelles, disant que Linlin en rajoute, ne boite pas vraiment et n'a jamais les lunettes qu'il doit porter depuis sa sortie d'hôpital.
Sous tutelle. Linlin, dans le pays, on le connaît depuis seize ans. Il vit avec sa mère adoptive, qui l'a recueilli bébé. Avec son 1,80 m et ses 110 kilos, Alain Billaut a l'âge mental d'un gamin de 8 ans. Il est reconnu handicapé à 80 %, déficient mental et sous tutelle d'Etat. Au début, il a été bien accueilli. «C'était le "beda" du village, il jouait avec les enfants de "son âge", dit Anne Bayle, son avocate. Jusqu'au jour où, en se baignant avec eux, il a poussé un enfant qui ne savait pas nager, qu'on a pu repêcher aussitôt, mais la rumeur a démarré, prétendant qu'il avait voulu noyer sciemment un gamin. Il est devenu la bête noire du village.» ...
Enfant de l'assistance, Alain est sous tutelle, invalide à 80 %. A 38 ans, il ne sait pas vraiment lire, ni compter. Cela fait maintenant quinze ans qu'il habite le village avec Marinette Belloeil, qu'il appelle «maman». Marinette n'est pas administrativement sa mère adoptive, elle l'a recueilli à 3 mois. Devant la haine exacerbée du village, elle a lancé la procédure d'adoption.
Au village, c'est devenu un jeu. Quand ils le voient, les gens se moquent de lui, l'excitent. «Il a pourtant juste besoin d'être un peu considéré, qu'on lui parle d'humain à humain. Il ne connaît pas les codes sociaux, tempère Lionel Julien, seul conseiller municipal d'opposition. Ce n'est pas un demeuré, mais il n'a pas l'intelligence des situations. Il est naïf et ne comprend pas que la scierie puisse faire du feu et pas lui.»
Libération, le 12 septembre 2005, extraits
Dans la nuit du 26 juillet, à Maillé (Vendée), un petit village en plein Marais poitevin, un habitant a copieusement assaisonné à coups de barre de fer puis frappé au sol Alain Billault, dit Linlin, jusqu'à ce que les gyrophares des gendarmes arrêtent sa fureur. Tout cela devant deux voisins qui regardaient, la fourche à la main. Après ce passage à tabac entre voisins, l'ambulance a emporté une victime, la rate éclatée, le bras en hématome, les dents cassées, une cheville tuméfiée.
Pétitions. Linlin, c'est un peu le «simplet du village». Mais un «simplet» que le village déteste. Car, aussitôt l'affaire connue, un comité de soutien à l'agresseur s'est créé. Mené par le maire, Laurent Joyeux, contrôleur laitier à la retraite. Sans états d'âme, celui-ci défend l'agresseur : «Débordé par l'exaspération, il a fini par disjoncter.» Puis ajoute : «Il faut le protéger, lui et sa famille, tant que Billault ne respecte pas les règles de vie. Il rôde tous les soirs, à observer les étoiles qu'il dit. S'il continue avec son petit côté provocateur, je ne réponds de rien. Pensez il a même attaché son cheval aux portes de l'église et au monument aux morts.»
L'homosexualité de Platon à Foucault
Sur MSN/Encarta, déconstruction. Textual analysis method : a method of analyzing texts based on the ideas that language is inherently unstable and shifting and that the reader rather than the author is central in determining meaning. It was introduced by the French philosopher Jacques Derrida in the late 1960s.
Freud voit en Rebekka la victime tragique du complexe d'Oedipe et d'un passé incestueux. L'analyse en dit sans doute davantage sur Freud que sur Ibsen. Sur www.norvege.no/culture, à propos de Henrik Ibsen.
L'homosexualité de Platon à Foucault
Anthologie critique
de Daniel Borrillo, Dominique Colas
Chez Plon, 2005
Présentation de l'éditeur. "Vice", "péché", "crime", "maladie", "fléau social" : l'homosexualité - le mot est né au XIXe siècle - a toujours été stigmatisée et souvent persécutée. Cependant des thèses se sont affrontées, avec une intensité qui révèle l'importance des enjeux de la sexualité, de la normalité et de l'altérité : Platon parle sans la critiquer de la relation entre Alcibiade et Socrate, mais Aristote la juge "contre nature". Reprise par saint Thomas et toujours défendue par l'Eglise de Benoît XVI, cette opinion se retrouve chez Kant, au siècle des Lumières. Une époque où, dénoncée par Voltaire, l'homosexualité, acceptée par les libertins comme Mirabeau, est valorisée par Sade. Rompant avec les discours médicaux du XIXe siècle qui rangent l'"inversion" parmi les "dégénérescences", Freud, tout en classant l'homosexualité dans les "perversions", développe l'idée de la bisexualité humaine. Une théorie adoptée par Lacan au XXe siècle, alors que Simone de Beauvoir ou Foucault contribuent à un profond changement des représentations et légitiment la revendication de leurs droits par les homosexuels. Accompagnés d'une introduction et de notices, les textes de cet ouvrage sont signés de plus de cinquante auteurs. Ils relèvent de la philosophie (Christine de Pisan, Montaigne, Rousseau, Sartre), du droit (Bentham), de la théologie (saint Augustin), des sciences sociales (Malinowski, Krafft-Ebing, Dolto). Cette anthologie sans équivalent est un apport à la réflexion sur les libertés individuelles.
Biographie de l'auteur. Daniel Borrillo, juriste, maître de conférences à l'université de Paris X-Nanterre, rattaché au Cersa-CNRS. Il a publié L'Homophobie (PUF, 2001) et codirigé plusieurs ouvrages. Dominique Colas est professeur de sciences politiques à l'Institut d'études politiques de Paris, rattaché au Ceri (FNSP-CNRS). Il a publié plus de dix livres, dont Races et Racismes de Platon à Derrida (Plon, 2004).
DOUAI (AP), 12 avril 2007 - Un non-lieu a été rendu jeudi dans l'instruction de l'affaire Sébastien Nouchet, un homosexuel qui avait été grièvement brûlé dans son jardin à Noeux-les-Mines, près de Béthune (Pas-de-Calais), en janvier 2004, a-t-on appris auprès Me Frank Berton, son avocat.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai (Nord) a estimé dans son arrêt qu'il n'y avait pas assez d'éléments de preuves pour poursuivre l'instruction. Me Berton entend toutefois demander "une réouverture du dossier", a-t-il déclaré. Un homme mis en examen en mai 2004 avait obtenu un non-lieu après un an de détention.
Sébastien Nouchet avait affirmé avoir été agressé par trois hommes qui auraient tenu des propos homophobes et l'auraient aspergé d'essence avant d'allumer un briquet. Il avait été brûlé au troisième degré.
Ce dramatique fait divers était devenu en France un symbole de la lutte contre l'homophobie. En décembre 2004, l'Assemblée nationale a voté la création de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (HALDE), incluant un dispositif contre le sexisme et l'homophobie.
Le livre vert de la santé mentale
De source http://ec.europa.eu/health
Réf. Bruxelles, 14.10.2005, COM(2005)484, FR, l'essentiel des premières pages...
Livre Vert - au format PDF
Améliorer la santé mentale de la population :
Vers une stratégie sur la santé mentale pour l’Union européenne
Pour plus d’informations,
visitez le site internet de la Direction générale ‘Santé et protection des consommateurs’ :
http://europa.eu.int/comm/dgs/health_consumer/index_fr.htm
La santé mentale de la population européenne est l’un des moyens d’atteindre quelques-uns des objectifs stratégiques de l’Union européenne : le retour de l’Europe sur la voie de la prospérité durable, la concrétisation des engagements de l’Union en faveur de la solidarité et de la justice sociale, ou encore, l’amélioration tangible et concrète de la qualité de la vie des citoyens européens.
Cependant, la santé mentale de la population de l’Union peut être considérablement améliorée. En effet :
• la mauvaise santé mentale touche un citoyen sur quatre et peut conduire au suicide, qui prélève un trop lourd tribut en vies humaines ;
• elle grève sévèrement, par les pertes et les charges dont elle est la cause, les mécanismes économiques, sociaux, éducatifs, pénaux et judiciaires ;
• l’exclusion sociale et la stigmatisation des malades mentaux, de même que les atteintes aux droits et à la dignité de ces derniers, demeurent une réalité et battent en brèche les valeurs fondamentales européennes.
Des progrès sont possibles. Beaucoup d’initiatives ont déjà été prises. Elles doivent être développées et consolidées. La conférence ministérielle européenne de l’OMS sur la santé mentale qui s’est tenue en janvier 2005 a débouché sur de solides engagements politiques et sur un plan d’action exhaustif en la matière. Elle a invité la Commission européenne, coorganisatrice de la conférence avec l’OMS, à contribuer, en collaboration avec cette dernière, à l’application de ce plan dans la limite de ses compétences et conformément aux attentes du Conseil.
Ce livre vert est une première réponse à cette invitation. Il propose à cet effet d’élaborer une stratégie communautaire sur la santé mentale qui apporterait la plus-value suivante : elle offrirait des structures d’échange et de coopération entre États membres, aiderait à renforcer la cohérence des actions engagées au niveau national et communautaire dans les secteurs liés ou non à la santé et permettrait aux parties prenantes de tous les horizons d’intervenir dans la recherche de solutions.
Le présent livre vert vise à associer les institutions européennes, les pouvoirs publics, les professions de la santé, les parties prenantes d’autres secteurs, la société civile – y compris les associations de patients – et les milieux de la recherche à un débat sur l’importance de la santé mentale pour l’Union européenne ainsi que sur la nécessité d’une stratégie communautaire à cet égard et sur les priorités éventuelles de celle-ci.
[...] La santé mentale, la mauvaise santé mentale et leurs déterminants L’OMS définit la santé mentale comme « un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté ».
La mauvaise santé mentale englobe les troubles mentaux et la psychasthénie, les dysfonctionnements associés au stress, les symptômes de démence et les démences susceptibles de faire l’objet d’un diagnostic, telles que la schizophrénie ou la dépression.
L’état mental d’un individu est déterminé par une multiplicité de facteurs (voir annexe 1), dont des facteurs biologiques (par exemple, le sexe ou la génétique), personnels (par exemple, la vie privée), familiales et sociales (par exemple, l’accompagnement social) ou encore, économiques et existentiels (par exemple, le statut social et les conditions d’existence).
On estime que plus de 27 % des Européens d’âge adulte connaissent au moins une forme de mauvaise santé mentale au cours d’une année donnée (voir annexe 2).
Les formes de mauvaise santé mentale les plus couramment observées dans l’Union européenne sont les troubles anxieux et la dépression. Celle-ci devrait devenir, d’ici à 2020, la première cause de morbidité dans l’ensemble des pays développés.
À l’heure actuelle, sur le territoire communautaire, quelque 58 000 personnes se suicident chaque année (voir annexe 3). Ce chiffre dépasse le nombre annuel des homicides ou des décès consécutifs aux accidents de la route ou au VIH/sida.
L'Express du 5/9/2005
La guerre des psys
Plus rapides et moins chères qu'une analyse, les thérapies comportementales ont le vent en poupe au grand dam des disciples de Freud, qui reprochent à ces techniques leur caractère superficiel. Entre tenants de l'inconscient et partisans d'une approche pragmatique, tous les coups sont désormais permis
Car tout se soigne, désormais… des sujets à soigner à tout prix
Journal français de psychiatrie, n° 13 2001/2
Les psychiatres sont-ils responsables de la raréfaction des non-lieux psychiatriques ?
Daniel Zagury, sur CAIRN, extraits
J’ai pris bien soin d’éviter le ton passionnel et les grandes envolées face aux attaques dont la psychiatrie est l’objet de la part de « belles âmes », professeurs d’éthique totalement ignorants des complexités de la question et de l’histoire de la psychiatrie légale, qui croient avoir trouvé les responsables de l’état des prisons : les psychiatres. Tout ce qui est excessif est dérisoire. On se souviendra qu’Henri Colin, au début du xxe siècle, estimait à plus de 30% le taux de malades mentaux en prison. On le redécouvre aujourd’hui. Tant mieux, si c’est pour apporter des solutions à la fois globales, concernant la psychiatrie publique, et spécifiques, concernant les malades mentaux délinquants. Mais que l’on ne s’avise pas, derrière le paravent des discours généreux, de vouloir recréer l’asile, ce lieu où s’entassent pêle-mêle les fous, les criminels et les gêneurs. Le train des bons sentiments peut en cacher un autre.
«On lui demande d'apaiser un corps social en souffrance»
propos recueillis par Delphine Saubaber, l'Express, le 15/07/2005, extrait
Rencontre avec le Dr Daniel Zagury, chef de service au centre psychiatrique du Bois-de-Bondy, expert psychiatre
"La psychiatrie avale tout ce que la société vomit", prédisait le psychiatre David Cooper dans les années 1960. Qu'en pensez-vous?
La psychiatrie est aujourd'hui plébiscitée, devenue «la bonne à tout faire de la société». Pourquoi certains individus sont-ils durablement hospitalisés dans nos services? C'est parfois moins la gravité de leurs symptômes que la gêne qu'ils occasionnent dans une maison de retraite, un foyer… Il faut bien le dire: du point de vue de la psychiatrie, les nouvelles ne sont pas bonnes. Moi qui travaille en banlieue parisienne, je suis frappé de voir une telle détresse psychosociale. Sachez qu'un chômeur a deux fois plus de risques d'être déprimé. Pauvres, marginaux, déclassés… Affolée par ces sujets qui échappent à toute forme de contention et d'intégration, la société nous demande d'exercer sur eux une violence légitime qu'elle n'a plus l'autorité ou la volonté d'assumer. On psychiatrise, une bonne façon de masquer les effets du chômage, des problèmes d'intégration… De manière générale, on demande à la psychiatrie non plus de soigner les malades, mais d'apaiser un corps social en souffrance. Aller chez un psy, c'est chercher à être écouté, compris, dans une société marquée par la brutalité de la compétition… Un refuge de douceur dans un monde de brutes.
Car tout se soigne, désormais…
Aussi bien le chagrin que les maladies mentales ou les troubles de la personnalité. Ceux qui étaient autrefois de mauvais garçons sont devenus des sujets à soigner à tout prix. Cela me rappelle un certificat rédigé par mon maître Jacques Chazaud à propos d'un homme hospitalisé parce qu'il avait piqué une colère contre sa femme, qui l'avait trompé: «Cocu. Pas content. Peut sortir.» Aujourd'hui, on dirait: «Réaction anxiodépressive chez un homme frappé par un événement de vie pénible. Nécessite des soins afin de retrouver son bien-être…»!
Quels sont les risques d'une telle «psychiatrisation» de l'existence?
Les grands psychiatres nous mettaient en garde contre ce phénomène: Henri Ey prédisait que la psychiatrie, gonflant comme la grenouille de la fable, risquait d'exploser en s'emparant, de borderline en borderline, de tous les aspects de la condition humaine. Car cette extension de la psy va de pair avec un glissement de responsabilité. On le voit à chaque fait divers: le psy est interpellé, tour à tour comme trop répressif ou laxiste. La question n'est plus «Que faire?», mais «A qui imputer?». Sarkozy, au ras de la démagogie, voue à la vindicte publique un juge qui a libéré un homme soupçonné de meurtre. Or nous, psychiatres, prenons des risques tous les jours: hospitaliser ou non… Et, si quelqu'un récidive, ce sera notre faute!
Cette démocratisation de la psychiatrie ne conduit-elle pas, aussi, à rejeter à la marge les populations à particularités, comme les grands malades mentaux?
C'est un paradoxe terrible: tout le monde a son psy, sauf les fous, vu l'état d'abandon de la psychiatrie publique. Les malades mentaux dangereux - minoritaires - sont la part maudite de la libéralisation de la psychiatrie. Un service comme le mien, avec un personnel féminisé, une architecture souple, n'est pas adapté à leur cas. Alors tout le monde se renvoie la balle, psychiatres de secteur, psychiatres de prison… et pouvoirs publics.
Le parquet requiert le rejet du pourvoi de Maurice Agnelet
Société • Le parquet requiert le rejet du pourvoi de Maurice Agnelet • Condamné au terme de trente ans de rebondissements judiciaires pour le meurtre d'Agnès Le Roux, il demande un troisième procès.
QUOTIDIEN : mercredi 17 septembre 2008, extraits
Outre la longueur - langueur ? - de la procédure, le cas Agnelet est symbolique de certaines affaires criminelles. Tout le monde est presque d’accord sur un point, le bonhomme paraît odieux : menteur, manipulateur, maniaque (il enregistre toutes ses conversations), obsédé par le fric, misogyne… Il semble faire exprès - malin plaisir ? - de concentrer sur sa personne tous les ingrédients d’un authentique salopard. Un «mufle», résume plus sobrement Michel Henry, correspondant de Libération sur la Côte d’Azur, qui vient de publier Agnelet, l’homme que l’on n’aimait pas (éd. Odile Jacob). Est-ce suffisant pour le qualifier d’assassin ?
Simulacre. «Il est capable, il est coupable», a cru pouvoir résumer Me Georges Kiejman, avocat de la famille d’Agnès Le Roux, partie civile, lors du premier procès : «Il est menteur, et la dénégation de son homosexualité le démontre.» Sauf que rien ne prouve formellement qu’il aurait assassiné Agnès (29 ans, à l’époque), à la Toussaint 1977. Pas de cadavre, en dépit de nombreuses recherches : on peut tout juste en conclure, trente ans après les faits, qu’elle n’est plus de ce monde. Pas de mode opératoire : l’aurait-il tuée de ses propres mains ou simplement accompagnée lors d’un simulacre de suicide à deux, en amoureux - après deux tentatives individuelles de la jeune femme ? Pas de date certaine (entre le 27 octobre et le 1er novembre) : juste un énorme doute sur l’alibi fourni par l’accusé pour le week-end du 27-28. Mais un mobile : Maurice Agnelet a ensuite récupéré trois millions de francs (457 000 euros) d’Agnès Le Roux, déposé sur un compte en Suisse. C’est moche, sauf qu’Agnelet a déjà été condamné à deux ans de prison sur le volet financier de l’affaire.
Dans son livre, Michel Henry reprend le dossier pénal dans son entier. ...
Roulette. Aux assises, il est un principe normalement intangible : le doute doit profiter à l’accusé. Agnelet a été emporté dans un jeu de roulette judiciaire : relaxe par le premier jury, condamnation par le deuxième.
La psychiatrie emportée par la tourmente sécuritaire
La psychiatrie emportée par la tourmente sécuritaire
Par Patrick Coupechoux, le Monde diplomatique, juillet 2006, extraits
Et même la folie a cessé d’être innocente.
Depuis vingt ans, par petites touches, les gouvernements successifs ont démantelé la psychiatrie publique. La suppression de dizaines de milliers de lits dans les hôpitaux s’est accompagnée d’une approche de plus en plus sécuritaire. Considérés comme dangereux plus que comme souffrants, trop de malades sont envoyés en prison. On en revient à une conception asilaire de la « santé mentale » qu’on croyait pourtant dépassée.
Lorsque est survenu le drame de l’hôpital psychiatrique de Pau, en décembre 2004, les « fous » ont soudainement eu les faveurs des estrades, des plateaux de télévision et des gazettes. Non pour évoquer leur situation, si complexe, mais pour alerter le citoyen sur leur dangerosité. Pour ajouter à l’angoisse des victimes potentielles, qui déjà se sentent menacées par les délinquants sexuels, les terroristes, la grippe aviaire, les immigrés clandestins, les intégristes islamistes de tous bords, on a ravivé la vieille peur du fou.