Archives pour: Décembre 2008, 09
Ils volent pour retourner en prison
Ils volent pour retourner en prison
LE MONDE | 08.12.08 | 15h06 • Mis à jour le 08.12.08 | 18h25, extraits
TOKYO CORRESPONDANCE
C'était à la fin du mois d'août, dans l'étouffante torpeur de l'été tokyoïte. A la gare du quartier branché de Shibuya, deux jeunes femmes étaient attaquées à coups de couteau. L'auteur de l'agression, une femme de 79 ans, sans abri et avec 6 500 yens (53 euros) pour toute richesse. "Je n'avais nulle part où aller, a-t-elle déclaré à son avocat. Je voulais que la police s'occupe de moi." Logée depuis quelques semaines dans un centre social pour sans-abri, elle n'avait ni famille ni ami.
[...] "Les plus de 65 ans sont arrêtés aussi bien pour des vols que pour des agressions ou des homicides", a pu constater Toru Suzuki, qui a dirigé l'enquête. Les chercheurs ont interrogé 368 personnes condamnées. "La principale cause de cette délinquance est le manque de ressources", explique M. Suzuki. "Je voulais économiser mon argent", "j'avais faim", sont des explications courantes données par des personnes âgées arrêtées pour vol.
Quelque 45 % des allocataires de l'équivalent japonais du RMI, soit 498 000 foyers, sont constitués de personnes âgées. La perspective de revenus plus limités, le creusement des inégalités et l'explosion du nombre de retraités avec l'arrivée des enfants du baby-boom à l'âge de la cessation d'activité sont déjà perçus comme un risque de hausse des crimes et délits.
Autre phénomène en cause : la solitude. Si pesante parfois que la police a enregistré des cas de femmes âgées qui commettent des vols dans des supérettes avec l'espoir d'être repérées. Elles savent qu'elles pourront passer quelques heures à parler à quelqu'un. Le plus souvent, elles ne font pas l'objet de poursuites. Quand les deux facteurs se conjuguent, cela débouche sur des situations extrêmes. Des hommes âgés, qui ont perdu leur épouse et ne touchent que de maigres revenus, versent dans la délinquance pour aller en prison. Ils savent que là, ils recevront trois repas par jour et que le personnel s'occupera d'eux.
[...] Le ministère de la justice a pu observer que, sur les 50 cas d'homicides étudiés par les chercheurs, la majorité visait les conjoints. Des actes désespérés commis au paroxysme d'une lassitude accumulée au fil d'années à s'en occuper. Une femme de 69 ans, qui n'avait jamais eu de problème, a tenté d'étrangler son mari, victime de sénilité depuis plusieurs années.
Pour Tomomi Fujiwara, auteur de Boso Rojin - "Les Vieux en colère" -, "autrefois, les liens du sang et communautaires servaient de garde-fou pour limiter les dérives comportementales. Commettre un crime revenait à se suicider socialement. Avec la solitude grandissante des personnes âgées, ce n'est plus le cas". Par exemple, "la stigmatisation des voleurs a quasiment disparu".
Près d’un milliard de personnes souffrent de la faim dans le monde
Créé le 09/12/08 - Dernière mise à jour à 19h18, Europe 1, extrait
L'agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture, la FAO, a indiqué mardi que le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde atteint en 2008 963 millions. En augmentation de 40 millions sur un an en raison de la flambée des prix alimentaires. La crise financière et économique pourrait encore aggraver la situation l’année prochaine. "Cette triste réalité n'est pas acceptable à l'aube du XXIe siècle", a déploré le directeur général de la FAO Jacques Diouf.
Grèce : la tension ne retombe pas
Créé le 07/12/08 - Dernière mise à jour le 09/12/08 à 22h31, Europe 1, extrait
Plus de 2.000 personnes ont assisté mardi dans la banlieue d'Athènes aux obsèques de l'adolescent de 15 ans, dont la mort samedi a provoqué une flambée de violences urbaines. En marge de ces funérailles, le calme n'est pas revenu. De nouveaux affrontements ont eu lieu à Athènes, Salonique ou Patras, réprimés par la police. Le Premier ministre grec a pourtant lancé mardi matin un appel à l'unité nationale avant de dénoncer l'attitude des émeutiers. La crise prend une tournure politique. Par ailleurs, le maire d'Athènes est intervenu dans la soirée pour indiquer que plus de 300 boutiques avaient été détruites dans "une frénésie autodestructrice."
Un bébé de deux jours enlevé dans une maternité à Orthez
Un bébé de deux jours enlevé dans une maternité à Orthez
France Info - 21:38, extrait
Le nourrisson porte une grenouillère orange et vert. Des témoins auraient vu une femme aux cheveux courts et foncés, "de type européen âgée de quarante à cinquante ans", de grande taille et de forte corpulence, vêtue d’un manteau noir, emmener le bébé. Toute personne susceptible de fournir des renseignements sur cet enlèvement est invitée à se mettre en rapport avec la gendarmerie en téléphonant au 0800...
Mobilisation sur Internet pour une Française disparue en Hongrie
France Info - 18:13, extrait
Ophélie Bretnacher, jeune étudiante française à Budapest, à disparu dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu’elle rentrait de discothèque vers 3 heures du matin. Depuis, plus aucun signe de vie. Seul son sac à main contenant ses papiers d’identité et son téléphone ont été retrouvés sur un pilier du pont des Chaînes, reliant la partie Buda à la partie Pest de la capitale hongroise. Ses amis et sa famille font tout pour la retrouver. Principale outil : internet.
Ophélie n’a disparu que jeudi en Hongrie et pourtant tout le monde est déjà au courant.
Adoption : ça ne s’arrange pas
FAMILLE.
Adoption : ça ne s’arrange pas
leparisien.fr | 09.12.2008, 07h00
La colère gronde chez les associations françaises d’aide à l’adoption. Les parents n’ont jamais autant galéré pour trouver l’enfant qu’ils attendent depuis si longtemps.
CE N’EST PAS la première fois que la colère gronde. Mais jamais encore autant d’associations n’étaient montées au créneau pour demander la tête de l’Agence française de l’adoption. Alors que le projet de loi censé améliorer le système de l’adoption en France est prévu pour 2009, cette fin d’année est marquée par l’exaspération de milliers de candidats malheureux.
Retour sur l'affaire Finaly
Retour sur l'affaire Finaly
L'Eglise et les deux enfants juifs
Nouvel Obs n° 2166, semaine du jeudi 11 mai 2006, extraits
Entre 1945 et 1953, le sort de deux orphelins juifs, que l'Eglise a baptisés et cachés, divise la France. L'avocat Germain Latour rouvre le dossier
Début 1944, alors que la défaite de l'Allemagne ne fait plus de doute, la Gestapo met les bouchées doubles, et la chasse aux juifs redouble d'intensité. Le 14 février, le docteur Fritz Finaly et sa femme, deux juifs autrichiens réfugiés en France, sont arrêtés à La Tronche près de Grenoble. Seule consolation, ils avaient peu avant placé leurs deux petits garçons en lieu sûr. Les Finaly font partie d'un des derniers convois pour Auschwitz, d'où ils ne reviendront pas.
[...] Nombreux furent ceux qui, comme François Mauriac, se laissèrent abuser au début par ses protestations de tendresse. En fait, l'enjeu réel de la bataille n'était pas affectif mais religieux. Mlle Brun est d'ailleurs allée jusqu'à faire baptiser Robert et Gérald. Ce qui était un abus scandaleux. D'abord parce que, en dépit du danger, leurs parents les avaient fait circoncire, ce qui prouve qu'ils n'avaient aucune intention d'en faire des catholiques. Ensuite parce qu'en mars 1948, date du baptême, Robert et Gérald n'étaient pas abandonnés. Leur famille les réclamait à cor et à cri.
Comment expliquer l'obstination de Mlle Brun ? Pourquoi refuse-t-elle de lâcher prise alors même que la justice lui en intime l'ordre ? Sur ce point, l'auteur des « Deux Orphelins » ne nous éclaire guère. Son aversion pour Mlle Brun en fait une méchante de mélodrame. Là où il a probablement raison, c'est quand il subodore que la décision de garder les gosses coûte que coûte vient de plus haut.
[...] Si l'affaire Finaly a provoqué de tels remous au sein même de l'Eglise, c'est qu'elle soulevait une question épineuse. Mlle Brun avait sans aucun doute eu tort de faire baptiser les enfants. Mais le sacrement administré était valide. Les rendre à leur famille, les laisser partir pour Israël, c'était les remettre sur le chemin du judaïsme. Donc, selon le dogme catholique, les conduire au péché - mortel - d'apostasie. C'est ici qu'on souhaiterait que l'auteur expose le point de vue des catholiques de façon plus approfondie. Non pour l'approuver, mais pour en comprendre la logique.
«Les Deux Orphelins. L'affaire Finaly 1945-1953», par Germain Latour, Fayard, 570 p., 24 euros