May 19, 2007

La ministre a pu constater la lenteur des procédures

FLEURY-MEROGIS (AFP) - La nouvelle Garde des Sceaux Rachida Dati a entamé sa première nuit de ministre en prison, à Fleury-Mérogis, où elle s'est attardée dans le centre pour mineurs, affirmant sa volonté d'être "intraitable" sur la délinquance juvénile.

Rachida Dati a consacré sa première sortie officielle à l'univers carcéral, choisissant la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, grand ensemble de bâtiments implanté dans l'Essonne.

"Nous serons intraitables sur la délinquance des mineurs. On n'aura plus le laxisme qu'on a eu pendant longtemps", martèle-t-elle devant le personnel, rappelant notamment les projets contre le multirécidivisme. "Les mineurs, c'est un chantier présidentiel important", insiste-t-elle.

"Nicolas Sarkozy a été clair", répètera d'ailleurs plusieurs fois l'ancienne porte-parole du candidat UMP pour souligner la volonté du président de lancer dès l'été "une grande loi pénitentiaire", de favoriser l'insertion, combattre la récidive ou revaloriser le statut des surveillants.

Dominant la ministre de plus d'une tête, Paul est incarcéré à 17 ans après l'incendie d'un bus en Seine-Saint-Denis. "Ca vous fait réfléchir ?", lui demande Rachida Dati qui s'insurge contre l'image qu'il donne du département. "Vous discréditez plein d'autre gens du 93. Dans ce bus, ce sont des gens qui vous ressemblent", lui dit-elle. Paul est là depuis 14 mois. "Vous sortez quand ?", demande la ministre qui peut constater la lenteur des procédures quand il répond qu'il n'est que prévenu, attentant toujours son procès.

Quelques cellules plus loin, un autre détenu de 17 ans est soupçonné de meurtre avec préméditation. "Ca fait un peu beaucoup, non ?", lance Rachida Dati. "Vous n'avez pas l'impression de gâcher votre vie ?". "Un peu", murmure le jeune homme qui suit des cours de BEP, voit le psychologue les jeudis et sa mère au parloir les samedis. "C'est triste. Espérons que ce soit la dernière fois", soupire la nouvelle ministre.

Avec les surveillants autour d'une table, elle se veut rassurante. "Nicolas Sarkozy a été clair. Il y aura toujours un dialogue social", dit-elle à ceux qui s'inquiètent des retraites ou des projets de diminution de fonctionnaires. "En venant ici, j'ai voulu montrer au personnel pénitentiaire qu'il faisait partie intégrante de la justice", explique la ministre qui connaît déjà Fleury-Mérogis pour y avoir "fait quelques audiences" quand elle était magistrate au tribunal voisin d'Evry.

Dans l'aile des femmes, elle discute avec deux détenues des problèmes de garde d'enfants pour les mères incarcérés, puis visite chez les hommes le quartier de l'isolement où réside un détenu célèbre, Antonio Ferrara, surnommé le "roi de la belle". L'auteur d'une double évasion fait l'objet d'une surveillance rapprochée et ses promenades ont pour seul horizon une cour carrelée surmontée d'un épais grillage.

Le temps de signer le livre d'or et Rachida Dati rentre chez elle. Il est près d'une heure du matin.

PARIS (AP) - Les réformes de la justice promises par le nouveau président de la République vont engendrer "une augmentation remarquable du taux d'incarcération", estime vendredi dans un communiqué l'Union générale des syndicats pénitentiaires (UGSP CGT).

Nicolas Sarkozy a promis de mettre en place des peines plancher pour les multirécidivistes et de supprimer l'excuse de minorité pour les mineurs récidivistes.

Rachida Dati, la nouvelle ministre de la Justice, a déclaré vendredi, lors de la passation de pouvoirs avec son prédécesseur, qu'elle allait se mettre au travail "pour que jamais on ne puisse entendre que les engagements du président de la République sont restés lettre morte".

L'UGSP CGT considère au contraire que de véritables "politiques de réinsertion et d'accompagnement à la sortie" permettent de lutter contre la récidive et dénonce une "américanisation de la justice et de la prison".

Elle s'élève également contre la modification de l'ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs qui, jusqu'à présent, "mise sur l'éducatif face au répressif, dans la mesure où un enfant ou un adolescent est une personne en devenir".

Au 1er mai, la population carcérale était de 60.698 détenus, dont 712 mineurs.


- Elle se veut rassurante avec les surveillants -



Posted 18 years, 7 months ago on May 19, 2007
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