October 30, 2005

La mort au bout de l'appareil photo


Le Figaro, le 1er novembre 2005
Epinay : la mort en 90 secondes
Le Figaro a pu reconstituer le scénario de l'agression mortelle de Jean-Claude Irvoas, un quinquagénaire venu prendre des photos d'un lampadaire pour son travail, filmée jeudi seconde après seconde par une caméra de surveillance. Le film des événements, qui se sont déroulés sous les yeux de la femme et de la fille de la victime, est accablant.
Par Cyrille Louis, extrait :

15 h 53 m 50s : après un rapide repérage, Jean-Claude Irvoas, qui porte un T-shirt vert sous une veste noire, s'arrête devant le lampadaire et regarde autour de lui. Il hésite visiblement avant de sortir l'appareil numérique que sa fille, âgée de 16 ans, lui a prêté pour l'occasion. A cet instant, la caméra filme tout autour de lui des grappes d'adolescents qui «tiennent les murs» tandis qu'un enfant, vêtu d'un pull-over rouge, sillonne la contre-allée en vélo. «Situé au pied d'une cité sensible, cet endroit est un des hauts lieux du trafic de stupéfiants à Epinay, explique le maire (UDF), Hervé Chevreau. C'est d'ailleurs pour tenter de le sécuriser que nous avons décidé, au début de l'année, d'y implanter une caméra dans l'espoir que la police municipale puisse, en temps réel, contrôler ce qui s'y passe.»

15 h 54 mn 20s : trois jeunes gens vêtus de jeans et de vestes de survêtement entrent dans le champ, filmés par la caméra 15 et prennent le photographe en filature alors qu'il s'apprête à regagner son véhicule. En un clin d'oeil, l'un des agresseurs rejoint Jean-Claude Irvoas et tente de lui arracher son appareil photo. Une mêlée s'ensuit, en partie masquée par un saule voisin. Sur l'image, on devine qu'un des jeunes rabat précipitamment sa capuche sur son visage. C'est alors que la victime, qui a réussi à repousser l'un des assaillants au sol, tente de s'enfuir. En vain : il est aussitôt rattrapé par l'un des jeunes gens et s'effondre, terrassé par un coup porté au niveau de la tête.

Libération, 29 octobre 2005
La mort au bout de l'appareil photo dans une cité d'Epinay
Par Jacqueline COIGNARD, extraits :

C'était en plein après-midi, et la victime circulait avec femme et enfant dans l'une des rues du quartier d'Orgemont quand son regard a été attiré par les réverbères, d'un modèle original.

Confusion. Mais, dans ce champ de tours HLM, son initiative a, semble-t-il, été mal perçue. Selon les premiers témoignages, un groupe de jeunes l'a encerclé. A-t-il refusé de ranger l'appareil ou de donner sa pellicule ? «C'est plutôt l'appareil qui devait les intéresser», commente-t-on au parquet de Bobigny. La situation a complètement dégénéré. «Tout est parti très vite et de manière très confuse», selon une source policière. Les jeunes l'ont passé à tabac, sous les yeux de sa femme et de sa fille, restées dans la voiture. Sous les yeux aussi d'un certain nombre de témoins qui ne sont pas intervenus. Une supérette, un bar-PMU et une pharmacie contribuent en effet à rendre ce secteur plutôt animé. «Personne ne lui est venu en aide», commente-t-on chez les enquêteurs.

La brigade criminelle de la police judiciaire parisienne a été saisie de l'enquête, qui s'annonce «difficile et complexe» dans un «milieu où la police n'est pas la bienvenue», selon la même source qui évoque des premiers témoignages «confus et divers».
Posted 20 years, 1 month ago on October 30, 2005
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