December 26, 2007

L’articulation des compétences entre juge des enfants et juge aux affaires familiales

L’articulation des compétences entre juge des enfants et juge aux affaires familiales
Note sous Civ 1 14 mars 2006
Par Michel Huyette, magistrat
© éditions Dalloz 2006

Aujourd’hui encore, et même si l’évolution de la législation tend à favoriser la négociation et l’accord entre les parents qui divorcent, bien des séparations sont accompagnées d’une guérilla judiciaire, notamment en ce qui concerne les enfants communs.

Et dans les juridictions, on ne compte plus les adultes qui, malheureusement incités ou encouragés parfois en ce sens par leurs conseils, tentent d’utiliser le juge des enfants pour contourner les décisions du juge aux affaires familiales, notamment pour obtenir une modification du lieu de vie du mineur à leur profit.

Il s’en suit trop souvent une succession de décisions judiciaires, parfois contradictoires, une prolongation regrettable et inutile des procès, et, surtout, une instabilité et une insécurité persistantes et dommageables pour les mineurs concernés, otages des errements de leurs parents.

... Le principe semble clair. En cas de désaccord concernant le statut d’un mineur à l’occasion du divorce – et surtout de l’après divorce - de ses parents, c’est d’abord le juge aux affaires familiales qui est compétent pour trancher le litige. Le juge des enfants ne l’est légalement qu’à la double condition qu’un évènement susceptible de constituer un danger au sens de l’article 375 existe, et que cet élément apparaisse après l’intervention et la décision du juge aux affaires familiales.

... Mais puisque l’article 375-3 n’exclut pas que le juge des enfants intervienne lui aussi quant au lieu de vie du mineur, il faut préciser les conditions de son intervention.

Il faut d’abord qu’existe un véritable danger pour la santé, la sécurité ou la moralité d’un mineur, au sens de l’article 375 du code civil. Il est certain que l’existence d’un conflit même très vif autour de l’exercice de l’autorité parentale n’entraîne pas systématiquement l’apparition d’un tel danger. Cette notion ne doit pas être banalisée, et il ne faut pas confondre le malaise, la tristesse, les désagréments causés par les attitudes parentales avec un véritable danger au sens de l’assistance éducative. Le juge des enfants n’a pas vocation à intervenir dans un grand nombre d’après-divorce contentieux.

De mes notes du 5 octobre 2006...

www.barreau.qc.ca/journal
Volume 35 - numéro 14 - 1er septembre 2003
Conflits de garde et signalements à la DPJ

Par Myriam Jézéquel, la conclusion :

Parmi d'autres recommandations, la chercheure déplore que des avocats encouragent le parent à signaler son enfant pour obtenir une évaluation. « Il y aurait avantage, dit-elle, à ce que les avocats connaissent bien les processus de décision à la DPJ et conseillent à leurs clients de faire un signalement pour des fins liées à la protection des enfants et non pour d'autres motifs.

« Il faut écouter les pères de façon particulière concernant toute la question de la garde des enfants, pense Mme Jacob. Les résultats de la recherche montrent qu'il y a un problème à cet égard. La DPJ n'est pas le lieu pour régler des conflits de garde. »


- Conflits de garde et signalements à la DPJ -


Posted 17 years, 9 months ago on December 26, 2007
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Re: L’articulation des compétences entre juge des enfants et juge aux affaires familiales
Je viens de relire tes lettres. Tu ne lui demandes pas explicitement de revenir sur sa décision. Je pense que c'est pour celà qu'il ne répond pas et ne répondra probablement pas.
De plus, la réponse du Ministères de la Justice est erronée: il n'y a pas de nécessité d'élément nouveau pour qu'il revienne sur sa décision, ce n'est pas ce que dit l'article.
"Article 375-6 CCivil: Les décisions prises en matière d'assistance éducative peuvent être, à tout moment, modifiées ou rapportées par le juge qui les a rendues soit d'office, soit à la requête des père et mère ..."


Je te suggères de lui écrire à nouveau, mais de façon plus ciblée:


"
M. le JPE,

en application de l'art. 375-6 du Code Civil, je vous demande de rapporter votre décision de placement de ma fille. En effet, rien ne peut aujourd'hui motiver une décision aussi grave alors même que J.. ne court aucun danger. Je vous joins un article paru au Dalloz du JPE Huyette qui précise d'ailleurs qu'il ne faut pas confondre "le malaise, la tristesse, les désagréments causés par les attitudes parentales avec un véritable danger au sens de l’assistance éducative".

Or, je considère qu'une telle confusion a conduit à une mesure de placement de ma fille, qui en aucun cas ne peut être considérée en danger aujourd'hui.

Je vous informe aussi que si vous ne deviez pas partager mon analyse, j'épuiserai toutes les voies de recours jusqu'à la cassation afin que J.. puisse retrouver sa famille paternelle.
A toutes fins utiles, et sans que cela ne doive être interprété comme un moyen d'influencer votre décision, je vous informe que mon affaire est suivie par des médias nationaux, et qui s'étonnent fortement eux aussi du placement de J..

Je compte donc sur votre intervention afin de faire cesser immédiatement le placement de J.. et qu'elle réintègre son foyer auprès de nous.
Quelle que soit votre décision, je vous demande que des Droits de visite et d'hébergement, et de correspondance, soient rétablis. Il serait en effet totalement disproportionné de continuer à couper totalement J.. de sa famille paternelle, et je ne vois pas - ni mon entourage composé de psychologues - en quoi rétablir ces droits la mettraient en danger.

Je vous prie ...

"
Et après tu attends mais là il sera obligé de se considérer comme saisi puisque tu lui cites l'article du Code civil...
Posted 17 years, 9 months ago by Anonymous • • • Reply
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Re: L’articulation des compétences entre juge des enfants et juge aux affaires familiales
En Côte d'Or, 6 février 2006, à retrouver via google:

Synthèse des propositions
Elaborée par le CREAI de Bourgogne

Dans certaines situations, le processus de signalement et de saisine du juge des enfants est activé par défaut:

- un certain nombre d’enfants en danger psychologique du fait de la séparation ou du divorce très conflictuel de leurs parents;

- un nombre croissant de grands adolescents en crise, voire en rupture familiale, pour lesquels la procédure de signalement aboutit aujourd’hui fréquemment à un placement et à une rupture durable des liens intrafamiliaux.


Suite à ces constats, il est proposé:

- de développer des mesures judiciaires de médiation familiale au croisement de l’intervention du JAF et du JE pour les enfants en danger psychologique du fait de séparations conflictuelles du couple parental;

- d’élaborer une réponse spécifique pour les grands adolescents s’appuyant sur la médiation familiale, l’investigation intensive et pluridisciplinaire en amont de la décision judiciaire et pour éviter le placement.

Posted 17 years, 8 months ago by Anonymous • • • Reply
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