November 5, 2005

Violences urbaines - Impuissance et mépris

Le communiqué de la LDH

Trente ans de mépris, trois ans d’arbitraire érigé en politique, faut-il s’étonner que ce que l’on nomme avec désinvolture « les quartiers » manifestent violemment leur désespoir ?

Les incidents qui se déroulent sont le produit des politiques suivies depuis des décennies. Certes, toutes les politiques ne se valent pas ; il n’en demeure moins que ce qui est en train de se dérouler n’est que le résultat d’échecs répétés et aggravés par trois ans de répression aveugle.

Face à cette situation, les seules réponses sont celles de la provocation, de la force et de l’impuissance. Le ministre de l’Intérieur exprime avec arrogance son désintérêt pour tous ceux qui sont laissés sur le bas côté de la route. En fait de Justice et de fermeté, seul le deuxième terme trouve à s’appliquer renforçant ainsi le sentiment que ce qui importe à ce gouvernement c’est de juguler ces révoltes plutôt que d’apporter des solutions. Comme chez tout gouvernement atteint par l’impuissance, le discours d’ordre remplace la construction d’un autre avenir pour des populations qui constatent qu’elles n’en ont aucun.

S’il est effectivement intolérable que les plus pauvres d’entre nous supportent ces manifestations de violence, le gouvernement est bien malvenu de stigmatiser des populations entières au point de provoquer l’accroissement des violences qu’il dit combattre.*

C’est d’une autre politique que nous avons besoin. Il en va de notre responsabilité collective.

Paris, le 3 novembre 2005



*) sauf s'il faut un prétexte pour oeuvrer auprès voire même placer les momes de certains milieux et, par tels moyens, pouvoir détourner les fonds qui devraient profiter à cette enfance et à ces milieux.

PARIS (AFP), le 4 novembre 2005 - Les violences qui touchent depuis huit jours les banlieues pauvres de Paris illustrent l'échec du modèle social et d'intégration français à l'égard des populations d'origine africaine et maghrébine, souvent victimes de discrimination, estime vendredi la presse européenne.

"Paris brûle", la banlieue parisienne "zone de guerre", "les émeutes raciales de la rage": les médias américains évoquent depuis quelques jours parfois en termes dramatiques les violences urbaines près de Paris et relèvent l'échec de l'intégration à la française.

Les principales chaînes de télévision montrent pour leur part depuis 24 heures des images des heurts noctures entre policiers et manifestants et des voitures incendiées. "Paris brûle", annonçait ABC jeudi soir. Pour sa part, un commentateur de CNN évoquait des risques de "guerre civile" et une possible instauration d'un "couvre-feu" et d'"envoi de troupes". Un envoyé spécial de CNN soulignait "le climat de peur" régnant dans les banlieues.

Le journal espagnol de centre-gauche El Pais estime que ces violences manifestent "un conflit d'intégration" pour des populations d'origine africaine et maghrébine, souvent victimes de "discrimination institutionnalisée".

Pour le quotidien libéral El Mundo, "les inégalités et le manque d'intégration" favorisent la violence, mais "un Etat ne peut tolérer les attaques de vandalisme de ces groupes (...) organisés comme une guérilla urbaine".

"La tradition en France d'insister sans compromis sur l'identité française a rendu la vie difficile aux minorités; bien qu'elles aient en théorie les mêmes droits que les autres citoyens (...), elles souffrent en pratique d'une discrimination non officielle face à l'emploi et au logement", renchérit le journal britannique conservateur The Times.

"Les émeutes de Paris ont porté atteinte à la tolérance et à l'harmonie sociale, mais aussi à l'establishment politique français" et notamment au ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, accusé d'avoir attisé le feu avec des propos provocants, ajoute le journal.

Pour le quotidien économique néerlandais Het Financieele Dagblad, les banlieues françaises sont "des volcans qui entrent en éruption à peu près tous les dix ans".

En Italie, le journal économique Il Sole-24 Ore compare la situation française avec celle de Los Angeles (Etats-Unis) où "la réhabilitation des ghettos reste une promesse", et celle de Londres où "après beaucoup de tensions, l'intégration est en voie d'amélioration".

Pour le quotidien finlandais Hufvudstadsbladet, ces troubles ne sont pas le fait "de jeunes isolés" mais un "cri d'alerte de toute une génération d'enfants de l'immigration que la société française n'a pas intégrés". "Quelle aubaine pour le terrorisme!", conclut l'éditorial du journal, qui titre: "Une vie sans avenir conduit aux troubles".

Dans la même veine, le quotidien tchèque Dnes estime que ces événements "s'inscrivent sans nul doute dans le grand thème 'Où les musulmans de l'Europe se dirigent-ils?', qui ne cesse de fasciner et d'inquiéter".

"Les conséquences (des violences) risquent d'être catastrophiques pour la France car chacun de ces jours de guerre jette de l'huile sur le feu des relations déjà tendues avec la société majoritaire", relève Dnes.

Le quotidien genevois Le Temps note, lui, que cette situation "est le fruit d'un long pourrissement dans lequel tous les gouvernements, de gauche comme de droite, ont une part de responsabilité" en France.

Ces émeutes ont en outre "caillassé" autant les ambitions de Nicolas Sarkozy, candidat déclaré à l'élection présidentielle de 2007, que celles du Premier ministre Dominique de Villepin, selon le journal suisse.

"Nous pouvons voir comment on aboutit à l'escalade d'un conflit en répondant à la violence par la force", dit l'experte danoise Susanne Branner Jespersen, du Centre de recherches sur la jeunesse au quotidien danois Berlingske Tidende (conservateur).

"Le gouvernement français a raison de dire que la ligne dure n'est pas suffisante", commente un éditorial du quotidien de référence suédois Dagens Nyeter. Mais "malheureusement le gouvernement français (...) a du mal à voir que la solution à long terme est une économie plus libre qui peut donner plus de croissance" et donc plus d'emploi.

Pour le quotidien autrichien Der Standard (centre-gauche), "les autres pays européens doivent prendre au sérieux la leçon française et s'efforcer au maximum d'intégrer les immigrés, pour ne pas apporter d'eau au moulin des leaders populistes et surtout maintenir la cohésion pacifique de la société".



PARIS (AP), le 5 novembre 2005 - La neuvième nuit de violences urbaines en banlieue parisienne ainsi que dans plusieurs villes de province a entraîné la destruction de près de 900 véhicules, tandis que plus de 250 personnes étaient interpellées dans toute la France, selon le bilan du ministère de l'Intérieur.

Le chiffre de 258 interpellations (258) a été donné par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, au sortir d'un conseil restreint présidé par le chef du gouvernement, Dominique de Villepin. AP

Posted 20 years, 3 months ago on November 5, 2005
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