September 23, 2005

Un réquisitoire contre les « bagnes d'enfants »


Le Monde, 22.04.05
La déportation et les camps en France

Dans la zone Nord, occupée, le chef supérieur de la police et des SS paraphe, le 29 mai 1942, un décret obligeant les juifs "de plus de 6 ans" à porter, "bien visiblement sur le côté gauche de la poitrine", une étoile "à six branches", dans tous les lieux publics. "Elle est en tissu jaune et porte, en caractères noirs, l'inscription 'Juif'."'

Cette loi ne s'applique pas dans la zone "libre". Mais, le 2 juin 1942, le régime de Vichy durcit ses mesures antisémites et impose le recensement de tous les juifs, "dans un délai d'un mois", au sein des préfectures et sous-préfectures. Ce recensement était déjà organisé dans la zone occupée.

Entre-temps, le décret baptisé "Nuit et Brouillard" (Nacht und Nebel) est adopté par Hitler le 7 décembre 1941, visant la Résistance et l'opposition politique. Il stipule que "tout habitant des territoires occupés de l'Ouest, présumé coupable de crimes contre le Reich ou contre les territoires d'occupation, doit être exécuté ou déporté clandestinement en Allemagne, pour y disparaître sans qu'aucune information ne soit donnée à son sujet".


Le camp de Drancy : Drancy est un camp d'internement et de transit, d'où s'ébranlèrent 67 des 79 convois partis de France. Il a été installé dans les bâtiments HLM construits en "U" dans cette banlieue de l'est de Paris. L'armée allemande les a réquisitionnés en 1941, initialement pour les juifs étrangers.


Revue d'histoire de l'enfance "irrégulière", Numéro 3, 2000
L'enfant de justice pendant la guerre et l'immédiat après-guerre
Extraits :

2) La censure de Vichy

... le film fut surtout amputé d'une séquence essentielle et qu'il importe ici de restituer. Nous sommes de nouveau dans les scènes se déroulant à l'Hôtel du Parc, quand Jean Victor accompagné de ses deux acolytes, Malory et Ferrand, tente d'obtenir d'un fonctionnaire guindé l'autorisation d'ouvrir son centre de rééducation en se livrant à un réquisitoire contre les « bagnes d'enfants » :

Jean Victor : « Il ne faut plus que l'on traite les enfants comme des bêtes et que les pénitenciers soient des fabriques de révoltes. On les bride, on les écrase sous prétexte de les redresser et puis [ensuite] on les rejette à la rue comme des épaves. Ce système-là a fait faillite. C'est une honte pour notre pays de l'avoir toléré si longtemps...Il ne doit plus y avoir de bagnes pour les enfants » [...]

Le fonctionnaire : « Il ne faut rien exagérer ! Moi qui vous parle, j'ai appartenu autrefois à l'administration pénitentiaire. Je connais bien la question...je vous assure qu'il court beaucoup de légendes sur les pénitenciers de jeunes délinquants »

Jean Victor se contenant : « Pourtant il y a des faits qui ne sont pas niables »

Le fonctionnaire dit tranquillement avec son sourire sceptique : « Oui...quelques petits abus...des cas isolés...dont la presse s'était emparée avant la guerre...permettez-moi de vous le dire...heureusement ils ont été d'ailleurs sévèrement réprimés...maintenant tout cela est très surveillé, croyez-moi...Ces jeunes chenapans sont conduits avec beaucoup plus de douceur qu'on ne l'imagine... »

Malory, incapable de se contenir s'est levé d'un bond : « Eh bien ! vous en avez un culot, vous ! »

Le fonctionnaire stupéfait balbutie : « Comment ? »

Jean Victor intervient : « Excusez mon ami, Monsieur. Il est étonné et il y a de quoi ! Si vous êtes de bonne foi...alors c'est qu'on vous cache tout »

Ferrand, ouvrant tout à coup sa chemise et montrant sur son cou une longue cicatrice, crie à son tour : « Et ça ? C'en est de la douceur ? Un coup de poinçon d'un gardien à l'atelier de menuiserie à Eysses... »


Des références et travaux centrés sur le champ des « représentations », des « imaginaires » ou de la « mémoire » :


Vichy, la justice et les Juifs pose des questions essentielles et troublantes sur la facilité avec laquelle il est possible, même en démocratie, de pervertir les institutions sous couvert de légalité.

Un livre de Richard H. Weisberg, professeur en droit institutionnel, premièrement publié en 1996 par NYU Press, traduit en français et publié en 1998 par les Editions des archives contemporaines .


Le Monde diplomatique, juillet 2004
Quatre livres soulignent l’intérêt porté aux « années sombres » de la France, entre les années 1930 et la Libération.


La France sous Vichy
Autour de Robert O. Paxton
2004, Editions Complexe, collection «Histoire du temps présent»

Trente ans après la traduction de La France de Vichy (1973), une vingtaine d’historiens rendent hommage à Robert O. Paxton. Cet universitaire américain, de son regard, à la fois étranger et distant, a changé durablement les représentations collectives des «années noires». Dans une historiographie alors axée sur les responsabilités allemandes ou sur l’histoire de la résistance, il a opéré une révolution épistémologique, déplaçant l’angle d’observation de l’occupant allemand vers l’«État français». Il a révélé ainsi à quel point ce dernier avait exercé une politique propre, marquée par le choix de la collaboration d’État et celui d’une rupture définitive avec la République.
Le présent ouvrage offre un bilan de la production savante de ces vingt dernières années et dresse des perspectives de recherche. Il donne un aperçu des travaux sur les rapports entre occupants et occupés, d’un point de vue politique, social ou culturel, en insistant sur des questions touchant à l’opinion, aux réactions de la société française, à la vie quotidienne. Le volume se termine par une interrogation concernant le souvenir récent de cette période dans l’imaginaire français, et sur la place qu’y occupe désormais l’historien américain, devenu à sa manière un «lieu de mémoire».


La protection sociale sous le régime de Vichy
Auteur(s): Sous la direction de Philippe-Jean Hesse & Jean-Pierre Le Crom - éd. Presse universitaire de Rennes, 2001, (382 p. ; 23 €)

On connaissait déjà la dette que l’éducation spécialisée pouvait avoir à l’égard du régime de Vichy. Voilà un ouvrage qui vient éclairer d’une façon très étonnante l’héritage tout aussi douteux que peut avoir le système de protection sociale de notre pays. En 1928 et 1930, la France se dote, cinquante ans après l’Allemagne et vingt-cinq ans après la Grande Bretagne, d’une d’assurance sociale couvrant le risque maladie. En 1945, le plan de Sécurité sociale vient compléter et élargir notablement ce dispositif.
Mais que s’est-il passé entre 1940 et 1944 ?


CNDP, La Police des années noires
France5 sur le câble : dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 janvier 2005, 0 h 55
Un documentaire de Jean-Marc Berlière et Arnaud Gobin (2002), coproduit par France 5 et Zeaux Productions.
52 min

Dans les années 1930, la police nationale avait mauvaise réputation. Elle inquiétait, faisait peur et était la proie de toutes les rumeurs. Exécutant les basses œuvres d’un régime politique déconsidéré, elle terrorisait les républicains et était détestée par les communistes. Ceux de l’extrême droite l’associaient à une Tcheka occulte et franc-maçonnique. Puis vint la guerre... Qu’allaient devenir ces fonctionnaires, sous l’œil attentif des nazis, dans le cadre d’un régime discriminatoire et autoritaire ? C’est cette période obscure et encore sensible pour beaucoup que Jean-Marc Berlière et Arnaud Gobin ont pris le parti de présenter. Sans concession.


France Culture, semaine du 24 Février 2004
Un hôpital psychiatrique français sous l’occupation

Le temps est venu depuis une poignée d’année de faire de cette histoire tragique et reléguée un enjeu du présent. Des faits divers dans le grand brouhaha de l’horreur, la mort de ces « aliénés » demande à s’inscrire dans notre histoire assumée.


Décembre 2000, rapport N°2, première partie
COMMISSION EXTRA MUNICIPALE
D'ETUDE DE LA SPOLIATION DES BIENS JUIFS
A BORDEAUX ET MERIGNAC
DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

les archives du Commissariat Général aux Questions Juives
relatives à la Gironde (C.G.Q.J.)

Une administration consacrée à la "Question Juive"
Le Commissariat Général aux Questions Juives est institué le 29 mars 1941. Il est chargé entre 1941 et 1944 de coordonner les mesures de spoliation à l'égard des personnes considérées comme juives au regard des différents statuts et lois promulgués par l'Etat français et les autorités d'occupation.
Doté de compétences très larges, le CGQJ absorbe en juin 1941 un premier service chargé de l'aryanisation économique, le Service de contrôle des administrateurs provisoires (SCAP), qui lui est rattaché. Il fusionne ensuite avec la direction de l'Aryanisation économique en mai 1942. Puis, rattaché à la vice-présidence du Conseil, le CGQJ dépend par la suite du Ministère de l'Intérieur, puis du chef du Gouvernement, conformément à la loi du 6 mai 1942.

Les missions du CGQJ sont multiples :
- préparation des textes réglementaires et législatifs ;
- examen des affaires d'aryanisation contentieuses ;
- recherche des infractions au statut des "juifs" ;
- contrôle depuis la loi du 29 novembre 1941 l'Union Générale des Israélites de France (UGIF) ;
- aryanisation économique. Conformément à la loi fondamentale du 22 juillet 1941, il a le pouvoir de "nommer un administrateur provisoire à :
1°) Toutes les entreprises industrielles, commerciales, immobilières ou artisanales,
2°) Tout immeuble, droit immobilier ou droit au bail quelconque,
3°) Tout bien meuble, valeur mobilière ou droit mobilier quelconque, lorsque ceux à qui ils appartiennent, ou qui les dirigent, ou certains d'entre eux sont "juifs"."

Posted 20 years, 5 months ago on September 23, 2005
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