June 19, 2007

L’OSE en question : piques et polémiques


Une opportunité pour envoyer un email à l'OSE France, à l'attention du service communication et de Roger Fajnzylberg :

Bonjour,

Je m'apperçois que Monsieur Fajnzylberg a été interviewé par Tribune Juive.

Cordialement,
Bruno KANT
http://justice.cloppy.net

T. J. : SOS Nechama redoute la perte d’identité de ces enfants…

R. F. : C’est absurde !
La réalité, c’est que certaines familles juives ne voient pas d’inconvénients à placer leurs enfants dans des familles non-juives. Il ne faut pas faire de tous les enfants de la communauté un bloc unique et homogène et leur imposer des normes qui ne seraient pas les leurs. Qu’on se rassure, l’OSE n’est pas coupable de détournement d’identité.


L’Œuvre de protection aux enfants juifs

En France, il y a deux organismes chargés de s’occuper des enfants juifs : l’OSE et l’OPEJ
, l’OEuvre de protection aux enfants juifs. Créée durant la guerre, l’association cachait des enfants juifs menacés d’arrestation et de déportation. Aujourd’hui, l’OPEJ ne s’occupe pas de placement familial, mais gère deux foyers pour enfants, particulièrement des enfants juifs, en difficulté. «Nous accueillons des enfants de toutes origines, mais nous nous efforçons de préserver la judéité des enfants», confirme une éducatrice de l’OPEJ. Les fêtes juives sont ainsi respectées et la nourriture est cacher. Pour elle, «c’est tout le système social français qui ne tient pas compte de la religion des enfants. République oblige. Les organismes veulent être libres de toute contingence identitaire».

De source Tribune juive :
L’OSE en question : piques et polémiques

L’OEuvre de secours aux enfants est chargée du placement des enfants juifs.
Ils sont de plus en plus nombreux à être hébergés au sein de familles non-juives. Et malgré l’obligation qui leur est faite de respecter la religion de l’enfant, peu le font. Les familles et les associations s’inquiètent.

Keren, onze mois, hurle d’impatience en voyant sa famille arriver. Depuis deux jours, elle ne l’a pas vue. Pour Sonia Flah, sa mère, ce sera la dernière visite de la semaine. Scène douloureuse mais assez banale dans cette pouponnière du 10e arrondissement de Paris, où la petite fille a été placée par la justice. Quelques moments de tendresse, une puéricultrice ouvre la porte et fait signe à la mère que son temps de visite est écoulé. Sonia repartira seule. Une situation qui dure depuis presque un an, depuis la prise charge de son enfant par un organisme de l’État. La famille Flah se bat pour récupérer sa fille et a bien du mal à comprendre les raisons de son placement. «Vous savez quand la machine administrative s’emballe… », déclare-t-elle, désabusée. Maigre consolation pour cette maman. Mais ce que redoute aujourd’hui Sonia Flah, c’est que sa fille soit placée dans une famille d’accueil. «Je sais que beaucoup d’enfants juifs sont placés dans des familles non-juives par l’OSE. Mais pour Keren c’est hors de question, ce serait la perdre une deuxième fois.»

«Pénurie» de familles juives
Ce que redoute Sonia, des dizaines de familles juives le vivent depuis des années. Régulièrement, des enfants juifs dont les parents ne peuvent plus s’occuper, sont remis par les juges à l’Œuvre de secours aux enfants (OSE). Reconnu par l’État, l’organisme se charge d’accueillir ces enfants dans des foyers ou bien de les placer chez des familles. «C’est normal, répond Jean Kahn, le président du Consistoire central de France, l’OSE est un organisme juif. C’est un peu la vitrine de la communauté pour les services de l’État.» Seulement, depuis trente ans, la célèbre institution confie de nombreux enfants juifs à des familles non-juives, des familles catholiques, musulmanes ou laïques. Faute, diton à l’OSE, d’un nombre suffisant de familles d’accueil volontaires au sein de la communauté juive. Pour répondre à cette «pénurie», en 2000, Jean Kahn a créé l’association Sos Nechama (« âme » en hébreu). Orchestrée par le Consistoire, une campagne de recrutement a été lancée pour mobiliser des familles juives. Une centaine a répondu à l’appel, une trentaine a obtenu l’agrément de la DASS, mais aucune n’a trouvé un écho favorable auprès de l’OSE. C’est le cas de la famille Zana, qui habite Créteil. Une fois l’agrément de la DASS en poche, Marcelle Zana a postulé auprès de l’OSE. «Mais ils m’ont répondu que l’agrément de la DASS ne leur suffisait pas, et que de toute façon, il n’y avait pas d’enfants juifs à placer.» De son côté, l’OSE affirme pourtant ne pas avoir assez de familles juives… Elles sont surtout jugées «trop orthodoxes », selon un des dirigeants. Il faut savoir d’autre part que l’accueil d’enfants représente aussi un revenu pour la famille d’accueil. Elle touche en moyenne 1200 €par mois, et l’OSE perçoit 2500 €de l’État pour chaque enfant placé. Marcelle Zana, à qui d’autres organismes agréés par la DASS ont confié des enfants non-juifs, ne comprend toujours pas l’attitude de l’OSE. Elle s’interroge. «L’organisation a-t-elle, oui ou non, la volonté d’intégrer ces enfants dans des familles juives?» Aujourd’hui, il est difficile de recenser le nombre d’enfants juifs placés dans des familles non-juives. «Une omerta pèse sur les chiffres de l’OSE. Ils se cachent derrière le secret professionnel», confie Françoise Atlan, vice-présidente de Sos Nechama.

«Les critiques ignorent la réalité»
Quand on demande au vice-président de l’OSE, Lucien Moatti, si l’Œuvre prospecte auprès de la communauté juive ou les médias pour trouver des familles, il répond que l’OSE n’a pas à faire de publicité. À l’OSE, « on préfère le bouche à oreille et les relations dans la communauté » pour trouver les perles rares. Pour eux, l’essentiel «est que les familles d’accueil soient volontaires, capables d’apporter l’amour et l’éducation», même s’il s’agit de familles non-juives. «Il nous arrive de recevoir des critiques sur ce point, concède Lucien Moatti. Mais pour nous, elles témoignent d’une telle ignorance de la situation réelle que nous préférons laisser dire.» Pourtant, depuis des années, l’OSE se targue aussi de préserver l’identité juive des enfants. Dans ses lettres d’information, Lucien Moatti répète que «l’OSE se doit de transmettre une éducation juive et ses traditions aux enfants. Nous avons même un conseiller rabbinique au Placement Familial. C’est lui qui étudie les cas ». Il s’agit en effet de Haïm Korsia, conseiller du grand rabbin de France au Consistoire, dont le président n’est autre que Jean Kahn, lequel défend le droit des enfants à être placés dans des familles juives. Quelle est donc la politique de l’OSE? Selon un rabbin, qui a préféré taire son identité, «l’organisme a une politique purement laïque. Elle ne prend pas en compte la dimension identitaire et religieuse des enfants car il n’y a pas de volonté de donner une tonalité plus juive à leur système ». Selon lui, «les dirigeants actuels de l’association ont une vision surannée de l’OSE». Celle de l’OSE d’il y a cinquante ans… «Ils ont fait de grandes choses pendant la guerre et nous devons beaucoup les remercier, mais le passé ne justifie pas les actes du présent.» Françoise Atlan, de Sos Nechama, monte au créneau. «Cela fait trente ans que l’on perd des enfants !» Aujourd’hui, elle voit dans l’attitude de l’OSE « un véritable abus de confiance». Vis-à-vis du juge pour enfants et de la communauté juive. «L’OSE joue sur la fibre juive mais ne fait rien pour pérenniser l’identité religieuse des enfants. Leurs foyers pour enfants ne sont même pas cachers.»

Les enfants en rupture identitaire
Spécialisée dans le droit de la famille, Laurence Amouyal Kouhana est avocate au barreau de Paris. Elle travaille avec l’association Sos Nechama pour accompagner les parents dans leurs démarches face aux services sociaux. Exemples à l’appui, elle affirme que «les enfants placés dans des familles non juives sont en véritable rupture identitaire : ils ne savent plus qui ils sont vraiment, ils perdent leurs repères. Surtout si la famille d’accueil a une religion qu’elle pratique». Pour elle, « un enfant placé a besoin de recréer un environnement qui lui est familier et la religion a une part importante ». En effet, lorsqu’il est accueilli, l’enfant a, selon son âge et selon son histoire, déjà commencé la construction de sa personnalité. Il est influencé par la culture de sa famille d’origine. Le président du Consistoire central, Jean Kahn, s’inquiète lui aussi. «Il y a un réel danger pour la communauté. Un enfant qui a été très tôt dans une famille non-juive a moins de chance de pérenniser son lien communautaire.» Ces enfants perdent peu à peu leurs racines dans ces familles d’accueil. S’estompe ainsi toute trace de leur judéité. «C’est une triste réalité et une évidence», mais pas pour le vice-président de l’OSE, Lucien Moatti qui considère que « les enfants élevés dans ces familles ne sont pas plus exposés à l’assimilation que les autres». La question se pose alors de la compatibilité entre les «deux familles» de l’enfant. Comment tout à la fois respecter la culture et la religion de l’enfant accueilli et permettre son intégration dans une famille d’accueil ? Le placement familial pose aussi des problèmes pour les autres communautés, chrétienne et musulmane. «C’est très difficile, que la famille d’accueil ait une religion ou non», reconnaît Catherine Gadot, catholique fervente, qui s’est vu retirer sa fille Angélique à l’âge de 10 mois. «Ma fille a été placée dans une famille musulmane. Mais nous n’avons ni les mêmes croyances, ni les mêmes pratiques, ni le même mode de vie. Je n’ai pas pu transmettre mes croyances à ma fille alors que j’en avais parfaitement le droit.» Aujourd’hui, Catherine est présidente de l’association Le Fil d’Ariane qui se bat justement pour les droits des parents. Elle pointe du doigt les dysfonctionnements du placement familial en France qui met trop souvent les parents à l’écart de l’éducation de leurs enfants. «D’après le Code civil et le Code de la famille, nous gardons pleine autorité sur nos enfants quand ils sont placés. Je n’ai rien contre le placement en soi. Je mène une lutte, avant tout, contre le manque d’écoute, contre le mépris dont sont victimes les parents d’enfants placés. Quand on m’a retiré ma fille, l’affaire a été entendue en une demi-heure. Je ne la voyais que le week-end, le reste du temps, personne ne me tenait au courant de son quotidien. J’ai mis dix ans pour me reconstruire. Ce que je veux dénoncer, c’est l’emballement des procédures. Le signalement peut se faire par n’importe qui et les services sociaux s’alarment un peu vite.» Quant à la famille d’accueil, elle doit respecter le passé de l’enfant, mais aussi sa liberté de pensée et de religion. Un droit trop souvent bafoué selon maître Kouhana. «La réalité sur le terrain est différente et certaines familles d’accueil entravent la nécessaire liberté religieuse.» Sylvie, placée dès l’âge de 8 ans avec sa sœur, reste ainsi très marquée par sa vie dans cette deuxième famille. Elle parle d’une enfance brisée par de mauvais traitements. «Ils nous traitaient de sales juives et nous battaient. Aujourd’hui, je veux témoigner pour éviter que cela se reproduise.» De son côté, Sos Nechama souhaiterait aujourd’hui obtenir l’agrément de l’État afin de pouvoir choisir des familles d’accueil juives et y placer elle-même des enfants. Devenir, en quelque sorte, un substitut de l’OSE. L’association a donc fait sa demande auprès du ministère de la Justice. Une demande qui est restée lettre morte à ce jour. Tout pourrait quand même s’arranger pour les familles. «Nous avons le cas d’un enfant placé, mais cette fois dans une famille juive», précise maître Kouhana. Il a suffi d’une simple précision sur l’ordonnance du juge pour que l’enfant soit dans cette famille. «Il faut que cela devienne un automatisme», afin que la famille d’accueil devienne le prolongement de la famille d’origine.
Rebecca Assoun

La procédure de placement

Tout commence par un signalement. Une personne constate ou soupçonne une atteinte physique ou morale
perpétrée sur un mineur de moins de 18 ans. Dès lors, l’ASE (Aide sociale à l’enfance) ou les services sociaux du département interviennent pour évaluer la situation. Les cas avérés sont renvoyés vers le Parquet du tribunal de grande instance. Selon le dossier, le juge pour enfant décidera du placement de l’enfant dans un foyer ou une famille d’accueil pour une durée indéterminée. Quand il s’agit d’enfants juifs, le tribunal oriente automatiquement l’enfant vers l’OSE, l’organisme juif reconnu. C’est donc en fonction du rapport des assistantes sociales de l’OSE que le placement va être entériné ou non. Si le placement apparaît comme la solution adaptée, la famille rencontre les parents et l’enfant. Les parents, eux, conservent leur autorité et les décisions du juge des enfants sont susceptibles d’appel. De son côté, la famille d’accueil s’engage à héberger l’enfant dans la connaissance et le respect de sa famille et de son histoire. Elle s’engage aussi à respecter sa religion.


Roger Fajnzylberg, directeur général de l’OSE

Tribune Juive : Pourquoi une telle cacophonie au sujet des enfants placés ?

Roger Fajnzylberg :
La manière dont l’OSE est accusée est tout à fait scandaleuse. Quant on parle de placement, on évoque des situations particulièrement difficiles. Nous essayons autant que possible de placer les enfants dans des familles juives, mais encore faut-il qu’il y en ait. SOS Nechama n’a pas l’air de comprendre les obligations légales et réglementaires de l’OSE. Trente personnes nous ont été envoyées par l’association. Dix-sept sont venues à la réunion d’information, mais seule une famille avait un agrément de la DASS pour une garde d’enfant à la journée. Quand nous lui avons proposé de devenir famille d’accueil, elle n’a pas donné suite. Dans e domaine, la bonne volonté ne suffit pas pour être habilité. Il y a un vrai problème de recrutement général, et pas seulement chez les Juifs. Mais le fait d’être Juif n’est pas un critère suffisant pour être famille d’accueil. Si cette polémique peut susciter des vocations, tant mieux.

T. J. : SOS Nechama redoute la perte d’identité de ces enfants…

R. F. : C’est absurde !
La réalité, c’est que certaines familles juives ne voient pas d’inconvénients à placer leurs enfants dans des familles non-juives. Il ne faut pas faire de tous les enfants de la communauté un bloc unique et homogène et leur imposer des normes qui ne seraient pas les leurs. Qu’on se rassure, l’OSE n’est pas coupable de détournement d’identité.

T. J. : Qu’en est-il du cas de la famille Flah ?

R. F. : C’est un dossier tenu par le secret professionnel, et je m’étonne que cette famille ait mis son histoire sur la place publique.
Pour des raisons de crédibilité, nous ne rentrons pas dans les polémiques. Mais pensez-vous vraiment que l’OSE prendrait un enfant dans une famille simplement pour le plaisir ? D’ailleurs, ce n’est pas l’OSE qui a décidé du placement en pouponnière, mais les pouvoirs publics et la justice. C’est donc que la famille était en grande difficulté. Ne cédons pas au manichéisme en ce domaine, et pensons avant tout aux enfants.

Propos recueillis par Fanny Bijaoui



- Fumisterie, l'OSE France ne fait pas son travail -


Posted 18 years, 4 months ago on June 19, 2007
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