July 24, 2007

Nicolas Sarkozy défend le rôle de son épouse en Libye


BRUXELLES (AFP) - Le leader flamand Yves Leterme, chargé de former le gouvernement belge, a reconnu avoir commis une "faute" en entonnant la Marseillaise lorsque la télévision publique francophone l'avait invité à chanter l'hymne belge.

COLMAR, Bas-Rhin (Reuters) - Les seize co-accusés de Pierre Bodein, qui ont été acquittés il y a deux semaines par la cour d'assises du Bas-Rhin, ne seront pas rejugés, le parquet général ayant renoncé à faire appel.

(...) Le procureur général, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse, a précisé que sa décision avait été prise à l'issue d'une "vaste concertation" avec les magistrats du parquet et la partie civile et qu'elle était "consensuelle".

(...) Il s'est élevé contre les parallèles établis par certains avocats et médias entre l'affaire Bodein et celle d'Outreau qui avait abouti à l'acquittement de 13 des 17 personnes accusées de pédophilie lors de deux procès en 2004 et 2005.

Dans les deux affaires, la mise en cause des accusés était fondée sur des témoignages d'enfants suivis de leurs propres aveux et mises en cause réciproques, sans qu'aucun élément matériel irréfutable ne vienne soutenir l'accusation.

(...) Quant aux seize acquittés, dont huit ont été incarcérés et cumulent près de 15 années de détention provisoire, ils pourront engager une procédure en indemnisation dès mercredi soir, terme du délai d'appel au-delà duquel l'arrêt de la cour d'assises sera définitif.


Alexandre Vinokourov contrôlé positif, son équipe quitte le Tour de France
LE MONDE | 24.07.07 | Extrait

"Une surprise ? Même pas. Rien à dire. Dehors ! Circulez, y a rien à voir", a ainsi déclaré Marc Madiot, le directeur sportif de La Française des jeux. "Je suis triste, c'est un de mes coureurs préférés. On ne peut pas faire ça au cyclisme, on ne peut pas faire ça aux coureurs propres, on ne peut pas faire ça au Tour de France", avouait de son côté le Britannique David Millar, convaincu de dopage par le passé et qui se veut aujourd'hui un ardent défenseur du cyclisme propre.


BRUXELLES (Reuters), 13 juillet - Parlant sous couvert de l'anonymat, des responsables européens n'ont pas caché leur agacement face à ce que certains considèrent comme une tentative du vibrionnant président français de tirer la couverture à lui, à la dernière minute, dans l'éventualité d'un règlement de cette crise à laquelle l'UE travaille depuis des années.




Des dessins du jour du Monde.fr

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a défendu le rôle de son épouse Cécilia dans les tractations qui ont abouti à la libération de cinq infirmières bulgares et d'un médecin qui étaient détenus depuis huit ans en Libye.

"Cécilia a fait un travail tout à fait remarquable", a déclaré le président de la République lors d'une conférence de presse improvisée à l'Elysée.

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- « Une surprise ? Même pas » -

July 12, 2007

Le juge s'est justifiée par son « intime conviction »

PARIS/STRASBOURG (Reuters) - L'acquittement à Strasbourg des seize co-accusés de Pierre Bodein ravive les questions sur les failles du système judiciaire français, apparues en 2005 après le scandale de l'affaire Outreau.

Acquittés par la cour d'assises du Bas-Rhin d'une participation supposée à l'un des trois meurtres reprochés au multirécidiviste Pierre Bodein, condamné à la perpétuité avec 30 ans incompressibles, huit ont connu la prison et cumulent près de 15 ans de détention provisoire.

Quatre d'entre eux comparaissaient détenus et ont été libérés après le verdict après avoir passé trois ans en cellule. Trois autres suspects du même groupe qui n'ont pu être jugés pour des raisons techniques ont aussi été emprisonnés, dont une femme, toujours détenue aujourd'hui.


Le parquet général, qui avait requis des peines de 10 à 30 ans de réclusion contre cinq accusés acquittés, et trois ans à cinq ans d'emprisonnement contre les 11 autres, n'a pas encore décidé s'il ferait appel.

L'association ATQ-Quart Monde a estimé jeudi que ces "vanniers" ou "yennisch", nom donné en Alsace à ces nomades sédentarisés au mode vie fruste, ont été victimes au départ de préjugés.

"La justice a triomphé sur les préjugés, en dépit de l'incompréhension, la méconnaissance et le mépris qu'entraine le plus souvent l'exclusion sociale. Cette décision rappelle que personne ne doit être considéré a priori comme coupable en raison de son passé ou ses origines", dit-elle dans un communiqué.


L'affaire jugée à Strasbourg pendant trois mois présente de nombreuses analogies avec celle d'Outreau, qui avait abouti à l'acquittement de 13 des 17 personnes accusées de pédophilie lors de deux procès en 2004 et 2005.

DEPOSITIONS D'ENFANTS

Les accusés ont été mis en cause, comme à Outreau, sur le fondement de dépositions d'enfants, suivies de leurs propres aveux et mises en cause réciproques, contradictoires, voire invraisemblables sur certains points, et finalement rétractées.

L'accusation ne disposait, hormis ces éléments, que d'une trace ADN pouvant être reliée probablement, mais sans certitude absolue, à une des victimes, retrouvée un an après les faits sur une couette d'une maison habitée par les suspects.

L'accusation recensait 165 déclarations auto-accusatrices mais la défense mettait en doute leur validité, soulignant le très faible niveau intellectuel des accusés, leur alcoolisme, leur suggestibilité et leur difficulté à résister aux pressions psychologiques imputées aux gendarmes.

L'absence d'enregistrement audiovisuel des dépositions les a fragilisées, comme dans l'affaire Outreau.
Les impératifs de la recherche d'une des victimes ont pu amener des mises en cause incertaines.

"Il est évident qu'à un moment donné, nous avons cru nous-mêmes à leur culpabilité. (Au départ) il fallait sauver une petite fille. On aurait été horribles si on avait demandé à nos clients de se taire", a dit à Reuters Me Thierry Zaiger, un de leurs avocats.

Différence de taille avec le dossier Outreau, où la solitude du juge Fabrice Burgaud était dénoncée, le dossier de Strasbourg a été instruit par deux magistrates, souligne l'avocat.

"(Ce système) a montré ses limites. Il ne marche plus du tout quand les deux juges ne sont pas d'accord", estime Me Zaiger.


La magistrate la plus sceptique, Hélène Blondeau-Patissier, a été dessaisie de l'affaire en cours d'enquête. Citée par la défense au procès, elle a fait part de ses doutes, partagés par certains enquêteurs.

L'autre juge, Lydia Pflug, qui a signé l'ordonnance de mise en accusation, s'est justifiée devant la cour d'assises par son "intime conviction", notion que peuvent retenir les jurés d'assises mais non les juges enquêteurs, qui doivent établir des "charges suffisantes".


- « (Ce système) a montré ses limites » -

July 11, 2007

« On a acquitté d'un trait de plumes 16 personnes que tout accuse »

STRASBOURG (AFP) - Au terme de trois mois de procès, la Cour d'assises du Bas-Rhin a condamné mercredi Pierre Bodein, dit "Pierrot le fou" à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 30 ans incompressible, pour trois meurtres d'une violence extrême, deux viols et deux tentatives d'enlèvements.

A l'issue d'un délibéré de plus d'une journée, les jurés se sont conformés aux réquisitions du ministère public qui avait réclamé une "peine de retrait de la société".

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- « J'étais innocent, en tôle pendant deux ans et demi » -

April 28, 2007

« elle nous a pas croyu (sic) »

Audition des présumés complices de Pierre Bodein sur fond de misère sociale.
Les coaccusés de Pierrot le fou s'égarent dans leurs souvenirs

Libé, 28 avril

Aux assises du Bas-Rhin, un interprète se plaint : «Je commence à avoir des noeuds dans les neurones.» Depuis lundi, on interroge les membres des familles Remetter et Fuhrmann, accusés d'être coauteurs ou complices dans l'un des trois crimes reprochés à Pierre Bodein : l'enlèvement, le viol et le meurtre de Jeanne-Marie Kegelin, 10 ans, en juin 2004. Certains de ces vanniers ne s'expriment qu'en alsacien. Presque tous ont reconnu leur participation aux faits durant l'instruction, avant de se rétracter. Désormais, ils défilent à la barre pour protester unanimement de leur innocence : «C'est pas moi qui vais enlever un enfant, je suis pas fou, je suis pas un pédophile !» «Je peux me faire couper la tête ici devant tous les gens, je n'ai jamais vu Pierre Bodein !» A des questions simples, ils ont des réponses compliquées. Leur appartient-elle cette housse de couette mangée par la crasse sur laquelle a été retrouvé un élément pileux pouvant appartenir à la fillette, seul et fragile élément matériel de l'accusation ? «Il dit ben oui, il dit ben non. Il dit qu'ils n'ont pas de housse de couette aussi sale», traduit l'interprète dont les neurones s'échauffent. La cour n'avance pas dans la recherche de la vérité, et les accusés s'y perdent eux-mêmes : «Avec tous ces mensonges, je m'en sors plus.»

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- « Alors on a dit ce qu'on avait vu à la télé » -

April 12, 2007

Tandis qu'a commencé le procès de Bodein, naissance d'une autorité





Un document de la Chancellerie pointe les failles du système judiciaire français
LEMONDE.FR avec le Figaro et Reuters, 12.04.07

Un document inédit de la Chancellerie, que s'est procuré Le Figaro, présente le bilan de l'activité des trente cours d'appel françaises pour l'année 2005. Les "données locales" recueillies par le ministère de la justice mettent en lumière un certain nombre de dysfonctionnements du système judiciaire français : lenteur, taux de classement sans suite élevé et surtout inégalités territoriales.

En moyenne, les délais de justice ont diminué entre 2002 et 2005, passant de neuf à sept mois pour une affaire civile ou commerciale devant les tribunaux de grande instance (TGI) et de dix-sept à quatorze mois pour un appel au civil, relève le quotidien, jeudi 12 avril. Cependant ce bilan globalement positif masque des réalités très contrastées. Il faut ainsi près de deux fois plus de temps pour traiter un dossier dans les TGI du ressort des cours d'appel de Colmar ou de Bastia (dix mois) que dans ceux de Caen ou Douai (cinq mois et demi de délai en moyenne).

Même constat en appel, où le traitement des affaires civiles par la cour de Nancy, championne de la lenteur, nécessite en moyenne vingt-deux mois : près de trois fois plus de temps qu'à Bourges, meilleur élève en la matière où le délai est de 7,7 mois. Interrogé par Le Figaro, le premier président de la cour d'appel de Nancy s'inquiète de ce bilan et souligne la nécessité de ne pas focaliser le débat autour de la justice sur sa seule dimension pénale car, selon lui, "quand les procédures pour divorce ou abandon de famille traînent, quand les litiges de voisinage s'éternisent, quand les créanciers ne retrouvent pas rapidement leur créance, c'est l'équilibre social qui est en jeu".

UN QUART DES AFFAIRES "POURSUIVABLES" CLASSÉES SANS SUITE

Autre facteur d'inégalité territoriale : le taux de classement sans suite des affaires pénales. Cette fois, c'est la cour d'appel de Montpellier qui obtient les plus mauvais résultats, suivie de près par Toulouse, Aix-en-Provence, Lyon et Bastia, qui toutes affichent des taux de classement supérieurs à 28%. En moyenne, 46% des affaires sont "poursuivables", c'est-à-dire que l'auteur en est identifié mais un quart d'entre elles sont classées sans suite, au motif qu'elles constituent au regard de la justice un "trouble ou un préjudice peu important" ou en raison de recherches infructueuses.

Les magistrats mettent en cause le budget de la justice, qu'il faudrait "tripler", selon le procureur général de Nancy. Le président de l'Union syndicale des magistrats (USM) affirme aussi qu'"un tiers de l'activité correctionnelle demeure virtuelle, les décisions prises ne pouvant toutes être appliquées, faute de personnel pour encadrer les TGI, de places suffisantes en prison ou dans les établissements de la PJJ. [Protection judiciaire de la jeunesse]". Le budget de la justice français est un des plus faibles taux d'Europe. La commission d'enquête sur l'affaire Outreau a proposé un doublement du budget, idée reprise par le PS et l'UDF mais pas par l'UMP.


Le Monde, 7 avril
Internet : une nouvelle autorité est née
cette nouvelle autorité administrative indépendante veillera à la garantie de la copie privée (la possibilité de copier une oeuvre pour son usage personnel) et à l'interopérabilité des mesures techniques de protection.


PARIS (AFP) - Nicolas Sarkozy a promis aux Français jeudi sur Europe 1 que, s'il était élu à la présidentielle, il ne leur "mentirait pas", ne les "décevrait pas" et ne les "trahirait pas".

LONDRES (Reuters) - Près d'un quart des Britanniques (23%) regrettent de s'être mariés et 15% des fiancés admettent qu'ils franchiront le pas avec appréhension, selon une étude de OnePoll.Com rendue publique jeudi.

Si la plupart des personnes interrogées en Grande-Bretagne disent s'être mariées par amour, un tiers des couples avancent comme motif l'envie d'avoir des enfants ou la nécessité de payer la maison achetée en commun.

Quatre pour cent avouent avoir convolé en justes noces... uniquement pour les cadeaux et la fête de mariage.


Libé, La survie en Guyane, un filon en or
L'un des deux rescapés de la forêt monnaye ses témoignages à 1 000 euros de l'heure.

Libé, Discriminations : le racisme en tête
Selon le rapport annuel de la Halde, les réclamations concernent avant tout l'emploi.

Libé, Foire du Trône : la mort du policier serait un accident
Selon la plupart des témoins, la chute ferait suite à un effet de foule.

Le Figaro, Nicolas Sarkozy veut supprimer les parachutes dorés
S’il est élu, le candidat de l’UMP à la présidentielle ferait voter une loi pour éviter qu’un "cas" comme celui de Noël Forgeard ne se reproduise.

Le Figaro, Le Pen : "Tout le monde court derrière moi"
Pour le candidat FN, l’irruption de ses thèmes de prédilection dans la campagne « prouve qu’il avait raison ».


Le Figaro, L'inquiétant palmarès de la justice française

Lenteur, faible taux de poursuite... Un document inédit de la Chancellerie, publié par "Le Figaro", dresse le bilan de l'activité des trente cours d'appel.

Les résultats complets (pdf),
dissuasif : 78Mo à télécharger
, 111 pages.
http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/justice-france.pdf

LA JUSTICE est loin d'être guérie, mais elle se porte un peu mieux. Le Figaro publie le palmarès des trente cours d'appel françaises d'après les dernières « données locales » recueillies par la Place Vendôme. Ses statisticiens ont mis plus d'un an à rassembler ces éléments portant sur l'année 2005. Ils témoignent d'incroyables disparités selon que l'on vit à Lille, Paris ou Marseille.


- Faisons entière confiance ? -

Dans la tête de « Pierrot le fou »

Procès de Pierre Bodein
Dans la tête de «Pierrot le fou»
Pour le premier jour, la cour s'est attachée au profil psychologique de l'accusé.
Libé, le 12 avril 2007

Depuis hier et jusqu'à début juillet, Pierre Bodein comparaît devant la cour d'assises du Bas-Rhin. Ce multirécidiviste de 59 ans, surnommé «Pierrot le fou», est accusé de deux tentatives d'enlèvement et de trois meurtres, commis en juin 2004, dont deux précédés de viols. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de trente ans. Cette peine maximale lui semble promise, tant les éléments à charge abondent dans le dossier.

Pourtant, assis dans le box et entouré de gendarmes d'élite du GIPN, l'accusé se tient droit. Il a passé une veste sombre sur une chemise blanche. Il a les cheveux poivre et sel, longs dans la nuque, un peu ébouriffés. Le président de la cour lui demande de se présenter : «Je m'appelle Pierre Fernand Bodein. Avant, j'étais maçon, coffreur, peintre, musicien et maintenant, je suis handicapé à 80 %» , dit-il d'une voix un peu chevrotante. La lecture de l'arrêt de mise en accusation révèle des anecdotes sordides. Bodein réagit par des mouvements de tête : «non», quand on évoque les rapports sexuels violents qu'il aurait imposés à l'une de ses épouses ; «oui», pour la fois où il lui aurait annoncé que si elle mourait avant lui, il lui ferait l'amour une dernière fois, post mortem, «pour lui dire adieu».

«Personnalité perverse». Les victimes sont une fillette, une femme au visage juvénile et une adolescente. Jeanne-Marie Kegelin, 10 ans, a disparu le 18 juin 2004, près du stade de Rhinau, au bord du Rhin. Edwige Vallée, 38 ans, a été tuée dans la nuit du 21 au 22 juin, après avoir été aperçue pour la dernière fois à Obernai. Julie Scharsch, 14 ans, a été enlevée alors qu'elle regagnait à vélo son domicile de Schirmeck, le 25 juin. Leurs cadavres dénudés ont été découverts dans des cours d'eau peu profonds, dans un rayon de 20 km autour d'Obernai. Depuis sa sortie de prison en mars 2004 (lire ci-contre), Pierre Bodein vivait non loin de là, dans une caravane. Toutes les victimes présentaient d'importantes plaies à l'arme blanche au niveau du pubis, avec éviscération.

Après l'enlèvement de Julie, un témoignage désigne l'accusé. Les expertises génétiques font le reste : les ADN des victimes, parfois mélangés au sien, sont notamment mis en évidence dans sa voiture ou sur des couteaux réputés lui appartenir. Arrêté, Bodein nie. Et depuis, «il n'a pas varié d'un iota, il conteste toutes les charges retenues contre lui», précise son avocat, Me Marc Vialle. Hier, l'accusé a poursuivi dans la même veine : «On m'a traîné dans la boue, on m'a médiatisé comme un tueur en série.» Selon son avocat, l'accusé soutient qu'il n'est pas un «violeur d'enfants» et évoque un «complot des gendarmes» : «Il estime que ces prélèvements ADN, détaille Me Vialle, n'ont pas été effectués dans des conditions normales.»

«Il y a des éléments à charge contestables et puis il y a aussi tout un volet psychologique qui va être important dans ce dossier», affirme encore l'avocat. Condamné à huit reprises entre 1969 et 1996, «Pierrot le fou» a passé la majorité de sa vie d'adulte en prison ou en milieu psychiatrique. En 1976, il «fait ses besoins sans discernement et se barbouille de matières fécales». «Schizophrénie catatonique» , diagnostiquent les experts. En 1980, ces «anomalies profondes, durables mais temporaires» auraient «disparu». Entre 1989 et 1991, alors que Bodein est hospitalisé d'office, les psychiatres se déchirent : «troubles psychotiques sévères» selon certains, «sursimulation» pour les autres. En 1992, alors qu'il se trouve depuis un an et demi dans un état «totalement régressif, ne parvenant ni à parler, ni à marcher», il s'échappe d'un centre hospitalier et se lance dans quatre jours de cavale, au cours desquels il viole une femme et blesse gravement un policier, d'un tir au fusil à pompe. Dans le cadre de l'instruction sur les crimes de 2004, psychiatres et psychologues l'ont à nouveau examiné. Il en ressort «une personnalité perverse», dont «l'attitude envers la femme est celle du braconnier envers sa proie». Le plus vrai est sans doute ce commentaire d'un expert auprès de la Cour de cassation : «Le moins que l'on puisse dire est que le corps médical est fort perplexe.»

Confus. Bodein n'est pas seul dans le box. Au total, seize personnes comparaissent avec lui. Comme le principal accusé, ils sont vanniers ou yénishes, des gens du voyage sédentarisés originaires d'Alsace. Ils sont suspectés de divers degrés de complicité ou de non-dénonciation de crime dans l'un des trois meurtres reprochés à Bodein. Quatre d'entre eux, dont l'un était mineur au moment des faits, risquent trente ans de réclusion. Un cinquième encourt la perpétuité. A leur encontre, pas de preuves matérielles irréfutables. Tout repose sur des témoignages et parfois des aveux, qui restent confus et contradictoires. Pour eux, dit Me Vialle, «c'est le procès de tous les possibles».


- « l'avis de l'expert ne lie pas le juge » -


April 11, 2007

Le meilleur des mondes ?

Point de vue • Le "meilleur des mondes" de M. Sarkozy, par Hervé Chneiweiss

Extrait :

Les découvertes scientifiques récentes révèlent certes les contraintes matérielles sur lesquelles s'élabore l'information, génétique ou neurale. Elles révèlent aussi de plus en plus l'extraordinaire plasticité des systèmes vivants, leurs capacités d'évolution et d'adaptation, tout au long de la vie.

Les propos de M. Sarkozy reposent sur la croyance aussi simple que fausse selon laquelle un gène détermine un caractère et, partant, qu'une sélection des "bons" gènes permettrait l'obtention de "bons" caractères. Une telle lecture du vivant et de sa transformation n'est pas véritablement nouvelle. A sa manière, la phrénologie de Gall, à la fin du XVIIIe siècle, se fondait sur cette approche.


Revue de Web • Les propos sur la génétique de Nicolas Sarkozy suscitent la polémique
Le Monde • Vivement critiqué pour ses prises de position sur le déterminisme, Nicolas Sarkozy tempère ses propos

Extrait :

"TENTATION DE L'OBSCURANTISME"

(...) De nombreuses figures de la classe politique ont emboîté le pas, et les critiques ont continué de tomber dru au cours de la journée de mardi. La candidate PS Ségolène Royal est restée prudente dans un premier temps, "laissant les scientifiques répondre", avant que sa porte-parole Najat Belkacem ne perçoive dans la position de M. Sarkozy "le signe d'un programme profondément réactionnaire". Le comité de campagne de la candidate socialiste a condamné mardi soir "la tentation de l'obscurantisme". Dès le lendemain matin, Mme Royal a qualifié les déclarations d'"extrêmement graves". "Je les trouve très dangereuses, elles sont révélatrices de la brutalité de la façon de faire et de penser de Nicolas Sarkozy", a-t-elle ajouté.

"EUGÉNISME"

Evoquant un "eugénisme extrêmement dangereux", Les Verts ont réagi mardi dans un communiqué : "Ce type de propos renvoie à une histoire inquiétante, à un monde de castes et de sous-hommes, bien loin de nos démocraties."

(...) "PITOYABLE"

Le candidat du Mouvement pour la France, Philippe de Villiers a quant à lui affirmé, mardi, le principe de la "liberté" de l'homme et exclu tout "prédéterminisme". La déclaration du candidat UMP dans Philosophie Magazine "relève d'un autre âge", a estimé mardi M. de Villiers sur France Inter.


Actualité | France
Le multirécidiviste "Pierrot le fou" aux assises
Le Figaro, le 11 avril 2007

L'itinéraire singulier de Pierre Bodein pose crûment le problème du traitement judiciaire et psychiatrique des récidivistes ultradangereux. Il est à lui seul une question criminelle sans réponse.

« UN FAUX pli dans la cervelle » : Cervantès propose, dans Don Quichotte, cette définition de la folie. Qui sait combien de faux plis recèle le cortex de Pierre Bodein ? Personne. La myriade de psychiatres aguerris qui se sont penchés sur « Pierrot le fou », n'a jamais pu mesurer exactement sur quel degré de l'échelle de la démence il convenait de situer ce sujet-là.

Parce que Pierre Bodein « sursimule » son chaos mental. Il est capable de rester prostré pendant des mois sur un fauteuil roulant, de se barbouiller d'excréments, de baragouiner en dialecte alsacien puis de s'exprimer en français, comme si le miracle de la Pentecôte l'avait soudainement touché... Reste que derrière le comédien se cache un être pervers, retors et violent, condamné huit fois de­puis 1969. La sanction la plus lourde : vingt ans de réclusion assortis d'une peine de sûreté, prononcée en 1996 pour braquage, viol, tentative de meurtre sur deux policiers, commis quatre ans auparavant lors d'une cavale.

Cour des Miracles

« Le fou » s'était sportivement échappé de l'asile, après avoir fait croire à tout le monde qu'il était impotent. Il a d'ailleurs passé plus de la moitié de son existence à côtoyer alternativement les infirmiers et les surveillants de prison. Dès qu'il est sorti, il a récidivé. ...

NANTES (AFP) - Quatre personnes, deux hommes et deux femmes, ont été interpellées mardi soir près de Lyon et à Nantes dans le cadre de la disparition de Sophie Gravaud, 23 ans, qui n'a plus donné signe de vie depuis samedi soir malgré une forte mobilisation pour la retrouver.

(...) La justice cherche par ailleurs à déterminer si un rapprochement peut être établi entre la disparition de Sophie et l'agression d'une jeune fille de 21 ans qui affirme avoir été enlevée vendredi soir par deux inconnus dans la même zone commerciale avant d'être violée et abandonnée dans un quartier de Nantes. Cette seconde affaire a été confiée au juge déjà chargé de la disparition de Sophie car "il y a lieu de rechercher si éventuellement il n'y a pas de rapprochement à faire entre ces deux affaires", a dit M. Autain.

PARIS (AP), extrait - Ségolène Royal a estimé mercredi que les indemnités de départ de 8,56 millions d'euros de Noël Forgeard, l'ancien co-président exécutif d'EADS, maison-mère d'Airbus, était "un scandale" et "une provocation", et a demandé le retrait du plan Power-8 de restructuration de l'avionneur européen.

"C'est un scandale, c'est une provocation, surtout dans cette entreprise, où l'Etat est actionnaire. Donc l'Etat aurait très bien pu s'opposer à cette façon de faire", a déclaré sur France-2 la candidate socialiste à l'élection présidentielle.

Elle a demandé "aux dirigeants d'Airbus de retirer la totalité de ce plan (Power-8) pour que nous mettions à plat des stratégies industrielles et la façon dont sont justifiées les suppressions d'emplois". Et de s'interroger: "est-ce que ce sont des licenciements boursiers? Est-ce que ce sont des licenciements qui sont justifiés par des stratégies industrielles?".


- La France, un monde de castes et de sous-hommes ? -

April 10, 2007

L’hygiène raciale nazie : le cas des sourds


Témoins sourds, témoins silencieux est le premier documentaire consacré à l’histoire des sourds sous le nazisme.

La réalisatrice Brigitte Lemaine, avec la précieuse collaboration de Stéphane Gatti, démonte avec minutie, dans une enquête qui aura duré près de sept ans, la mécanique implacable du programme d’hygiène raciale nazi. Un voyage au cœur des ténèbres, des instituts d’euthanasie aux rampes d’Auschwitz, des stérilisations et avortements forcés à la « solution finale ».

L’hygiène raciale nazie
Le cas des sourds

De source interdits.net

(...) Appliquer la « sélection » au troupeau humain

Avant même l’arrivée d’Hitler au pouvoir, dans nombre de pays occidentaux, les sourds de naissance constituaient déjà une des cibles privilégiées de l’eugénisme (eugenics en anglais), la « science » des « bonnes naissances » (du grec eugénès, bien né). Inventée en 1883 par Francis Galton, cousin et ami de Darwin, l’eugénisme se voulait l’application scientifique du darwinisme et de la génétique à la société humaine. Traditionnellement, on distingue deux formes d’eugénisme ; un eugénisme négatif visant à entraver la prolifération des « inaptes » (les déficients mentaux, physiologiques, etc.), et un eugénisme positif visant à favoriser la reproduction des plus « aptes » (les génétiquement conformes). Mais dans les deux cas, il s’agit en fait d’un seul et même projet de « biologie politique » : améliorer le troupeau humain en le soumettant à une sélection artificielle, basée sur des critères « scientifiques » (la qualité des gènes). L’eugénisme, c’est le projet absurde, mais rationnel, d’une « biologie » appliquée à la résolution des problèmes sociaux et politiques. Interprétés comme des symptômes d’une dégénérescence raciale, la pauvreté, le crime, les maladies, la déviance, doivent faire l’objet d’un traitement médical approprié…

Les premières législations eugénistes apparaissent aux Etats-Unis dès 1907 (Indiana) et en Europe à partir de 1928 (Suisse et Danemark), donc bien avant les premières lois nazies (1933).
Ces législations donnent lieu à un véritable activisme « médical » : internements, stérilisations, castrations, avortements forcés, et… premières « euthanasies ». André Pichot, philosophe et historien des sciences, le démontre avec une grande clarté dans son dernier livre : « Hitler n’a strictement rien inventé, il a mis en œuvre, jusqu’à leur aboutissement logique, des processus qui avaient été imaginés par d’autres que lui, bien avant lui. Et il les a étendu aux juifs pour qui ils n’avaient pas été initialement conçus » (La société pure « De Darwin à Hitler », éd. Champ Flammarion, 2000).

Explorer l’histoire des sourds sous le troisième Reich, c’est donc forcément s’interroger sur la place qu’ils occupent dans le programme d’hygiène raciale nazi. Témoins sourds, témoins silencieux constitue une véritable enquête historique. Un montage serré, très dense, combinant interventions de spécialistes, utilisation de documents d’archives et témoignages de sourds, permet de resituer la persécution des sourds par les nazis dans un cadre plus général : la mise en œuvre progressive, de 1933 à 1945, d’un plan d’extermination des « génétiquement inaptes » ; les malades mentaux, les handicapés, les homosexuels, les « dégénérés ».

(...) « Comment témoigner dans une langue qui ne s’écrit pas ? » Comment transmettre la mémoire dans une langue des signes jusque-là interdite ? Quand on est sourd, c’est la possibilité même du témoignage et donc de la mémoire qui est remise en question. Après avoir été rayés de la vie, les sourds ont été effacés de l’histoire par la quasi-impossibilité dans laquelle ils étaient de raconter aux entendants ce qu’ils avaient vécu. « Si les rescapés des camps du meurtre ont eu du mal à être crus, les sourds survivants, ne pouvant témoigner ont été oubliés » (extrait du film). Mais les sourds n’ont-ils pas depuis toujours été relégués dans les ombres et les silences de l’histoire ?…

Si bien des gens dans l’Allemagne hitlérienne avaient du mal à comprendre et à croire ce qui se passait juste sous leur yeux, imaginez alors ce que pouvaient ressentir des sourds ! Par définition, les sourds sont étrangers au monde des « entendants » (dans une certaine mesure bien sûr). Pourquoi, d’un seul coup, les entendants se mettaient-ils à brûler des livres, à pendre des rabbins, à pointer hystériquement le bras droit vers le ciel, à couvrir les façades de croix gammées… ?

Un sourd témoigne dans le film : « Puis il y a eu la nuit de cristal. Viens m’as-t-on dit, on va exterminer tous les Juifs, c’est tous des criminels, on va tous les dépecer. Alors, on a jeté des pierres sur les magasins (…) On ne comprenait pas pourquoi les entendants s’acharnaient sur les Juifs. On était sourd… ».

(...) La rationalité du « mal »

Le Kampf d’Hitler, c’est d’abord un combat pour la « santé » de la race aryenne, une lutte qui se situe, et c’est là sa nouveauté radicale, sur le plan biologique
(« Mein Kampf », Mon combat, manifeste d’Hitler). Le pouvoir nazi s’exprime dans une langue médicale. L’existence de « tribunaux de santé héréditaire » (1700) où siégeaient des médecins, de « certificats de stérilisation », d’une « police de l’hygiène », d’« instituts d’euthanasie », tout cela témoigne de l’emprise exercée par la médecine sur l’appareil d’Etat nazi. Si le Troisième Reich n’était pas un Etat de droit, cela ne veut pas dire pour autant qu’il fonctionnait en dehors de toute légalité. Bien au contraire, c’était une sorte d’Etat médico-légal où tout, y compris les pires atrocités, était soumis à des procédures minutieuses, à des formulaires détaillés, à un méticuleux contrôle juridique, administratif et médical. Il n’y a pas d’Etat totalitaire sans le soutien d’une bureaucratie moderne et efficace, d’une police bien organisée, d’un système d’identification des citoyens fiable, de bases de données médicales, sociales, politiques (indispensables pour le recensement des Juifs, des communistes, des « anormaux ») régulièrement alimentées, de techniques de répression bien rôdées (camps d’internement, placement d’office en hôpital psychiatrique, bagne).

« Le fascisme et le stalinisme ont utilisé et étendu les mécanismes déjà présents dans la plupart des autres sociétés. Malgré leur folie interne, ils ont, dans une large mesure, utilisé les idées et les procédés de notre rationalité politique », explique Foucault dans un de ses entretiens (« Le sujet et le pouvoir », in Dits et écrits IV). La « banalité du mal » dont parle Hannah Arendt (cf. Eichmann à Jérusalem : rapport sur la banalité du mal, éd. Folio) s’inscrit donc dans une rationalité politique que le nazisme pousse à son paroxysme.

(...) Pour une « dé-eugénisation » de nos démocraties

Si on parle souvent de la nécessité d’une « dénazification » de l’Allemagne et de l’Autriche, on n’envisage jamais par contre la nécessité d’une « dé-eugénisation » de nos démocraties. Un tabou pèse encore sur l’histoire de l’eugénisme
dont l’importance est systématiquement occultée par la plupart des historiens. Trop de personnalités (des scientifiques et intellectuels de premier plan), trop d’institutions (des hôpitaux, des firmes bio-chimiques, des fondations), trop de pays sont impliqués dans ce qui fut, à un moment donné, considéré comme la solution pratique idéale pour régler définitivement les problèmes sociaux. Trop d’intérêts sont en jeu, ceux de la génétique moléculaire et de ses puissants alliés (le lobby médical et les firmes biotechnologiques)…

Pourtant, il est urgent de mettre au jour cette part refoulée de notre passé. ...

Témoins sourds, témoins silencieux
Brigitte Lemaine, Stephane Gatti
55 min, DVD sorti le 15 mars 2007
Les films du paradoxe


LA LISTE DE CHICAGO
Liste des « personnes socialement inaptes » stérilisables


« Est socialement inapte toute personne qui, par son propre effort, est incapable de façon chronique, par comparaison avec les personnes normales, de demeurer un membre utile de la société. (…) Les classes sociales d’inaptes sont les suivantes : 1) les débiles mentaux ; 2) les fous ; 3) les criminels (y compris les délinquants et dévoyés) ; 4) les épileptiques ; 5) les ivrognes ; 6) les malades (tuberculeux, syphilitiques, lépreux, et autres atteints de maladies chroniques…) ; 7) les aveugles ; 8) les sourds ; 9) les difformes ; 10) les individus à charge (y compris les orphelins, les bons à rien, les gens sans domicile et les indigents). » (Rapport du laboratoire psychopathique du Tribunal municipal de Chicago, 1922, cité par A. Pichot in La société pure, p. 215)


- Un tabou -

Manifestation d'une association de défense des droits des victimes

STRASBOURG (Reuters) - Une association de défense des droits des victimes a manifesté mardi à Strasbourg, à la veille de l'ouverture du procès d'assises de Pierre Bodein, accusé d'avoir tué une fillette, une adolescente et une jeune femme en juin 2004 en Alsace.

Environ 300 personnes ont observé une minute de silence à l'appel de l'association "Fondation Julie", du nom d'une des victimes, devant la salle où se tiendra, durant 13 semaines, le procès de ce repris de justice de 59 ans, dit "Pierrot le fou", qui était en liberté conditionnelle au moment des faits.

Le président de l'association, Jean-Louis Renaudin, a rappelé les buts de l'association qui demande la stricte application des peines et la mise à l'écart définitive pour les criminels les plus dangereux.

"Peu importe la formule mais il faut absolument trouver un moyen qui nous mette à l'abri de ces individus dangereux, a-t-il dit. Il a rappelé que si l'abolition de la peine de mort était inscrite dans la constitution, elle restait "toujours d'actualité pour les victimes".


L'association fondée par les parents de Julie Scharsch, tuée et violée à l'âge de 14 ans, ne demande pas le rétablissement de la peine de mort, mais milite en faveur d'une perpétuité réelle pour les individus les plus dangereux.

Me Thierry Moser, avocat des parents de Julie et conseil juridique de l'association, s'est dit personnellement opposé à la peine de mort, mais a jugé que la "perpétuité réelle" était indispensable pour "un noyau de délinquants dangereux, chevronnés, irrécupérables".

La famille de Julie, a-t-il annoncé, envisage "d'engager une action en responsabilité pénale de l'Etat devant le tribunal administratif" pour avoir laissé sortir Pierre Bodein à quelques mois de la fin de sa peine sans se donner les moyens de l'empêcher de commettre d'autres crimes.





Jeanne-Marie et Julie ont disparu à une
semaine d'intervalle - AFP/RTL.fr


L'Humanité, 7 juillet 2004
Criminalité
La sanglante voiture de Bodein

Du sang de la petite Jeanne-Marie a été retrouvé dans le véhicule de " Pierrot le fou ".

Du sang de Jeanne-Marie, onze ans, retrouvé morte le 29 juin dans le Bas-Rhin, a été découvert hier dans la voiture du principal suspect, Pierre Bodein. La présence de ces traces génétiques confirme le lien entre le meurtre de la jeune fille et celui de Julie. À cela s’ajoute la similitude des coups de couteau dans la partie génitale présents sur les deux corps. Autre fait troublant, la petite Jeanne-Marie fut retrouvée dans un cours d’eau, à Valff, situé à deux kilomètres de Bourgheim, lieu de résidence de " Pierrot le fou " depuis sa libération conditionnelle en mars dernier.

Jusqu’à ce jour, Pierre Bodein, qui a un lourd passé judiciaire et psychiatrique, est officiellement impliqué pour " enlèvement et séquestration suivis de mort " seulement dans l’affaire du meurtre de Julie, quatorze ans, dont le corps a été retrouvé samedi dernier près de Nothalten (Bas-Rhin). Du sang de Julie a été retrouvé dans le véhicule de Bodein. De même, du sang de ce dernier se trouvait sur le vélo de l’adolescente, abandonné dans une forêt près de Schirmeck (Bas-Rhin).

Le nombre de crimes attribués à Pierre Bodein ne s’arrête pas là. Il est également soupçonné de la mort d’une femme de trente-huit ans, Hedwige Vallée, disparue le 21 juin après la fête de la musique à Obernai et retrouvée dans un cours d’eau dans la même zone géographique.

Par ailleurs, huit personnes, appartenant toutes à une famille de Gitans sédentarisés à laquelle Bodein est apparenté, sont toujours mises en examen et écroués dans l’affaire Jeanne-Marie, dont deux frères pour " enlèvement suivi de mort ". Les enquêteurs soupçonnent l’aîné d’avoir heurté la fillette qui jouait près de chez elle, de l’avoir chargée dans la voiture, puis de l’avoir abandonnée " dans des conditions mal déterminées ".

Alors que les parquets de Strasbourg et de Saverne, qui sont saisis des trois dossiers, sont restés muets lundi, la position officielle des enquêteurs était toujours la même : reconnaître l’existence " de coïncidences troublantes " entre la disparition de Julie et les deux autres affaires, en raison de " la proximité de temps et de lieu " et d’une " certaine similitude " dans les blessures.


- L'association milite en faveur d'une perpétuité réelle -

Nicolas Sarkozy modère ses propos sur la pédophilie ?


Les propos du candidat UMP sur la pédophilie et le suicide «innés» choquent.
Sarkozy prend les catholiques à rebrousse-foi
Libé, le 9 avril

L'homme est-il libre ? Beau débat philosophique que celui lancé ­ sans doute bien involontairement ­ par Nicolas Sarkozy avec ses déclarations sur la prédisposition génétique à la pédophilie ou au suicide. Il a en tout cas réussi à unir contre lui le très antichrétien Michel Onfray et les milieux catholiques.

Samedi, l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, a asséné un coup de crosse au candidat de l'UMP, qui ne manque pourtant pas de se dire « catholique ».

(...) Nicolas Sarkozy déclarait : « (...) Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense. » Sur cette question, les catholiques ne peuvent qu'être très mécontents du candidat vers lequel penche pourtant la majorité des pratiquants. Partisan d'une « culture de la vie », les cathos ne cessent en effet de dénoncer tout ce qui ressemble de près ou de loin à l'eugénisme, le tri des embryons et, désormais, la « chasse génétique », selon le mot de Mgr Vingt-Trois.

Les catholiques de l'UMP se retrouvent bien embarrassés. (...) D'un côté, l'homme déterminé par ses gènes, de l'autre l'homme déterminé par son milieu.

(...) Evidemment, le très croyant François Bayrou n'est pas en reste. « Quand Nicolas Sarkozy en vient à dire qu'un bébé peut naître en ayant en lui une condamnation à la perversité ou au suicide, mais dans quelle société vit-on ? » s'est il exclamé, samedi, sur France 3.

(...) A gauche, le généticien Axel Kahn a affirmé hier sur RTL qu' « il n'y a pas de gène d'un destin malheureux » . Il a accusé Nicolas Sarkozy de « s'exonérer par avance de ses responsabilités en disant : si ça survient, le monde que je vais essayer de construire n'y sera pour rien. »

JOUE-LES-TOURS, Indre-et-Loire (AP), extrait - Placé une nouvelle fois au centre d'une polémique, Nicolas Sarkozy s'est félicité mardi d'avoir posé la question de la prédestination des pédophiles, tout en modérant ses propos précédents et en affirmant qu'il se "garderait bien de trancher" le débat.

"Quelle est la différence entre l'inné et l'acquis ? Je me garderais bien de le trancher", a-t-il affirmé en marge d'un déplacement à Joué-les-Tours (Inde-et-Loire), se montrant plus prudent que lors de ses déclarations précédentes.




Marianne n°520 : « les plus gros mensonges »


Marianne.info (10/04/07)
Sarkozy persiste et signe sur la pédophilie

Nicolas Sarkozy confirme ses propos sur l'origine génétique de la pédophilie, voulant ouvrir la porte au débat. Si à l'UMP on serre les rangs, les critiques et indignations continuent.

Il confirme.
Les propos de Nicolas Sarkozy tenus dans le numéro d'avril de Philosophie magazine sur l'origine génétique de la pédophilie ont suscité la polémique. Ce matin, sur France 2, le candidat UMP a confirmé sa position, prétextant ne pas vouloir fermer « la porte à tout débat ». « Qui peut me dire que c'est normal d'avoir envie de violer un petit enfant de trois ans ? Est-ce que c'est un comportement normal ? A partir de ce moment-là, quelle est la part de l'innée et la part de l'acquis ? » a-t-il demandé. Et le candidat de l'UMP de prendre un autre exemple pour étayer son propos : celui des jeunes qui se suicident. II avance que « génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable », ne voulant pas « qu'on complexe les parents ».

En dépit des multiples critiques et remises en cause de scientifiques – le généticien Axel Kahn juge la prise de position « relativement grave » – à l'UMP, on serre les rangs, et on défend le chef.

...


Montebourg contre le marchandage de Tapie…
Marianne.info (10/04/07)
Le soutien de Bernard Tapie à Nicolas Sarkozy « vient (...) allonger la liste des délinquants en cols blancs et des affairistes qui le soutiennent », explique Arnaud Montebourg dans Le Parisien/Aujourd'hui en France. Il dénonce ainsi le ralliement de l'ex-président de l'OM au candidat de l'UMP : « La seule question que je me pose, c'est quel est le prix de son ralliement ? Car il est évident que Tapie attend en retour qu'on manipule la justice à son profit dans l'affaire du Crédit lyonnais afin de se refaire une fortune engloutie. Tout cela n'a que le sens sonnant et trébuchant des promesses d'argent. »


- Ridicule -


April 8, 2007

Le caractère inné de la pédophilie ou du suicide des jeunes...


« Le faible d'esprit et l'homme de génie ne doivent pas être égaux devant la loi. » Alexis Carrel, L'homme, cet inconnu

« La République, ce n'est pas donner la même chose à chacun », « l'homme n'est pas une marchandise comme les autres. » Nicolas Sarkozy.

« Il nous faut retrouver cette foi dans l'avenir, cette foi dans les capacités humaines et dans le génie français », a dit Nicolas Sarkozy en se référant à « la France des croisades et des cathédrales, la France des droits de l'homme et de la Révolution ».


Un extrait de Wikipedia, page d'Alexis Carrel de ce 9 avril :

En 1935, il publia L'Homme, cet inconnu, qui fut l'objet de multiples traductions et rééditions, et dont le succès mondial dure jusqu'aux années 1950. Il y plaide pour un eugénisme éclairé, incluant l'euthanasie de toute une série d’indésirables et le reconditionnement au fouet des délinquants. Des passages misogynes ou mystiques peuvent également choquer le lecteur moderne. La préface de l’édition allemande de 1936 (trois ans après l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler) est plus claire :

« En Allemagne, le gouvernement a pris des mesures énergiques contre l'augmentation des minorités, des aliénés, des criminels. La situation idéale serait que chaque individu de cette sorte soit éliminé quand il s'est montré dangereux. »


Jean Rostand, biologiste et humaniste, recommandait lui aussi l'eugénisme, sous une forme non-violente, approuvant tant les écrits d'Alexis Carrel que la loi nazie de 1933 prévoyant la stérilisation de personnes atteintes de certaines formes de maladies mentales.

En France, Carrel prit une part active aux "Entretiens de Pontigny" dirigés par Jean Coutrot et adhéra au Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, parti pro-nazi. En 1941, ses relations avec le maréchal Pétain et ses positions eugénistes lui valurent d'être nommé "régent" de la Fondation française pour l'étude des problèmes humains chargée de "l'étude, sous tous ses aspects, des mesures les plus propres à sauvegarder, améliorer et développer la population française dans toutes ses activités".

PARIS (AFP), extrait - Nicolas Sarkozy s'est efforcé samedi d'apaiser la polémique née de ses propos sur un caractère inné de la pédophilie ou du suicide des jeunes, tandis que François Bayrou lui décochait de nouvelles flèches et que Ségolène Royal appelait à "une France de la réconciliation".

Des trésors de la langue française :

EUGÉNIQUE, subst. fém., EUGÉNISME, subst. masc.
Ensemble des recherches (biologiques, génétiques) et des pratiques (morales, sociales) qui ont pour but de déterminer les conditions les plus favorables à la procréation de sujets sains et, par là même, d'améliorer la race humaine. Eugénique positive, négative; eugénisme volontaire. Synon. vieilli eugénie. D'autres disent que c'est un gouvernement de francs-maçons qui par anticléricalisme tolère le Malthusianisme; Drumont doit dire que la Révolution et Napoléon ont privé la France d'eugénique (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1907-08, p. 300). Des thèses et des institutions qui veulent faire passer dans nos mœurs les procédés de l'eugénisme raciste, avec la stérilisation des anormaux (BIOT, Pol. santé publ., 1933, p. 47) :

La doctrine officielle réprouve l'eugénisme comme l'euthanasie, ne connaît que l'euh! des hésitations devant le problème des mesures à prendre pour étouffer dans l'œuf la plus terrible atteinte à la dignité humaine.
H. BAZIN, Tête contre murs, 1949, p. 401.


Hygiéniste, subst. (dans l'article HYGIÈNE, subst. fém.)
DÉR. Hygiéniste, subst. Spécialiste en matière d'hygiène. La santé des pauvres est ce qu'elle peut être, disaient les hygiénistes; mais celle des riches laisse à désirer (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 405). La prémunition contre la tuberculose au moyen du vaccin de Calmette et Guérin retient chaque jour davantage l'attention des hygiénistes et des médecins (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946, p. 52).


HYGIÈNE, subst. fém.
A. Branche de la médecine qui traite de tout ce qu'il convient de faire pour préserver et pour améliorer la santé.

(...) Hygiène publique. Partie de l'hygiène ayant pour objet la prévention des maladies contagieuses épidémiques`` (Méd. Biol. t. 2 1971). L'hygiène publique a inventé les crachoirs comme Dieu a inventé les femmes. La pureté n'exige pas la rétention, mais l'exutoire (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 247).
Hygiène sociale. L'hygiène sociale s'efforce de prévenir les maladies non contagieuses ou contagieuses, mais non épidémiques, qui en raison de leur durée ont un retentissement social important et à cause de cela sont dites maladies sociales`` (DEGUIRAL, Hyg. soc., 1953, p. 5). Il travaille bien Michou : aussi le voit-on premier en toute matière : arithmétique, dessin, hygiène sociale, calligraphie (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 224).

(...) Hygiène mentale. Ensemble des mesures conçues sur le plan de la collectivité pour assurer le dépistage et le traitement des maladies mentales, organiser leur prophylaxie, assurer une meilleure adaptation des sujets à leur milieu et à leur travail`` (Méd. Biol. t. 2 1971) :

2. ... les inspections faites par les soins du Comité National d'Hygiène Mentale ont montré qu'au moins 400 000 enfants, élevés dans les écoles publiques, sont trop peu intelligents pour suivre utilement les classes.
CARREL, L'Homme, 1935, p. 184.



INGÉNIEUX, -IEUSE, adj.
A. [En parlant de pers.] Qui fait preuve d'imagination et de savoir-faire.

(...) B. [En parlant de choses] Qui dénote de l'habileté et de l'imagination. Solution ingénieuse. Mon bon ami, dit le diable d'un air de mépris, tu n'es pas même capable de faire un opéra comique : il y a mille moyens très-simples et mille moyens très-ingénieux d'arriver à un pareil but (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 304) :

2. Non, mais quand j'envisage les trésors de rouerie, d'audace tranquille, de sournoiserie ingénieuse, que tu as dû jeter par les fenêtres pour mener à bonne fin une mauvaise action, j'en arrive à me demander si je ne suis pas, mois aussi, le Boubouroche de quelqu'un...
COURTELINE, Boubouroche, 1893, II, 1, p. 57.

(...) REM. Ingénieuserie, subst. fém., hapax. Synon. de usine. La plus grande et la plus perfectionnée torréfaction de café du monde, un ... un inguenho comme on disait autrefois chez nous pour désigner toutes les installations industrielles d'une plantation de canne à sucre au temps de l'esclavage, une ingénieuserie, une machinerie quasi automatique (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 363).

Prononc. et Orth. : [], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1380 « inventif » (J. LE FÈVRE, La Vieille, p. 5 ds T.-L.); 2. ca 1450 « qui dénote de l'habileté, de l'astuce » (Myst. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, XXXI, 27295). Réfection, d'apr. le lat. « intelligent, inventif », de l'a. fr. engignos « id. », attesté dep. ca 1160 (Eneas ds T.-L.; aussi engenious, début XIIIe s., ...

Clonage,
thérapies géniques,
comportements humains,
eugénisme …
Six conférences ONG-UNESCO dont :

L’Eugénisme en France (1913-1941) :
bilan des recherches
par Gwen TERRENOIRE
24 mars 2003

Des remarques préliminaires :

L’eugénisme en France pendant la première moitié du XXe siècle intéresse les historiens depuis quelques années seulement. Sauf quelques exceptions notables, les études viennent plusieurs années après celles concernant les cas américain et anglais et restent encore largement confinées au milieu relativement fermé des chercheurs.

En réalité, les historiens semblent avoir été précédés pendant les années 1970 par des chercheurs en sciences politiques qui au cours de leurs analyses des idées de l’extrême droite, retrouvent Alexis Carrel qui est reconnu par ce mouvement comme un des ses inspirateurs. Carrel conduit au dossier de l’eugénisme passé, ouvrant ainsi un nouveau champ pour les historiens de la science.

Depuis le milieu des années 1990 des contributions importantes ont été faites concernant les relations entre les idées eugénistes et la médecine, la psychiatrie et l’hygiène sociale mais nous sommes encore loin de comprendre le mouvement dans toutes ses ramifications. Le présent exposé a pour objectif de faire le point sur les connaissances acquises en la matière. La bibliographie liste les principaux textes sur lesquels nous nous sommes appuyés.


« Traite des enfants noirs » de la Réunion
Article paru dans le Monde, édition du 08.06.02

Il y a quarante ans, plus de mille enfants issus des milieux pauvres ont été enlevés illégalement à leurs parents et ont servi d'esclaves à des paysans français. « Le Nouvel Observateur » revient sur cette affaire.

MICHEL DEBRÉ, on s'en souvient comme du fondateur de la Ve République, dont il rédigea la Constitution et devint premier ministre, et comme le patriarche d'une grande famille qui a essaimé dans la vie publique française. Mais il a aussi longtemps été député de la Réunion, une île où il était parfois plus facile de se faire réélire que dans une circonscription métropolitaine. C'est là que - dans une discrétion aidée par l'éloignement de médias parfois trop curieux - ce chantre de la démographie, inquiet du manque de fécondité des familles françaises, a trouvé un vivier pour repeupler à bon compte des régions en désertification. Comme la Creuse. Le correspondant du Monde à Montpellier, Richard Benguigui, avait retrouvé au début de l'année une victime de cette traite nouvelle manière, Jean-Jacques Barbey, qui réclamait 1 milliard d'euros de dédommagement à l'Etat pour « enlèvement » ( Le Monde du 9 février). Dans sa dernière livraison, Le Nouvel Observateur revient sur cette douloureuse affaire avec un long reportage signé Mariella Righini.

Sous le titre « Les enfants volés de la Réunion », la journaliste écrit : « quarante ans plus tard, le scandale éclate. Plus de mille enfants issus des milieux pauvres ont été enlevés illégalement à leurs parents et ont servi d'esclaves à des paysans français. Aujourd'hui adultes, colère et espoir mêlés, ils veulent renouer les fils de leur destin. » Pour beaucoup, le drame a commencé dans des foyers pour petits délinquants ou sous la houlette de la DASS locale. « Un trafic d'enfants déguisé », explique Jean-Philippe Jean-Marie, ramassé pour le vol d'un collier de verroterie et envoyé en métropole ; son père était en prison, sa mère faisait des ménages. « Jean-Pierre Gosse, 12 ans en 1964. Il vit dans le bidonville de Sainte-Clotilde. Pour aider sa mère, célibataire, il récupère le cuivre et le verre dans la grande décharge de la capitale. Un jour, deux assistantes sociales de la DDASS l'accostent, un paquet sous le bras. Deux camions en plastique et quatre sucres d'orge pour lui et son frère. «A quelle heure rentre ta maman ? Que fait ton père ? Fais voir où tu dors.» Dans la case : une lampe à pétrole, deux lits. «Ce n'était pas un quatre étoiles», dit cet artisan plâtrier qui vit aujourd'hui à Ahun, dans la Creuse. Les «faiseuses de miracles» reviennent peu après et proposent à la mère d'emmener l'aîné en colonie de vacances. «Colo», «colon», le mot résonne comme «vraies vacances de petit Blanc» aux yeux de la femme de couleur. Et le voilà embarqué en 2 CV camionnette. » parents légitimes

Les voilà donc entassés dans des charters pour la métropole et envoyés vers des fermes isolées de la Creuse, du Gers, de l'Aveyron, du Tarn, de la Lozère ou du Cantal, où ils triment pour des familles de paysans dans des villages où l'on n'a parfois jamais vu de petits Noirs. L'hiver est glacial. Guère d'école pour ces « négros », « noirauds », ou « petits singes », qui dépriment loin de leur île ensoleillée. Pas de contacts avec les parents, foin des vacances promises à la maison. Pis, l'administration, pour faire malgré eux le bien de ces petits sauvages, va jusqu'à déchoir certains parents ou organiser des adoptions sans que les parents légitimes aient été informés. Tout ça sous le patronage de « papa Debré », racontent des victimes à Mariella Righini. Un Réunionnais chargé du foyer de Guéret, Alix Hoair, tente de les aider. Il sera limogé. Il se rappelle toujours ces gamins qui « étaient tous à la même enseigne, celle de l'esclavage ». Voilà qui explique pourquoi Jean-Jacques, Marie-Thérèse ou d'autres ont porté plainte pour « enlèvement et séquestration de mineurs », « rafle et déportation » ou « traite d'enfants » contre ceux qui leur ont « volé leur vie ».

Au cours de ces quatre décennies, beaucoup ont gâché leur vie, certains s'en sont sortis et sont restés sur place, d'autres ont retrouvé leurs racines. Mais tous conservent un sentiment amer contre une politique, et un homme.



L'enfance dans l'ombre du génocide
Le Monde, 6 Octobre 2000

Extrait  une étude précise et sensible, Katy Hazan décrit l'action des institutions juives - laïques et religieuses - qui ont recueilli après guerre les enfants de déportés . Initiées dès le lendemain de la défaite de 1940, les persécutions antisémites poussent immédiatement les juifs à lutter pour leur survie. Avec les rafles de 1942 qui touchent les familles sans distinction d'âge, la dramatique urgence de disperser et de cacher les enfants s'impose aux organisations juives. Totalement prises de court, elles en recueillent des centaines à l'abandon.


Les Réunionnais de la Creuse veulent faire reconnaître leur « déportation » en métropole
Le Monde, le 18 Août 2005

Extrait : De 1963 à 1980, 1 630 enfants ont été transférés. Me Gilbert Collard et Simon A-Poi, président de l'Association des Réunionnais de la Creuse, ont indiqué, mardi 16 août, lors d'une conférence de presse à Guéret, qu'ils assignaient l'Etat devant le tribunal administratif de Limoges pour « violation des lois sur la famille et sur la protection de l'enfance, violation des conventions internationales, non-respect des droits de l'enfant ». L'affaire devrait être examinée à l'automne. « Ce n'est pas gagné, mais c'est une bagarre qu'il faut mener », a déclaré Me Collard, avocat de l'association. Cette nouvelle démarche, qui s'inscrit dans une action engagée il y a trois ans, permettra d'éclairer une histoire méconnue.


Les enfances dérobées de la réunion
Le Monde, 15 Septembre 2005

Extrait : Il y a quarante ans, pour repeupler les zones rurales de métropole qui manquent de bras, l'Etat français entreprend « transfert » de 1 600 enfants réunionnais.ourd'hui, certains d'entre eux l'attaquent en justice pour « violation des droits de la famille ». Le 6 septembre 1966, en fin d'après-midi, deux autocars s'arrêtent devant le foyer de l'enfance à Guéret, dans la Creuse. En descendent plusieurs dizaines d'enfants. Ils arrivent de Saint-Denis de la Réunion. Trente heures de voyage. Ils sont épuisés, hébétés. Les images se bousculent dans leur tête. Ils sont aussitôt entassés dans des chambres collectives. Faute de place, des matelas sont installés dans le couloir.


L’AFFAIRE CARREL
Sur la question de l’eugénisme
Le Monde diplo, juin 1998

L’« AFFAIRE Carrel » a commencé lorsque le Front national (FN) entama, au début de la décennie, une campagne destinée à faire apparaître le médecin français collaborateur Alexis Carrel, Prix Nobel en 1912 pour ses travaux de technique chirurgicale, et auteur en 1935 d’un manifeste en faveur de la solution eugéniste des problèmes sociaux, L’Homme, cet inconnu, comme un penseur digne de figurer au panthéon des savants humanistes en tant que « père de l’écologie ».

Sous cette revendication affichée par l’extrême droite française pointait la volonté très réfléchie de s’avancer derrière une figure « nobélisée » de l’intelligentsia de Vichy : celle d’un homme dont les convictions, le discours public et l’effort institutionnel furent clairement antidémocratiques, ouvertement « biocratiques » et engagés dans une convergence manifeste avec le fascisme mussolinien et le nazisme.

(...) Biologiquement indésirables

RÉCEMMENT remise en lumière par des chercheurs lyonnais, l’appartenance d’Alexis Carrel au Parti populaire français, pro-nazi, pendant la période de Vichy, a été complètement passée sous silence par certains ouvrages, soit par ignorance, soit parce qu’elle contredit leur tendance subreptice à la réhabilitation. Mais il suffit de lire L’Homme, cet inconnu pour comprendre à quelle logique obéit le discours de Carrel. Parler d’eugénisme « positif », « volontaire », « nataliste » à propos de celui qui allait devenir en 1941, après sa carrière américaine, le régent de la « Fondation française pour l’étude des problèmes humains » sous l’autorité de Pétain est une absurdité doublée d’une offense grossière aux victimes du nazisme.

(...) L’eugénisme, on le sait, a été inventé par le statisticien anglais Francis Galton au milieu des années 1860. Fortement marqué par la lecture, en 1859, de L’Origine des espèces de son cousin Charles Darwin (qui refusera définitivement son assentiment à toute recommandation de type eugéniste), Galton formule le raisonnement suivant : la sélection naturelle assurant dans l’ensemble du monde vivant la diversité des espèces et la promotion des individus les plus aptes à partir du tri des variations avantageuses, et corrélativement l’élimination des moins adaptés, la même chose devrait se produire dans la société humaine eu égard aux caractères intellectuels. Or la civilisation développée entrave le libre jeu de la sélection naturelle, permettant une protection et une reproduction indéfinies des existences « médiocres », et induisant ainsi un fort risque de dégénérescence. Il faut donc engager une action de sélection artificielle institutionnalisée afin de compenser ce déficit, d’alléger ce fardeau et d’éviter ce risque.

Qu’en est-il alors de la fameuse distinction entre deux eugénismes, dont l’un serait honorable, et l’autre non ? La convention est de nommer « eugénisme positif » toute recette visant à favoriser les individus « supérieurs » sans pour autant porter atteinte à la survie et à la condition des « inférieurs ». Inversement, on désigne comme relevant de l’« eugénisme négatif » tout discours ou pratique se proposant d’obtenir une amélioration de la qualité biologique par une atteinte portée à l’intégrité de certains individus ou groupes considérés comme dysgéniques. Cela peut aller de l’interdiction de reproduction à l’élimination physique pure et simple, en passant par des stérilisations imposées, etc.

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Le numéro spécial du Bulletin d’information de La route de l’esclave fait le point sur les multiples activités menées à bien durant cette Année internationale et rend compte de la riche diversité culturelle qui constitue l’héritage paradoxal de l’esclavage : la culture, en effet, a pris sa revanche sur l’histoire en faisant fructifier les apports issus de cette rencontre forcée sans jamais perdre de vue l’horreur.

La traite négrière, l’esclavage et ses abolitions appartiennent à l’histoire. Pour autant, ils n’appartiennent pas au passé. Les enseignements que nous devons tirer de l’une des pages les plus tragiques de l’humanité ont valeur propédeutique. Dans nos sociétés, des mécanismes insidieux peuvent toujours transformer hommes, femmes et enfants en esclaves, en aliénant leur liberté et en niant leur dignité. L’UNESCO n’a pas seulement un devoir de mémoire à accomplir ; elle a également une obligation éthique de vigilance.

Katérina Stenou
Directrice de la Division des politiques culturelles
et du dialogue interculturel

Bulletin d'information
UNESCO, CLT-2005/WS/4


- Verdict : « L'euh! des hésitations devant le problème  » -