January 25, 2008

Un haut fonctionnaire en charge de l'immigration, « évincé », se rebiffe

PARIS (AFP) - Yannick Blanc, un haut fonctionnaire en charge de l'immigration à Paris qui s'était attiré les foudres de Nicolas Sarkozy en 2006, s'est rebiffé vendredi après avoir été "évincé", selon des proches, la semaine dernière.

M. Blanc avait déclenché, en juillet 2006, une vive polémique en annonçant dans une interview au Monde que "plusieurs milliers de familles" sans papiers seraient "régularisées" dans le cadre de la circulaire du 13 juin du ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, en plein débat sur la régularisation de sans-papiers, chère à M. Sarkozy.

Quelques jours plus tard, ce dernier lui avait infligé publiquement un cinglant démenti en affirmant que "tous ceux qui parlent de chiffres aujourd'hui parlent de sujets qu'ils ne connaissent pas".

Depuis, M. Blanc, un ancien du cabinet du ministre de l'Intérieur du gouvernement Jospin, Jean-Pierre Chevènement, se disait dans le collimateur.

L'ancien directeur de la police générale à la PP a réagi vendredi et accordé plusieurs entretiens à la presse.

Il a appris son départ, selon des sources internes à la PP, "par un simple mail" et sans explication. Un départ, que des sources proches de M. Blanc ont qualifié "d'éviction".

A l'AFP, M. Blanc a dénoncé l'objectif chiffré en matière d'expulsions d'étrangers en situation irrégulière, comme "obstacle lorsqu'il devient un enjeu politique".

Interrogé sur les raisons de son départ de la PP, où il était notamment chargé de la délicate délivrance des titres de séjour et des reconduites à la frontière, M. Blanc a clairement évoqué la conduite de la politique d'immigration à Paris.

"Il est normal, dans ce domaine comme dans d'autres, de fixer des objectifs chiffrés", a-t-il dit. "Mais quand ce chiffre est devenu un enjeu politique, il a suscité des crispations, notamment des institutions judiciaires et des autorités consulaires, et cela est devenu un obstacle à l'efficacité du travail", a ajouté M. Blanc.

"Les résultats ne sont alors pas à la hauteur", a-t-il affirmé, qualifiant ce constat de "réponse logique" à son départ de la PP.

La PP s'était vu fixer un objectif de 3.680 expulsions pour 2007, pour "environ 2.800 expulsions" atteintes, selon M. Blanc.

Selon une source policière, il y a eu à Paris en 2007 "15.000 interpellations, quelque 6.000 garde à vue, et 2.450 reconduites à la frontière effectives".

Interrogé sur le poids de la mobilisation de RESF (Réseau Education sans Frontières) en faveur des sans-papiers depuis 2006, M. Blanc a estimé que cette action, "comme celle de bien d'autres associations humanitaires et d'élus", a été "l'objet d'un travail constant de sa part", qui lui a permis "d'étudier les dossiers".

"Il nous est arrivé de faire libérer des gens de centres de rétention", a-t-il dit, en soulignant "pratiquer volontiers le dialogue".

En juin 2007, une autre affaire l'avait sans doute desservi. Il avait été placé en garde à vue à l'Inspection générale des services (IGS) dans le cadre d'une information judiciaire sur un trafic présumé de titres de séjour à la préfecture de police.

Aucune charge n'avait été retenue contre lui dans ce dossier.

Jacques Quastana a été nommé directeur de la police générale à la préfecture de police (PP) de Paris, où il a succédé à M. Blanc, par décret du président de la République du 16 janvier paru le 18 au Journal officiel.


- M. Blanc a dénoncé l'objectif chiffré en matière d'expulsions -


Posted 17 years, 8 months ago on January 25, 2008
The trackback url for this post is http://justice.cloppy.net/b.blog/bblog/trackback.php/2039/

Add Comment

( to reply to a comment, click the reply link next to the comment )

 
Comment Title
 
Your Name:
 
Email Address:
Make Public?
 
Website:
Make Public?
 
Comment:

Allowed XHTML tags : a, b, i, strong, code, acrynom, blockquote, abbr. Linebreaks will be converted automatically.

 
Captcha:
captcha image

Please type the content of the above image into the following form-field.