October 6, 2007

Des messages contre la psychiatrisation et le regard normatif binaire


Partis de la place du Châtelet, environ 400 manifestants ont participé samedi à Paris à la 11e édition de "Existrans", la marche des personnes transsexuelles et transgenres, qui dénoncent l'emprise de la psychiatrie sur leur prise en charge. "Contre la psychiatrisation, Resistrans" proclamait la banderole de tête du cortège qui a ensuite traversé le quartier du Marais pour gagner la place de la République. • Considérés comme des malades mentauxTF1-LCI





A ces gens, il se pose au moins le double problème de la psychiatrisation et du regard normatif binaire ce qui n'est pas sans rappeller la manière dont sont traités certains dossiers d'assistance éducative.

Ces gens se plaignent également de parcours judiciaires longs et couteux. Est-il utile de préciser que de tels parcours peuvent être causes de souffrances inutiles ?

Nous sommes là dans le registre de l'impensable, de l'indiscible, de l'inaudible pour bon nombre. Lorsqu'on ajoute à cela le regard normatif de l'expert puis d'un juge, formaté à l'ENM à être suspiçieux ainsi qu'à punir, condamner, on ne peut plus qu'imaginer le pire lorsque l'administration ne connait que deux genres : masculin ou féminin.

J'ai été au tribunal pour une simple inscription sur la liste électorale, Nanterre m'avait refusé sur la liste. J'ai aussi très souvent eu à débattre - en vain - avec des juges dans le cadre de l'affaire qui concerne mon aînée Justine. Je ne souhaiterai pas avoir à plaider ou à débattre au sujet de telles questions d'identités de genre.

Cet après midi, au cours d'une discussion, j'ai expliqué que j'attends depuis un moment l'opportunité d'un réel débat mais en place publique et non plus à huis clos chez le juge pour enfant de Nanterre : ça a fait sourir mon interlocuteur. A un autre moment, j'ai évoqué le cas des sourds qui ont eu à souffrir eux aussi, jusqu'à peu encore, de traitements particuliers.


« Comment témoigner dans une langue qui ne s’écrit pas ? » Comment transmettre la mémoire dans une langue des signes jusque-là interdite ? Quand on est sourd, c’est la possibilité même du témoignage et donc de la mémoire qui est remise en question. » • Témoins sourds, témoins silencieux, un documentaire de Brigitte Lemaine

PARIS (AFP) - "Psychiatres partout, hormones nulle part !" : la marche des transsexuels, qui a réuni samedi à Paris environ 400 personnes, entend dénoncer pour sa 11e édition la "psychiatrisation" du regard porté sur leur singularité et de leur prise en charge médicale.

"On est encore considéré comme des malades mentaux", a déploré Caphi, 49 ans, qui a commencé son traitement hormonal pour devenir une femme il y a trois ans. "On demande à disposer librement de notre corps, en quoi ça gêne ?", poursuit-elle, reconnaissant avoir franchi le pas tardivement alors qu'il se travestissait depuis l'adolescence.

Le transsexualisme est inscrit depuis 1996 dans la liste des troubles de l'identité sexuelle par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et à ce titre, toute démarche de "transition" pour changer de genre doit passer par les fourches caudines d'un suivi psychiatrique.

Les manifestants - des personnes trans mais aussi des militants d'associations gays, lesbiennes et des droits de l'homme - dénonçaient le regard "normatif et binaire" imposé à ces populations.

"Un homme, c'est comme ça; une femme, c'est comme ça : ta gueule le psy, tu nous fatigues", chantaient les manifestants, certains regroupés derrière une banderole indiquant: "les normes sont trop étroites pour penser nos réalités".

"Il faut faire sortir la question trans du champ médical et la ré-inscrire dans le champ du politique au sens noble, celui du +vivre ensemble+", a renchéri Jean-Raphaël Bourge, militant de l'association les Panthères roses.

Les évolutions les plus urgentes sont d'ordre "pratique", il s'agit de "simplifier les procédures de changement d'état civil", explique July Schultz, de l'assocation Existrans qui organise la marche.

En France, pour passer de monsieur à madame (60% des cas) ou inversement sur ses papiers d'identité, il faut passer par le tribunal de grande instance. "On pourrait ramener ça à une procédure administrative", propose July Schultz car le parcours judiciaire est "long et coûteux" en raison des expertises médicales et psychiatriques à la charge du requérant et que les associations chiffrent à environ 3.000 euros.

"Si dans la vie sociale on est madame et que nos papiers disent le contraire, ça complique singulièrement la vie, pour avoir un travail ou un logement", argue-t-elle.

Parmi les manifestants, une transsexuelle peu vêtue de blanc s'est attachée à une croix de bois surmontée d'un écriteau demandant simplement le "respect".




Les normes sont trop étroites
pour penser nos réalités


Dossier Trans Revolution
Pour la reconnaissance des trans’ identités

Sur mouvements, des idées et des luttes

Sur www.flickr.com, 06Oct07 - ExisTrans' [Event]
Un reportage photo de Philippe Leroyer





Convention internationale des droits de l’enfant

Première partie, article premier (*)
Au sens de la présente convention, un enfant s'entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt, en vertu de la législation qui lui est applicable.

Première partie, article 8
1. Les États parties s'engagent à respecter le droit de l'enfant de préserver son identité, y compris sa nationalité, son nom et ses relations familiales, tels qu'ils sont reconnus par la loi, sans ingérence illégale.
2. Si un enfant est illégalement privé des éléments constitutifs de son identité ou de certains d'entre eux, les États parties doivent lui accorder une assistance et une protection appropriées, pour que son identité soit rétablie aussi rapidement que possible.


*) Je le cite car il me parait nécessaire de rappeler à certains qu'un enfant est un être humain - et je renvoie à l'article 1 des déclaration universelle des droits de l'homme.





- Des messages d'ActUp, de Résistrans ! de LGBT, etc... -


Posted 17 years, 11 months ago on October 6, 2007
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