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« On a acquitté d'un trait de plumes 16 personnes que tout accuse »

STRASBOURG (AFP) - Au terme de trois mois de procès, la Cour d'assises du Bas-Rhin a condamné mercredi Pierre Bodein, dit "Pierrot le fou" à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 30 ans incompressible, pour trois meurtres d'une violence extrême, deux viols et deux tentatives d'enlèvements.

A l'issue d'un délibéré de plus d'une journée, les jurés se sont conformés aux réquisitions du ministère public qui avait réclamé une "peine de retrait de la société".

Ils ont en revanche acquitté ses 16 coaccusés, issus de deux clans de vanniers. Poursuivis pour complicité dans l'enlèvement et le meurtre de la petite Jeanne-Marie Kegelin, 10 ans, tuée sauvagement en juin 2004, ils ont été immédiatement libérés.

Bodein, multirécidiviste de 59 ans, est resté impassible à l'énoncé de sa peine, la plus lourde prévue dans le code pénal. Il a été reconnu coupable du meurtre d'Hedwige Vallée, 38 ans, et des meurtres et viols de Jeanne-Marie Kegelin et Julie Scharsch, 14 ans. Il a également été condamné pour deux tentatives d'enlèvements.

Eventrés et partiellement dénudés, les trois corps avaient été retrouvés après d'intenses recherches dans des cours d'eau situés des environs d'Obernai (Bas-Rhin).

Bodein avait été rapidement interpellé, confondu par des témoignages et par des empreintes génétiques des victimes retrouvées dans sa voiture ainsi que sur des couteaux lui appartenant.

"Pierre Bodein devait être défendu (...) Je l'avais préparé psychologiquement à ce verdict, il ne s'attendait pas à l'acquittement", a expliqué son avocat, Me Marc Vialle.

Bodein "m'a donné mandat pour interjeter appel, quant à savoir si je vais continuer à le suivre, c'est une autre histoire", a-t-il ajouté.

"Nous sommes très satisfaits (...) J'espère qu'il ne sortira pas, même en appel. On ne peut pas continuer comme ça, laisser des gens qui tuent et rendent des familles malheureuses", a expliqué Gabrielle Vallée, la mère d'Hedwige.

Me Thierry Moser, avocat de la famille de Julie Scharsch, a exprimé sa "satisfaction parce que Bodein a été condamné à la peine maximale". "Mais c'est en même temps un sentiment de déception car il ne nous a pas livré d'aveux, il ne nous a pas dit comment Julie était morte".

Tout au long du procès, les avocats des vanniers avaient souligné l'absence de charges matérielles contre leurs clients et la fragilité des témoignages contre eux.

Plusieurs enquêteurs ainsi qu'une des deux juges qui avait instruit le dossier Bodein pendant deux ans, étaient également venus à la barre dire leurs doutes quant à la culpabilité des vanniers.

Ces derniers ont exprimé leur soulagement à l'énoncé du verdict, échangeant des poignées de mains avec leurs avocats, également très émus.

Balthazard, contre qui 10 ans de réclusion avait été requis, a laissé éclater sa joie : "j'avais peur, c'est un très grand soulagement, les trois mois de procès, ça a été très dur", a-t-il déclaré. "J'étais innocent, en tôle pendant deux ans et demi", s'est-il encore exclamé.

"Je suis heureux, la justice a été rendue (...) Le coupable a été condamné et les innocents acquittés", a commenté son avocat, Me Olivier Zaiger.

"Les Kegelin ont le sentiment que leur fille a été assassinée parce que Pierre Bodein a été libéré trop tôt", a toutefois tempété leur avocat Me Wallerand de Saint Just.

"Nous avons la conviction que les Fuhrmann et les Remetter étaient coupables (...) On a acquitté d'un trait de plumes 16 personnes que tout accuse", a-t-il ajouté.

Une dernière audience doit être consacrée jeudi aux intérêts civils.


- « J'étais innocent, en tôle pendant deux ans et demi » -

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