May 16, 2007

Un Chinois sans papiers peut-être français

Elève studieux, Hai He Li est menacé d'expulsion. Un Chinois sans papiers peut-être français
Libé, le 16 mai 2007

On dirait un hall de lycée, c'est le tribunal administratif de Lille. Sana, Gladys, Naïma, Mélodie, William, Mélina, Laura et la classe de BEP comptabilité du lycée privé Louise-de-Marillac entourent leur copain Hai He Li, 21 ans, un jeune Chinois au sourire triste. Arrivé en France à 16 ans, il est sous le coup d'une obligation de quitter le territoire. Les élèves racontent : «Il a reçu la lettre en janvier. Il en a parlé aux profs. On a fait passer une pétition. Tout le lycée a signé, nos voisins, nos familles.» Naïma : «Toute sa vie est ici. Il n'a personne en Chine. C'est un être humain.»

Hai He est logé par l'aide sociale à l'enfance, qui paie aussi sa scolarité et lui verse une allocation du conseil général de 300 euros, jusqu'à l'été. Dans son dossier, un mot de sa prof de maths le dit «motivé, volontaire, assidu, doué pour les maths». Sa prof de comptabilité le trouve «studieux, poli, courageux, capable d'obtenir le bac pro, voire plus». Il a obtenu le CAP d'agent de restauration «avec félicitations du jury». Son éducatrice, Fabienne Imbert : «C'est un garçon exemplaire. Il ne faudrait pas que des décisions contre-productives viennent tout gâcher.»

Une caméra de télé s'approche. Hai He, tétanisé, chuchote dans le micro, puis va pleurer sur une chaise. En octobre 2003, le jeune homme avait fait une «déclaration de nationalité». La loi permettait à l'époque aux mineurs étrangers de devenir ainsi français sur demande. Mais le tribunal d'instance a contesté la validité de son acte de naissance. «Il n'y a pas de convention de reconnaissance des pièces administratives entre les deux pays. On lui demandait une preuve impossible», dit son avocate, Me Aurélie Goemine. En novembre 2005, rejet de la demande. Il fait appel. En attendant, il demande un titre de séjour. Rejet aussi, cette année.

Considéré comme sans papiers, alors qu'il est peut-être français, il se barricade chez lui, ne sort que pour aller à l'école. Son avocate a réclamé hier un sursis à statuer dans l'attente d'un arbitrage sur sa nationalité. Dans le groupe, Sana rigole : «Mais bon, comme dit M. Sarkozy, du moment qu'il sait parler français, qu'il a un logement, et qu'il travaille, hein ?» Décision dans un mois.


- On lui demandait une preuve impossible -


Posted 18 years, 5 months ago on May 16, 2007
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