June 23, 2007

« On ne sait pas où sont placés vos enfants »

Règlement de comptes à la crèche
Le père de deux fillettes a été innocenté des accusations d'inceste portées contre lui.
Libé, le 23 juin

C'était le 24 mai, à l'avant-veille du long week-end de la Pentecôte. M. et Mme Keller s'apprêtent à aller chercher à la crèche et à l'école maternelle de Belpech (Aude) leurs deux filles, âgées de 3 et 5 ans. Mais à 16 heures la mère reçoit sur son lieu de travail un appel téléphonique du centre médico-social de Castelnaudary, qui lui apprend qu'ils ne pourraient pas «récupérer [leurs] enfants à la fin de la classe parce qu'ils ont été placés par le procureur de la République dans deux familles d'accueil séparées». Stéphane Keller, le père, raconte : «Ma femme a demandé des explications. On lui a répondu : "On ne peut rien vous dire. On ne sait pas où sont placés vos enfants."»

Lettre anonyme. C'est ainsi que commence cette affaire, qui connaîtra un dénouement heureux le 8 juin, lorsqu'un juge rendra une décision de levée du placement. A l'origine, une lettre anonyme, laissant supputer des «faits de pédophilie de la part du père», indique Me Yves Férès, l'avocat de la famille. Ce courrier adressé aux services sociaux d'aide à l'enfance rapporte une anecdote qui se serait déroulée le 10 mai à la crèche. L'auteur de la lettre écrit avoir vu la petite fille âgée de 3 ans mettre la tige d'une feuille d'arbre dans les fesses de son poupon. Toujours selon cet écrit anonyme, la fillette aurait dit en substance au rédacteur du courrier que son papa faisait la même chose avec elle. A priori aucun autre témoin n'était présent au moment précis où la petite fille a fait ce type de confidences. Mais la lettre sera transmise au parquet, qui enclenchera immédiatement une procédure de placement des deux filles.

Tout sera démenti bien plus tard (le 6 juin) par un examen médical pratiqué par un médecin légiste, sur l'insistance de l'avocat de la famille. Son rapport indique que les enfants du couple Keller n'ont fait l'objet d'aucune maltraitance. Ce qui permet le retour au foyer familial des deux fillettes. Maître Yves Férès «n'exclu[t] pas que cette affaire puisse trouver sa source dans un règlement de comptes». Pour lui, Stéphane Keller, parent élu au conseil d'administration de la crèche, était devenu «un gêneur pour le personnel». En tant qu'administrateur, il avait remis en cause l'emploi à temps partiel de la directrice (deux jours par semaine), exigeant une direction à plein temps. Puis réclamé le remplacement d'une employée sans diplôme par une éducatrice. Stéphane Keller concède aussi «avoir eu des mots» avec une autre éducatrice concernant la pédagogie.

Secret. Aujourd'hui, l'avocat dénonce le déroulement de toute cette affaire, le placement des «enfants du jour au lendemain». Stéphane Keller estime que les autorités «auraient pu faire examiner d'emblée les enfants par un médecin légiste pour lever tout doute et éviter le traumatisme du placement». Pendant cette période, le couple est resté soudé. «Ma femme et moi, ça fait dix-sept ans qu'on est ensemble. On se connaît. Mais j'ai senti le besoin de lui dire que je n'avais rien fait à nos petites, parce qu'il peut toujours y avoir 0,1 % de doute. On a vécu deux semaines sous anxiolytiques.»

Libération a tenté vendredi de joindre la crèche en question. Un interlocuteur au téléphone a raccroché sèchement, après avoir lâché : «Monsieur, nous sommes tenus par le secret professionnel.»


- « Nous sommes tenus par le secret professionnel » -


Posted 18 years, 3 months ago on June 23, 2007
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