July 19, 2007
La pérennité des liens familiaux serait « l’un des objectifs des politiques publiques »
Société
Le boom des monoparents
Le Centre d’études de l’emploi alerte sur la hausse des foyers à parent unique et l’exposition à la précarité.
Libé, jeudi 19 juillet 2007
Une jeune mère hébergée en foyer, un veuf avec des enfants à charge, des divorcées qui ont la garde des petits : les familles monoparentales sont multiples. Et en hausse. Depuis les années 60 leur nombre a doublé et on en comptait 1,5 million en 1999 (derniers chiffres du recensement). Dit autrement, en 1982 un ménage sur dix était composé d’un ou plusieurs enfants de moins de 25 ans et d’un parent seul. Aujourd’hui, c’est le cas de un sur cinq. En tout, 2,4 millions d’enfants vivent avec un seul parent. «Un défi majeur pour les politiques publiques», selon une étude du Centre d’études de l’emploi, publiée le mois dernier (1). Surtout quand on sait qu’entre 1994 et 2004, le nombre de familles monoparentales qui perçoivent le RMI a augmenté de 56,4 %, c’est-à-dire beaucoup plus vite que l’ensemble des ménages (+ 32,9 %).
Les caractéristiques de ces foyers ont changé. Au début des années 1960, les veufs et veuves représentaient 55 % des cas contre 7,5 % en 2004. Dans la même période, la part des divorcé(e)s a augmenté (de 15 à 42 %), celle des célibataires a fait un bond (de 8 à 41 %). Ces changements expliquent la féminisation de ces familles, car dans 85 % des cas de divorce, la garde des enfants est confiée à la mère.
Collège. Il y a différents profils. Les mères célibataires, celles qu’on n’appelle plus les filles-mères, sont plus jeunes que les autres parents. Un quart d’entre elles n’ont pas dépassé le collège. Souvent précaires de mère en fille, la maternité les valorise. Ces «single-mothers» n’ont jamais vécu en couple et sont hébergées, une fois sur cinq par leur famille. Elles ont des revenus faibles : 30 % touchent moins de 1000 euros nets par mois. 59 % d’entre elles occupent un emploi, souvent «atypique», (intérim, temps partiel). Parmi elles, on trouve des adolescentes, même si leur nombre a chuté de 10 000 à 4 000 en 25 ans.
La configuration la plus fréquente est celle des parents séparés : les trois quarts des situations de monoparentalité sont dues à une séparation. C’est aussi la plus complexe, car les enfants peuvent conserver des liens avec le parent absent. D’autant que le mode de la résidence alternée n’est pas pris en compte par les statistiques. Ni d’ailleurs les coparentalités, notamment de couples homosexuels. La pérennité des liens familiaux au-delà des séparations, rappellent les auteurs, est «l’un des objectifs des politiques publiques et l’un des rôles assignés à l’action sociale [...] : veiller au maintien de ces liens, économiques [...], sociaux [...] et affectifs».
HLM. Les familles monoparentales, diverses, ne sont pas toutes exposées de la même manière aux risques de pauvreté. Mais les chiffres sont évocateurs. En moyenne, elles ont un niveau de vie inférieur de 24 % à celui des ménages avec enfants. Après séparation, 6 femmes sur 10 déclarent restreindre leur train de vie, la moitié disent qu’elles ont juste de quoi vivre. Ces familles sont surreprésentées dans l’habitat social et portent plus souvent un avis négatif sur leur quartier. Davantage locataires que la moyenne des ménages (65 % contre 38 %), elles sont plus vulnérables aux hausses des loyers. Temps partiel subi, rémunération plus faible : les parents seuls sont «pénalisés» et «cumulent les désavantages». Il n’y a qu’à voir : la proportion des ménages monoparentaux sans emploi a franchement augmenté, passant de 9 % en 1975 à plus de 25 %, en 2002.
(1) Anne Eydoux, Marie-Thérèse Letablier, avec Nathalie Georges, les Familles monoparentales en France, disponible sur le site www.cee-recherche.fr
Les familles monoparentales sont plus exposées à la pauvreté LEMONDE.FR avec AFP | 19.07.07 Le nombre de familles monoparentales a plus que doublé en quarante ans, et elles représentent aujourd'hui 20 % des ménages avec enfant(s), estime un rapport du Centre d'études de l'emploi, publié jeudi 19 juillet. Environ 2,4 millions d'enfants vivent avec un seul des parents, le plus souvent la mère. La principale cause de la monoparentalité n'est plus le veuvage, comme dans les années 1960, mais la séparation des parents (trois familles monoparentales sur quatre), alors que le phénomène des maternités précoces a fortement baissé, à la différence de pays voisins comme le Royaume-Uni : le nombre de mères mineures est passé de 10 000 en 1980 à environ 4 000 à la fin des années 1990. FORTE HAUSSE DES ALLOCATAIRES DU RMI Certaines de ces familles présentent un "cumul de vulnérabilités". Les parents seuls ont plus souvent un faible niveau de formation et de qualification, ils sont deux fois plus au chômage que les autres parents (14,4 %, contre 6,9 %), et plus nombreux en chômage de longue durée. Ils sont autant exposés que les autres aux horaires atypiques – avec des problèmes d'organisation accrus –, leurs rémunérations sont plus faibles et plus concentrées au bas de la hiérarchie salariale. Le coût de la garde d'enfant comparé aux bas salaires ne favorise pas l'activité professionnelle des mères d'enfants de moins de 3 ans. Près de 60 % d'entres elles sont soit au chômage, soit sans activité professionnelle, contre 46 % des mères en couple. Le logement est aussi un point noir pour ces parents isolés, "surreprésentés dans le secteur du logement social", selon l'étude. Les familles monoparentales ont ainsi un niveau de vie inférieur de 25 % à celui de l'ensemble des ménages. "L'aggravation de la précarité et de la pauvreté des familles monoparentales est un défi majeur pour les politiques publiques", prévient l'étude. A l'heure actuelle, près du tiers des parents isolés sont bénéficiaires de minima sociaux (250 151 du RMI, 174 472 de l'allocation parent isolé). Entre 1994 et 2004, le nombre de familles monoparentales qui perçoivent le RMI a progressé très vite (+ 56,4 %, contre + 32,9 % pour l'ensemble des ménages). |
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Re: La pérennité des liens familiaux serait « l’un des objectifs des politiques publiques »
PARIS - La maternité a des conséquences négatives sur la carrière professionnelle des jeunes femmes, alors que devenir père ne semble pas avoir d'impact professionnel sur la situation des hommes vivant en couple, selon une étude publiée vendredi par le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq).
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Cette enquête s'appuie sur le suivi par le Céreq de la "Génération 98", constituée par un échantillon de 16.000 jeunes représentatifs des 742.000 qui ont terminé leurs études en 1998, et qui sont régulièrement interrogés sur l'évolution de leur vie professionnelle.
Qu'ils aient ou non des enfants, pratiquement tous les hommes interrogés sept ans après leur entrée dans la vie active ont un emploi à plein temps. Leur salaire ne varie guère en fonction du nombre d'enfants. Ainsi, 91% des pères affirment que leur situation professionnelle n'a pas été affectée par la naissance de leur premier enfant. Lorsque le deuxième arrive, 96% ne déclarent aucun changement.
En revanche, la situation des femmes vivant en couple diffère nettement si elles sont mères. Trente-deux pour cent des jeunes femmes confient que l'arrivée de leur premier enfant a eu une ou plusieurs incidences sur leur emploi, selon le Céreq. Après cette première naissance, 17% sont passées à temps partiel, 11% ont changé de poste ou accepté une mutation, 7% ont démissionné de leur emploi et 4% ont pris un congé parental à temps complet.
Le passage à temps partiel est encore plus fréquent après la naissance du deuxième enfant, puisque 35% des femmes réduisent leur temps de travail. Par ailleurs, 16% prennent un congé parental à temps complet et, au total, 49% déclarent que leur activité professionnelle s'est modifiée, poursuit l'étude.
Ces changements ne sont pas sans conséquence sur les revenus. Parmi les diplômées ayant au minimum un bac+3, l'écart de salaires atteint 12% entre les jeunes mères et les femmes sans enfant. Mais "les différences de rémunération s'expliquent pour l'essentiel par la durée du temps de travail, les jeunes mères étant plus souvent à temps partiel", constate le centre.
Dans la vie privée, 37% des femmes, contre à peine 3% des hommes, déclarent effectuer de façon régulière l'essentiel des tâches suivantes: passer l'aspirateur, préparer le repas du soir et faire les courses. Elles effectuent en moyenne 1,8 de ces tâches si elles n'ont pas d'enfant, 2 si elles en ont un et 2,1 si elles en ont plusieurs. Les jeunes hommes en réalisent 0,6, qu'ils soient père ou non et quel que soit leur nombre d'enfants.
Enfin, 25% des femmes qui gagnent au moins autant d'argent que leur conjoint, travaillent au moins autant d'heures et rentrent le soir en même temps voire plus tard assurent tout de même la majeure partie des tâches domestiques. Seuls 8% des hommes qui sont moins bien rémunérés et ont un temps de travail moins long que leur conjointe confient réaliser l'essentiel des travaux ménagers.
"Au sein des couples, des logiques de reproduction de rôles sociaux et conjugaux semblent donc encore bel et bien à l'oeuvre", concluent les auteurs de l'étude. AP
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Cette enquête s'appuie sur le suivi par le Céreq de la "Génération 98", constituée par un échantillon de 16.000 jeunes représentatifs des 742.000 qui ont terminé leurs études en 1998, et qui sont régulièrement interrogés sur l'évolution de leur vie professionnelle.
Qu'ils aient ou non des enfants, pratiquement tous les hommes interrogés sept ans après leur entrée dans la vie active ont un emploi à plein temps. Leur salaire ne varie guère en fonction du nombre d'enfants. Ainsi, 91% des pères affirment que leur situation professionnelle n'a pas été affectée par la naissance de leur premier enfant. Lorsque le deuxième arrive, 96% ne déclarent aucun changement.
En revanche, la situation des femmes vivant en couple diffère nettement si elles sont mères. Trente-deux pour cent des jeunes femmes confient que l'arrivée de leur premier enfant a eu une ou plusieurs incidences sur leur emploi, selon le Céreq. Après cette première naissance, 17% sont passées à temps partiel, 11% ont changé de poste ou accepté une mutation, 7% ont démissionné de leur emploi et 4% ont pris un congé parental à temps complet.
Le passage à temps partiel est encore plus fréquent après la naissance du deuxième enfant, puisque 35% des femmes réduisent leur temps de travail. Par ailleurs, 16% prennent un congé parental à temps complet et, au total, 49% déclarent que leur activité professionnelle s'est modifiée, poursuit l'étude.
Ces changements ne sont pas sans conséquence sur les revenus. Parmi les diplômées ayant au minimum un bac+3, l'écart de salaires atteint 12% entre les jeunes mères et les femmes sans enfant. Mais "les différences de rémunération s'expliquent pour l'essentiel par la durée du temps de travail, les jeunes mères étant plus souvent à temps partiel", constate le centre.
Dans la vie privée, 37% des femmes, contre à peine 3% des hommes, déclarent effectuer de façon régulière l'essentiel des tâches suivantes: passer l'aspirateur, préparer le repas du soir et faire les courses. Elles effectuent en moyenne 1,8 de ces tâches si elles n'ont pas d'enfant, 2 si elles en ont un et 2,1 si elles en ont plusieurs. Les jeunes hommes en réalisent 0,6, qu'ils soient père ou non et quel que soit leur nombre d'enfants.
Enfin, 25% des femmes qui gagnent au moins autant d'argent que leur conjoint, travaillent au moins autant d'heures et rentrent le soir en même temps voire plus tard assurent tout de même la majeure partie des tâches domestiques. Seuls 8% des hommes qui sont moins bien rémunérés et ont un temps de travail moins long que leur conjointe confient réaliser l'essentiel des travaux ménagers.
"Au sein des couples, des logiques de reproduction de rôles sociaux et conjugaux semblent donc encore bel et bien à l'oeuvre", concluent les auteurs de l'étude. AP
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L'article de Libé synthétise un rapport intitulé « Les familles monoparentales en France », disponible sur le site du Centre d'Etudes de l'Emploi (CEE). Du résumé du rapport, certains parents et enfants contesteront vivement : « Les politiques publiques ont cherché à s’adapter à la diversification des formes familiales et ont mis en oeuvre des dispositifs de soutien aux familles monoparentales, non seulement sous forme de prestations et d’allocations mais également sous forme d’aides au recouvrement des pensions familiales ou à la pacification des conflits parentaux. »
D'un dossier de iFRAP, voir la
rubrique Envoyé Spécial,
le reportage « Jamais sans ma mère »
De la conclusion du rapport du CEE : « Enfin, pour les parents séparés ou divorcés, la question est aussi celle de la contribution de l’expartenaire à l’éducation et à la prise en charge du coût des enfants ; cela suppose de favoriser le partage des responsabilités parentales (la coparentalité) et d’assurer le paiement des pensions alimentaires. L’affirmation du principe de coparentalité apparaît d’ailleurs essentielle, pour lutter contre la vulnérabilité des familles monoparentales… et contribuer à redéfinir les contours de cette catégorie, de manière à ce que les parents seuls ne soient pas seuls à élever leurs enfants. Toutefois, les difficultés de la mise en oeuvre de la coparentalité, ainsi que les polémiques sur les avantages et inconvénients des formes de partage des obligations familiales entre parents séparés restent vives, et font bien de ce principe une nouvelle frontière de l’action publique en faveur des familles monoparentales. »