December 3, 2005

Alerte au risques de pédophilie

Outreau, la société face à ses dérives, par Pascale Robert-Diard
LE MONDE, 01.12.05, extraits

Emportée dans la tourmente d'Outreau, Karine Duchochois a dû attendre le verdict de Saint-Omer pour qu'on lui reconnaisse une innocence qu'elle n'avait cessé de crier pendant trois ans. Devant la cour, elle a simplement dit que le magistrat instructeur, Fabrice Burgaud, "n'a pas su écouter les gens, parce qu'il cherchait des coupables, pas des innocents".

Le réquisitoire historique prononcé, mercredi 30 novembre, par Yves Jannier en faveur de l'acquittement des six accusés, et les "regrets" solennellement exprimés à leur encontre par le procureur général de Paris, Yves Bot, ont confirmé qu'il n'est en effet "jamais trop tard pour que la justice démontre qu'elle existe", comme l'avait annoncé, dès le 23 novembre, Yves Jannier.

"DICTATURE DE L'ÉMOTION"

[...]. Les dérives d'Outreau doivent nécessairement conduire à nous interroger. Elles sont aussi les nôtres. Existe-t-il aujourd'hui une rumeur plus simple à colporter et plus difficile à contrer que celle de pédophilie ? Un frisson collectif plus facile à susciter ? Comment ne pas voir qu'à chaque fois que l'affaire d'Outreau s'emballait aucun des verrous ne lui résistait ?

Quand les mêmes enfants accréditeront la folle histoire du viol et du meurtre d'une petite fille belge, inventée par Daniel Legrand, le même observera : "Cela paraissait difficilement crédible, mais eu égard à ce qu'avaient raconté les enfants sur les ignominies qu'ils avaient subies, on n'était plus à ça près." Et là encore, il s'était dit : "Pourquoi pas ?"

A la même barre de la cour d'assises, les assistantes maternelles ont souvent fait figure d'accusées.

La remarque vaut aussi pour les assistantes sociales, qui se sont vu reprocher d'avoir tronqué la parole des enfants, et de l'avoir en quelque sorte démultipliée. Mais c'est oublier un peu vite les multiples procédures dans lesquelles les mêmes sont dénoncées comme fautives pour ne pas avoir alerté assez tôt sur des suspicions de violences sexuelles.

A l'heure où chacun s'émeut à juste titre du sort que la justice a trop longtemps réservé aux accusés d'Outreau, on ne résiste pas à raconter une anecdote. C'était il y a deux semaines, dans une école maternelle du 5e arrondissement de Paris. Les parents avaient été conviés à une réunion en vue de la préparation d'une "classe découverte" de quelques jours pour laquelle l'école sollicitait quelques accompagnateurs.

Une mère a pris la parole pour fixer une condition. "Je souhaite, a-t-elle dit, qu'aucun père n'accompagne les enfants." Au directeur qui lui en demandait les raisons, elle a indiqué sans l'ombre d'une hésitation : "A cause des risques de pédophilie".

L'article cite le livre suivant qui a fait l'objet d'une critique sur Lien-Social ainsi que sur alapage.com :

DICTATURE DE L'EMOTION,
LA PROTECTION DE L'ENFANT ET SES DERIVES
Florence Rault et Paul Bensussan

Editeur(s) : Belfond
Date de Parution : 07/03/2002
ISBN : 2714438865
EAN : 9782714438867

Posted 5 days, 15 hours ago on December 3, 2005
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