October 31, 2007
Non, toutes les associations ne se valent pas !
Un dossier du Figaro
Actualité | Débats & Opinions
Non, toutes les associations ne se valent pas !
Le Figaro, le 29 octobre
Par Pierre-Patrick Kaltenbach, président des Associations familiales protestantes, conseiller maître honoraire à la Cour des comptes.
Il existe un relativisme associatif. Il consiste à affirmer sans débat que toutes les associations se valent, que toutes sont justes et qu'il ne saurait être question d'effectuer le moindre tri sous peine de « jeter le bébé avec l'eau du bain ».
Or le bébé est en train de se noyer dans l'eau sale et c'est le Medef qui lance l'appel à la certification : « La transparence financière, le Medef la demande pour toutes les organisations professionnelles et interprofessionnelles, pour toutes les organisations syndicales et pour toutes les ONG » (16 octobre 2007).
Or les associations sur fonds publics présentent quatre spécificités qui font mieux comprendre les effets désastreux du relativisme sur nos finances publiques et notre démocratie.
- Les moyens : 1 600 000 salariés et 10 % du PIB sous pavillon 1901, le tout sous le regard éberlué de 12 millions de bénévoles. Le salariat chasse le bénévolat des associations employeurs.
- La concentration : 4 % des associations soit 30 000 à 40 000 « employeurs » regroupent 80 % des salariés et des fonds publics.
- La démesure des prétentions morales : l'association serait juste par statut et nature d'activité. En trente ans, elle est devenue moralement autonettoyante.
- L'outrecuidance des prétentions politiques. Au président de l'Association des maires de France qui l'interrogeait sur la demande de la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA) de signer la charte des employeurs sur fonds publics, Michel Charasse répond le 5 novembre 2001 : « Vous m'envoyez le texte de déclaration commune avec les associations. Je trouve que ce texte est du baratin insipide qui noie le poisson. Je n'ai donc pas l'intention de m'associer à une démarche collective qui sent son curé et son gauchisme à plein nez. »
Démesure et outrecuidance n'ont pas échappé à Raymond Boudon, qui commente l'opération « Don Quichotte » : « Que le pouvoir politique cède à la pression médiatique est très inquiétant sur l'état de nos institutions. Conséquence, la rue peut désormais faire la loi* sans mandat, sans représentativité, et avec pour seule caution le coup médiatique. Du coup, des éléments essentiels de notre devenir peuvent se jouer au sein d'associations qui s'érigent en représentants autoproclamés de la population à l'occasion de crises. C'est un phénomène typiquement français que l'on ne retrouve dans aucun autre pays d'Europe. Le comble est que l'on nous fait croire que cette démocratie participative constituerait un degré supérieur de la démocratie » (Le Figaro du 19 janvier 2007).
Au nom d'une supériorité morale par décret, ces Antigone subventionnées se prétendent représentatives de la société civile. Et comme leur existence dépend des administrations qui les ont constituées en courroies de transmission, elles sont devenues le bras séculier d'un secteur public déjà pléthorique.
Catherine Bidou décèle chez les classes moyennes françaises « une participation exceptionnelle au tissu associatif et une propension à prendre le pouvoir localement en colonisant la société civile dans les domaines éducatifs, culturels, voire dans la décision politique par voie élective ». Louis Chauvel poursuit : « À l'opposé des autres pays, la France reste marquée par des classes moyennes dont le rapport au politique en comparaison avec leur rapport à l'ordre économique est une caractéristique prédominante à la mesure du mouvement de 1968 et de leur conquête politique en 1981. » (1)
Pierre Rosanvallon l'avait pressenti en 1998 : « C'est l'aggravation du déséquilibre électoral du PS entre salariés du public et salariés du privé qui comporte des risques graves pour son avenir politique. Le clivage secteur public-secteur privé devient donc électoralement de plus en plus significatif, dans un contexte politique où la réforme de l'État, la réduction des déficits publics, l'adaptation des services publics à la concurrence mondiale deviennent des enjeux politiques cruciaux en France. »
Marcel Gauchet en tire la conclusion sociologique la plus pertinente : « Voici pourquoi la déferlante individualiste continue de s'abattre sur le grand chaudron des bureaucraties redistributrices. » (2) Que les principaux employeurs sur fonds publics suivent donc l'appel du Medef. Serait-ce insultant, pour des associations qui se présentent aux élections prud'homales depuis 2002, d'être qualifiées d'employeurs ?
Il s'agit de combler un triple déficit de connaissance, de cohérence et de gouvernance. L'Insee doit trier entre associations selon leur taille, le volume, l'origine et la nature de leurs ressources, la prédominance du bénévolat ou du salariat, une représentativité, une transparence et une gouvernance crédibles parce que certifiées par des organismes indépendants comme l'Afnor.
Le Parlement doit se doter d'un corps d'auditeurs à l'instar des grandes démocraties. À l'instar de la Charity Commission britannique, la Cour des comptes doit se doter d'une « chambre des associations ». Le Conseil d'État doit proposer un statut pour « employeur associatif ». Le Conseil national de la vie associative doit s'ouvrir aux non-Parisiens et aux bénévoles. Le président de la République doit instituer la structure interministérielle qui fait cruellement défaut.
Nos prédécesseurs ont séparé l'Église de l'État, séparons l'association des caisses publiques, des urnes, des corporations et du marché. Moralisons la dépense publique pour laïciser la politique. Victor Hugo a écrit : « Rien n'est plus fort qu'une idée dont l'heure est arrivée. » Mieux qu'une rupture : La réforme.
1) Dans Les Classes moyennes à la dérive, de Louis Chauvel, « La république des idées », Seuil, 2006. 2) La Religion dans la démocratie, Marcel Gauchet, Gallimard, 1998.
Enquête La tentation de la race LE MONDE | 30.10.07 | Extraits ... Que James Watson dévoile aujourd'hui sa pensée, de manière aussi crue et décomplexée, sur un sujet aussi sensible, ne doit rien au hasard. Le co-inventeur de la double hélice de l'ADN, explique le généticien Axel Kahn, directeur de l'Institut Cochin, "se situe dans la mouvance de la droite déterministe anglo-saxonne, un vieux courant de pensée inégalitariste, scientiste et flirtant parfois avec le racisme". Or, selon M. Kahn, ce mouvement idéologique connaît un regain : "Après la seconde guerre mondiale, ce à quoi avait abouti le paroxysme de cette vision et l'horreur qu'elle avait suscitée dans le monde l'ont durablement disqualifiée, l'ont en quelque sorte mise entre parenthèses. Mais cette parenthèse, aujourd'hui, se dissipe." ... La notion de race n'est scientifiquement pas pertinente, estime ainsi Lluis Quintana-Murci, généticien des populations (CNRS-Institut Pasteur). Il est impossible d'isoler une race : les variations des populations humaines sont graduelles et continues, de l'Europe du Nord à la Chine méridionale. Il n'existe jamais de fossé génétique entre deux ethnies." "Même en ayant accès au génome d'un individu, il est impossible de le rattacher à une race' au sens populaire' du terme, poursuit le chercheur. ... La récente profusion d'études visant à segmenter et catégoriser génétiquement les populations humaines n'est pas le fait d'une névrose classificatrice. Ni d'un racisme latent. C'est surtout, depuis peu, un enjeu important de la recherche biomédicale. La circulation de pathologies génétiques dans certaines communautés ou au sein de certaines ethnies est bien documentée. Comme l'est la prédisposition génétique à certaines maladies multifactorielles. ... Nul doute que les variations génétiques, ténues et invisibles, ainsi réaffirmées par la biologie, seront récupérées à des fins idéologiques de hiérarchisation. |
Posted 17 years, 10 months ago on October 31, 2007
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Re: Non, toutes les associations ne se valent pas !
Actualité | France
Les huissiers de justice cibles d'une violence en forte augmentation
Le Figaro, le 31/10
Le nombre d'agressions a été multiplié par quatre depuis 2003 et la profession réclame l'application de sanctions plus lourdes contre leurs auteurs.
DEPUIS longtemps déjà, ils étaient coutumiers des injures, des intimidations, des tirs de carabine en rase campagne, voire même des petits cercueils reçus par la poste à leur étude. Avec un nombre d'agressions multiplié par quatre depuis 2003, les huissiers de justice considèrent aujourd'hui qu'« un cap a été franchi » sur l'échelle de la violence. Alors que neuf cas avaient été recensés il y a quatre ans, 37 ont déjà été enregistrés depuis janvier 2007.
Des actes qui vont de la menace appuyée au coup de botte sur la tête, et qui conduisent même parfois à de véritables drames (lire ci-contre). Pour mieux appréhender le phénomène, la Chambre nationale des huissiers de justice (CNH) a adressé l'été dernier un questionnaire à ses 95 chambres départementales. La moitié seulement a répondu, dissimulant ainsi une partie de la réalité. « Il s'agit d'une violence entretenue et acceptée, qui ne connaît plus vraiment de limites, prévient toutefois Me Guy Chezeaubernard, vice-président de la CNH. Et le phénomène va crescendo. »
Spécialistes entre autres de la délivrance des actes et des mesures d'exécution, des saisies ou des procédures de recouvrement, les 3 270 huissiers de France ont sans doute le plus mauvais rôle dans la chaîne judiciaire, loin devant les avocats et les magistrats. Constamment sur le terrain, envoyés « à peu près partout, même là où personne ne va » comme le souligne l'un d'eux, ils figurent en première ligne dès que s'expriment les rancoeurs de leurs « clients ». « Lors d'une opération de saisie, l'un de mes employés s'est retrouvé séquestré et menacé avec un couteau dans la cuisine d'un homme lui proposant un combat à mains nues, se souvient ainsi un huissier parisien. Sur un enlèvement de voiture, j'ai vu des gens me placer un nourrisson de quelques mois sous les roues pour empêcher la manoeuvre. »
La fin de l'huissier « shérif »
Depuis 1991, les huissiers ont par ailleurs la désagréable impression qu'une corde manque à leur arc, le recours à la force publique - policiers ou gendarmes - n'étant plus systématique pour les expulsions. Accompagnés de deux témoins, et dans certains cas de déménageurs, ils regrettent aujourd'hui de devoir intervenir seuls. « Dans certaines cités, on voit aujourd'hui débarquer toutes sortes de collectifs à la moindre ouverture de portes », relate encore Me Guy Chezeaubernard.
La profession a cependant conscience d'être victime par ricochet d'une « évolution générale de la société ». Président de la Chambre départementale de Paris, Me Denis Calippe a sa propre analyse de la situation. « À travers nous, c'est l'autorité dans son ensemble qui est visée, dit-il. Nous sommes à la fois confrontés à une perte de prestige terrible de la force exécutoire, et à un manque de self-control des gens que l'on rencontre. » De quoi transformer l'huissier « shérif » en fin négociateur. « Il faut être homme de dialogue, témoigne un professionnel. Tout est dans la discussion, et plus dans l'exécution brutale. » À tel point que la psychologie fait désormais partie des matières enseignées dans certains DESS... (AUDIO écouter le témoignage de Denis Calippe)
Inquiets de cette situation, visés jusque dans les chansons de rap, les huissiers - de moins en moins hésitants à déposer plainte - attendent donc « des sanctions à la hauteur des faits ». Reçus au mois de septembre par la direction des affaires civiles du ministère de la Justice, les représentants de la Chambre nationale ont réclamé « des peines significatives » et « une plus grande fermeté » à l'égard de leurs tourmenteurs, de même qu'une « efficacité rapide des renforts » policiers lorsque le besoin s'en fait sentir.
Proposant à ses hôtes de porter un signe distinctif lors des procédures d'exécution, la Chancellerie n'a eu droit qu'à une moue plus qu'hésitante de la part des huissiers. « Déjà qu'avec notre mallette et notre serrurier on est vite repéré, relève l'un d'eux. Avec un brassard en plus, on frôlerait carrément la provoc. »
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Les huissiers de justice cibles d'une violence en forte augmentation
Le Figaro, le 31/10
Le nombre d'agressions a été multiplié par quatre depuis 2003 et la profession réclame l'application de sanctions plus lourdes contre leurs auteurs.
DEPUIS longtemps déjà, ils étaient coutumiers des injures, des intimidations, des tirs de carabine en rase campagne, voire même des petits cercueils reçus par la poste à leur étude. Avec un nombre d'agressions multiplié par quatre depuis 2003, les huissiers de justice considèrent aujourd'hui qu'« un cap a été franchi » sur l'échelle de la violence. Alors que neuf cas avaient été recensés il y a quatre ans, 37 ont déjà été enregistrés depuis janvier 2007.
Des actes qui vont de la menace appuyée au coup de botte sur la tête, et qui conduisent même parfois à de véritables drames (lire ci-contre). Pour mieux appréhender le phénomène, la Chambre nationale des huissiers de justice (CNH) a adressé l'été dernier un questionnaire à ses 95 chambres départementales. La moitié seulement a répondu, dissimulant ainsi une partie de la réalité. « Il s'agit d'une violence entretenue et acceptée, qui ne connaît plus vraiment de limites, prévient toutefois Me Guy Chezeaubernard, vice-président de la CNH. Et le phénomène va crescendo. »
Spécialistes entre autres de la délivrance des actes et des mesures d'exécution, des saisies ou des procédures de recouvrement, les 3 270 huissiers de France ont sans doute le plus mauvais rôle dans la chaîne judiciaire, loin devant les avocats et les magistrats. Constamment sur le terrain, envoyés « à peu près partout, même là où personne ne va » comme le souligne l'un d'eux, ils figurent en première ligne dès que s'expriment les rancoeurs de leurs « clients ». « Lors d'une opération de saisie, l'un de mes employés s'est retrouvé séquestré et menacé avec un couteau dans la cuisine d'un homme lui proposant un combat à mains nues, se souvient ainsi un huissier parisien. Sur un enlèvement de voiture, j'ai vu des gens me placer un nourrisson de quelques mois sous les roues pour empêcher la manoeuvre. »
La fin de l'huissier « shérif »
Depuis 1991, les huissiers ont par ailleurs la désagréable impression qu'une corde manque à leur arc, le recours à la force publique - policiers ou gendarmes - n'étant plus systématique pour les expulsions. Accompagnés de deux témoins, et dans certains cas de déménageurs, ils regrettent aujourd'hui de devoir intervenir seuls. « Dans certaines cités, on voit aujourd'hui débarquer toutes sortes de collectifs à la moindre ouverture de portes », relate encore Me Guy Chezeaubernard.
La profession a cependant conscience d'être victime par ricochet d'une « évolution générale de la société ». Président de la Chambre départementale de Paris, Me Denis Calippe a sa propre analyse de la situation. « À travers nous, c'est l'autorité dans son ensemble qui est visée, dit-il. Nous sommes à la fois confrontés à une perte de prestige terrible de la force exécutoire, et à un manque de self-control des gens que l'on rencontre. » De quoi transformer l'huissier « shérif » en fin négociateur. « Il faut être homme de dialogue, témoigne un professionnel. Tout est dans la discussion, et plus dans l'exécution brutale. » À tel point que la psychologie fait désormais partie des matières enseignées dans certains DESS... (AUDIO écouter le témoignage de Denis Calippe)
Inquiets de cette situation, visés jusque dans les chansons de rap, les huissiers - de moins en moins hésitants à déposer plainte - attendent donc « des sanctions à la hauteur des faits ». Reçus au mois de septembre par la direction des affaires civiles du ministère de la Justice, les représentants de la Chambre nationale ont réclamé « des peines significatives » et « une plus grande fermeté » à l'égard de leurs tourmenteurs, de même qu'une « efficacité rapide des renforts » policiers lorsque le besoin s'en fait sentir.
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20 Minutes, éditions du 31/10/2007
Séance chahutée hier à l'Assemblée nationale. Pressée de questions, la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Rama Yade, a martelé que Paris ne pouvait pas arrêter l'opération de l'association L'Arche de Zoé. « Fallait-il mettre les responsables de L'Arche de Zoé préventivement en prison ? Fallait-il dissoudre l'association au mépris des règles, sur la foi de ses intentions ? », a répondu Rama Yade au député socialiste des Alpes-de-Haute-Provence, Jean-Louis Bianco, qui l'interrogeait sur l'inaction apparente de la France. Pour la secrétaire d'Etat, ce n'est pas la responsabilité des autorités françaises qui est en cause mais « la responsabilité individuelle ». « A partir du moment où un responsable associatif décide délibérément et de manière clandestine d'agir en dehors des règles, il faut qu'il assume la responsabilité de ses actes », a-t-elle plaidé.