January 3, 2008

Interdiction de la cigarette : des buralistes et des patrons de cafés protestent


LYON (AFP) - "Je me considère comme un résistant en temps de paix", assène le patron du café 203, à Lyon, qui a décidé de s'opposer à la loi anti-tabac par une performance originale: laisser ses clients fumer pour alimenter un "acte de délinquance (...) artistique".

PARIS (AFP) - Après une tolérance de 24 heures le jour de l'An, l'interdiction de fumer dans tous les lieux publics semblait bien respectée mercredi, malgré les récriminations de certains patrons de cafés et les protestations des buralistes contre l'optimisme de la ministre de la Santé.

La cigarette étant définitivement bannie, les fumeurs sont désormais obligés de battre le pavé ou de se réfugier sous des terrasses aménagées ou dans des fumoirs.

Il n'y avait "pas de retour de verbalisation", c'est-à-dire aucun PV distribué, selon la gendarmerie interrogée par l'AFP. A Paris et en province, la tendance était au respect de l'interdiction.

La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a assuré mercredi en fin de matinée que la loi était "parfaitement observée". Il n'y a pas d'informations sur des "endroits où ça se passe mal", a-t-elle ajouté.

Pour la ministre, il s'agira dans un premier temps de faire montre de "dialogue, de discernement et de prévention", sans verbaliser "tout de suite". Mais s'il y a "des récidivistes et des récalcitrants, il y aura amende", a-t-elle prévenu.

Le président de la Confédération des buralistes, René Le Pape, a aussitôt dénoncé le "culot" de la ministre. Il a jugé "surprenant d'annoncer que tout va bien alors qu'il est encore trop tôt pour faire un premier bilan", en critiquant des "conclusions prises à la légère".

Dans le centre de Lille, au bar-tabac "Le Khedive", le gérant, Souhel Farah, est mécontent: "Voyez vous-même, d'habitude à cette heure-ci c'est plein, et pour l'instant c'est le désert! Mais il faut rester positif, il va falloir que les gens s'habituent".

"Nos habitués cigarette-café ne sont pas venus ce matin", constate une serveuse du restaurant "La Chicorée", ouvert 24 heures sur 24.

A Marseille, au bar-tabac Le Vieux Port, la caissière tranche: "La loi est passée, on l'applique, on est stressé, c'est tout". "Les gens boivent leur café, ils sortent tout de suite, il faut les encaisser rapidement".

Janine Carrère, gérante de la crêperie la Mirabelle aux pieds des pistes de la station de ski Saint-Lary-Soulan (Hautes-Pyrénées), explique que seuls "les Espagnols veulent fumer car ils ne savaient pas que c'était interdit aujourd'hui".

Mais en zone rurale, l'application de la loi s'avérait souvent plus délicate. Dans un petit village de Haute-Garonne, le propriétaire d'un bar-tabac-restaurant déclare: "on continue à fumer au bar jusqu'à ce qu'on prenne une amende. Après, on s'arrêtera".

A Haguenau (Bas-Rhin), le Triomphe Café a perdu des clients dès mercredi matin. "Des gens entrent avec une cigarette au bec, on leur dit de l'éteindre dehors, ils sortent et certains ne reviennent plus", affirme la patronne.

A la Bollène-Vésubie, village de 700 habitants aux portes du Mercantour, les gérants du Café de la Paix sont catégoriques: "on est foutu, on perd déjà des clients. Au lieu de boire deux, trois cafés, ils en avalent un en vitesse et s'en vont". Les époux Morisse viennent de mettre en vente leur établissement, seul bar-tabac du village.

"Les gens restent moins longtemps. Avant, ils prenaient deux, voire trois cafés. Maintenant ils n'en boivent plus qu'un et s'en vont", assure lui aussi Bruno Gehl, le patron du bar-tabac Saint-Hélier, à Rennes.

A Paris, les cendriers ont disparu des cafés et restaurants. "Ils vont devenir collector", s'amuse Greg, le serveur de l'Omnibus, un bar de la place Pigalle où la veille encore, les volutes de fumée de tabac obscurcissaient l'atmosphère.


- Des conclusions dans un an -


Posted 17 years, 9 months ago on January 3, 2008
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Re: Interdiction de la cigarette : des buralistes et des patrons de cafés protestent
LYON (AFP) - La police a verbalisé vendredi soir un client d'un café à Lyon, dont le patron avait décidé mercredi d'entrer en "résistance" face à la nouvelle loi anti-tabac, a-t-on appris auprès du gérant de l'établissement.

"Quand les policiers de la BAC sont arrivés, une quarantaine de clients fumaient, mais ils n'en ont verbalisé qu'un, qui se trouvait au bar", a déclaré Christophe Cedat Cedat, gérant du café 203. La police a dressé un procès-verbal de 68 euros au contrevenant.

Selon le patron du café situé dans le centre-ville de Lyon, une vingtaine de policiers étaient présents "pour une opération de communication" et sont repartis rapidement.

"Ils ont pris mes coordonnées et m'ont dit que le tribunal administratif m'enverrait à mon domicile le PV (pour "incitation" à l'infraction, ndlr)", a-t-il précisé.

Interrogée par l'AFP, la commissaire de permanence à l'Hôtel de police de Lyon a confirmé les faits. Elle a dit avoir été contactée par une association pour le droit des non-fumeurs signalant que "tous les clients du café 203 fumaient".

Selon elle, les quelque 20 policiers intervenus dans le café faisaient partie d'une CRS et de la BAC.

M. Cedat déclare que son opposition à l'interdiction de fumer se double d'un "acte de délinquance artistique". Il photographie à cet effet les mégots laissés dans les cendriers pour créer des "images d'art", revendues ensuite pour financer, selon lui, les contraventions éventuelles. Son établissement est devenu, selon son expression, un "lieu de pèlerinage" pour les fumeurs. "Nos clients sont 100% fumeurs et tout se passe dans la bonne humeur", dit-il.
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Re: Interdiction de la cigarette : des buralistes et des patrons de cafés protestent
LE DRESNY (Reuters) - Le patron d'un bar-tabac du Dresny, un hameau de 800 habitants situé dans le nord de la Loire-Atlantique, a entamé lundi une grève de la faim pour protester contre la nouvelle loi interdisant de fumer dans les lieux dits de convivialité.

Joël Lailler, 50 ans, a reçu samedi la visite des gendarmes, après avoir déclaré le même jour dans le quotidien régional Ouest-France qu'il n'appliquerait pas la nouvelle réglementation au nom de la "défense des commerces de proximité". Il a écopé d'une amende de 135 euros, et l'un de ses clients fumeurs d'une autre de 68 euros.

"Avec cette loi, je vais perdre 30 à 40% de mon chiffre d'affaires et la boulangerie et la supérette voisines vont mourir immédiatement", a déclaré le patron de "L'Escale de la Fontaine", qui a dit remplir "une mission de service public".

Joël Lailler, lui-même ancien gros fumeur (il a arrêté en décembre 2004), réclame aujourd'hui "une dérogation de la part de Nicolas Sarkozy pour les bars ruraux".

Il espère également "un soutien massif de autres bars-tabacs, partout en France".

Un comité de soutien s'est créé à ce sujet lundi, dans la commune voisine de Nozay.

Outre sa grève de la faim, le patron du bar-tabac compte passer la nuit de lundi à mardi dans sa 2CV pour faire, a-t-il dit, un "clin d'oeil au monde rural".
Posted 17 years, 8 months ago by Anonymous • • • Reply
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