February 6, 2008
Humaniser le régime juridique des enfants nés sans vie
PARIS (AFP) - Un foetus né sans vie peut être déclaré à l'état-civil, quel que soit son niveau de développement, a jugé mercredi la Cour de cassation, dans trois arrêts qui devraient réconforter les associations de parents endeuillés suite à un décès durant la grossesse.
Depuis plusieurs années, des associations demandent que soit comblé le vide juridique qui existe en France pour les foetus de 16 à 22 semaines nés sans vie après une mort in utero ou une interruption médicale de grossesse.
Les arrêts de principe rendus par la première chambre civile de la Cour de cassation revêt donc une grande importance.
En obtenant le droit d'inscrire leur bébé sur les registres de l'état-civil, les parents obtiennent du même coup la possibilité de donner un nom à leur enfant, de bénéficier de certains droits sociaux comme le droit au congé maternité, ou encore celui de récupérer son corps afin d'organiser ses obsèques et de faire leur deuil.
Actuellement, dans la plupart des hôpitaux, les foetus de moins de 22 semaines sont encore incinérés avec les déchets du bloc opératoire.
L'affaire jugée mercredi concerne trois familles. Les parents de trois enfants morts-nés entre 1996 et 2001 avaient porté l'affaire en justice après s'être vus refuser la possibilité d'enregistrer leur enfant à l'état-civil.
Jusqu'à présent, les enfants dont un médecin pouvait attester qu'ils avaient vécu au moins quelques instants se voyaient dresser un acte de naissance, ainsi qu'un acte de décès.
Les autres, morts-nés, ne pouvaient bénéficier, depuis 1993, que d'une "déclaration d'enfant sans vie" et ce seulement s'ils répondaient à la définition d'enfant viable donnée en 1977 par l'Organisation mondiale de la Santé, soit un poids de plus de 500 grammes ou une grossesse de plus de 22 semaines.
Or les trois foetus concernés avaient entre 18 et 21 semaines et pesaient entre 155 et 400 grammes.
Saisi des trois dossiers, un tribunal de grande instance avait donc débouté les familles. En mai 2005, la cour d'appel de Nîmes avait confirmé les jugements.
Mercredi, la Cour de cassation a jugé, dans trois arrêts identiques, que la cour d'appel avait violé l'article 79-1 du code civil car il "ne subordonne pas l'établissement d'un acte d'enfant sans vie ni au poids du foetus, ni à la durée de la grossesse". Selon elle, la cour d'appel a tout bonnement "ajouté au texte des conditions qu'il ne prévoit pas".
Par une telle décision, la Cour de cassation décide de bousculer le législateur. Dans ses conclusions, l'avocat général Alain Legoux avait d'ailleurs rappelé que "ce n'est pas à (la jurisprudence) de fixer la norme mais à la loi".
Or, avait-il suggéré à la Cour, "quelle meilleure façon d'y inciter le législateur" que de casser les trois arrêts, cela "permettra au législateur de faire oeuvre d'harmonisation".
D'un grand réconfort pour les familles, ces arrêts "risquent de provoquer une grande anarchie", souligne toutefois une source judiciaire. On peut en effet imaginer que des mères qui décident d'interrompre volontairement leur grossesse après quatre semaines profitent de la nouvelle donne pour déclarer leur enfant et ainsi bénéficier des avantages sociaux qui y sont liés.
En revanche, il ne devrait pas avoir d'impact sur le volet pénal, la Cour de cassation ayant déjà écarté dans d'autres arrêts l'incrimination d'homicide dans le cas de décès in utero du fait d'un accident de circulation ou d'un accident médical.
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Re: Humaniser le régime juridique des enfants nés sans vie
PARIS (AFP) - La décision de la Cour de cassation sur l'inscription à l'état-civil de tout foetus né sans vie montre que le Parlement doit "définir très clairement" la notion de viabilité, pour la fixer clairement à 22 semaines de grossesse, a affirmé jeudi à l'AFP le médiateur de la République Jean-Paul Delevoye.
"Aujourd'hui, la notion de viabilité dépend de l'appréciation du médecin. Il faut que le politique définisse très clairement, à partir des critères de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), ce qu'est la notion de viabilité", a expliqué le médiateur.
Les principaux critères retenus par l'OMS sont que le foetus ait 22 semaines et qu'il pèse au moins 500 grammes.
Ces critères ont été retenus en France par une circulaire de 2001, mais celle-ci "n'a pas de force juridique" et c'est ce que la Cour de cassation a fait valoir dans son arrêt estimant que tous les foetus nés sans vie peuvent être déclarés à l'état-civil, quel que soit leur niveau de développement.
"Je demande simplement à ce qu'on prenne cette circulaire et qu'on lui donne une force juridique", a ajouté le médiateur
"C'est exactement le sens de la réforme que je demande au gouvernement et aux différents ministères de mettre en oeuvre : que la loi fixe très clairement la règle de 22 semaines", a-t-il insisté. "A partir de là, on pourrait reconnaître des droits identiques à tous les parents dont l'enfant est décédé avant la déclaration de naissance, tout en étant viable".
"La France est l'un des rares pays européens à avoir une notion de viabilité qui n'est pas très précise", a-t-il souligné, tout en précisant qu'il existait "un travail en cours" sur ce dossier au sein du gouvernement.
Le dossier juridique est cependant complexe puisqu'il a des incidences sur d'autres législations, comme celles de la retraite (une femme peut partir plus tôt lorsqu'elle a eu des enfants) ou des allocations familiales.
Selon la loi, un enfant en gestation est qualifié d'embryon durant les trois premiers mois de grossesse, puis de foetus.
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"Aujourd'hui, la notion de viabilité dépend de l'appréciation du médecin. Il faut que le politique définisse très clairement, à partir des critères de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), ce qu'est la notion de viabilité", a expliqué le médiateur.
Les principaux critères retenus par l'OMS sont que le foetus ait 22 semaines et qu'il pèse au moins 500 grammes.
Ces critères ont été retenus en France par une circulaire de 2001, mais celle-ci "n'a pas de force juridique" et c'est ce que la Cour de cassation a fait valoir dans son arrêt estimant que tous les foetus nés sans vie peuvent être déclarés à l'état-civil, quel que soit leur niveau de développement.
"Je demande simplement à ce qu'on prenne cette circulaire et qu'on lui donne une force juridique", a ajouté le médiateur
"C'est exactement le sens de la réforme que je demande au gouvernement et aux différents ministères de mettre en oeuvre : que la loi fixe très clairement la règle de 22 semaines", a-t-il insisté. "A partir de là, on pourrait reconnaître des droits identiques à tous les parents dont l'enfant est décédé avant la déclaration de naissance, tout en étant viable".
"La France est l'un des rares pays européens à avoir une notion de viabilité qui n'est pas très précise", a-t-il souligné, tout en précisant qu'il existait "un travail en cours" sur ce dossier au sein du gouvernement.
Le dossier juridique est cependant complexe puisqu'il a des incidences sur d'autres législations, comme celles de la retraite (une femme peut partir plus tôt lorsqu'elle a eu des enfants) ou des allocations familiales.
Selon la loi, un enfant en gestation est qualifié d'embryon durant les trois premiers mois de grossesse, puis de foetus.
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Re: Humaniser le régime juridique des enfants nés sans vie
Une décision de la Cour de cassation relance le débat sur le statut des "enfants nés sans vie"
LEMONDE.FR | 07.02.08
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Juillet/août 2005 - N°10
Humaniser le régime juridique des enfants nés sans vie
Entre 5 000 et 6 000 enfants mort-nés ou nés sans vie sont dénombrés chaque année. Des situations particulièrement douloureuses qui nécessitent un traitement humain pour accompagner au mieux les familles concernées dans leur processus de deuil. Or, certaines dispositions juridiques en matière de droits sociaux et d’état civil vont clairement à l’encontre de cet objectif.
PARIS (AFP) - D'un grand réconfort pour les familles, ces arrêts "risquent de provoquer une grande anarchie", souligne toutefois une source judiciaire. On peut en effet imaginer que des mères qui décident d'interrompre volontairement leur grossesse après quatre semaines profitent de la nouvelle donne pour déclarer leur enfant et ainsi bénéficier des avantages sociaux qui y sont liés.
Prévoir la norme ne suffit pas. Il faut aussi en imaginer tous les dévoiements possibles... • Laurent Lèguevaque, Plaidoyer pour le mensonge