January 4, 2008

A l'Ecole des Amériques

Enquête
A l'Ecole des Amériques
LE MONDE | 04.01.08 | Extraits

... La crème des armées d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale, sélectionnée par leurs états-majors pour suivre une des meilleures formations du genre.

L'Ecole des Amériques, rebaptisée en 2001 Western Hemisphere Institute for Security Cooperation (Whinsec), est un gigantesque centre d'entraînement et de formation du département de la défense consacré aux militaires et personnels de sécurité du sous-continent. Une véritable institution entre les mains de la puissance nord-américaine. Ses origines remontent aux premières années de la guerre froide et elle a déjà vu passer plus de 65 000 élèves.

Chaque année, ils sont environ 1 000 soldats et policiers à venir s'installer pour quelques semaines ou quelques mois dans ce sud profond des Etats-Unis pour renforcer la coopération militaire.

... Les élèves sont là au nom de la guerre contre le terrorisme et le narcotrafic, en défense des "principes démocratiques", d'après la charte de l'établissement. "Une école vouée à la paix et au progrès humain", selon le commandement sud de l'armée des Etats-Unis (Southern Command, Southcom), le principal dispositif militaire en Amérique latine. "Une école des assassins", corrigent les défenseurs des droits de l'homme, qui lui reprochent d'avoir cautionné les régimes autoritaires du passé et de perpétuer une politique hégémonique sur l'"arrière-cour" de Washington.

La liste des griefs est longue.
Implantée à ses débuts, en 1946, sur les bords du canal de Panama, l'école a fait parler d'elle en 1993, dix ans à peine après avoir déménagé sur cette base de Fort Benning. La publication des noms des soldats diplômés a révélé l'implication de plusieurs centaines d'anciens élèves dans des assassinats, disparitions et actes de tortures.

... Trois ans après la publication de cette liste, nouveau scandale, celui des "Manuels de torture". Selon une enquête interne du Pentagone, un document de plusieurs volumes, consacré à la lutte contre les guérillas, a circulé au sein de l'établissement entre 1982 et 1991, recommandant des techniques d'interrogatoire pour le moins musclées et définitives. La presse s'en fit l'écho, allant jusqu'à réclamer la fermeture du centre, comme le fit le New York Times en septembre 1996 dans un éditorial célèbre, intitulé "L'Ecole des dictateurs".

Le colonel Gilberto Perez hausse les épaules. "Du passé", glisse-t-il sans sourciller. ... Il fait partie de la génération "d'après", de ces gradés nommés dans les années qui ont suivi la controverse.

... "Le manuel avait été introduit par un officier venu de l'extérieur", explique-t-il doctement. Comme tous les militaires rencontrés sur la base, il affirme que de telles pratiques n'ont jamais été cautionnées par l'école. Lui parle d'"éthique", d'entraînement "pour professionnels", de prévention des excès. Il ne nie pas que certains diplômés aient commis des exactions. "Des cas isolés, estime le commandant. A-t-on fermé Harvard après les morts d'Unabomber (chercheur scientifique diplômé de l'université et auteur de colis piégés) :?"

L'Ecole des Amériques n'a donc pas fermé ses portes, mais a changé de nom.
Une manière de tourner la page, officiellement du moins. Des cours ont été supprimés, d'autres renommés, comme l'a observé la chercheuse Lesley Gill, dans son livre réquisitoire The School of the Americas (éd. Duke University Press, 2004). Les "opérations psychologiques", ces fameuses techniques de manipulation des masses appelées "spyops", ont été remplacées par des cours intitulés "Opérations d'information". Un "Civil-Military Operations" est venu coiffer une batterie de formations d'aide et de secours aux populations locales. Subsiste tout de même un entraînement à l'"action civique militaire", consistant à convaincre les civils du bien-fondé des interventions.

... D'autres formations encore plus présentables sont venues s'ajouter au catalogue. Des classes intitulées "Opérations de paix", "Déminage humanitaire" ou "Entraînement aux droits de l'homme". Soit, par élève, entre huit et quarante heures d'instruction supplémentaire, centrée sur les droits civiques et les règles internationales. "Pour être en phase avec l'air du temps", explique Antonio Raimondo, le responsable de ce nouvel enseignement.

... Tout le monde ici reconnaît à mots couverts que les responsables militaires sud-américains n'envoient pas leurs soldats à Fort Benning pour des séances de droits de l'homme. Mais Antonio Raimondo reste persuadé de l'utilité de cette formation à l'heure où l'Amérique latine s'installe "dans la transition démocratique". Les récentes arrestations d'anciens élèves impliqués dans des réseaux mafieux liés aux cartels de la drogue ? M. Raimondo explique fermement qu'"il y aura toujours des individus qui dévieront, qu'on ne peut pas juger l'école sur des exceptions... Quelle alternative devrions-nous adopter ? Arrêter ces formations ?" Et de citer un rapport d'Amnesty International USA de 2002 favorable au développement de ces formations dans tous les centres militaire américains.

... John Kiser tient une Bible à la main. Chapelain du centre, il doit rejoindre son cours d'"éthique". "Plus les soldats servent et plus ils ont besoin de nous, est-il convaincu. Certains ont vingt ans de combats derrière eux, comme les Colombiens... Je leur explique la différence entre "tuer" et "assassiner", une distinction relevée par la Bible dans sa version originelle en hébreu."

PARIS (AFP) - Le chauffeur d'un poids-lourd, sous l'emprise du cannabis, a été arrêté dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu'ils conduisait à la vitesse de 143 km/h sur une autoroute française, a annoncé la gendarmerie.

Le camion - un semi-remorque d'une trentaine de tonnes - a été chronométré par les gendarmes à 143 km/h sur une autoroute près de Paris où la vitesse est limitée à 90 km/h.

Une patrouille de gendarmerie s'est alors lancée à sa poursuite sur six km avant de pouvoir faire stopper le véhicule qui a, selon la gendarmerie, effectué plusieurs "dépassements dangereux de poids lourds et de véhicules légers".

Le chauffeur, un jeune Français de 27 ans, était sous l'emprise du cannabis et avait neutralisé le limitateur de vitesse du camion par un ensemble d'aimants disposés à la sortie de la boite de vitesse.

Il a été placé en garde à vue et devrait être poursuivi pour mise en danger de la vie d'autrui.


- Pour être en phase avec l'air du temps -


Posted 17 years, 8 months ago on January 4, 2008
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