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La mort d'Enzo, 2 ans, aurait-elle pu être évitée ?
Après l'émotion, la polémique. Comment un enfant de deux ans dont sa nourrice avait signalé des signes de maltraitance a pu être remis à sa mère sans aucune protection judiciaire? C'est la question que beaucoup se posent après la mort ce week-end à Nemours, en Seine-et-Marne, d'Enzo, un garçonnet de deux ans. Deux jours plus tôt, il était à l'hopital après une première salve de coups un peu trop violents de la part du concubin de sa mère. Hier, la justice et en particulier le Procureur de Melun s'est défendu de toute erreur. Aujourd'hui, les associations de défense des enfants dénoncent cette attitude.
La mort d'Enzo, 2 ans, aurait-elle pu être évitée ?
De source France Bleue / Radio France
MELUN 04-06-2008 à 16:14 | AFP
Garçon de deux ans mort à Nemours: il y avait eu des soupçons de maltraitance
Enzo, le garçon de deux ans mort le 31 mai à Nemours (Seine-et-Marne) sous les coups répétés du concubin de sa mère, avait fait l'objet d'une mesure d'éloignement le 19 mai, en raison d'une présomption de maltraitances, avant d'être rendu à sa mère le 29, a déclaré mercredi le procureur de Melun.
"Enzo, qui avait fait l'objet d'un signalement, a été remis à sa mère, et deux jours après il est décédé", a constaté le procureur de la République Serge Dintroz, au cours d'une conférence de presse destinée à répondre à toutes les questions soulevées par cette décision "qui était peut-être critiquable".
Le concubin, âgé de 28 ans, et la mère, 24 ans, ont reconnu les faits en garde à vue et ont été mis en examen et écroués lundi, selon M. Dintroz.
Le 19 mai, Enzo avait été hospitalisé, après que sa nourrice eut constaté qu'il boitait.
Le 21 mai, des médecins avaient rédigé un signalement, adressé au parquet de Melun via le Conseil général, évoquant une boiterie, la présence d'hématomes, une "suspicion de maltraitance".
Une enquête avait été diligentée par le parquet de Fontainebleau. Elle n'avait pas permis de conclure à des maltraitances, faisant apparaître crédible l'hypothèse, avancée par la mère, d'hématomes dus à une chute. Le parquet de Fontainebleau avait décidé de ne pas poursuivre pénalement, et celui de Melun, compétent pour les mineurs, de remettre l'enfant à sa mère.
Rendue à celle-ci le 29 mai à 11h00, Enzo aurait subi des violences dès l'après-midi de ce jour de la part du concubin de sa mère, sans que celle-ci s'y oppose, puis le lendemain et le surlendemain, jusqu'à son décès samedi, vers minuit.
La famille monoparentale, facteur de précarité
... le père est loin d’être systématiquement absent. Si 40 % des enfants ne le voient que rarement ou jamais, 17 % sont déclarés comme cohabitants par leur père et 25 % le voient au moins une fois par semaine.
Insee Première, N° 1195 - JUIN 2008
La famille monoparentale, facteur de précarité
LE MONDE | 06.06.08 | Extrait
On les accuse de tous les maux sans vraiment les connaître : les familles monoparentales sont souvent montrées du doigt dans les débats sur la délinquance des mineurs ou la "perte des repères". Elles sont avant tout des familles plus fragiles que les autres. C'est ce que démontre la première étude de l'Insee qui passe en revue leurs difficultés en matière d'emploi et de logement.
En moins d'un demi-siècle, les familles monoparentales se sont installées dans le paysage français. En 2005, 1,76 million de familles sont composées d'un seul adulte avec un ou plusieurs enfants de moins de 25 ans dans un même logement, soit 2,5 fois plus qu'en 1968, révèle l'Insee.
En 2005, près de 18 % des enfants vivaient ainsi dans une famille composée d'un seul adulte contre seulement 7,7 % en 1968. "Depuis les années soixante, la part des familles monoparentales ne cesse de grandir du fait de la fragilité accrue des unions parentales", précise l'Insee.
Il y a quarante ans, la majorité des familles monoparentales (55 %) était liée au décès précoce d'un des parents, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui (10 %). Ces familles sont pour l'essentiel dirigées par des femmes : parce que la garde des enfants est le plus souvent accordée aux mères, 85 % des foyers monoparentaux sont composés d'une femme et de son ou ses enfant(s).
Contrairement à ce que l'on dit souvent, la plupart des enfants restent en contact avec leur autre parent après la séparation : seuls 18 % des pères et 6 % des mères ne voient plus le fils ou la fille dont ils n'ont pas la garde.