May 3, 2007

« Anne Crenier a assumé ses propos et justifié sa position »

LILLE (AFP) - Anne Crenier, une ancienne présidente du Syndicat de la magistrature (SM), a assumé mercredi au premier jour de son procès en diffamation à Lille ses propos sur la "partialité" de la juge Marie-Paule Moracchini dans deux affaires qu'elle a instruites, dont celle de la mort du juge Borrel.

Dans un entretien à la revue catholique Golias paru en septembre 2000 intitulé "La présidente du syndicat de la magistrature dénonce la partialité de la juge Moracchini", Mme Crenier reprochait à la juge d'instruction en poste à Paris ses méthodes de travail dans l'instruction sur la mort du juge Bernard Borrel en 1995 à Djibouti, et dans une deuxième affaire visant un ancien substitut au parquet de Toulon, Albert Levy.

Elle est poursuivie au côté du journaliste de Golias Medhi Ba pour complicité de diffamation, tandis que le directeur de la publication Luc Terras comparaît pour diffamation.

A la barre, Anne Crenier a assumé ses propos et justifié sa position, estimant que Mme Moracchini était "sortie des clous" au cours de son instruction dans l'affaire visant M. Levy.

Celui-ci, poursuivi à partir de 1998 pour violation du secret de l'instruction dans une affaire d'attribution du marché des cantines scolaires par la ville de Toulon, alors dirigée par le Front national, a été définitivement relaxé en novembre 2006 après huit ans de procédure.

La juge aurait ainsi cherché à "psychiatriser" M. Levy: "Il y a une désignation d'un expert-psychiatre dès la garde à vue alors qu'il n'a aucun antécédent de cet ordre", dénonce Mme Crenier, estimant que par ce biais elle avait "aggravé la déstabilisation d'Albert Levy" qui "a dérangé le milieu, une partie de sa hiérarchie et le préfet" du Var, à l'époque Jean-Charles Marchiani.

La prévenue reproche également à Mme Moracchini l'utilisation de moyens "disproportionnés" pour cette enquête, notamment le recours à des filatures et des écoutes téléphoniques.

"Je n'ai jamais eu de tels moyens à ma disposition pour traquer le grand banditisme dans le Var", abonde Albert Levy, entendu comme témoin.
Le magistrat confie avoir eu le sentiment d'un "acharnement judiciaire" à son encontre.

Dans l'enquête sur les circonstances de la mort du juge Borrel, l'ancienne présidente du SM -partie civile dans l'affaire- reproche à Mme Moracchini ses "opinions péremptoires" en cherchant à "valider la thèse du suicide" et en questionnant les experts en médecine légale sur cette seule hypothèse.

Chargée d'instruire ce dossier avec Roger Le Loire, Mme Moracchini avait été dessaisie par la chambre de l'instruction en juin 2000.

"Vous mettez clairement en cause l'impartialité des magistrats instructeurs, cela vous paraît-il proportionné par rapport au but poursuivi", l'interroge la présidente du tribunal.

"Le but, c'est quand même d'élucider le troisième assassinat d'un juge sous la Ve République", répond Anne Crenier. "Ce n'est pas un petit fait divers, c'est un sujet d'intérêt public".

Pour Elisabeth Borrel, la veuve du juge, entendue comme témoin, "tous les actes de Mme Moracchini démontrent que son seul souci était de ne pas instruire sur l'assassinat (de son mari)" et "d'habiller" le dossier pour aboutir "à un non lieu sur le suicide".

Le procès est prévu jusqu'à jeudi.


- La juge aurait ainsi cherché à "psychiatriser" M. Levy -


Posted 18 years, 5 months ago on May 3, 2007
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