October 29, 2005

Sans ménagement, un 11 octobre à Montreuil

Libération, le 28 octobre 2005
A Montreuil, les CRS font déménager sans ménagement
Des témoins molestés lors de l'évacuation d'un immeuble vétuste
par Dominique SIMONNOT, extraits :

Beaucoup l'ont vu, ce soir-là, devant la maison de quartier Lounès-Matoub à Montreuil. Une lycéenne : «Un type, un vieux aux cheveux blancs, que les CRS ont poussé et fait tomber dans le caniveau. Il s'est relevé difficilement, ils l'ont poussé encore... Il était couvert de sang.»

Soutiens. Ce 11 octobre à Montreuil, tout un quartier est en émoi. Un immeuble vétuste de la rue du Gazomètre a été évacué par la police.

Bastid fait partie, avec sa femme, de ceux qui occupent le centre social aux côtés des familles.

Quand les CRS sont arrivés, «je voulais convaincre les familles de sortir dignement du centre, dit encore l'enseignante, je suis entrée par une petite porte. Un CRS est arrivé par-derrière et m'a enserré la tête. Ils étaient trois dans ce petit couloir, j'étais seule avec eux. J'ai reçu un poing dans l'oeil droit». La directrice, 60 ans, est sortie, «je ne voyais plus, je pleurais». Elle souffre d'un déchirement de la rétine, et voit avec difficulté.

Plainte. Vers 20 heures, les CRS évacuent le centre social. C'est là que Paul et Jean-Pierre Bastid ont été tabassés. Pour ce dernier, Me Irène Terrel a déposé plainte auprès du procureur de Bobigny. Témoignages et photos à l'appui. L'écrivain y raconte comment, en compagnie des familles, il a assisté aux portes fracturées par les policiers. Evacué sans ménagement, il est «projeté à terre et piétiné», puis, quelques minutes plus tard, «deux CRS se sont précipités» et lui flanquent «un violent coup de poing sur le nez». Puis vient «un violent coup de matraque à la tête» de la part d'un «policier en civil». Enfin, «tandis que je titubais, rapporte Bastid, ils m'ont projeté et je suis tombé à la renverse sur les grilles». Les pompiers l'ont emmené au centre hospitalier. Bilan : traumatisme crânien, nez fracturé, côte cassée, paupière déchirée... Le parquet de Bobigny a confié l'enquête à l'IGS, la police des polices. Là où se trouve aussi, depuis lundi, la plainte de la directrice d'école «j'étais allée d'abord au commissariat mais ils ont refusé d'enregistrer ma plainte».

Occupation. Du côté de la préfecture, on fait savoir que «les policiers n'ont fait que se défendre devant des jets de projectiles, des appels à rébellion et des outrages. Auxquels se sont ajoutés des jeunes venant de cités voisines qui voulaient en découdre. Il y a eu des heurts, mais nous n'avons aucun signalement de personnes blessées». Ces jets, personne ne les a vus. Même pas ceux qui étaient opposés et même choqués par l'occupation du centre social. «Je ne comprends pas cette violence. A aucun moment je n'ai été agressive, je n'ai insulté personne, même quand j'ai pris le gnon, j'ai juste dit "Monsieur, vous m'avez fait mal".» assure la directrice de l'école Marceau.

Mercredi, la sénatrice communiste Nicole Borvo a saisi Pierre Truche, président de la commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS), de «ces violences policières d'une rare intensité».
Posted 20 years, 1 month ago on October 29, 2005
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