April 16, 2007

Un « carnet de justice » très particulier


Extraits de « J'ai menti » de Virginie Madeira :

« Tout devenait vérité dans la bouche du juge : `'Vous avez indiqué que..." »

« Je réalise aujourd'hui que la juge, en cherchant à me protéger, m'a au contraire isolée en m'empèchant de voir les gens que j'aimais et qui auraient pu me faire revenir à la réalité. (...) On ne m'a laissé voir que mes deux petits cousins », Gaspar, trois ans et David, huit ans.

Page 119, après le procès et la sanction, douze ans, « Chez moi, j'aurais été dans la réalité. Là, ce n'était pas ma famille, je n'avais rien à y faire, ce n'était pas mon histoire. (...) Je me disais qu'un jour on s'en sortirait. »


Jean François D. : « Il a fallu que je sois confronté avec la réalité de ce dossier pour cesser d'occulter. »

Carnet de justice
«Je regrette d'avoir sali cette robe»
Cour de cassation, audience disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM)
Libé, le 16 avril

Un jour qu'il siégeait en tant que juge assesseur dans une audience correctionnelle, Jean-François D. a vu son nom apparaître sur un listing parmi des clients de sites pédophiles. Au même titre que l'homme à qui il allait infliger un an de prison avec sursis. «Vous voyez votre nom figurer, avec votre adresse et vos coordonnées de carte bleue. Ce que je ne comprends pas, c'est votre absence totale de réaction», s'étonne le président de l'audience disciplinaire où le magistrat comparaît. «J'étais dans une sorte de dénégation. Pour moi, je n'avais jamais fait ça. Même si mon nom apparaissait, moi je n'avais pas regardé les mêmes choses», répond Jean-François D. «Ça tient du dédoublement de personnalité», remarque le président, perplexe. «On n'en est pas loin», admet le magistrat : «Cela ne m'est pas venu à l'idée de me déporter dans cette procédure.»

Mais quand les policiers débarquent à son domicile lyonnais, quelques mois plus tard, Jean-François D. se doute de l'objet de la visite et de ce qu'ils attendent de la perquisition. L'enquête a démarré aux Etats-Unis par le démantèlement de sites pédo-pornographiques. Plusieurs clients français, identifiés par des traces de paiement en ligne, ont été signalés à la justice. Les uns après les autres, ils sont poursuivis. Pour Jean-François D., les enquêteurs sont capables de situer au jour et à la seconde près ses connexions à «Virgin X Boys», et le nombre de ses téléchargements.

Chez lui, les policiers saisissent trois ordinateurs. Un portable, mis hors service par la foudre, contient environ 5 000 fichiers pédophiles téléchargés entre 2002 et 2004. Le second, utilisé pour son travail, ne contient aucun document répréhensible. Le troisième, un poste fixe, regorge de fichiers pornos dont une vingtaine, consultés en août 2006, mettent en scène «des mineurs dénudés dans des positions non équivoques», résume le rapporteur de l'enquête disciplinaire.

Lors de sa garde à vue, en septembre, Jean-François D. explique qu'il recherchait juste des photos de jeunes hommes nus. Mais que la pédophilie lui fait horreur. Il se connectait sur les sites incriminés, «par phases», à un moment où il allait mal. Mais, trouvant ces images «limites», il dit avoir cessé depuis 2003. Le docteur Pierre Lamothe, qui l'examine à l'époque, s'inquiète : «Il persiste à ne pas identifier sa pulsion.» L'expert ne lui détecte aucune pathologie mentale, mais «une fixation ambiguë sur la sexualité enfantine» et un comportement «masochiste autopunitif».

Ses pairs retracent sa carrière. A 50 ans, il n'a jamais été promu. Dès son premier poste, à Bastia, il est question de son «manque de maturité», de son «impulsivité», d'un «passage à vide à l'automne 2005». En 1997, à Carcassonne, il paraît se noyer dans les dossiers et dans l'alcool. Après un mi-temps thérapeutique, il redémarre à Strasbourg. En 2005, à Lyon, il débarque ivre aux audiences. Nouvelle cure. «Il semblait s'être ressaisi», explique le rapporteur. Jusqu'à cette affaire qui lui vaut une suspension, depuis octobre.

«Je ne peux pas nier, j'accepte l'idée que j'ai commis ces actes», dit-il. «Même les téléchargements qui datent d'août 2006 ?» insiste le président. «J'ai encore du mal à le croire», répond Jean-François D. Pourtant, il indique avoir entamé une thérapie : «Il a fallu que je sois confronté avec la réalité de ce dossier pour cesser d'occulter.» Il a recontacté le médecin qui l'avait expertisé. Le docteur Lamothe décrit chez son patient un «effondrement narcissique» et un comportement destructeur, suicidaire, qui se traduit notamment par des dépenses inconsidérées en restaurants et sorties. «Je sais que ces images sont la mise en scène d'une exploitation. Je regrette d'avoir sali cette robe», assure Jean-François D. «Comment voyez-vous votre avenir ?» demande le président. «Je n'en vois aucun», rétorque-t-il. Le représentant du ministère demande une mise à la retraite d'office. Le CSM tape un cran au-dessus dans l'échelle des sanctions : révocation.

Foire du Trône : le principal suspect serait revenu sur ses aveux
Selon ses avocats, l'adolescent nie avoir poussé le policier sous la nacelle du manège lundi dernier, alors que le procureur assure toujours qu'il a fait des «aveux» • Il a été mis en examen samedi avec trois autre jeunes
Libé, le 15 avril

(...) le principal suspect, suspecté d'avoir poussé le policier, serait revenu sur ses aveux.

Ce dernier, un adolescent de 15 ans, a été mis en examen par la juge Isabelle Minguet pour "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, sur personne dépositaire de l'autorité publique", un crime passible de 20 ans de réclusion, sous réserve de l'excuse de minorité (10 ans pour les mineurs)".

Une version contestée par les avocats du jeune homme (...) "Il nie avoir poussé le policier sous la nacelle et être à l'origine de son décès", a indiqué Me Antony Le Goff, en expliquant que le dossier était plus complexe que la présentation qui en a été faite.

"S'il a poussé le policier, c'était à une certaine distance de l'endroit où la nacelle passait", a ajouté Me Jean-Christophe Tymoczko, le second avocat du jeune homme, selon qui son client se serait débattu après avoir été ceinturé par un policier, dont il n'est pas sûr qu'il s'agissait de la victime.

(...) Selon le procureur, les aveux du jeune homme "ont été corroborés par de nombreux témoignages de personnes qui se trouvaient sur la nacelle" et par des membres de sa famille ayant indiqué qu'il s'était vanté d'avoir poussé le policier à son retour de la Foire du Trône. Le père, la tante et la belle-mère du jeune homme, présents samedi au palais de justice, ont nié que le jeune homme leur ait fait de telle confidence.


- Virginie : « Chez moi, j'aurais été dans la réalité » -


Posted 18 years, 6 months ago on April 16, 2007
The trackback url for this post is http://justice.cloppy.net/b.blog/bblog/trackback.php/1065/

Add Comment

( to reply to a comment, click the reply link next to the comment )

 
Comment Title
 
Your Name:
 
Email Address:
Make Public?
 
Website:
Make Public?
 
Comment:

Allowed XHTML tags : a, b, i, strong, code, acrynom, blockquote, abbr. Linebreaks will be converted automatically.

 
Captcha:
captcha image

Please type the content of the above image into the following form-field.