August 7, 2007

« Il m’a percuté, et après il m’a roulé dessus »

Sur la ligne 170, un blessé après l’étrange «zigzag» du bus • Frédéric a été fauché par un véhicule de la RATP dans la banlieue de Paris. Il s’interroge sur le coup de volant du chauffeur et la lenteur de la police.
Libé, le 7 août, extraits

«Mais il est où le bus ?», a hurlé Kevin. Dans la foule, quelqu’un lui répond que le bus a continué sa route. Qu’il ne s’est pas arrêté. Le vendredi 6 juillet, vers 19 heures, Kevin s’est précipité au secours de son ami Frédéric, fauché par un bus de la ligne 170, devant la gare de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)). «Devant moi, la rue était vide, il n’y avait pas une voiture, dit Kevin. Je suis resté une minute ou deux à tourner autour de Frédéric, sans savoir quoi faire. Toute sa jambe était en charpie, j’avais jamais vu ça de ma vie. Les gens étaient médusés. Je me revois en train de crier sur eux.»

Grièvement blessé à la jambe, et toujours hospitalisé, Frédéric, un jeune Guadeloupéen de 27 ans et ses amis ne s’expliquent toujours pas la disparition du bus, le coup de volant inexpliqué du chauffeur, ni l’attitude des policiers de Saint-Denis, qui ont refusé de prendre sa plainte durant plus d’une semaine après les faits.

(...) Le chauffeur «aurait appelé son encadrement pour dire qu’il venait de se faire agresser». Mais il aurait omis de signaler l’accident qu’il avait causé, comme la présence d’un blessé. Il n’aurait déposé plainte pour «violences» que le mardi suivant.

(...) «Je traversais, et j’ai vu le bus arriver vers moi, raconte Frédéric (1). Je lui ai fait signe. J’ai essayé de l’éviter, mais il s’est déporté dans ma direction. Il m’a percuté, et après il m’a roulé dessus.»

(...) «Quand j’ai ouvert les yeux, j’ai vu la police se mettre en rond tout autour de moi, dit Frédéric. Ils avaient des flash-balls, ils contrôlaient les gens qui étaient là. Mais ils ne m’ont pas porté secours. Kevin m’a gardé éveillé en me donnant des claques jusqu’à l’arrivée des secours.» Selon Kevin, les pompiers n’arrivent sur place qu’après quarante minutes d’attente.

Les policiers croient sûrement à «l’agression».

(...) Résultat : des policiers qui refusent de recueillir sa plainte, un autre qui l’insulte, et une enquête qui ne démarre pas : les proches de Frédéric décident de prendre un avocat. Me Patrick Arapian écrit au parquet de Bobigny. Son courrier provoque l’ouverture d’une enquête préliminaire. «Le parquet n’était pas informé, s’indigne l’avocat. La police avait fait barrage . On est dans le 9-3 . On dirait un monde à part. On mise sur le fatalisme de la population. On espère que les gens ne diront rien.»

(...) Toujours hospitalisé aujourd’hui, Frédéric assume, seul, les frais médicaux. «C’est scandaleux, commente Me Arapian, si le préposé fait un accident, son employeur doit se manifester, d’autant qu’il sait qu’il y a quelqu’un dans un état critique. Finalement, on ne dit rien pour voir ce qui va se passer.»

- « Finalement, on ne dit rien pour voir ce qui va se passer » -


Posted 18 years, 2 months ago on August 7, 2007
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