May 28, 2007

« Le tribunal va finir par ne délivrer que du ferme ! »





Le tee-shirt blanc du manifestant était-il noir? Anthony Lavielle, filmé lors d'un rassemblement anti-Sarkozy, conteste.
Libé, le 28 mai

Ce soir-là, il portait une veste noire. «Zippée, explique bien l'avocat, et fermée jusqu'en haut du col qui lui remontait sous le menton». C'était la nuit du 6 mai, celle du second tour de la présidentielle, et Anthony Lavielle, 20 ans, participe aux manifestations spontanées. Ils sont 2 000 devant la mairie, à Bordeaux. Il est là quand les heurts s'engagent avec les forces de l'ordre. «A l'écart», soutient-il. Il est encore là quand commence la vague d'interpellations. Et il n'y coupe pas. La sienne sera même filmée par les caméras de France 3.

Déféré en comparution immédiate comme une quinzaine d'autres jeunes, Anthony doit être jugé le 7 juin pour coups et blessures. Sauf que voilà, tous les procès-verbaux l'indiquent : les forces de police ont reconnu Anthony à son «haut blanc». «Il y a manifestement erreur sur la personne», conclut l'avocat du jeune homme, Gérard Boulanger. Et pour le prouver, il a besoin du reportage de France 3. Celui-là même où Anthony apparaît entouré de policiers et vêtu de sa fameuse veste noire. Problème : les responsables du bureau Aquitaine refusent obstinément de produire le document. Charte de la propriété intellectuelle à l'appui, ils maintiennent que le reportage ne peut être dupliqué que dans un cadre exclusivement «privé», et «en aucun cas pour servir à des fins judiciaires».

Assignée jeudi en référé pour une procédure d'urgence, la chaîne a obtenu gain de cause du tribunal, qui a rejeté la demande de l'avocat, se déclarant «incompétent». C'est donc sans la cassette qu'Anthony comparaîtra devant le tribunal correctionnel. «Pour le parquet, il n'est pas légitime d'établir la vérité, en déduit Me Boulanger. Il s'agit à tout prix de ne pas permettre la contradiction avec ce qu'avance la police.»

Pourtant, l'avocat reconnaît aussi que s'il est «un indice très fort», le reportage ne constitue pas «une preuve absolue». Car sous sa veste noire Anthony portait bien un tee-shirt blanc. Les policiers l'ont-ils effectivement reconnu, ou l'ont-ils décrit tel qu'il dormait sur sa couchette de garde à vue, son blouson posé à ses pieds, comme veut le croire Anthony ? Les juges trancheront le 7 juin.


- Le Canard n°4517 -


Posted 18 years, 5 months ago on May 28, 2007
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