La tyrannie des bien-pensants
Réflexions sur les valeurs, l’identité et le processus de socialisation
par Hanna Malewska-Peyre
Droit & Société n° 19/1991
Résumé. Les deux dernières années ont apporté un intérêt renouvelé pour les questions d’éthique, de valeurs personnelles et sociales et d’identité. Les valeurs sont considérées comme un élément important de l’identité. L’article montre les liens entre la socialisation, les valeurs et l’identité. Trois exemples de processus de socialisation seront examinés : la socialisation des terroristes arméniens, des jeunes Polonais, des jeunes immigrés issus de l’immigration du Maghreb.
La Croix, 6/10/2006 20:40, extrait
Faut-il des statistiques ethniques ?
Certains chercheurs plaident pour la prise en compte, dans les statistiques, de l'origine des individus. D'autres craignent, au contraire, les risques d'un «fichage ethnique»
Depuis 1991, la Grande-Bretagne a introduit dans le recensement de sa population, la question : What is your ethnic group ? Les Britanniques sont invités à se classer en cinq «catégories» : White, Mixed, Asian or Asian British, Black or Black British, Chinese or other ethnic group (1). Verra-t-on un jour en France émerger de telles classifications ?
Souvent lancé par des chercheurs en sciences sociales, le débat autour de la nécessité de mettre au point des «statistiques ethniques» resurgit régulièrement en France. Ces derniers temps, il s’articule autour de la lutte contre les discriminations. Pour mieux les combattre, plaident certains, il faut déjà les mesurer et donc disposer d’indicateurs pour évaluer l’impact des politiques publiques mises en œuvre. D’autres dénoncent la tentation d’un «fichage ethnique» contraire aux principes républicains et propice à toutes les dérives.
Edvige : le gouvernement lâche du lest
lefigaro.fr, 09/09/2008
Le Québecquois Libre, mars 2003. Après avoir mis à jour les rouages de la pensée unique telle qu'elle s'exerce en France (voir LA TYRANNIE DU MÉDIATIQUEMENT CORRECT, le QL, no 78), notre confrère Jean-Marc Chardon, journaliste à France Culture, ausculte les ravages du politiquement correct dans les médias. Dans son dernier ouvrage, La tyrannie des Bien-Pensants, chez Economica, il fait le tour des débats interdits, biaisés voire escamotés dans une France qui prétend toujours donner au monde des leçons de morale.
La tyrannie des bien-pensants
Débat pour en finir !
34 auteurs ôtent les masques de l'imposture...
Sous la direction de Jean-Marc Chardon
Economica, 2002
P. 325, Pour en sortir : précis d'anticonformisme à usage immédiat
Un remède à la pensée unique : la culture générale
P. 76, Le mépris des victimes
Ces enfants que l'on tue. VICTIMES, toujours victimes ! De qui parle-t-on ? De la victime réelle, de la fillette violée, de la boulangère assassinée dans son magasin, du badaud déchiqueté par l'explosion d'une bombe d'un attentat ? Erreur, fausse piste : dans l'imaginaire des bien-pensants, cette « approche du phénomène » est tout simplement émotionnelle, instinctive, donc triviale. Il faut au contraire, décliner : « victimes les assassins, victimes les violeurs, victimes les terroristes ». Victimes ? « C'est parce qu'ils font payer à la société le mal qu'elle leur a fait. » Le plus souvent dans leur enfance, parait-il, même si les travaux du professeur Borris Cyrulnik ne confirment nullement ce postulat hérité de la psychanalyse.
(...) On a l'habitude de lire des ouvrages sur des assassins, mais certainement pas sur une génération de victimes. Pourquoi avoir concentré votre attention sur un aspect de la criminalité ? (...) J'ai voulu un livre-vérité, notamment sur le vécu des familles de victimes et sur le drame de l'enfance assassinée : le titre, certes un peu brutal, n'est tout simplement pas une porte dérobée pour ouvrir sur une réalité dont l'atrocité, elle, n'a rien de « dérobé ». (...) Quant aux familles de victimes, le trait commun qui les unit, à travers les générations, est de devoir assumer une immense épreuve de deuil rendue souvent plus cruelle encore par les conditions de la mort de leur proche et par les « vicissitudes et cruautés » de l'oeuvre de justice. (...) Pourquoi, enfin, s'être concentré sur un aspect précis de la criminalité, celle sur les enfants ? Question bien difficile car très personnelle. Tout combat part souvent d'une révolte personnelle, et tel fut mon cas suite à une affaire de meurtre d'enfant qui me toucha particulièrement (...) et que la responsabilité de citoyen est aussi (devrait-être !) de ne pas se contenter d'être « consommateur » d'une pseudo démocratie mais aussi acteur de cette démocratie, capable d'exercer son sens critique et d'interpeller ceux qui nous gouvernent sur leurs actes comme sur leurs refus de voir et d'agir.
Un vétéran handicapé : « I know what I've lost », août 2007
Des enfants assassinés
Baye Jean-Maxime
Jubilé, Témoignages et dossiers, 1999
Le meurtre de Céline Jourdan en 1988 cristallise chez Jean-Maxime Baye la douleur d'une profonde révolte, à l'origine d'un combat, individuel puis associatif. Un combat autour d'une conviction : une société se meurt lorsqu'elle tolère l'anéantissement de l'esprit même de la vie : l'enfance. Lutter contre l'oubli, tel est l'un des messages forts des témoignages recueillis par l'auteur auprès des familles d'enfants victimes, car l'oubli est une deuxième mort. Le devoir de mémoire appelle aussi un devoir de réflexion et d'action pour que, d'une vie perdue, puissent peut-être germer des vies préservées. L'auteur développe longuement les facteurs individuels et sociaux, qui sont souvent à la base de tels actes, au prix d'une plongée dans l'univers des criminels mais également dans des réalités socialement destructrices : pornographie, culture de la violence, inversion des valeurs… Le fonctionnement du système judiciaire est également abordé au terme d'une analyse n'éludant ni le dilemme de la peine perpétuelle ni le débat autour de la médicalisation de la lutte contre les infractions sexuelles. L'analyse débouche sur des propositions concrètes. Ce livre, par l'étendue des thèmes abordés, s'adresse à un très large public heurté par les violences criminelles contre les enfants.
Le temps des victimes
De Caroline Eliacheff
et Daniel Soulez Larivière
Albin Michel, décembre 2006
Tous égaux. L'intérêt grandissant que suscitent les victimes procède des meilleures intentions dans le meilleur des régimes possibles : la démocratie. Dans les pays totalitaires où elles sont bien plus nombreuses, les victimes sont aussi moins bien traitées, à moins que des organisations humanitaires, venues de pays démocratiques, ne volent à leur secours...
Lavage de cerveau : mythe ou réalité ?
Lavage de cerveau : mythe ou réalité ?
Dick Anthony, Massimo Introvigne
L'Harmattan, 2006
Coll. Théologie et vie politique de la terre
« Plus efficace encore que les dictatures »
Impostures intellectuelles
Alain Sokal, Jean Brickmont
Odile Jacob, deuxième édition, 1997
Le livre de poche, essais
Présentation. Au printemps 1996, une revue américaine fort respectée - Social Text - publiait un article au titre étrange : "Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique". Son auteur, Alan Sokal, étayait ses divagations par des citations d'intellectuels célèbres, français et américains. Peut après, il révélait qu'il s'agissait d'une parodie. Son but était de s'attaquer, par la satire, à l'usage intempestif de terminologie scientifique et aux extrapolations abusives des sciences exactes aux sciences humaines. Plus généralement, il voulait dénoncer le relativisme postmoderne pour lequel l'objectivité est une simple convention sociale.
Ce canular a déclenché un vif débat dans les milieux intellectuels, en France et à l'étranger. Dans ce livre, les auteurs ont rassemblé et commenté des textes illustrant les mystifications physico-mathématiques de Jacques Lacan, Julia Kristva, Luce lrigaray, Bruno Latour, Jean Baudrillard, Gilles Deleuze, Félix Guattari et Paul Virilio, auteurs qui jouissent tous d'une grande notoriété aux Etats-Unis. Ils montrent que, derrière titi jargon imposant et une érudition scientifique apparente, le roi est nu. Après les vives polémiques suscitées par la version initiale d'Impostures intellectuelles, cette nouvelle édition, revue et enrichie d'une préface inédite (1999), procuire aux auteurs l'occasion d'une nécessaire mise au point. Ils y précisent leur point de vue. Ils écartent les idées voire les arrière-pensées qui leur ont été à tort attribuées.
La DPJ et la chasse aux sorcières contre les mères
NDLR : Mi 2006, j'avais décidé de passer à autre chose qu'un blog. Lorsque j'ai découvert cet article de Lucie Poirier, je me suis dit qu'il pouvait être utile de documenter plus en détail et plus méthodiquement les dérives et les boulettes de ces dispositifs supposés protéger les enfants. Comme c'est une tâche ardue à laquelle d'autres contribuent aussi, il m'a paru intéressant de publier mes références sur Internet. Au Canada, certaines dérives du passé ou de la DPJ et leurs conséquences pour les populations concernées sont très bien documentées.
mardi 13 juin 2006, sur http://sisyphe.org, extraits
La DPJ et la chasse aux sorcières contre les mères
La direction de la protection de la jeunesse, la DPJ, est de plus en plus blâmée pour ses injustices envers les enfants, les parents, les grands-parents, les familles d’accueil, son onéreuse et complexe bureaucratie, ses « power trip », c’est-à-dire, tels que relatés par des témoignages, des reportages, des sites et des documentaires, son manque d’approches consensuelles, de transparence, de crédibilité et pour l’attitude de ses délégué-es, agent-es et divers-es employé-es perçu-es comme abusifs/ves, irrespectueux/ses, agressifs/ves, menteurs/euses et manipulateurs/trices.
De plus en plus, on révèle que la DPJ inflige à des enfants des traitements pires que ceux dont bénéficient des criminels : privation de liberté, surmédicamentation, enfermement, contention ...
Parmi toutes les victimes de la cruauté institutionnalisée de la DPJ, celle-ci a ciblé une catégorie de personnes qui déjà souffre d’une mauvaise image, de préjugés tenaces, d’un discrédit constant. La DPJ prépare une offensive envers les mères célibataires pauvres et leurs enfants sans père.
Après l’Inquisition, l’antisémitisme, le lynchage, le McCarthisme, notre DPJ s’est trouvée une vindicte : purifier le Québec des filles-mères et de leurs bâtards en s’emparant de ceux-ci pour les faire adopter au plus vite grâce à la loi 125.
Ce projet de loi autoriserait une pratique de plus en plus courante, celle de l’adoption rapide d’un enfant retiré à sa famille d’origine. Contrairement à l’adoption simple qui existe en France et en Belgique et par laquelle des relations sont maintenues, l’adoption au Québec est plénière ; elle légalise la rupture irréversible du lien de filiation biologique, la fin absolue du droit aux contacts immédiats et éventuels, l’impossibilité à la connaissance généalogique et surtout la cessation du repère identitaire induit par la réalité biologique, l’effacement de tous les déterminismes officiels qui ont relié l’enfant à sa génitrice. ...
C’est aux femmes pauvres et seules de sacrifier leurs enfants pour celles qui ont un mari et de l’argent. Nostalgiquement, elles pourront entonner une nouvelle comptine en mémoire de l’enfant disparu :
disparaissait à jamais. Dorénavant, on voit le nez en l’air de
la sociale travailleuse et l’enfant disparaît à jamais.
Trêve d’ironie. Nous reculons dans un Québec de plus en plus enflé de contradictions et de mépris envers les enfants. Deux juges viennent d’approuver le geste d’une employée de garderie, qui ne perd pas son emploi, qui a giflé un enfant si fort qu’il a été projeté sur le mur. Toujours dans notre rétrograde Québec, des juges retirent à une mère la garde de ses trois enfants parce qu’il pourrait y avoir des risques et confient au père la garde des enfants dont l’un a été à l’hôpital à cause de la violence prouvée de ce père. Pour la DPJ, un risque abstrait avec une mère est plus grave qu’un fait violent de la part d’un père. Pourtant, la DPJ prétend hypocritement baser ses décisions sur le bien-être des enfants. La suite sur http://sisyphe.org.
Le livre de Jacques Donzelot a une grande force force, parce qu'il propose une génèse de ce secteur bizarre, de formation récente, d'importance grandissante, le social : un nouveau paysage est planté. Comme les contours de ce domaine sont flous, on doit d'abord le reconnaitre à la manière dont il se forme, à partie du XVIIIe-XIXe siècle, dont il esquisse sa propre originalité, par rapport à des secteurs plus anciens, quitte à réagir sur ceux-ci et à en opérer une nouvelle distribution. • Postface de La police des familles, par Gilles Deleuze
Les lettres de cachet pour affaires de famille en Franche-Comté au XVIIIe siècle
Thèses de l'Ecole nationale des chartes soutenue en 2008, par Jeanne-Marie Jandeaux, extrait. Les affaires de famille sont donc un bourbier dans lequel s’enlise l’administration royale en y laissant beaucoup de forces. Mais l’enjeu est de taille : contrôler la famille est un défi que l’État monarchique s’est attelé à relever ; s’il n’en a retiré que peu de profit, il a eu le mérite d’inaugurer une politique sociale en direction des familles que les régimes qui lui succèdent ont soin de continuer.
Quand les situations n'entrent pas dans le cadre des nouveaux modèles de réussite, quand les enfants ont des réactions et des attitudes qui ne ressemblent pas aux images de « l'enfant du divorce » forgée par notre société, ceux qui se tournent vers la justice pour qu'elle dise la norme et tranche un conflit de droit ne rencontrent qu'une institution désemparée. Faute de savoir répondre à leur demande, la justice ne peut que mettre en oeuvre tous les moyens possibles pour étouffer les différends. Le démariage. Justice et vie privée, Irène Théry, Odile Jacob, 1993, reédition de 2001, pages 239-240.
Colombani : « Il faut passer aux actes ». Le Figaro, 26/06/2008, extrait. Quelle est, selon vous, la raison d'une telle situation ? Elle est politique. Il y a tout simplement de sourdes batailles au sein du gouvernement pour tirer à soi ce sujet : Rama Yade (secrétaire d'État chargée des Affaires étrangères, NDLR) pour le volet international, Nadine Morano (secrétaire d'État à la Famille) pour l'adoption en France, sans compter l'AFA qui a actionné tous les leviers pour défendre la légitimité de son agence. C'est scandaleux que, aujourd'hui en France, la problématique de l'adoption soit réduite à des petits jeux d'influence dans un appareil déjà complexe et à des guerres de position. D'autant que, au bout de la chaîne, ceux qui attendent sont des familles et des enfants en souffrance.
IVG en Espagne : y aurait-il eu « des dérives, des abus » ?
PARIS (AFP), 9 septembre 2008 - Trouver son chemin dans un parcours semé d'embuches, assis dans un fauteuil roulant, ou encore se mettre à la place d'un handicapé mental: l'ONG Handicap International a annoncé mardi le lancement en France d'un jeu vidéo gratuit pour sensibiliser les jeunes au handicap.
10/01/2008. Archives 24H.ch. DÉBRAYAGE - Les hôpitaux privés ont décidé de suspendre les IVG pour protester contre les pressions administratives et les attaques des groupes anti-avortement. Plus de 200 établissements privés espagnols ont décidé de ne pas pratiquer d’interruption volontaire de grossesse durant toute la semaine, afin de protester contre les pressions et les attaques dont ils estiment être victimes, et réclamer une meilleure sécurité juridique pour leur personnel. Ce mouvement de grève signifie, de fait, un arrêt total des IVG, puisque les cliniques privées assurent 98% des 100 000 interventions pratiquées chaque année en Espagne. Depuis quelques mois, celles-ci sont la cible d’une campagne virulente des groupes anti-avortement, doublée d’un «harcèlement administratif » dans certaines régions, comme Madrid, qui multiplient les contrôles pour traquer les irrégularités. Si la pugnacité des groupes religieux anti-avortement n’est pas nouvelle, la polémique a été relancée avec les dérives constatées lors d’inspections dans des centres qui pratiquaient des IVG jusqu’à six, voire huit mois de gestation. Les cliniques spécialisées rejettent l’amalgame et refusent que les abus de quelques-uns puissent remettre en cause la légalité de leur travail. Elles sont soutenues par les associations féministes, qui s’inquiètent d’une tentative à peine dissimulée de remettre en question le droit à l’avortement. ...
En Espagne, janvier 2008, un dossier du 20h. L'avortement est autorisé, entre autre, lorsqu'il y a danger pour la santé « psychique » de la mère et cela « sans aucune limitation de temps ». Une notion qui est devenue « un concept très flou », « ce qui a conduit à des dérives, des abus ». Le problème « psychique » est invoqué dans « 98% des cas » et la police espagnole soupçonne un directeur de clinique d'en avoir abusé pour pratiquer des avortements tardifs.
Extrait du 20h de France 2,
l'avortement en Espagne
VERSAILLES (AFP), le 17 avril 2008 - Le procureur général de la cour d'appel de Versailles a annoncé jeudi à l'AFP qu'il interjetait appel de la décision d'acquittement de Lydie Debaine qui avait tué en 2005 sa fille handicapée motrice cérébrale de 26 ans.
PARIS (AP) - Un foetus né sans vie pourra désormais être inscrit sur les registres d'état civil, ce qui permettra notamment l'organisation d'obsèques, selon deux décrets publiés vendredi au Journal officiel
VERSAILLES (AP), 22 août 2008 - La mère du bébé de quatre mois retrouvé sans vie jeudi à Perdreauville (Yvelines) est en état "de mort cérébrale" à l'hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine), a-t-on appris vendredi auprès de la gendarmerie. Placé en garde à vue jeudi soir dans la Manche, son concubin a reconnu l'avoir agressée elle et leur garçon. L'homme a été transféré vendredi matin dans les locaux de la Section de recherches de Versailles (Yvelines). La piste du "drame familial" est désormais privilégiée par les enquêteurs de la gendarmerie.
Une histoire (de la violence)
Revue Sciences Humaines,
Grands Dossiers N° 2, mars - avril - mai 2006, La moralisation du monde
Numéro spécial N° 7, septembre - octobre 2008, La grande histoire de la psychologie
Des Grands Dossiers N° 2, sur sur Sciences Humaines. L'éthique, un dilemme sociologique. Si Max Weber et Émile Durkheim ont placé la morale au cœur de leurs interrogations, la « sociologie morale » n'en est pas pour autant devenue un champ de recherches à part entière. Le sociologue qui s'intéresse à la morale est généralement confronté à une funeste alternative. Soit, en effet, il pose que la morale est une dimension essentielle de la vie sociale, coextensive de l'appartenance à une communauté ou une société donnée ; mais le constat est alors trop général pour engendrer, en tant que tel, des recherches empiriques précises. Soit il cherche à analyser les moments où dans la vie sociale se cristallisent des controverses ou des débats moraux, mais alors on a affaire à une sociologie spécialisée (sociologie de la déviance, des religions, du débat public...), où se perd la spécificité de la morale comme dimension de l'appartenance sociale.
Resterait le sacrilège secret et qui n'aurait été vu par personne, et celui-ci Frédéric le condamnerait encore et Montesquieu non. Mais ce cas là existe à peine. • La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire, par Emile Faguet (1847-1916)
Une histoire de la violence
De la fin du Moyen-Age à nos jours
de Robert Muchembled
Seuil, 2008, collection L'univers historique
Présentation de l'éditeur. L'actualité place sans cesse la violence sur le devant de la scène. Thème important pour les sociologues et les politiques, elle est aussi un objet d'histoire. À rebours du sentiment dominant, Robert Muchembled montre que la brutalité et l'homicide connaissent une baisse constante depuis le XIIIe siècle. La théorie d'une " civilisation des mœurs ", d'un apprivoisement voire d'une sublimation progressive de la violence paraît donc fondée. Comment expliquer cette incontestable régression de l'agressivité ? Quels mécanismes l'Europe a-t-elle réussi à mettre en œuvre pour juguler la violence ? Un contrôle social de plus en plus étroit des adolescents mâles et célibataires, doublé d'une éducation coercitive des mêmes classes d'âge fournissent les éléments centraux de l'explication. Progressivement, la violence masculine disparaît de l'espace public pour se concentrer dans la sphère domestique, tandis qu'une vaste littérature populaire, ancêtre des médias de masse actuels, se voit chargée d'un rôle cathartique : ce sont les duels des Trois Mousquetaires ou de Pardaillan, mais aussi, dans le genre policier inventé au XIXe siècle, les crimes extraordinaires de Fantômas qui ont désormais à charge de traduire les pulsions violentes. Les premières années du XXIe siècle semblent toutefois inaugurer une vigoureuse résurgence de la violence, notamment de la part des " jeunes de banlieues ". L'homme redeviendrait-il un loup pour l'homme ?
Biographie de l'auteur. Robert Muchembled, professeur à l'université de Paris-Nord, Visiting Professor à l'université du Michigan à Ann Arbor, ancien membre de l'lnstitute for Advanced Study de Princeton, il a écrit plus de vingt ouvrages traduits en une vingtaine de langues. Il a notamment publié, au Seuil, Une histoire du diable (2000) et L'Orgasme et l'Occident (2005).
Vers une police de la parentalité ?
L'enfant soldat - L'enfant instrumentalisé par le magistrat
Ces juges qui dérapent ou l'éthique dans le service public
Normes et déviances
Véronique Pillon, éditions Bréal, 2006
Prévoir la norme ne suffit pas. Il faut aussi en imaginer tous les dévoiements possibles... • Plaidoyer pour le mensonge, Laurent Lèguevaque, 2006
Ces juges qui dérapent ou l'éthique dans le service public
La société en recevant l'enfant se met à la place de la famille ; elle en accepte les devoirs (...) elle doit faire pour l'enfant ce que ferait la famille elle-même, supposé qu'elle connût ses devoirs et qu'elle eût la volonté et le pouvoir de les remplir (...) elle doit veiller au développement des facultés morales de l'enfant trouvé • Paris, 1838
Actuellement, lorsqu'un collègue prend une décision, au lieu de le contrôler, les autres magistrats sont solidaires. Une chaîne de solidarité se met en place et le contrôle n'existe plus. • Libé, décembre 2005, Serge Portelli, vice-président du tribunal de grande instance de Paris
De l'article du Point • Alors, pourquoi cette impression d'avoir encore affaire à une caste intouchable ? Peut-être parce que les magistrats restent peu sanctionnés (dix fois moins, en tout cas, que les avocats parisiens et vingt-cinq fois moins que les policiers). « L'information ne remonte pas les juridictions, analyse un magistrat, sous couvert d'anonymat. Il y a une certaine propension à étouffer des affaires pour préserver l'image d'un tribunal. On préfère laver son linge sale en famille. » La solidarité entre juges joue aussi. Il s'agit souvent de drames humains, parfois même de désarroi ponctuel. « On se dit : et si cela nous arrivait à nous ? confie le même magistrat. Juger est un métier dur. Et nous ne sommes pas des surhommes. On prend constamment en pleine gueule la misère, la violence et la folie des hommes. Personne n'est à l'abri d'une dépression. »
Quelques opinions à la Documentation française :
• 2000, rapport Naves-Cathala, le système français de protection de l'enfance et de la famille
• 2003, rapport de la Commission de réflexion sur l'éthique dans la magistrature
• 2004, rapport d'activité, Service Central de Prévention de la Corruption
• 2004, rapport Magendie, Célérité et qualité de la justice
• 2005, rapport final de la Commission de réflexion sur l'éthique dans la magistrature
• 2005, rapport VIOUT suite à l'affaire dite d'Outreau
• 2006, rapport du Conseil économique et social, Réformer les tutelles
• 2006, rapport de la Mission interministérielle en vue d'une réforme de la médecine légale
« Attendu que, sur la base des seuls témoignages dignes de foi, c'est à dire ceux des policiers qui ont été en contact [sic] avec le plaignant, l'enquête n'a apporté aucun élément susceptible de confirmer une accusation aussi grave... » Il existait donc des magistrats capables d'écrire que, lorsqu'un Algérien accusait des policiers, seul les accusés étaient dignes de bonne foi ! • Pierre-Vidal Naquet, La torture dans la République, 1972-1998
Faute de savoir répondre à leur demande, la justice ne peut que mettre en oeuvre tous les moyens possibles pour étouffer les différends. Le démariage. Justice et vie privée, Irène Théry, 1993
1998, rapport de l'unité U472 de l'Inserm : adolescents (14-21 ans) de la protection judiciaire de la jeunesse et leur santé
Le 3 juillet 2001. Oui, cette question a été soulevée. Nous sommes très attentifs à la situation de la petite Macha. Mais la France est un État de droit. La justice est saisie. Elle est indépendante.
Le 15 janvier 2002, Paris. J'ai dйjа parlй avec Monsieur le Prйsident а ce sujet. Il est aussi restй pantois et a dit: "Eh bien, cela paraоt saugrenu а premiиre vue, mais peut-кtre qu'ils ont leurs raisons?"
27/09/2004. L'Express, Enfance maltraitée, Une priorité. En matière de prévention et de protection, beaucoup reste à faire. Le gouvernement passe à l'action. C'est toujours la même stupeur : comment personne n'a-t-il rien vu ? Rien empêché ? A Drancy, le 5 août, la police découvrait cinq enfants, âgés de 14 mois à 7 ans, sous alimentés et nus comme des vers dans un appartement jonché de cafards.
Société Civile N°43, janvier 2005. Enfants placés : les « rapts » de l'Administration
24/03/2005. Maltraitance : le couple de Drancy condamné
L'enfant proie, page 53
PARIS (AFP), jeudi 8 septembre 2005, 8h36. Ex-ministres, élus, juges pour enfants, responsables associatifs appellent le chef de l'Etat à s'engager pour améliorer la protection de l'enfance, au nom des 235.000 mineurs en danger - estimation minimale -, et pour prévenir de nouveaux scandales type Outreau ou Angers.
Prévoir la norme ne suffit pas. Il faut aussi en imaginer tous les dévoiements possibles... • Plaidoyer pour le mensonge, Laurent Lèguevaque, 2006
VDN, édition du Vendredi 07 Avril 2006. Social / Outreau : l'autre affaire. « J’estime que nous travaillons comme il le faut. Je ne ferai pas autrement demain… », a assuré l’attachée territoriale de l’UTAS (Union territoriale d’action sociale) cette semaine. « On n’a pas à avoir d’état d’âme dans quoi que ce soit », a confirmé sa référente, hier.
Mai 2006. « La justice des mineurs a-t-elle les moyens nécessaires et un cadre juridique suffisamment solide pour remplir sa mission de protection de l'enfance ? Nous pensons que non », a souligné l'avocat de la grand mère de Sébastien, elle assignait l'Etat pour « faute lourde ». Voir sur http://vadj.ovh.org
8 juin 2006, RFI, politique française. « La justice doit faire peur pour être respectée ».
25/11/2006. La Croix. « Pour faire marcher la boutique, on fait comme si », déplore Bruno Thouzellier
France 2, 20h, le 10 février 2007... « Des chefs d'entreprise qui jugent des chefs d'entreprise, cette pratique est courante, elle se fait dans l'enceinte des tribunaux de commerce. (...) une institution parfois critiquée, mieux encadrée aujourd'hui (...) des réformes tardives qui devraient faire taire les critiques ».
25/10/2007. L'Express. Une étude confirme l'état critique de la justice en France
Le Monde, 02.11.07 • Un membre de L'Arche de Zoé : « Je ne me pose pas la question de la légitimité »
20/11/2007. Le Figaro. L'éloge de la justice chinoise par Royal fait des vagues
11 juillet 2008. Le 26 juin, Basile, 15 mois et Laïla, 10 jours, avaient été placés par la justice (Libération du 5 juillet). ... Hier, la justice a ordonné la main levée du placement. Les parents se sont déclarés favorables au soutien éducatif qui va être mis en place.
leparisien.fr | 29.08.2008 Le cas de Rose. Israël est bouleversé par cette affaire qui pourrait entraîner des modifications législatives. Hier, le ministre des Affaires sociales, Itzhak Herzog, dénonçait un vide juridique concernant la protection de l’enfance. Les instances judiciaires réexaminent le parcours français de Rose.
28/11/03, Le Point N°1628, page 64, extraits
Ces juges qui dérapent
Insuffisances professionnelles graves, délits sexuels, alcoolisme, affairisme... L'institution judiciaire est sujette à polémiques. On l'accuse de ne pas savoir gérer ses dérives. Un rapport remis au garde des Sceaux propose, entre autres mesures, de modifier le serment du magistrat.
En complément, des extraits,
Revue de droit sanitaire et social 2005 p. 110
La violence institutionnelle dans les établissements sociaux et médico-sociaux, une question de droit ?
Myriam Lagraula-Fabre,
Docteur en droit, Chargée de cours à l'Université d'Evry-Val-d'Essonne
L'essentiel. La violence institutionnelle, phénomène bien connu des travailleurs sociaux émerge timidement dans notre droit. Le droit pénal paraît l'ignorer, mais il permet sa répression et contient en germe les fondements d'une définition possible. Le droit social, quant à lui, permet de juguler le phénomène en organisant des mesures tant de prévention que de traitement.
La Complexité, vertiges et promesses
NDLR : J'ai plus de 25 ans d'expérience dans le domaine de l'électronique, 20 ans dans les domaines de l'informatique et des réseaux, des télécoms, etc. Là où, les travailleurs sociaux, Magalie Bodon-Bruzel et le juge pour enfant de Nanterre pourraient ne percevoir qu'une tare, je rappelle que j'ai une soeur aînée trisomique... ce qui me vaut également une expérience dans les domaines de l'action sociale et de la santé mentale. Aujourd'hui, je peux ajouter une certaine expérience dans le domaine de ce qui serait justice et assistance éducative... et j'en apprend encore, jour après jour.
La Complexité, vertiges et promesses
18 histoires de sciences
de Réda Benkirane
Poche, éditions le pommier, 2006
Entretiens avec Edgar Morin, Ilya Prigogine, Neil Gershensfeld, Daniel Mange, Jean-Louis Deneubourg, Luc Steels, Christopher Langton, Francisco Varela, Brian Goodwin, Stuart Kauffman, Bernard Derrida, Yves Poireau, Ivar Ekeland, Gregory Chaitin, John Barrow, Laurent Nottale, Andrei Linde, Michel Serres.
Qu'y a-t-il de commun entre la complexité d'un réseau informatique et celle des insectes sociaux ? Quelles sont les possibilités et les limites de l'intelligence artificielle ? L'humanité est-elle en train de donner naissance à de nouvelles formes de vie artificielle ? Qu'est-ce que le hasard ? Dieu serait-iI un horloger ou un ordinateur cosmique ? L'Univers est-il fini ou infini ? Y aurait-il une « théorie du tout » ? Voici quelques-unes des questions fascinantes que soulèvent ces histoires de sciences, dont l'ambition est de montrer les richesses que la notion de complexité a pu suggérer aux chercheurs depuis une vingtaine d'années. Un parcours vertigineux de ce que certains des esprit scientifiques les plus fins de notre temps peuvent découvrir et inventer.
Sociologue, spécialiste de l'information, Réda Benkirane est consultant auprès d'organisations internationales.
De l'avant propos... Un voyage au pays des sciences
Ce livre est né du désir de comprendre comment certaines idées scientifiques, notamment celles à l'origine de la révolution informatique, influent sur notre mode de vie, notre manière de penser et de travailler. Ce projet s'est imposé dès lors que j'ai senti que les questions relatives à la science prenaient une importance grandissante dans notre culture contemporaine et représentaient un enjeu majeur en terme d'éthique et de citoyenneté.
Rapport n° 2725 à l'Assemblée nationale, le 7 décembre 2005, par M. Philippe Houillon. Extrait. L'impression générale laissée par les deux procès d'Outreau est celle d'un « millefeuille d'errements », selon les termes employés par l'avocat général Yves Jannier. Des dérives paraissent en effet s'être produites à divers stades de la procédure, s'agissant aussi bien de l'attitude des assistantes maternelles et des services sociaux devant l'inflation des dénonciations à chaque nouvel entretien avec les enfants, des conclusions des experts judiciaires sur la crédibilité des accusateurs et sur le prétendu profil d'abuseur sexuel de quatorze des accusés, ou enfin de l'instruction du dossier, qui se serait concentrée sur le recherche de coupables aux dépens de l'instruction « à décharge ». La participation de plus de 50 magistrats différents à la procédure n'a pas permis de limiter l'emballement de la machine judiciaire.
Outreau : le procureur Bot et la «théorie du trou de gruyère»
Le «patron» du parquet général de Paris était entendu hier par les députés.
par Florence AUBENAS
Libération jeudi 09 mars 2006
La pierre rejetée par les bâtisseurs
La culture c'est le choix de l'anachronisme, c'est décider que la visée suprême de l'humain ce n'est pas de vivre avec son temps • Alain Finkielkraut, « Répliques », 14 décembre 2002, sur France-culture
Finkielkraut: «L'enfant gâté a succédé à l'homme cultivé» • Alain Finkielkraut juge que des menaces pèsent sur la civilisation et s'inquiète de l'appauvrissement de la langue, donc de l'être. • Libé, samedi 26 janvier 2008
D'un interview d'Alain Bentolila publié en septembre 2005, sur le site du Défenseur des Enfants : « En 1980, le Premier Ministre répondait à l'OCDE : il n'y a pas d'illettrés en France, puisque l'enseignement est obligatoire dans notre pays. (...) Par la suite, une confirmation a été donnée avec le taux d'illettrisme parmi les allocataires du RMI - autour de 33% - et parmi les détenus en maison d'arrêt - autour de 3%. »
La pierre rejetée par les bâtisseurs
René Girard
Théologiques, vol. 13, n° 2, 2005, p. 165-179.
Sur , extrait
1. La signification de « bouc émissaire »
1.1 La polysémie de l’expression
L’expression « bouc émissaire » a trois significations qu’il importe de ne pas confondre. La première, la plus ancienne, traduit le terme hébreu qui, dans le chapitre 16 du Lévitique, désigne la victime d’un rite très ancien, le rite du bouc émissaire. Tous les ans, à Yom Kippour, le grand-prêtre posait les mains sur la tête d’un bouc. Ce geste était censé transférer à celui-ci tous les péchés de la communauté. Pour se débarrasser de ceux-ci, il ne restait plus qu’à chasser l’animal dans le désert, à faire de lui le bouc émissaire.
La seconde signification désigne tous les rites analogues à celui du Lévitique dans toutes les communautés humaines. Ce sont partout les mêmes efforts pour se défaire des désordres et des violences à l’intérieur de ces communautés, par l’intermédiaire de victimes animales ou humaines violemment expulsées ou massacrées. L’anthropologue qui le premier a repéré l’universalité de ces rites, c’est Frazer, dans Le rameau d’or (1890). Il leur a donné à tous la même étiquette : rites de bouc émissaire. Cette généralisation du rite hébreu est légitime dans la mesure où l’on n’en conclut pas, comme on le fait parfois, que ces rites ont quelque chose de spécifiquement biblique. Puisqu’ils se ressemblent tous, on peut recourir pour les désigner à n’importe lequel d’entre eux, et Frazer a choisi le plus connu. On pourrait aussi bien dire « rites de pharmakos », c’est-à-dire recourir au bouc émissaire grec plutôt qu’à l’hébreu. Si on ne le fait pas, c’est sans doute parce que le terme évoque quelque chose de plus sinistre que le bouc chassé dans le désert : le pharmakos était un être humain que les cités grecques massacraient rituellement lors des fêtes de Dionysos.
La troisième signification de « bouc émissaire » apparaît dans les langues occidentales au début de l’ère moderne. En français, comme en anglais, en italien, etc., on entend le plus souvent par « bouc émissaire » la victime d’une hostilité qui affecte une communauté entière contre un individu ou un groupe d’individus innocents, non-pertinents. Plus une communauté est perturbée, plus elle tend à décharger son angoisse contre des boucs émissaires dans ce troisième sens.
Société
Outreau : une sanction entre les lignes pour le procureur
Libé mercredi 30 juillet 2008, extraits
Barbe à l’index. Des boulettes judiciaires, Gérald Lesigne en a commis un paquet dans l’affaire Outreau. (...) Sauf que le procureur Gérald Lesigne n’était pas seul. (...) «On recherche une responsabilité individuelle à une défaillance collective», dénonce Me Léon-Lef Forster, avocat de Gérald Lesigne. (...) Devant le CSM, comprenant à retardement l’émotion générale, il avait humblement confié : «Je pensais avoir des certitudes raisonnables, elles se sont effondrées. Je me suis planté.» C’est quand même pas compliqué à dire.
Reportage
Les jumeaux maudits de Mananjary
LE MONDE | 05.09.08 | Extrait
Dina et Diari, 5 mois, entrelacent leurs doigts délicats. Allongés sur le dos, côte à côte, au centre d'un vieux lit à barreaux à la peinture écaillée, ces deux frères jumeaux fixent les visiteurs de leurs grands yeux noirs et brillants. Ils ont été recueillis par le Centre d'accueil et de transit des jumeaux abandonnés (Catja), à Mananjary, ville froide et humide de la côte sud-est de Madagascar, à 450 kilomètres de la capitale, Antananarivo. Il y a un siècle, leur crâne aurait été fracassé sous les sabots des zébus. Aujourd'hui encore, Dina et Diari sont jumeaux, donc maudits.
Jeunes sans domicile fixe et la rue
Le Monde du 07.06.01, Robert Castel, « Risquophiles », « risquophobes » : l'individu selon le Medef • Sois mobile, flexible, adaptable, performant, polyvalent, etc., ou autrement tu meurs, à tout le moins de cette mort sociale que représente la relégation hors des circuits de la production des richesses et de la distribution du pouvoir : l'instrumentalisation sauvage de la mobilité clive deux profils d'individus, les gagnants et les perdants, ceux dont les nouvelles règles du jeu maximisent les chances et ceux qui sont invalidés parce qu'ils ne savent pas ou ne peuvent pas jouer.
A l'instar des colonies agricoles rêvées sous la monarchie de juillet par un Huerne de Pommeuse ou un Frédéric-Auguste Demetz, l'Assistance publique veut transformer des enfants selon un projet normatif cohérent, programme de résurection sociale qui modèle autant les corps que les âmes • Ni père ni mère, histoire de l'assistance publique (1874-1939), Ivan Jablonka, chez Seuil, février 2006
Jeunes sans domicile fixe (les) et la rue ou « au Bout d'être Enervé »
de Jacques Guillou,
05/1998 aux éditions l'Harmattan
Jeunes SDF, page 48
Document Une jeunesse sans adresse
Un reportage de Jérémie Drieu et Emmanuel Morel
Diffusion en janvier 2008
Ils ont l’âge des possibles, 20 ans, et sont sans domicile fixe. Alors que 47 % des Français craignent de se retrouver un jour à la rue, Envoyé spécial a enquêté sur une catégorie de SDF totalement passée sous silence, les jeunes. Et pourtant, ils sont de plus en plus nombreux : plus d'un SDF sur quatre a aujourd’hui moins de 25 ans. Swann passe ses nuits sur une bouche de métro à Lille. Barbara et Bastien s’aiment mais doivent se séparer chaque soir pour ne pas dormir dehors. A Paris, Cindy, 20 ans, connaît par cœur la rue et ses dangers, la violence, les proxénètes et la drogue… Le point commun de tous ces jeunes : ils ont coupé les ponts avec leurs parents. Sans travail, sans logement et sans famille, ils sont la frange la plus précarisée, la plus démunie et la plus fragile de la jeunesse française.
Extrait de RHEI,
Numéro 5, 2003 - Pratiques éducatives et systèmes judiciaires
Entre Rousseau et péché originel.
Le modèle néerlandais de la protection de l’enfance au XIXe siècle
Quelques années plus tard, dans une enquête, É. Ducpétiaux, inspecteur général des prisons de la Belgique, un des nombreux visiteurs des colonies, compte dans ces établissements, pour 1848, 11.859 personnes, dont près de 1.500 enfants. Pour Ducpétiaux, ces chiffres ne reflètent pas un succès. Au contraire, selon lui, le mouvement a presque totalement échoué. Peu de familles indigentes sont parvenues à l'indépendance économique par l'exploitation de leur ferme. Parmi les mendiants et les vagabonds condamnés, plus de la moitié récidive ; enfin, rien n'est prévu pour les enfants qui sortent des colonies. A la même période, G. de Lurieu et H. Romand, deux inspecteurs des établissements de bienfaisance français, envoyés par leur gouvernement pour étudier l'organisation des colonies, portent aussi un jugement critique9. D’ailleurs, après avoir lentement déclinée, les colonies ferment définitivement en 1869.
Et pourtant...
La France « virile »
1/1995. Résistances et Libérations France 1940-1945
Les « tondues » à la Libération : le corps des femmes, enjeu d'une réaproppriation
Fabrice Virgili
Résumé. Alors que la « tondue » est une des images fortes de la Libération, les études furent peu nombreuses sur la question.Cette pratique fut pourtant massive et répandue sur l'ensemble du territoire français en 1944-45. Lors de ces tontes, on assiste à une véritable mise en scène du corps de ces femmes. Celles-ci, au-delà de la description d'une pratique de l'épuration extra-judiciaire, sont révélatrices de cette période où les frontières entre vie publique et privée sont largement brouillées. ... La suite et l'article, sur clio.revues.org
M. Kouchner propose un geste pour les "enfants de boches"
LE MONDE | 25.04.08
La France « virile »
Des femmes tondues à la libération
Fabrice Virgili
Payot, 2000 (2004 pour le poche)
Résumé. « La France sera virile ou morte », a-t-on dit en 1944. Virile, elle le fut, et les tontes des femmes accusées de collaboration en témoignent.
Sur cet épisode de notre histoire qui, aujourd'hui encore, continue de susciter un malaise, on croyait tout savoir : ayant couché avec l'ennemi, des femmes avaient été violemment punies, dans un très court laps de temps, par des foules vengeresses et des résistants de la dernière heure.
Ce livre, qui s'est imposé d'emblée comme un classique, montre que la moitié seulement de ces femmes avaient eu des relations sexuelles avec les Allemands ; que les tontes n'eurent rien d'éphémère ; et que 20 000 personnes environ furent touchées, de tous âges et de toutes professions, dans la France entière.
Que s'est-il donc réellement passé ? Pourquoi des femmes ? Et quel sens donner à cet événement ?
A propos de l'auteur. Fabrice Virgili, historien, chargé de recherche à l'Institut d'histoire du temps présent (CNRS, est aussi l'auteur, aux Editions Payot, de Hommes et femmes dans la France en guerre, 1914-1945 (avec L. Capdevila, F. Rouquet et D. Voldman).
A quoi pensent les animaux ?
A quoi pensent les animaux ?
Marc D. Hauser
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie-France Desjeux
Odile Jacob 2002
Un singe-araignée s’approche d’un gardien de zoo et le prend dans ses bras. Un chien baisse la tête et gémit quand il constate que son maître est contrarié. S’agit-il là de signes d’affection et d’empathie ? Ou bien d’autres mécanismes sont-ils à l’œuvre qui expliquent ces comportements presque « humains » ? Pourquoi les chimpanzés et les dauphins forment-ils des coalitions pour se défendre ? Pourquoi certaines espèces animales peuvent-elles se reconnaître dans un miroir ?
Marc D Hauser nous fait découvrir ce qu'est vraiment la vie intellectuelle et émotionnelle des animaux.
Marc D.Hauser est professeur de psychologie et de neurosciences à l’Université Harvard et membre du Mind, Brain and Behavior Program. Il a également mené des recherches de terrain au Kenya, en Ouganda et à Porto Rico.
NEW YORK (Reuters), 5 septembre 2008 - Plus de deux Américains sur trois préfèreraient être envoyés sur une île déserte avec leur animal de compagnie plutôt qu'avec leur partenaire, selon un sondage.
Quelque 1.105 propriétaires d'animaux ont été interrogés par Petplan, qui vend des assurances santé pour chiens et chats.
Les résultats de cette enquête indiquent que plus de la moitié des sondés organisent des fêtes pour leur animal, près de 70% partagent leur lit avec lui, 63% lui font la cuisine et 68% l'habillent.
Les Américains ont dépensé environ 48 milliards de dollars pour leurs animaux de compagnie en 2007, selon le cabinet d'étude américain Packaged Facts.
PARIS, 21 août (AFP), de source tele-animaux.com - Un million de chevaux devraient être comptés en France d'ici la fin de 2008 grâce à l'imlantation de puces électronique rendue obligatoire sur tous les équidés depuis le 1er janvier, selon des chiffes communiqués vendredi par les Haras nationaux.
Au 21 août dernier, 969.000 chevaux avaient fait l'objet de la pose d'un transpondeur. Un rythme de 4.000 à 6.000 implantations par mois laisse prévoir que le million sera atteint à la fin de l'année. La première puce avait été posée en 1985 en remplacement du signalement graphique traditionnel.
Lire et écrire l'avenir
La phrénologie,
son histoire, ses systèmes et sa condamnation
L.F. Lélut
L'Harmattan, 2003
L'ouvrage fut d'abord publié en 1843 sous le titre "Rejet de l'organologie de Gall et de ses successeurs". Le but de Gall était de déterminer les fonctions du cerveau en général, et celles de ses diverses parties en particulier en examinant les protubérances ou les dépressions qui se trouvent sur le crâne. Le livre de Lélut est une des premières véritables critiques de la phrénologie et constitue l'étude certainement la plus complète encore aujourd'hui de l'oeuvre de F.J. Gall (1758-1828), de J.G. Spurzheim (1776-1832) et de leurs émules.
Lire et écrire l'avenir
L'astrologie dans la France du Grand siècle (1610-1715)
Hervé Drevillon
Champ Vallon, 1996
De la quatrième. Si les arguments scientifiques suffisaient à réfuter l'astrologie, les Prophéties de Nostradamus auraient cessé depuis longtemps d'assurer la fortune de quelques éditeurs avisés. Mais, alors que fleurissent messageries astrales et horoscopes en tous genres, nous savons aujourd'hui que la lecture de l'avenir dans les astres survit à toutes les révolutions scientifiques. L'astrologie a moins à voir avec l'histoire des sciences qu'avec celle des consciences.
Page 19, première partie, Entre croyance et suspicion, en 1562. Dieu n'a pas libéré le monde d'ici-bas de la guerre, de la peste et de la famine. Les astrologues et les devins peuvent donc, sans retenue, avertir des maux qui menacent, car les évènements leurs donneront toujours raison.
Michel Foucault, Le pouvoir psychiatrique, Seuil, 2003, page 102. Ainsi, Berthier, dans son traité de Médecine mentale, (...) raconte des séries d'histoires épouvantables de gens qui étaient en voie de guérison, et chez lesquels le contact avec la famille a induit la catastrophe. (...) Autre histoire, plus belle encore : « Mme S. arrive dans un état déplorable d'une maison de santé du département du Rhône, atteinte de mélancolie avec excitations maniaques causées par des chagrins et des revers de fortune. Après deux ans de soins assidus, on obtient un mieux réel : la convalescence approche. Son fils, ravi de ce changement, manifeste le désir de la voir. Le médecin chef y accède, en recommandant toutefois que le séjour soit de courte durée. Ce jeune homme, ne se doutant point de l'importance de la recommandation, outre passe les ordres. Au bout de deux jours l'agitation renaît... »
Page 22, première partie, Entre croyance et suspicion, L'astrologie confrontée aux « grandes lumières » philosophiques. Pour Pic de la Mirandolle et tous les détracteurs de l'astrologie qu'il a inspiré (...) il existe, en effet, deux types d'astrologie : l'une est « un art sûr et noble », car elle calcule le mouvement et la grandeur des étoiles « selon une méthode mathématique », l'autre est « une spéculation trompeuse », qui prédit l'avenir des hommes d'après le cours des étoiles.
De Plaidoyer pour le mensonge, Denoël, janvier 2006, de Laurent Lèguevaque... Des pages 30-31. Prévoir la norme ne suffit pas. Il faut aussi en imaginer tous les dévoiements possibles... Page 58, qui est très clair et l'auteur d'insister, il a été juge d'instruction durant treize ans... En cela, la psychiatrie mérite son titre de science exacte. En ce qu'elle est, dans sa version moderne, soeur et fille de la pharmacologie. Pour le reste, comme ses cousines en science humaines - psychologie, psychanalyse -, elle a autant de fondements scientifiques que l'horoscope chinois. Page 61... Rien de grave cependant : l'avis de l'expert ne lie pas le juge...
Page 189. Les prémices d'une contestation radicale de la notion de signe astrologique apparaissent dans le Traité curieux de l'astrologie judiciaire de Claude Pithoys. Cet ouvrage connut trois éditions en 1642, en 1646 et en 1661. Dans une très précieuse édition critique de ce texte, P.J.S. Whitmore établit de façon très convainquante qu'il a été composé aux environs de 1627, à une époque où Pithoys, membre de lacongrégation des Minimes, n'avait pas encore renoncé à ses voeux pour rejoindre le rang de la Réforme sous la protection du duc de Bouillon. Le traité développe une critique très complète de l'astrologie judiciaire en associant des arguments aussi bien théologiques qu'astronomiques. Cette diversité d'argumentation fait de cet ouvrage une véritable somme de tous les arguments contre l'astrologie, disponible au début du siècle. De ce foisonnement émerge une réflexion sur la capacité des astres à signifier la volonté de Dieu et le destin des hommes.
Dans L'art d'avoir toujours raison, Mille et une nuits n° 191, 2000, Didier Raymond affirme que lorsque « L'exercice du discours se fait dans des conditions parfaitement étrangères à toutes préoccupations théoriques et philosophiques. (...) notre philosophe préconise cyniquement de s'installer dans les positions d'autrui, d'épouser parfois le mouvement de son raisonnement pour en exploiter les faiblesses. »
Dans L'erreur judiciaire, Logiques Juridiques, chez l'Harmattan, janvier 2006, Eliane De Valicourt nous rappelle que « Dès lors qu'il y a une intelligence, une volonté, l'erreur peut exister et venir déployer son cortège d'actions néfastes. Errare humanum est ! Si la célèbre maxime est là pour nous rappeler ou nous dire toute la faillibilité humaine, l'histoire est là, pour imprimer les excès comme pour nous rappeler la mesure. C'est le cri de Seze face au tribunal Révolutionnaire : "Je cherche parmi vous des juges et je ne vois que des accusateurs" ! C'est le cri de Dreyfus, "La liberté n'est rien sans l'honneur" ! »
Cours de Michel Foucault du 8 janvier 1975, Les Anormaux, chez Seuil, 1999, première leçon, page 7... Vous comprenez qu'il y aurait à la fois très peu de choses à dire et beaucoup de choses à dire sur ce genre de discours. Car, après tout, ils sont tout de même rares, dans une société comme la nôtre, les discours qui possèdent à la fois trois propriétés. La première, c'est de pouvoir déterminer, directement ou indirectement, une décision de justice qui concerne, après tout, la liberté ou la détention d'un homme. A la limite (et nous en verrons des cas), la vie et la mort. Donc, ce sont des discours qui ont, à la limite, un pouvoir de vie et de mort. Deuxième propriété : ce pouvoir, ils le détiennent aussi du fait qu'ils fonctionnent dans l'institution judiciaire comme discours de vérité, discours de vérité parce que discours à statut scientifique, ou comme discours formulés, et formulés exclusivement par des gens qualifiés, à l'intérieur d'une institution scientifique. Discours qui peuvent tuer, discours de vérité et discours - vous en êtes la preuve et les témoins* - qui font rire. *) Allusion aux fréquents rires qui ont accompagné la lecture des expertises psychiatriques.
Née au XIXe siècle dans les grandes affaires de meurtre abominables et sans mobiles, la folie du crime a peu à peu été projetée sur d'autres actes. Loin de se concentrer sur les transgressions les plus sévèrement sanctionnées par le code pénal, son diagnostic est susceptible d'advenir là où se porte le simple soupçon de déraison. Elle permet dès lors de stigmatiser la délinquance juvénile aussi bien que les crimes politiques. Dans Crime et Folie, Marc Renneville, 2003, page 11.
De La nef des fous de Jean Sébastien Brant (Das Narren schyff, 1491), traduit de l'allemand par Madeline Horst, paru chez La nuée Bleue, 2005... De taire la vérite, extrait de la page 415 : Changer de point de vue parce qu'on vous rabroue et qu'on veut vous forcer à garder le silence pour ne pas révéler la stricte vérité en laissant la sagesse toute seule au vestiaire, et emboîter le pas à tous les fous des rues où courent à coup sûr tous ceux que le bâton a fait changer d'avis, c'est vraiment être fou.
Quand les situations n'entrent pas dans le cadre des nouveaux modèles de réussite, quand les enfants ont des réactions et des attitudes qui ne ressemblent pas aux images de « l'enfant du divorce » forgée par notre société, ceux qui se tournent vers la justice pour qu'elle dise la norme et tranche un conflit de droit ne rencontrent qu'une institution désemparée. Faute de savoir répondre à leur demande, la justice ne peut que mettre en oeuvre tous les moyens possibles pour étouffer les différends. Le démariage. Justice et vie privée, Irène Théry, Odile Jacob, 1993, reédition de 2001, pages239-240.
Censée agir « dans l’intérêt des enfants », l’action éducative judiciaire peut parfois contribuer à aggraver leurs difficultés. Notamment parce que les acteurs institutionnels restent aveugles aux conséquences de leur action sur la dynamique des liens familiaux. (...) Et si le juge, lors des audiences, donne la parole aux enfants, il est fort rare que celle-ci soit prise en considération lorsqu’elle s’oppose aux avis des enquêteurs sociaux et responsables de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Le placement d’enfants, un remède pire que le mal ? Michel Giraud, Sciences Humaines N°181, avril 2007
Le conflit prenant de l'ampleur, ses détracteurs l'envoient devant le psychiatre, pour expertise... Ces experts psy qui fabriquent des coupables sur mesure, de la quatrième, Marc Lemaire et Stéphane Lewden, l'Harmattan, 2007.
Si, en plus, ce n'est que du vent...
De l'"affaire Tapie" à une affaire d'Etat ?
LE MONDE | 04.09.08 | Extrait... "Ni nous n'enquêtons ni nous ne jugeons, a précisé Didier Migaud, le président (PS, de la commission. Nous voulons d'abord nous donner les moyens de comprendre."
Petit musée des horreurs
Je vous avertis... De vous tenir toujours en défense [contre le démon] ; tremblez même dans la victoire ; c'est alors qu'il fait ses plus grands efforts, et qu'il remue ses machines les plus redoutables. • Bossuet
Crime
Le meurtrier s’inspire d’un épisode des « Experts »
Maisons-Alfort (Val-de-Marne)
leparisien.fr | 05.09.2008
Fan de séries policières, Kamel s’est inspiré d’un épisode des « Experts : Miami », diffusé sur TF 1, pour faire disparaître toutes traces du meurtre de Marine, son ex-compagne, chez elle à Maisons-Alfort (Val-de-Marne). Cela n’a pas suffi. Sous la pression, après avoir nié, ce jeune homme de 28 ans, a fini par craquer mercredi soir, en fin de garde à vue au 36, quai des Orfèvres.
Mis en examen hier à Créteil pour homicide par ex-concubin, Kamel a été écroué à la prison de Fresnes.
Une politique de l'enfance et de la famille comme une autre.
Image de source et auteur inconnu.
Petit musée des horreurs
de Nathalie Prince
Robert Laffont, 4 septembre 2008
Plus d’une centaine de nouvelles fantastiques, écrites entre 1880 et 1900, période dite " décadente ", nous dévoilent une littérature empoisonnée où l’homme se confronte à sa propre monstruosité.
Présentation. Voici un bien étrange musée, consacré à des curiosités littéraires comme seule la fin-de-siècle a pu en produire, exposant une galerie des horreurs dont le but, avoué et pensé, consiste à inquiéter, terrifier, révulser.
D’illustres talents tels Maupassant, Villiers de l’Isle-Adam, Lorrain, Richepin ou Schwob voisinent avec des auteurs moins connus, dont la maîtrise et l’audace combleront les amateurs de sensations fortes.
Ces récits donnent le ton d’un fantastique en quête de perpétuel renouvellement : aux oubliettes les peurs ordinaires, place à des angoisses neuves ! Névroses et monomanies suspectes, fantômes fétides, charognes exquises, fantasmes sexuels dégénérés paradent. On se perd corps et âme : têtes décapitées, mains coupées, peaux tannées… Le corps fait l’objet d’un savant démembrement propre à satisfaire les fétichistes et les esthètes avides de luxures inédites. Il est peu de dire qu’à certains moments l’esprit s’effraie de ses propres hantises !
Ce recueil ouvre sur un abîme. Il exhale les arômes mêlés du plaisir et de la souffrance, de l’angélisme et de la perversité, de l’humain et peut-être du trop-humain. Au cœur des effrois corrompus et des amours pathologiques, le fantastique, dans un constant élan poétique, met à mort les grands mythes du désir, parodie sa propre tradition et, à chaque page, nous glace le sang.
Biographie. Nathalie Prince, maître de conférences en littérature générale et comparée à l’Université du Maine (Le Mans), est l’auteur de Les Célibataires du fantastique (L’Harmattan, 2002), Le Fantastique (Armand Colin, 2008), et de nombreux articles consacrés à la littérature fantastique.
L'évènement et la presse à sensation au XXe siècle
La campagne du « Mondain » de décembre 1885 à mai 1886
par Christiane Derobert-Ratel
Maître de Conférences en Histoire du droit
Centre d’étude et de recherche sur les contentieux
Faculté de Droit et de Sciences politiques, Université de Toulon & du Var
Résumé : Approche historique de la construction de l’évènement par les médias à travers la campagne d’un folliculaire aixois : « Le Mondain » contre la magistrature aixoise de décembre 1885 à mai 1886.
De l'introduction. "On meurt d'Aix !" aurait lancé le littérateur marseillais, Louis Méry, en forme de boutade. En 1880, l'écrivain Paul Alexis, dans son Journal de Monsieur Mure convient de cette toxicité : "La vie de la petite ville est transparente comme du verre... tout se sait, rien que sur le Cours... du matin au soir, des oisifs, assis dehors sur des chaises, fument, baillent, s'étirent les bras, ne savent comment tuer le temps, mais regardent, observent, se communiquent ce qu'ils ont observé, puis commentent, critiquent, supposent... Leur malignité naturelle quelquefois médit, et, d'autrefois devine...". Louis Bertrand, jeune professeur affecté à Aix en 1888, semble partager cette impression quand il découvre cette cité, "sur le pied de guerre, extrêmement divisée", "mesquine" et "cancanière". À l'en croire, un rouage important de ce système de diffusion se situe à deux pas de la Cour d'appel, chez un marchand de livres... Pour la suite et d'autres références, fouiner avec google.
Voir également Le sanglot judiciaire, Juges de la Cour et mythes au Canada et Le travail social contre qui ?
Les Anormaux
Les Anormaux
de Michel Foucault
Seuil, 1999
Prononcé au Collège de France de janvier à mars 1975, le cours sur "Les Anormaux" poursuit les analyses que Michel Foucault a consacrée depuis 1970, et surtout dans "Il faut défendre la société", à la question du savoir et du pouvoir : pouvoir disciplinaire, pouvoir de normalisation, bio-pouvoir.
C'est à partir de multiples sources, théologiques, juridiques et médicales, que Foucault aborde le problème de ces individus "dangereux" qu'on appelle, au XIXème siècle, les "anormaux". Il en définit les trois figures principales : les monstres, qui font référence aux lois de la nature et aux normes de la société, les incorrigibles, pris en charge par les nouveaux dispositifs de dressage du corps, et les onanistes, qui alimentent, depuis le XVIIIème siècle, une campagne visant à la mise en discipline de la famille moderne.
Les analyses de Foucault prennent comme point de départ des expertises médico-légales qu'on pratique encore dans les années 1950. Il esquisse ensuite une archéologie de l'instinct et du désir, à partir des techniques de l'aveu dans la confession et dans la direction de conscience. Il pose ainsi les prémisses historiques et théoriques de travaux qui seront repris, remaniés, réélaborés dans son enseignement au Collège et dans les ouvrages ultérieurs.
Ce cours représente donc une pièce essentielle pour suivre les recherches de Foucault dans leur formation, leurs prolongements et leurs développements. "Hautes Etudes" est une collection de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, des Editions Gallimard et des Editions du Seuil.
La nef des fous
La nef des fous
Sébastien Brant
La Nuée Bleue, 2005
Traduit de l'allemand par Madeleine Horst
Présentation. C’est en février 1494, durant le Carnaval – la saison des fous – que parut à Bâle (Suisse) Das Narren Schyff du Strasbourgeois Sébastien Brant. Le succès fut foudroyant et durable. Jamais depuis l’invention de l’imprimerie, un livre en langue allemande n’avait connu un pareil succès.
Brant, dominé par l’idée que les malheurs des hommes résultent de leurs péchés, entreprend de leur montrer la laideur de leurs vices ou folies et présente une galerie de portraits de fous où chacun pourra se reconnaître. Rien n’échappe à sa rigueur impitoyable : l’orgueil, la fraude, le blasphème, l’usure, mais aussi la manie des voyages, la désobéissance au médecin, les sérénades nocturnes…
Derrière le moraliste âpre et sans concession, pointe un observateur fin, souvent truculent. Cette attention aux hommes et à la vie – magnifiée par la superbe série de gravures sur bois, à laquelle Albrecht Dürer, jeune, aurait travaillé – confère à La nef des fous une vigueur et une modernité sans ride.
L'auteur. Né à Strasbourg en 1458, Sébastien Brant est décédé en 1521. Créateur de la Narrenliteratur, un genre littéraire burlesque et bouffon, cet humaniste est considéré comme l’un des plus grands auteurs et poètes du monde rhénan.
A force de ne pas Comment « poussent » les enfants, à la BNF | ||
Egalement à la BNF... L’enfant doit pousser droit "comme un I" ;
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