May 9, 2007

Soupçon de « propagande électorale »


Libéblog
Une France berlusconisée
Nos voisins nous ont à l'œil
• Diabolisation exacerbée, élection transformée en référendum sur une personnalité: l'Italie connaît très bien tout cela. Depuis que Silvio Berlusconi a fait son entrée en politique en 1994, le pays est coupé en deux et aucun citoyen de la Péninsule n’est indifférent à l’homme politique...


Société
Le rejet du nouveau président se poursuit dans les grandes villes de France. Les anti-Sarkozy persistent et trinquent
Libé, mercredi 9 mai





Société
Un flic parle et sa hiérarchie s'emballe • Pression autour d'un policier qui s'est exprimé à l'occasion de la parution de son ouvrage.
Libé, mercredi 9 mai

Trop indépendant ou trop bavard ? Philippe Pichon, 37 ans, commandant de police à Coulommiers (Seine-et-Marne) et auteur du livre Journal d'un flic, paru fin mars (Flammarion), irrite fort sa hiérarchie. Celle-ci lui reproche un triple manquement, «à l'obligation de réserve, au devoir de discrétion et à l'obligation d'avis à l'autorité publique», selon les termes d'une lettre de mise en garde que lui a adressée le 20 avril la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de Seine-et-Marne.

Philippe Pichon se voit principalement soupçonné de ne pas avoir prévenu ses supérieurs lorsqu'il assurait la promotion de son livre, au cours de laquelle il a donné une cinquantaine d'interviews en presse écrite, télévision et radio. «Faux, réplique Me Jean-Michel Baloup, l'avocat du policier, lequel ne souhaite pas s'exprimer publiquement. A chaque fois qu'il devait parler de son livre, mon client a informé sa hiérarchie. A elle de définir la faute.» Contactées par Libération, ni la DDSP de Seine-et-Marne ni la Direction générale de la police nationale n'ont souhaité s'exprimer.

La pression semble néanmoins s'accentuer sur ce policier «indélicat». Le 23 avril, une deuxième lettre de mise en garde a accusé l'officier de ne plus assez s'investir dans son travail. Puis, le lendemain, une procédure administrative a été ouverte, marquée par un entretien entre Philippe Pichon et son directeur départemental. Enfin, vendredi, le chef du commissariat de Coulommiers aurait interdit à Philippe Pichon de travailler pendant le week-end électoral, invoquant «une suspension».

Me Baloup estime que, «sur le fond des propos tenus, tant dans le livre que lors de la promotion, on ne peut pas lui reprocher un manquement aux principes de neutralité et d'objectivité». Sollicité par Libération fin mars pour dresser un bilan de l'action de Nicolas Sarkozy Place Beauvau, Philippe Pichon estimait que, concernant cette période, «la police est restée dans l'urgence sécuritaire, dans l'action, les interpellations, la logique de production d'infractions, mais sans prendre de hauteur, en oubliant que l'objectif ultime à atteindre est la paix publique et le lien social, ce qui, philosophiquement, définit la concorde». Pas franchement insultant, voire pas stupide. Me Baloup devrait adresser dans la semaine un courrier au nouveau président de la République pour défendre la liberté d'expression.


Portraits
Philippe Pichon, 37 ans, commandant de police.
Cet humaniste exalté est menacé de mutation disciplinaire pour avoir manqué, dans son livre, à l'obligation de discrétion. • Poulet grillé
Libé 9 mai 2007





Soupçon de «propagande électorale»
Le livre d'un cadre de l'Observatoire de la délinquance, accusé par ses détracteurs d'être une ode à l'action sécuritaire de Sarkozy, remet en cause l'indépendance de l'institution.
Libé, mercredi 9 mai

Y a-t-il du rififi dans l'air au sein de l'Observatoire national de la délinquance (OND) ? Créé en 2003 par Nicolas Sarkozy alors qu'il était ministre de l'Intérieur, cet organisme est censé, selon son initiateur, «faire la lumière sur la réalité de la délinquance» en «toute indépendance» en traitant les statistiques de la criminalité (1). Il est chapeauté par un conseil d'orientation composé de hauts fonctionnaires (Intérieur, Education, Transports...), de représentants de la société civile (chercheurs, journalistes, représentants d'associations...), de politiques de droite et de gauche. Et c'est justement au sein de ce conseil d'orientation qu'un chercheur vient de pousser un coup de gueule sans équivoque contre l'un des cadres de l'OND, accusé d'avoir coécrit une ode à la gloire de l'action sécuritaire de Sarkozy tout en revendiquant l'indépendance de l'Observatoire.

«Propagande». Dans un article en ligne (2), Frédéric Ocqueteau, directeur de recherches au CNRS-Cersa, décrit les Stratégies de la sécurité (PUF), cosigné par Luc Rudolph et Christophe Soullez, comme «un ouvrage de propagande électorale». Il est vrai que ce livre est préfacé par Nicolas Sarkozy et que Luc Rudolph fut son conseiller pour la sécurité quand celui-là était ministre de l'Intérieur. Quant à Christophe Soullez, criminologue, il est chef du département études à l'OND.

«La période ouverte en 2002 par Nicolas Sarkozy apparaît, plus de quatre ans plus tard, comme un moment de rénovation intensive de la politique de sécurité», écrivent les deux auteurs, qui font la part belle au bilan du ministre de l'Intérieur avant de formuler 150 propositions qui ratissent large dans le champ sécuritaire : la 62e prévoit de «n'affecter en zone sensible que des agents confirmés», la 130e propose de «faciliter la procédure d'expulsion des nomades des lieux occupés indûment», tandis que la 118e prévoit de «traiter dès le jeune âge les dérives comportementales».

«Confusion des genres». Si Frédéric Ocqueteau refuse «d'apparaître comme le gauchiste de service», il est sorti du bois pour dénoncer «une confusion des genres sur laquelle personne n'a bronché». «Ce bouquin partisan est une vraie feuille de route pour le futur ministre de l'Intérieur. Je reproche à Christophe Soullez d'engager l'image de l'OND, indique-t-il à Libération. Comment peut-on se dire indépendant et être aussi engagé ?»

«Mettre en cause l'indépendance de l'OND à l'aune de ce que j'ai écrit n'est pas honnête, estime de son côté Christophe Soullez. On peut avoir des convictions, des idées, et en même temps exercer des fonctions de manière objective. En me mettant en cause, Frédéric Ocqueteau met en cause mes collaborateurs, qui ne partagent pas forcément mes idées. Depuis trois ans, j'ai toujours fait preuve d'impartialité à l'OND et à aucun moment Frédéric Ocqueteau n'a mis en cause ma neutralité. Il fait partie du conseil d'orientation de l'OND, il a validé nos conclusions. A plusieurs reprises il a apporté des modifications sur nos études, qu'on a prises en compte. On a travaillé en bonne intelligence.»

«Rapprochement». Au-delà de la polémique opposant les deux hommes, la question de l'indépendance de l'OND se pose plus largement pour Christophe Caresche, député PS et membre du conseil d'orientation de l'observatoire. En 2002, il fut avec Robert Pandraud (UMP) à l'origine d'un rapport préconisant la mise en place d'un tel organisme. Aujourd'hui, il estime que l'observatoire «a perdu son indépendance» avec un tel livre et surtout avec «le rapprochement» avec Nicolas Sarkozy opéré par Alain Bauer, grand patron de l'OND. Ce criminologue, ancien grand maître du Grand Orient de France, ne fait pas mystère de ses attaches professionnelles avec les ministres de l'Intérieur successifs : «Je me suis rapproché des ministres au fur et à mesure que je faisais ce métier. Je n'ai appelé à voter pour personne», dit-il. Quant à la polémique au sein de l'OND, Alain Bauer estime que «si un collaborateur de l'OND exprime une opinion qui soit l'inverse de la pensée officielle du ministère, elle est la bienvenue». «Mon éthique, c'est que les gens ont des opinions et qu'ils peuvent les exprimer».

(1) www.inhes.interieur.gouv.fr
(2) http://champpenal.revues. org/document673.html


- « La justice doit faire peur », a indiqué le ministre -


Posted 18 years, 8 months ago on May 9, 2007
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