November 28, 2007

Il empiète sur le pouvoir judiciaire, estime André Vallini




Extrait du Six' du 28 novembre



PARIS (AFP) - Absent lors des violences urbaines pour cause de visite en Chine, Nicolas Sarkozy a repris la direction des opérations dès son retour mercredi à Paris en multipliant réunions et déclarations d'autorité, face à une crise qui, de l'aveu même de son entourage, a été "mal gérée".

... Une première étape qui a permis à Nicolas Sarkozy de réaffirmer l'autorité de l'Etat. "Ceux qui ont pris la responsabilité de tirer sur des fonctionnaires se retrouveront devant la cour d'assises", a-t-il assuré avec des accents de procureur à sa sortie de l'hôpital d'Eaubonne.

Sitôt de retour à l'Elysée, le chef de l'Etat y a longuement reçu les familles des deux adolescents tués dimanche, leurs avocats et le maire PS de Villiers-de-Bel, Didier Vaillant.

A ces interlocuteurs, Nicolas Sarkozy a promis de faire toute la lumière sur les circonstances de l'accident et leur a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire. "C'est un geste de justice et un geste d'apaisement", s'est réjoui l'un des avocats des familles, Me Jean-Pierre Mignard. "Une fois de plus il empiète sur le pouvoir judiciaire", a estimé de son côté le député PS André Vallini.

PARIS (AP) - Cités à la demande de la défense d'Yvan Colonna, les juges d'instruction antiterroristes ont assumé mercredi leur travail sur le "dossier extrêmement complexe" qu'était l'assassinat du préfet Erignac, y compris la mise en cause du "berger de Cargèse" accusé d'avoir été le tireur.

Premier à la barre, large sourire aux lèvres, Jean-Louis Bruguière n'a pas perdu son calme face aux attaques répétées, et souvent maladroites, des avocats de la défense. "J'aimerais qu'on me laisse parler" ou "je ne voudrais pas qu'on puisse abuser", s'est-il juste agacé plusieurs fois.

Sollicité par Me Antoine Sollacaro, il a expliqué le choix de ne pas refaire de reconstitution après le refus collectif du commando d'y participer en juin 1999, un mois après leur arrestation. "On a été pris de court par ce refus", a admis M. Bruguière en jugeant qu'il n'était pas pertinent de retenter la reconstitution si les mis en examen refusaient de jouer leur propre rôle.

Il place également dans une "grande cohérence procédurale" le choix fait à la fin de l'instruction de disjoindre le cas d'Yvan Colonna, alors encore en fuite, qui lui vaut aujourd'hui d'être jugé seul, quatre ans après le reste du commando.

L'ancien patron des juges antiterroristes, désormais en disponibilité, s'est également élevé fermement contre une tentative de la défense de discréditer les conclusions de l'enquête plaçant trois hommes à proximité du préfet Erignac au moment de son exécution.

"Tous les témoins visuels n'ont vu que deux hommes", lui a rappelé Me Gilles Simeoni. "Je ne sais pas pourquoi on parle toujours de deux personnes", a rétorqué M. Bruguière. "L'analyse des témoignages a permis d'établir qu'il y a deux temps et qu'on ne voit pas les mêmes personnes".

"Un dossier est un dossier", a-t-il coupé l'avocat qui a noté que la première reconstitution, juste après les faits, avait été faite avec l'hypothèse de deux hommes sur le lieu du crime. "Un dossier est une continuité, amené à évoluer", répond Bruguière.

Laurence Le Vert, qui lui a succédé après deux heures, a fait preuve du même aplomb. Interrogée d'abord par l'avocat général Christophe Tessier, elle a insisté sur les aveux en garde à vue des membres du commando mettant en cause Colonna, aveux qu'ils ont réitéré devant elle, en présence de leurs avocats, à de nombreuses reprises.

"Ils confirment jusqu'à la fin de l'instruction, sous réserve de certains noms qu'ils ne veulent plus confirmer", a-t-elle souligné. "Alessandri et Maranelli sont ainsi tous les deux revenus sur la mise en cause d'Yvan Colonna", un an et demi après leurs mises en examen. "Ils ont assumé les conséquences de leur acte", a ajouté la magistrate dans ce qui pouvait presque sonner comme un hommage d'une attitude peu fréquente dans les dossiers terroristes.

Le troisième magistrat instructeur, Gilbert Thiel, chargé plus particulièrement de l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella le 6 septembre 1997, au cours de laquelle l'arme ayant servi à abattre le préfet cinq mois plus tard a été dérobée, a déposé pendant plus de deux heures avant de répondre aux questions.

A la fin, il s'est tourné vers l'accusé: "vous savez, M. Colonna, les juges ne sont pas forcément meilleurs que les autres. Mais ils ne sont pas pires. Et ils ont des oreilles. Et quand quelqu'un change de version, ils s'interrogent. Et quand M. Alessandri, après un cheminement relativement long, dit que c'est lui qui a tiré sur le préfet, on s'interroge"...

Yvan Colonna a toujours nié sa participation à cet attaque, ainsi qu'à l'assassinat du préfet. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.


- Nicolas Sarkozy a promis de faire toute la lumière -


Posted 17 years, 10 months ago on November 28, 2007
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