November 18, 2005

Dix-huit ans

Libération, le 17 novembre 2005
Dix-huit ans pour le père tortionnaire
Condamné à Chambéry, il avait infligé des sévices pendant trente ans à ses huit enfants.

Par Olivier BERTRAND, extraits :

Le calvaire a pris fin en juin 2003, lorsque les médecins des urgences de Bourg-Saint-Maurice, en Savoie, ont reçu Charles, 3 ans. Ils ont d'abord cru qu'il était mort. L'enfant était brûlé aux 2e et 3e degrés sur le visage, le cou, le torse et les fesses. Il était resté six jours sans soins après une douche que des experts évalueront à 85 degrés. Aux urgences, son frère, Thibaut, 5 ans, s'accusait de l'avoir aspergé. Le père disait, en montrant l'enfant défiguré : «Tu vois ce que tu as fait à ton petit frère ?» Et Thibaut acquiesçait. Il faudra des semaines pour qu'il finisse par confier aux gendarmes que «papa a fait mal à Charles». Parce qu'ils chuchotaient et que cela troublait la sieste de Christian Caron, 50 ans à l'époque. L'homme a été condamné hier à dix-huit ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Savoie, après trois jours d'audience égrenant les tortures infligées depuis trente ans à trois femmes et à leurs huit enfants.

Ils s'étaient connus en juin, elle serveuse, lui plongeur. Il l'a mise enceinte en août, avant de l'enfermer en septembre. Elle avait cette fois dix-huit ans de moins que lui, et une personnalité fissurée par de profondes «blessures narcissiques», selon les experts. A l'audience, elle est restée polie et absente. «Désaffectivée», dit un psychiatre. «Fascinée par cet homme dont la rigidité lui donnait une structure.» La cour l'a condamnée à deux années de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger.

Luxe de détails. Durant trois jours, le père psychorigide a toujours répondu à côté des questions de la cour d'assises, avec un luxe de détails. Selon un psychologue, «la pensée de monsieur Caron est une sorte de processus interne, qui a sa logique propre». Doté d'une «grande froideur affective», l'homme se tiendrait en «haute estime».

En trois jours, l'homme n'a jamais bronché à l'évocation des tortures et des séquelles de ses enfants. «Je vous ai paru froid, a-t-il dit à la cour, à la fin des débats. Mais il faut savoir qu'en ce moment, je suis en cellule avec un codétenu qui a fait des choses très graves. Ce n'est pas évident à vivre.»
Posted 20 years, 1 month ago on November 18, 2005
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